LE CAMEROUN SANS GOUVERNEMENT
Les sources de la grande inertie et de la totale confusion qui plane aux sommets des institutions de la république c'est ce floue persistant et entretenu de compétences. Particularité folklorique camerounaise nous avons cinq sources identifiées de décisions :
- la présidence de la république
- le secrétariat général de la présidence de la république
- le cabinet civil
- la primature
- le secrétariat général du premier-ministre
Dans des pays démocratiques avec la même architecture institutionnelle que la nôtre, le président et le premier-ministre sont l'épicentre du système. ILS sont chacun entouré de collaborateurs incapables intuitu personae de décider.AU Cameroun dans les faits et même dans l'opinion, le gouvernement au sens technique n'existe pas: on entend indifféremment le secrétaire général de la présidence ou le cabinet civil, chose rare, tous les deux avec rang de ministre, décider sous le couvert de la présidence de la république et court-circuiter ce qui pourrait être l'action gouvernementale.
Ainsi encore récemment on a vu Ngoh ngoh inaugurer l'installation de la vidéo-surveillance à la place soit du premier-ministre, du ministre de l'administration territoriale ou du délégué général à la sûreté. Un simple collaborateur ne peut inaugurer.
De même on l'a vu avec le secrétaire général du premier-ministre qui s'arroge des pouvoirs régaliens et n'hésite pas à mettre sur la touche certains ministres couards. Le ministre, cette personnalité fantomatique désormais vidée de son sens n'honore plus que les chrysanthèmes .S'ils avaient de la personnalité ils n'hésiteraient pas collectivement à démissionner. Mais s'ils sont-là, on le sait tous, c’est pour la part du gâteau. « La chèvre broute là où elle est attachée » comme le disait si bien notre regretté compatriote lapiro.
Et le premier-ministre alors, rien à attendre, rien à espérer tant qu'il dépendra du seul choix du président et jamais de son assise élective. Un premier-ministre issu du suffrage du peuple aura le courage, la force et la détermination d'imposer et de défendre son bilan; il n'aura pas peur ni du conflit, ni de la concurrence, ni du tête-à-tête avec le président, bref ce ne sera plus une sorte de première dame travestie.
Cette dissolution du pouvoir a un objectif, diviser pour mieux régner, affaiblir les uns et semer la confusion chez les autres, établir une sorte de statu quo, une sorte de paix de la terreur où les gens se tirent dans les pattes et où la courtisanerie et la trahison sont rois. L'efficacité et la lisibilité gouvernementales sont les grandes perdantes. Le Cameroun est immobile: voilà quelques raisons.