LE CONSEIL D’ETAT NEGRO-AFRICAIN : SOLUTION CONTRE LES CRISES POLITIQUES ET LE PILLAGE ECONOMIQUE DE L’AFRIQUE

LE CONSEIL D’ETAT NEGRO-AFRICAIN : SOLUTION CONTRE LES CRISES POLITIQUES ET LE PILLAGE ECONOMIQUE DE L’AFRIQUE

LE CONSEIL D’ETAT NEGRO-AFRICAIN : SOLUTION CONTRE LES CRISES POLITIQUES ET LE PILLAGE ECONOMIQUE DE L’AFRIQUE L’actualité de la crise du pouvoir en Côte d’Ivoire nous a incité à rédiger les quelques lignes qui suivent afin de mieux informer l’opinion africaine de l’existence des systèmes de gouvernement du terroir qui ont fait leurs preuves durant des siècles.

Les événements politiques au Zimbabwe, au Kenya (2007), en Côte d’Ivoire (2010), etc., ne sont pas à proprement parler des troubles post-électoraux, mais des crises de modèles de pouvoir dans la mesure où toute société est régit, depuis des millénaires, par des codes internes qui lui sont propres comme le démontre Cheikh Anta Diop dans son ouvrage - L’Unité Culturelle de l’Afrique Noire. Et nous ne pouvons pas appréhender les crises sociopolitiques qui secouent l’Afrique sub saharienne sans toutefois comprendre et analyser comment les peuples négro-africains perçoivent culturellement et religieusement leurs systèmes de pouvoir.

Dans notre ouvrage – PANAFRICANISME – Les nouvelles perspectives (Edition Nekhen, Londres, 2003, 374 pages), nous avions consacré un chapitre de 31 pages (p.  76- p. 107) intitulé "Esquisse d'un Système de Gouvernement Négro-africain Moderne face aux Instabilités Socio-économiques et au Néo-colonialisme", dans lequel nous tentions d’apporter certaines réponses aux crises politiques en Afrique.
Marie-Louise Eteki-Otabela (1) s’est appuyé sur ce chapitre de notre ouvrage afin de lancer son projet d’« Assemblée des Peuples Camerounais ».  Puis la rédaction de son livre - L'Assemblee Des Peuples Camerounais (Le Cameroun que nous voulons), Harmattan, septembre 2009.

Marie-Louise Eteki-Otabela est chercheure en Science Politiques. Elle a été en 2004 la première femme à se porter candidate à l’élection présidentielle au Cameroun. Le Pouvoir de Yaoundé avait refusé sa candidature.
Nous travaillons sur plusieurs autres livres, particulièrement sur - Le Modèle de Société Négro-africain : de l’Antiquité de l’Egypte Pharaonique à nos jours. Cette présente étude  reflète un peu nos recherches concernant cet ouvrage en préparation. Nous allons volontairement éviter de fournir les éléments linguistiques entre l’Egypte ancienne et les langues négro-africaines modernes dans nos démonstrations du modèle du pouvoir Kamet dans la mesure où notre étude - L'origine étymologique de KMT (Kamet)
Publié en 2003 In  http://www.kametrenaissance.com/sim-doc1.html, a été plagié. Soulignons au passage que Kamet est le nom par lequel les peuples négro-africains se désignent depuis l’Antiquité Egyptienne.

1. Les ravages socio-économiques du modèle de pouvoir européen en Afrique : de la période coloniale à nos jours

1. 1. La naissance du roi négro-africain au pouvoir absolu
Le roi négro-africain de la période précolonial avait un pouvoir essentiellement spirituel. Son Conseil d’Etat détenait le pouvoir temporel. Le régicide royal qui existe dans la culture noire, depuis l’Egypte Pharaonique, est une preuve parmi tant d’autres que le roi n’avait pas de pouvoir temporel. Par contre, en Europe, le roi disposait d’un pouvoir absolu. La phrase restée célèbre "l'Etat, c'est moi !" qu’aurait prononcée Louis XIV devant le Parlement de Paris, qui avait pour missions d'entériner les décisions royales, symbolise l’autorité du souverain européen sur leurs sujets.

L’arrivée des colonisateurs européens, en Afrique, va fondamentalement modifier la structure du pouvoir négro-africain jusqu’aujourd’hui avec des conséquences néfastes de pillages économiques, bouleversements sociaux, guerres intermittentes, etc. C’est ainsi que le modèle de pouvoir du roi absolu européen va se substituer au Conseil d’Etat négro-africain dans les colonies. C’est dans la République Démocratique du Congo que ce nouveau système du pouvoir absolu sera mis à rudes épreuves.

En effet, dans notre ouvrage PANAFRICANISME – Les nouvelles perspectives, nous écrivons que: « Le status des chefs de villages, avec plein pouvoir, a été instauré par les colons pour mieux asseoir la coercition du travail forcé des communautés africaines. Sous peine d’être évincés, voire même supprimés, ces dignitaires avaient pour mission de raffermir leur emprise sur les ethnies qu’ils représentaient. C’est au Congo de Léopold II que cette technique connut une ampleur inégalée, notamment dans le domaine de la récolte du caoutchouc. La Belgique rédigea un document intitulé Manuel du Voyageur et du résident au Congo, dans lequel étaient consignées les stratégies de coercition : « En Afrique, faire des prisonniers est […] facile, car si les indigènes se cachent, ils n’iront pas loin de leur village et seront obligés de venir y chercher de la nourriture dans les jardins alentour.
En surveillant soigneusement les jardins, vous serrez certain de ne pas mettre beaucoup de temps à capturer les gens […] Quand vous estimez détenir suffisamment de captifs, vous choisirez parmi eux une vieille personne, de préférence une femme. Donnez-lui un cadeau et envoyez-la entamer les négociations avec le chef. Le chef, désireux de voir son peuple libéré, décidera en général d’envoyer des représentants.

Les compagnies occidentales en Afrique, particulièrement pétrolières, appliquent à la lettre, de nos jours, ce système de corruption. Au Nigeria, presque tous les chefs traditionnels exerçants dans les régions pétrolières, sont achetés par les multinationales (2). »

Ce nouveau système du chef de village au pouvoir absolu et corrompu, au détriment de la souveraineté du Conseil villageois, a été amplifié et reconduit dans la période postcoloniale par le biais du système présidentiel. Nous pouvons objectivement voir comment l’occident crée les « interlocuteurs valables » en Afrique.

1. 2. Le détournement de la souveraineté nationale par le système présidentiel et pillage économique
La recherche de l’« interlocuteur valable », pour reprendre l’expression des élites occidentales, a toujours été un principe, surtout lors des indépendances des années 1960. Ceux qui ont refusé de jouer les marionnettes, à l’image d’Um Nyobé, Patrick Lumumba, Thomas Sankara, etc., ont été physiquement éliminées.
Nous avions mentionné, plus haut, comment les colons Belges appliquaient la technique de coercition. Sur ce point, La France a carrément et officieusement recoloniser l’Afrique francophone par le biais des Accords secrets : de nombreux anciens Ministres, hauts diplomates, officiers d’armes et des services secrets français dévoilent ce système criminel dans le documentaire "Françafrique, 50 années sous le sceau du secret"  réalisateur Patrick Benquet (3), diffusé sur France 2 les 9 et 16 décembre 2010.

En effet, le général de Gaulle confie à Jacques Foccart la mise en place d'un système qui vise à garder, par tous les moyens, légaux et illégaux, le contrôle des anciennes colonies dont les matières premières sont vitales pour la France.
Le détournement de la souveraineté nationale par le biais du système présidentiel a permis le maintien du pillage économique comme l’atteste de nombreuses études sur la Francafrique (4). Les peuples africains ne pouvant pas jouir de ses propres richesses nationales car certaines matières premières rares et onéreuses sont classées « stratégiques » dans les accords secrets liant leur pays avec d’autres occidentaux. Dans certains pays comme le Liberia, la République Démocratique du Congo, etc., les services secrets occidentaux ont crée des guerres afin d’avoir accès à ces matières rares (5).

La crise de conscience des élites négro-africaines qui perdure est pour beaucoup dans l’émergence et le maintien du système présidentiel qui est la clé de voûte du pillage économique des nations noires en Afrique et dans la diaspora (Haïti, Trinidad, etc.).

1. 3. Démocraties africaines et crises du système de pillage économique : cas du Zimbabwe et de la Cote d’Ivoire

1. 3. 1. Au Zimbabwe
Le système de pillage économique, en Afrique, repose sur les relations personnelles entre les chefs d’Etats africains et leurs homologues occidentaux. La chute du mur de Berlin et l’avènement de la Démocratie en Afrique ont crée un électrochoc dans ce système : les nouveaux présidents africains et démocratiquement élus qui voulaient exercer dignement leur pouvoir ont subi les frasques des anciennes structures occidentales habituées au pillage du continent.

En ce qui concerne le Zimbabwe, les colons anglais exproprient les Kamet de leurs terres arables. Cette politique fut également menée en Afrique du Sud.
En 1980, le futur Zimbabwe obtient son indépendance et Robert Mugabe accède au pouvoir. En 2000, Robert Mugabe procède aux première expropriations des 4 500 fermiers blancs qui possédaient encore environ 30% des terres, contre 70% en 1980 : 80% des fermiers blancs sont expulsés et leurs terres redistribuées. Signalons au passage  que l’agriculture représentait plus de 50% du PIB avant la réforme agraire au Zimbabwe
Le président Robert Mugabe lance alors une vaste réforme agraire avec pour objectif de reloger 110 000 agriculteurs Kamet sur les terres confisquées à 4 500 fermiers blancs. Son action crée un tolet général dans tous les pays occidentaux qui se solidarisent aux fermiers blancs: jusqu’alors l’exploitation de la masse Kamet pendant des générations ne les gênait pas. Par la suite, ces fermiers blancs  et les pays occidentaux décidèrent de soutenir l’opposant Morgan Tsvangirai qui dénonce cette politique d’expropriation de Mugabe.

Le 2 mai 2008 : Tsvangirai remporte 47,9% des suffrages contre 43,2% pour Mugabe au premier tour de la présidentielle. Le 22 juin 2008 : Tsvangirai renonce au second tour en raison du climat de violences. Un accord de partage de pouvoir est signé entre l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF) de Robert Mugabe et le Mouvement pour le changement démocratique (Movement for Democratic Change, MDC) de Morgan Tsvangirai. Cet accord de 2008 prévoit que (ZANU-PF)  et le (MDC) s'accordent sur les nominations de hauts fonctionnaires. Le 11 février 2009 : Tsvangirai prête serment comme Premier ministre. Le 30 janvier 2009 : le MDC accepte d’entrer dans le gouvernement.

Lors du sommet de la FAO (organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture), de juin 2008, le président zimbabwéen Robert Mugabe a accusé l'Occident de tenter d'affaiblir son pays par des sanctions économiques : « Le Royaume-Uni a mobilisé ses amis et alliés en Europe, en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande pour imposer des sanctions économiques illégales contre le Zimbabwe ». Et ajouta t-il : « Tout cela vise à affaiblir l'économie du Zimbabwe et à, ensuite, opérer un changement illégal de régime dans le pays. »

1. 3. 2. En Côte d’Ivoire
Laurent Koudou Gbagbo devient président de la Cote d’Ivoire le 26 octobre 2000 suite à une élection, avec heurts, contre le général Robert Guéï.

Le 19 septembre 2002, des soldats rebelles, venant du Burkina Faso voisin attaquent des villes du pays pour réaliser un coup d'Etat alors que le président est à Rome. Le gouvernement Ivoirien accusera, plus tard, Alassane Ouattra d’avoir financé cette rébellion (6). L’échec de ce coup se transforme en un conflit entre un sud tenu par le gouvernement et un nord tenu par les rebelles. Après plusieurs mois de combats, les accords de paix Kléber sont ratifiés par les principaux partis politiques ivoiriens et la rébellion, à Marcoussis, en France. Une force de paix française, appelée Opération Licorne, se déploie pour patrouiller dans une zone de cessez-le-feu. L'Organisation des Nations unies envoie une force d'interposition nommée Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) avec l’objectif essentiel de désarmer la rébellion et de superviser le processus de l’élection présidentielle.
En Novembre 2004, l’armée ivoirienne lance une offensive dans les villes rebelles de Bouaké et Korhogo. Les bombardements de son aviation opérés font neuf morts parmi les soldats français. En riposte, l'armée française détruit deux avions de type Soukhoï et les hélicoptères MI-24. Par la suite, l’armée française tire sur les manifestants qui leurs sont hostiles à l'hôtel Ivoire et devant la base française d’Abidjan. Bilan : de dizaines de morts.
Un accord politique, dite de Ouagadougou, est signé le 4 mars par Gbagbo, Guillaume Soro et le président burkinabé Blaise Compaoré qui a joué le rôle de facilitateur.
Malgré Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI)

La crise actuelle de la Côte d’Ivoire fait suite aux résultats contestés de l’élection présidentielle de Novembre 2010.  Faut-il rappeler que la communauté internationale a unanimement reconnu la victoire de M. Ouattara au scrutin présidentiel du 28 novembre après la proclamation des résultats provisoires et hors délais de la Commission Electorale Indépendante (CEI) et appelé M. Gbagbo à céder le pouvoir. Or c’est le Conseil constitutionnel ivoirien qui a la charge légale de proclamer les résultats définitifs. Ce dernier a été proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel ivoirien, après l’annulation des votes contestés par son camp.

D’aucun estime avec raison que la « Communauté Internationale » sous la houlette des USA et de la France, cherche à démanteler la souveraineté de la Côte d’Ivoire en ne reconnaissant que les résultats provisoires de la Commission Electorale Indépendante. Mais ce qu’ils semblent ignorer, est qu’en Afrique sub saharienne : nos souverainetés nationales ont déjà été démantelées par le système présidentiel ; Le chef de l’Etat détient le pouvoir absolu sur toute l’étendu du territoire national. Il peut prendre n’importe quelle décision économique sans toutefois rendre des comptes au peuple : la francafrique fonctionne sur ce principe. Son arrimage à l’occident, condition de son maintien au pouvoir, rend caduque l’exercice de la souveraineté nationale.

Les luttes pour le pouvoir absolu ont occasionné de nombreuses crises politiques en Afrique. Les pressions de puissances occidentales au Zimbabwe et en Cote d’Ivoire attestent la volonté d’en découdre avec les régimes patriotiques qui ne veulent pas se faire marionnettes des intérêts étrangers.
 
La plus grande absurdité de nombreuses constitutions africaines est que : le président de la République à le pouvoir de dissoudre l’assemblée nationale. Ce qui est fondamentalement contraire à la vision du monde de nos peuples : le chef de village ne peut en aucun cas dissoudre le Conseil villageois. C’est le lieu pour nous ici de dire que l’Afrique sub saharienne manque de grands stratèges, surtout de théoriciens capables de repenser nos systèmes de pouvoir traditionnel.

Fin de la première partie – A suivre)

Fait à Londres, le 1er  Janvier 2011.

Par SIM NSONKON Rémy
Auteur, Spécialiste de la Sécurité du Réseau Informatique.
SIM a également étudié Egyptologie à City Université of London.
Il est le fondateur du site www.kametrenaissance.com.
Simremy@hotmail.com

© Correspondance de : SIM NSONKON Rémy


02/01/2011
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