La France et le Cameroun travaillent à l'élargissement du Français détenu à Yaoundé depuis 16 ans, sur deux méthodologies différentes.
Au sortir de la séance de travail entre les délégations conduites par les présidents Hollande de France et Biya du Cameroun, le mercredi 30 janvier dernier à l’Elysée à Paris, alors le chef de l’Etat camerounais donnait à mots couverts des signes d’une possible révision de la situation du Français victime d’une double condamnation de 15 et de 20 ans de prison ferme pour détournements de deniers publics, certains de ses collaborateurs en indiquaient de mauvais signaux. Preuve que dans l’entourage de Paul Biya le sujet divise faucons et progressistes du système. Si le président de la République invoque le recours et l’appel dont les audiences sont attendues, certains diplomates rencontrés à Paris, soutiennent que «le président Biya reste égal à lui-même. Il ne donnera pas de suite à cette question».
Une position pourtant passablement démentie par l’actualité en cours au Secrétariat d’Etat à la Défense (Sed), chargée de la gendarmerie, où depuis vendredi 08 février 2013, des travaux d'aménagement de la cellule de Michel Thierry Atangana ont lieu. Une amélioration du cadre de vie de M. Atangana qui survient après une ouverture pour assurer l'aération et la luminosité, de sa cellule du sous-sol du bâtiment principal au Sed, ces derniers jours.
Désormais donc, le sol de ladite pièce est recouvert au terme des travaux de carrelage et de remplacement de la toilette entrepris tout le week-end dernier. C’est d’ailleurs ce qui a justifié la visite, hier mercredi, 13 février 2013, la visite du secrétaire d'Etat à la Défense, Jean-Baptiste Bokam aux deux détenus qui partagent lesdits locaux.
Une sorte de contredit donc à certains collaborateurs du chef de l’exécutif camerounais pour qui, Michel Thierry Atangana «est un élément d’une mafia internationale qui s’est frauduleusement emparée de l’argent du Cameroun entre 1994 et 1997». Parmi les partisans de cette thèse de nombreux hauts cadres camerounais rencontrés à Paris au cours du récent séjour de Paul Biya. Deux, des journalistes présents à différentes étapes de ce séjour auront appris que «M. Atangana n’est pas l’ange qu’on présente. Il a entrainé le Pr Edzoa à faire des choses abominables. Raison pour laquelle, il doit payer». Une position rapidement battue en brèche par une autre tendance qui croit aujourd’hui, dur comme fer que «toute la vérité n’a pas été dite au patron sur cette affaire qui tend à lui pourrir la vie».
Intérêts financiers
Il reste alors à régler la question des intérêts financiers qui opposent également Français et Camerounais. Si pour les premiers M. Atangana a réussi un montage financier de 278 milliards de Fcfa pour la construction des axes Yaoundé Kribi et Ayos Bonis, certains chez les seconds reconnaissent du bout des lèvres cependant que les autres attendent de la France des indemnisations. Toujours est-il que Pour la France cette «affaire d’Etat doit rapidement être réglée. Nous considérons que Michel Thierry Atangana est en otage au Cameroun et que sa rétention n’a que trop duré», a laissé entendre le 30 janvier un proche collaborateur de François Hollande au sortir de la séance de travail entre les deux chefs d’Etat.
Tout en continuant d’espérer que la justice
camerounaise peut enfin parvenir à la manifestation de la vérité, «nous
ne croyons plus à cette institution dont on mute les acteurs le jour du
verdict d’une affaire aussi délicate et suivie. Nous savons que c’est au
président Paul Biya de trouver une solution. Puisque les magistrats de
la nouvelle collégialité ont reçu des instructions, il faut donner des
contre-instructions en faveur de l’élargissement de M. Atangana. A
supposer même qu’il ait détourné, il l’a payé aujourd’hui au prix fort. A
son arrestation, il avait 33 ans. On lui a volé sa jeunesse», a alors
fulminé le haut fonctionnaire français. Comme on le voit, loin des
bruits de couloirs, Paris et Yaoundé travaillent sur le dossier qui a
fait couler beaucoup d’eau et d’encre sous les ponts. A titre d’exemple,
le week-end dernier, un comité de suivi constitué des cadres de la
présidence de la République du Cameroun et des autorités du ministère de
la Justice. La sortie d’embarras est peut-être pour demain.