Hier, l'ancien directeur général de la Scdp a comparu pour la première fois devant le Tribunal criminel spécial.
Visiblement remonté déjà, Jean Baptiste Nguini Effa est arrivé dans la salle d'audience n° 2 du Tribunal criminel spécial (Tcs), le visage froncé. Lorsque débute l'audience, l'ancien directeur général de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp) explose presque de colère. C'est une nouvelle affaire. La présidente de la collégialité, Mme Eloundou, procède à quelques formalités. Identification des accusés et lecture de l'acte d'accusation.
Celle-ci conduit à la question sur la culpabilité. Le juge interroge l'ancien Dg de la Scdp. « Vous plaidez coupable ou non coupable ». « Madame la présidente, je tiens à souligner que c'est la Scdp et moi qui avons engagé cette procédure, car ce sont les titres de la Scdp qui ont été détournés avec la complicité de la Caisse autonome d'amortissement », tempête Nguini Effa. Le juge Eloundou exige qu'il réponde uniquement à la question qu'elle lui a posée. Nguini Effa n'en a cure. Il gronde et va jusqu'au bout de son propos. «Monsieur Nguini Effa, répondez à la question », crie, à son tour la magistrate.
«Je suis totalement non coupable dans cette affaire», répond l'ex-directeur général de la Scdp, qui donne de la voix de plus belle. Jean Baptiste Nguini Effa est accusé du détournement de 238 titres de trésor pour l'échéance 2007, et 100 titres de trésor pour l'échéance 2010. Soit une valeur de 215 millions FCfa, au préjudice de la Scdp. En effet en 2004, Jean-Baptiste Nguini Effa avait confié à la société Omega de Raymond Menguini, son coaccusé en fuite, de négocier la titrisation de la créance de la Scdp sur l'ex Biao auprès du liquidateur, la Société de recouvrement de créances (Src). Ce qui sera fait, et les titres logés à la Caisse autonome d'amortissement.
Cour suprême
Me Evelyne Tam-Bateky, conseil de Nguini Effa, a relevé pourvoi en cassation de l'ordonnance de renvoi du juge d'instruction depuis le 7 décembre 2013. Elle estime, entre autres, qu'il y a eu violation des droits de la défense, car son client n'a pas été autorisé à être assisté de son avocat lors de l'interrogatoire chez le juge d'instruction. Hier, l'avocate a donc demandé à la collégialité de surseoir à l'ouverture des débats, en attendant que la chambre de contrôle et de l'instruction de la Cour suprême statue sur ces exceptions d'ordre public. Ce à quoi le parquet s'est opposé, estimant que cette ordonnance de renvoi n'est susceptible de pourvoi que par le procureur de la République près le Tcs. L'affaire a été renvoyée au 13 mars. Le temps pour la collégialité de trancher sur la demande de la défense et procéder au dernier interrogatoire de l'accusé Zeh Amang.