Le Cameroun transformé en Etat policier?
Les derniers textes du président de la République créent des unités de polices dans tous les recoins du pays.
Dans les bureaux feutrés de la Délégation générale à la Sûreté nationale (DGSN), tout le monde en parle sous forme interrogative. Pareil dans les chaumières mal famées d'Etam-Bafia, de Makalo Elobie etc. Pourquoi Paul Biya a-t-il décidé de multiplier les commissariats à travers la République? Y a-t-il péril en la demeure? Des questions qui peinent à trouver des réponses saisissantes. En tout cas, puas à la DGSN où les textes au président de la République ont surpris plus d'un «je n'est même pas encore les textes dont vous faites allusion. N'hésitez pas à me donner une copie si vous les obtenez», implore un commissaire de police, responsable au service de la Communication et des relations publiques joint mi téléphone par L'Actu.
Depuis mardi dernier, le quotidien gouvernemental publie ces textes présidentiels, il s'agit du décret N° 2012/539/19 décembre 2012 portant statut spécial des fonctionnaires de police, ainsi que d'un autre portant création de nouveaux commissariats.
Par ces textes, le chef de l'Etat vient de créer plusieurs centaines de commissariats et poste de police. La constance ici est incontestablement la multiplication des commissariats spéciaux. il s'agit des unités de police spéciale qui ont pour mission de collecter des «informations» sur les citoyens pour en constituer des «fiches personnelles», utilisables en temps opportun par les pouvoir publics. L'article 201 implante les commissariats spéciaux au chef-lieu de chaque département et, éventuellement d'arrondissement. Lus d'une centaine de commissariats spéciaux si on prend en compte ceux déjà existant.
La réorganisation de la police camerounaise survient au moment ou le nouveau délégué général à la Sûreté nationale, Martin Mbarga Nguelé, tend à redorer l'image écornée du policier camerounais considéré, à tort ou à raison, comme un «mange mille». Bien plus, les cas de corruption sont signalés à l'entrée des écoles de formation de la police, aussi bien à Mutenguene qu'à Yaoundé-Tsinga.
La multiplication des commissariats et l'Instauration d'un code de déontologie dans la police viendront-ils redorer les treillis de nos flics? Ces derniers ne vont-ils plus répondre à un citoyen encerclé par les bandits que «le véhicule de la police n'a pas de carburant?», que «je suis seul au commissariat donc je ne peux pas me déplacer?»...