Le durcissement et l’amplification de l’opération épervier.
Il y a des signes qui ne trompent pas, surtout quand il s’agit de Paul Biya. L’homme est champion de retournements, de voltes faces de toutes natures, de toutes sortes. En 2008, il promulgue la loi n° 2008/001 du 14 avril 2008 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n° 96/06 de la Constitution du 02 juin 1972. Un seul article intéresse Paul Biya dans cette loi, Article 6 (2) (nouveau) : le président de la République est élu pour un mandat de sept (7) ans. Il est rééligible. Paul Biya a tout simplement fait sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels qui étaient jusque-là limités à deux par la Constitution du 18janvier 1996 sur laquelle avait travaillé le professeur Owona. Il n’est donc pas surprenant, pour ceux qui le connaissent que Paul Biya se dirigent vers la sortie mais tout en restant dans la maison.
C’est-à-dire qu’il va laisser le pouvoir, peut-être avant le terme de son mandat actuel qui court jusqu’en 2018 quand il aura 85 ans mais tout en restant dans le pouvoir par personnes interposées. Les faits sont là et les voici : - Paul Biya va mettre en prison toutes les personnes qui pourraient l’empêcher de jouir d’un repos bien mérité pendant sa retraite qu’il aimerait passer dans son village natal Mvomeka’a. Paul Biya qui a pris le temps d’étudier tous ses proches et lointains collaborateurs connait ceux qui peuvent lui créer des ennuis une fois qu’il va quitter le pouvoir. L’opération épervier va s’intensifier les jours à venir et sous le prétexte que ce sont des corrompus ou des détourneurs de fonds publics, des charrettes entières de personnalités iront en prison alors que la réalité, une bonne frange sera ses rivaux politiques au sein même du Rdpc.
La mise en place prochaine du sénat
Dans nos différentes et récentes analyses, nous avons toujours dit que l’homme que Paul Biya va présenter au Rdpc et au peuple camerounais sera un homme faible d’esprit, manipulable à souhait et sur qui il aura un fort ascendant. Paul Biya va proposer un homme de paille sur lequel il aura de l’autorité. L’actuel chef de l’Etat n’aimerait pas se retrouver à la barre pour abus de biens sociaux, détournements de deniers publics, corruption, violation des droits de l’homme, etc. Il n’aimerait pas également passer le restant de ses jours en exil forcé et non volontaire. Il n’aimera pas mourir à l’étranger comme son prédécesseur Ahmadou Ahidjo.
C’est là l’une de ses plus grandes peurs, hantises. Mais seulement, Paul Biya ignore qu’on ne maîtrise pas la nature humaine. Il peut laisser à sa place un homme apparemment doux, sans histoire, amorphe mais qui une fois au pouvoir peut changer et devenir très dangereux. N’est-ce pas ce qu’il a fait lui-même à Ahmadou Ahidjo qui le prenait pour un mou, un faible avant de se rendre compte qu’il était fourbe et hypocrite. Oublie-t-il, lui qui a fait les lettres classiques et la philosophe que l’homme est ondoyant et divers ? Alors il n’a qu’à bien se tenir sur ses gardes !
En mettant en place cette chambre, Paul Biya veut par tous les moyens empêcher le grand Nord de revenir au pouvoir. Pour cela un originaire de ce grand bloc ne doit pas trôner à la tête de la nouvelle institution. De quoi Paul Biya a-t-il peur, puisqu’il nomme 30 des 100 sénateurs comme le lui autorise la constitution, Biya va donc contrôler l’Assemblée nationale et le Sénat afin qu’aucune loi susceptible de le gêner y soit adoptée. Les deux chambres lui seront utiles pour modifier la constitution dans un sens qui lui soit favorable. Il pourra modifier la constitution en instaurant un poste de vice-président de la République succédant à un président si ce dernier est constaté défaillant par le conseil constitutionnel. Paul Biya est capable de tout, il est capable de faire modifier la constitution en faisant élire le président de la République par le parlement (Assemblée nationale et le Sénat réunis).
Il y a quelque chose que les analystes n’ont pas perçu, c’est que quand Paul Biya va partir, il va laisser dans le système des gens chargés de lui rapporter tout ce qui se passera dans le gouvernement. Et l’une des personnes susceptibles de faire ce travail ou qui sera chargé de faire ce travail est son neveu Martin Bilé Bidjang dit « petit Martin » actuellement en formation au Cabinet civil de la présidence de la République tenu par un autre Martin, Belinga Eboutou, où il est chargé de mission. Ce chirurgien-dentiste n’intéresse personne, il fait le mort, mais demain ce sera l’une des personnalités en vue du pouvoir au Cameroun.
Son oncle Biya le prépare à assumer de hautes fonctions dans le pays. Il faut noter ici que c’est pour la première fois que le chef de l’Etat nomme un parent à un poste public même son autre neveu Dieudonné Evou Mekou est directeur général de la Caisse autonome d’amortissement. Après le départ de Biya, Martin Bilé Bidjang sera son espion dans le gouvernement, épiant les moindres faits et gestes de ses collègues, écoutant derrière les portes et rapportant tout cela à son oncle. Il occupera des postes très stratégiques comme le secrétariat général de la présidence de la République ou atterrissent tous les renseignements en provenance du triangle national. Au total, Paul Biya en quittant le pouvoir va installer un système de maillage qui lui permettra d’être omniprésent et tout puissant dans sa retraite, un peu comme son prédécesseur Ahmadou Ahidjo voulait faire avec, mais cela avait échoué !