Le Cameroun est une dictature dont M. le Président Paul BIYA est la clé de voûte
Écrit par Alexandre MANGA ZOA | Yaoundé Mercredi, 14 Juillet 2010 17:56
Ils sont légions les exemples où les chefs spirituels d’un système de valeurs sont appelés des « princes ». Ceux qui ont pour habitude de lire des livres sacrés tels que la Bible ou le Coran rencontrent fréquemment ce titre.
Quand on observe le système juridico-politique
en vigueur au Cameroun, on s’aperçoit que son « prince », le Président
Paul BIYA applique à la lettre l’un des enseignements du juriste Nicolas
MACHIAVEL qui fit comprendre que ‘’les qualités du prince doivent
servir de finalité de la conservation du pouvoir dans les circonstances
données’’. Il va même plus loin en écrivant qu’ « il n’est
pas nécessaire à un prince d’avoir toutes les qualités, mais il lui est
indispensable de paraître les avoir ».
L’héritier du système
néocolonialiste camerounais, le « prince » régnant Paul BIYA, aussi
appelé le « sage » sous d’autres cieux, a
parachevé l’œuvre initiée par son illustre prédécesseur Ahmadou
AHIDJO, une brute peu élégante qui pour asseoir son pouvoir n’hésita
pas exterminer une ethnie dans le nord camerounais. Le
système bâti par son excellence, puisque c’est ainsi que la presse et
ses affidés l’appellent couramment, repose sur sept piliers : le
mensonge, la corruption, le spiritisme, l’arbitraire, la coercition, la
prostitution et la luxure.
Du mensonge :
Le pouvoir central de Yaoundé
repose sur des leurres, la distorsion du réel et
le mensonge. Combien de fois les gouvernements successifs UC/UNC/RDPC et
leur chef ont menti au peuple ou aux organisations
internationales telles que le FMI et la Banque Mondiale ? Fortes sont
les chances que nul ne puisse avancer un chiffre, les camerounais
eux-mêmes sont las de compter… N’ayons pas peur de le dire, n’ayons pas
peur des mots et peu importe ce que diront les caïds du régime, au
Cameroun de Paul BIYA, tout est faux : le résultat des élections ou des
concours, les rapports de la Présidence de la
République ou des ministères, les chiffres sur le chômage, le nombre de
fonctionnaires, le taux de croissance ou le budget de l’Etat…rien ne
tient la route, tout est à refaire ! Néanmoins, cette
situation est loin de déplaire au prince. Il est le principal
bénéficiaire de cette mascarade.
D’ailleurs, où se
trouve cet
« omniabsent » et « ancien sorbonnard » ? Ecoutera-t-il l'Arlésienne de
Georges Bizet au bord du
lac Léman entre le 15 juillet et le 15 aout 2010 ou préféra-t-il un séjour en thalasso (quelque part
hors du Cameroun) ?
De la
corruption :
Pour le prince de Yaoundé, la
corruption est un véritable moyen de gouverner ou de conserver son
pouvoir et ses privilèges. D’après le GRECO (Groupe d’Etats contre la
Corruption), la corruption se définit comme un abus de pouvoir ou une improbité dans le
processus de décision. Elle ‘’comprend les commissions occultes et tous
autres agissements qui impliquent des personnes investies de fonctions
publiques ou privées, qui auront violé leurs devoirs découlant de leur
qualité de fonctionnaire public, d'employés privés, d'agents
indépendants ou d'une autre relation de ce genre, en vue d'obtenir des
avantages illicites de quelque nature que ce soit, pour eux-mêmes ou
pour autrui.’’ A titre illustratif, citons l’affaire Elf, Raymond Bernard de l’Antiquus Mysticusque Ordo Rosae
Crucis, Paul Marie Le Guen le sélectionneur des Lions Indomptables, la
Fondation Chantal BIYA, les 23 véhicules de luxes des cinquantenaires
etc.
Résultat des comptes, les
agissements de Monsieur le Président Paul BIYA ont affaibli les valeurs
fondamentales sur lesquelles la société camerounaise aurait due reposer.
Comme il est de coutume, le deuxième pilier du système BIYA a réduit à néant la bonne foi, la franchise, le
franc-parler, la cordialité, la sincérité et l’authenticité
« indispensables » au bon fonctionnement des institutions.
Du spiritisme :
Les hommes qui nous gouvernent
tirent leur force des incantations païennes. On ne dénombre plus les
accointances politico-spiritistes dans l’Etat laïc du Cameroun. Le
gouvernement du Président Paul BIYA passe des nuits blanches chez les
marabouts et autres charlatans. Au RDPC, ils sont tellement crédules et
imbriqués dans des pratiques magico-sorcières qu’ils prennent en charge
le voyage de douze marabouts sensés influencer la destinée des Lions
Indomptables. Si l’on en croit les médias, leur
prise en charge complète « avait été motivée par le fait qu’ils avaient
promis une demie finale au Cameroun ». Quand on sait les rapports
qu’entretient la dictature BIYA avec l’équipe nationale de football, on
ne peut s’empêcher de regarder en direction d’Etoudi. Dans le dernier
article de Vincent
Hugeux, on peut même lire « Paul Biya, un ex-séminariste féru
d'ésotérisme ».
Force est de constater que le fiasco
de la coupe du monde illustre parfaitement bien ce qui se passe dans
nos institutions : au lieu de travailler durement et sereinement les
hommes du RDPC font confiance aux prophéties des charlatans. Au regard
de ce qui s’est passé au Bénin et compte tenu des témoignages accablants
de Raymond Bernard,
grand maître de la Rose croix à l’encontre de
Monsieur Paul BIYA, il y a lieu de se demander
légitimement, si le pouvoir central de Yaoundé ne détourne pas des
deniers publics pour financer des activités
religieuses ou ésotériques. Le nouveau
gouvernement élu démocratiquement après 2011, devra faire un état des
lieux objectif et froid puis « nettoyer au kärcher » la vaste écurie
qu’est devenue notre pays à force de turpitudes, de laxisme et de
laisser-aller, pour paraphraser Nicolas SARKOZY.
De
l’arbitraire :
Le Président Paul BIYA a pérennisé
l’arbitraire. Même le déroulement d’une petite finale de football dépend
uniquement de la décision du « prince ». Les décisions prisent par le
« prince » et ses collaborateurs ne dépendent que de leur seule volonté
ou de leur appréciation personnelle. De tous les actes que posent ces
hommes, la justice ou l’équité ne sont pas pris en compte. Sinon comment
comprendre que des généraux de plus de 75 ans soient toujours en
fonction alors que la limite d’âge du Général de Division ou du
Vice-Amiral est connu et fixé à 61 ans d’après le Décret n° 2001/189 du 25 Juillet 2001
portant organisation du cadre des Officiers Généraux des Forces de
Défense. L’article 3, alinéa 1 stipule : « Le titre de Maréchal de la
République, les rangs et appellations de Général d’Armée ou Amiral
d’Escadre et de Général de Corps d’Armée ou Vice-Amiral d’Escadre ne
constituent pas des grades, mais peuvent être décernés par le Président
de la République » et l’article 7, alinéa 3 rajoute : « Le
Président de la République peut également, pour nécessité de service,
maintenir en fonction, un Officier Général atteint par la limite d’âge
de son grade ». Tout calcul fait, on trouve 14 ans ! A
vrai dire, la seule personne à blâmer ici est le président Paul BIYA
lui-même qui prêche par l’exemple.
De la
coercition ou le bâton:
Le pouvoir UC/UNC/RDPC de
Monsieur le Président Paul BIYA est basé sur la force physique ou
potentielle à caractère exceptionnel et illégitime incompatible avec la
liberté politique, le gouvernement constitutionnel et le principe
d’égalité devant la loi. En réalité, les droits
de l’Homme sont quasi inexistants ! Pour gouverner le prince et ses
collaborateurs utilisent le chantage, la violence, la torture,
l’emprisonnement, des menaces implicites ou
explicites et le congédiement. Nous, les Démocrates Camerounais en
savons quelque chose. L’objectif visé par le
régime est de voir la classe gouvernée agir contre son gré, un peu comme
des esclaves. Mais les villes mortes de 1990, les émeutes supposées de
la faim de 2008, tendent à confirmer que cette obéissance ne durera pas.
Si Monsieur le Président Paul
BIYA travestit les résultats de la prochaine élection présidentielle
alors, il se peut que les camerounais prennent leur responsabilité de la
façon dont certains s’attendent le moins mais de manière soudaine,
brutale et dramatique. Au PDC nous ne le souhaitons pas mais cette
hypothèse n’est pas à exclure .
Le prince s’est
personnellement doté de corps d’élites (le BIR) qui au lieu de se
comporter comme des professionnels passent le plus clair de leur temps à
intimider, à violer et à humilier leurs concitoyens. De prime abord, on
se serait attendu à une branche spéciale de l’armée, aux missions
titanesques telles que le maintien de la paix dans les foyers de
tensions sous l’égide des Nations Unies ou la protection de nos
frontières poreuses.
De la
prostitution et la luxure
Le crédo du pouvoir est
simple : « mourir de faim ou se prostituer ». Certains leaders
politiques l’ont vite compris et ont joué le jeu. La majorité de ceux
qui se sont laissé clochardiser ont été des membres actifs de premier
plan du parti UNC/RDPC. Paradoxalement, aucun d’eux n’assume le bilan du
régime, ils n’en parlent même pas...
Les ambassades et consulats
camerounais ont été « transformés, contraints et forcés » en maisons
closes, pourvoyeuses « de femmes aux hommes du RDPC en
mission à l’étranger ». Pour ces hommes la « fesse » est devenue un
signe extérieur de richesse. Pour accéder à certains postes, certains
n’hésitent pas cautionner des relations charnelles illicites et
dégradantes avec des dames dans le désarroi et la misère .
L’une des caractéristiques de la
luxure est l’hâblerie ou la forfanterie décrite par Louis-Tobie MBIDA en ces termes : « La forfanterie qui
est illustrée par la frime et la vantardise se rencontre dans les rangs
de ces mêmes hommes. Nombreux de ces camerounais sont passés maîtres
dans le paraître. Ils vivent au-dessus leurs moyens, mènent un train de
vie toujours plus tapageur et bruyant au grand dam de la république et
de leur propre famille lorsque s’écroule leur château de cartes
construit à grand renfort d’esbroufe. Ces hommes sont entre autres, les
plus dangereux, car tout changement de régime politique entraînera
obligatoirement la fin de leur supercherie. Ils s’accrochent et servent
bec et ongles le régime RDPC (…). Ces hommes sont gris et ternes mais
ils sont pires que la teigne. »
Qui détient véritablement le
pouvoir ? Le peuple, le prince, les généraux en fonction atteints par la
limite d’âge ou le noyau dur du parti Etat ? On peut affirmer sans
risque de se faire contredire que c’est le bas peuple qui subit les
foudres du pouvoir coercitif et arbitraire. Le régime étant
présidentiel, et l’exemple venant d’Etoudi, la personne sur laquelle
doivent se concentrer toutes nos énergies est le Président Paul BIYA . Pour détruire les sept piliers de son régime,
il paraît nécessaire de le battre démocratiquement à
la prochaine élection présidentielle de 2011.
Actuellement, le Président Paul BIYA est la clé de voûte du système dictatorial qu’il a contribué à installer depuis 1962. Politiquement, c’est l’homme à battre aux prochaines élections présidentielles de 2011.
Alexandre MANGA ZOA,
Membre de la Cellule de
Communication