LE BRULOT DU DEPUTE WILLIAM MANDIO A EDOUARD AKAME MFOUMOU :: CAMEROON
Cher aîné ;
D’emblée, j’avoue que j’ai beaucoup hésité avant de décider finalement de vous écrire. Mon hésitation tirait sa justification du dernier conclave du RDPC tenu le 13 Mars dernier au palais des congrès de Yaoundé où la hiérarchie de notre parti a tenu à sensibiliser les parlementaires RDPC des deux chambres (Sénat et Assemblée Nationale) sur la nécessaire discipline et la suprême solidarité qui devront désormais rythmer nos rapports avec les membres du Gouvernement.
En fait, notre parti a décidé de « surveiller la parole » de ses cadres et de « Gendarmiser » les actions de ses élus. Mais face à ma conscience troublée et à l’impitoyable tribunal de l’histoire qui, dois-je le rappeler est violent et sans appel, j’ai décidé de prendre ma plume ce jour pas pour s’évader de cet « enfermement disciplinaire », mais pour attirer l’attention du Président du Conseil d’Administration de CAMAIR-CO que vous êtes sur les dérives managériales actuelles de cette compagnie aérienne et les dangers qui guettent notre peuple si rien n’est fait. Je m’adresse bien évidemment à vous, réputé être un manager courageux et qui coure aujourd’hui le risque de ruiner le dernier matelas d’espoir placé en vous dans la mission de redressement de cette « onzième province ». De quoi s’agit-il ?
Créée le 11 septembre 2006 par décret Présidentiel n°293/2006, l’article 8 des statuts de CAMAIR-CO stipulait que « le personnel sera recruté en priorité parmi ceux de la défunte CAMAIR». Il est constant que le transport aérien est un domaine de professionnels et aucune compagnie de transport aérien n’a démarré avec les novices comme c’est le cas avec CAMAIR-CO. Devrais-je vous rappeler que la CAMAIR avait démarré ses activités avec les vétérans d’Air Afrique. Après la mise en liquidation de la CAMAIR en Mai 2008, une bataille âpre avait éclaté entre le Premier Ministre de l’époque et son MINFI qui n’avait eu cesse de rappeler aux syndicalistes qu’il avait une haute main sur CAMAIR-CO (SIC). Cela se vérifia par la suite avec les limogeages successifs des Sieurs SAME BELL, GILBERT MITONNEAU et PAUL ALAIN MENDOUGA.
Sous le prétexte d’avoir déniché « l’oiseau rare » du Management aérien, l’ex-MINFI fit venir un certain ALEX VAN ELK un manager brouillon qui fut accusé à peine nommé de distraction de fonds par les syndicalistes. Pour échapper aux mailles de la justice, ALEX VAN ELK quitta précipitamment le pays et fut remplacé par un autre féticheur du management un certain MATTHIJS BOERTIN, personnage au CV pompeux et brumeux. Ce D.G de nationalité Hollandaise n’avait produit aucun plan de développement de l’entreprise. Il se plaisait à fonctionner avec les subventions-saucisson de l’Etat que lui octroyaient ses amis de Yaoundé. MATTHIJS BOERTIN a foiré. Au cours d’une réunion présidée cette fois là par le MINDEL le 04 Juillet 2012, ce dernier informa les participants que des 152 contrats signés sous VAN ELK, 70 contrats étaient déclarés fictifs.
Il y’avait donc urgence à réviser lesdits contrats (SIC). Monsieur EDOUARD AKAME MFOUMOU, votre arrivée en septembre 2012 comme P.C.A de notre compagnie aérienne a suscité de gros espoirs dans l’opinion. Dans un tandem avec l’actuel Directeur Général MBOTTO EDIMO, l’on ne devrait plus parler de contrats fictifs à ce jour. Il est impératif de réviser intégralement les 152 contrats, source de la gabegie ayant conduit à la banqueroute de cette compagnie. Prenez vos responsabilités ! La récente actualité de votre entreprise est imbibée de grosses dénonciations du personnel sur la tribalisation du top management de la compagnie. Tenez ! L’on vous accuse d’avoir validé la nomination de 3 cadres originaires de l’ethnie bulu sur les cinq postes qui étaient en compétition. C’est grossier. Et ça pue.
J’ai abondamment pleuré la semaine dernière en lisant la proposition
de résolution portant constitution d’une commission d’enquête
parlementaire sur l’acquisition par le gouvernement du Cameroun sur prêt
préférentiel de la CHINA EXIM BANK de deux aéronefs de type XIAN MA-60
pour le compte de CAMAIR-CO. Cette proposition introduite au
secrétariat général de l’Assemblée Nationale par le député SDF OSIH
JOSHUA est un véritable scandale financier qui devrait susciter la
curiosité des gouvernants et l’indignation collective.
En effet, il y est mentionné dans le rapport qu’au cours de l’année
2011, le gouvernement du Cameroun a négocié l’achat de deux aéronefs de
type XIAN MA-60 fabriqué en Chine, par AVIC Xi an Aircraft sur la base
d’une licence de production améliorée des Antonov 24/26.
Que contrairement à toutes les pratiques de bonne gouvernance et tous les mécanismes de passation de marché existant au Cameroun et requis pour un achat d’une telle importance, aucun appel à manifestation d’intérêt ou appel d’offre n’a été publié à cet effet.
Que contre toute attente et contre tout bon sens, la partie chinoise a décidé d'offrir un troisième avion gratuitement au Gouvernement Camerounais, avion qui a été livré et mis à la disposition de l'armée de l'air camerounaise.
Que le 11 novembre 2013, à la surprise générale de l'industrie de
l'aviation, tant nationale qu'internationale, le Ministre de
l’Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire en
présence du Ministre des Transports a procédé à la signature d'un
accord-cadre d'un « prêt préférentiel » d'un montant d'a peu près 34, 4
milliards de Francs CFA (430 millions de Yuan) avec l'ambassadeur de
Chine au Cameroun pour l’achat de deux avions de type MA-60 de
fabrication chinoise pour le compte de la Cameroon Airlines Corporation.
Que ce prêt préférentiel comprenait le prix des deux avions, un stock de
pièces de rechange, la maintenance des avions pendant un temps et la
formation des techniciens camerounais.
Qu'il a été publié par plusieurs organes de presse nationaux et
internationaux ainsi que la presse officielle congolaise que pour le
même type d'avion avec le même package d'achat, la République du Congo a
déboursé l'équivalent de 7 milliards de francs CFA par avion, intérêt
inclus.
Que le prix d'achat publié par XIAN Industries pour un 1V1A-60 est plus ou moins l'équivalent de 5,6 milliards de FCFA hors package comprenant !a formation, un stock de pièce et la maintenance.
Que la sagesse conventionnelle voudrait qu'un package qui est le plus
souvent offert en bonus d'achat ne pourrait coûter deux à trois fois
plus que l'avion qu'il est sensé accompagner.
Qu'il est évident, au vu de ce qui précède, que ce prêt semble être «
préférentiel» pour tous les intervenants, sauf le contribuable
camerounais.
Qu'il ne faut pas être sorcier pour comprendre que deux avions MA60
avec un package commercial complet ne doivent pas dépasser 14 milliards
de FCFA Cela fait une différence de plus de 20 milliards de FCFA au
détriment du contribuable camerounais par rapport à ce qui est prévu par
l'accord-cadre signé entre le gouvernement du Cameroun et la partie
chinoise.
Que ce sont 20 milliards de FCFA que le Cameroun est en train de perdre
dans cette transaction représentant l'équivalent d'au moins 2'200 salles
de classe ou 710'000 fois le salaire minimum au Cameroun.
Qu'au-delà de l'aspect financier scandaleux de cette acquisition, il est de notoriété publique que les Antonov 24/26 sur la base desquels le MA-60 a été développé sont considérés comme de véritables cercueils volants, par ailleurs interdits dans la plus part des pays du monde.
Que le premier MA-60 prend son envoi en 2000 et depuis cette date, 90
ont été livrés dont la plupart à des armées et 53 seulement restent en
service dont 14 en hangar. Ce qui veut concrètement dire que des 53
avions listés en service, 14 n'effectuent plus temporairement ou
définitivement des vols.
Que depuis 2009, il y a déjà eu 11 accidents et incidents majeurs dont plusieurs ont été fatals.
Que le 10 juin 2013, deux avions MA 60 ont souffert de deux incidents
graves à l'atterrissage le même jour, l'un en Indonésie et ['autre au
Myanmar.
Que plusieurs pays ayant initialement autorisé ce type d'avions ont dû
les clouer au sol pour des raisons de fiabilité technique, notamment le
Myanmar et l'Indonésie,
Que le gouvernement de Tonga a ouvertement reconnu que son industrie de
tourisme souffre du fait de l'introduction d'un MA-60 dans sa compagnie
nationale, Real Tonga, et qu'elle ne l'aurait pas introduit si ce
n'était pas une offre gratuite de la Chine.
Que tel que le Tonga ou le Cameroun, plusieurs de ces avions sont offerts en don à des pays du tiers monde.
Que la mauvaise réputation du MA-60 en termes de fiabilité technique
n'est plus à démontrer. Les nombreuses publications spécialisées
internationales le démontrent très bien.
Qu'en termes de notoriété, l'utilisation des MA60 par la Cameroon
Airlines Corporation nuira gravement à sa réputation et à son image.
Qu'il est important de préciser que la communication officielle qui a
suivi la signature de l'accord-cadre entre le Cameroun et la Chine pour
l'achat de ces deux avions précisait que ces avions devraient « assurer
efficacement ia desserte domestique et régionale et partant, générer les
externalités d'emplois et de recettes ».
Qu'au vu de ce que la Cameroon Airlines Corporation ne connaît pas de
concurrence sur l'axe aérien nord-sud, les usagers seront obligés de
choisir entre des aéronefs à la réputation douteuse et le difficile
trajet en train et/ou en voiture.
Qu'il est important pour l'intégration nationale, l'administration
territoriale, la mobilité interurbaine, notre économie et notre tourisme
que la liaison nord-sud soit opérée par des avions sûrs, modernes et
fiables.
Qu'il n'est pas certain que les pays de la sous-région vont autoriser
les opérations sur leur sol et leur ciel du MA60 qui n'est certifié que
dans quelques pays dans le monde du fait qu'il souffre d'énormes
problèmes réglementaires liés à sa genèse et à sa documentation qui est
essentiellement en mandarin.
Que l’image du Cameroun ainsi que celle de son tourisme soufrions du
fait de la mise en service commerciale de ces avions dans la flotte de
la Cameroun Airlines Corporation.
Qu’au vu de ce qui précède, la procédure d’acquisition mise en place
pour l’achat de ces deux avions n’a certainement pas pris en compte les
aspects techniques, opérationnelles ainsi que la diligence requise en la
matière ».
Monsieur le Président du conseil d’Administration de CAMAIR-CO,
Il apparait clairement à la lecture des faits exposés par mon collègue
OSIH JOSHUA- s’ils sont avérés-que quelques fonctionnaires cupides et
voraces de notre pays ont comploté non seulement contre notre seule
compagnie aérienne nationale mais surtout contre le peuple camerounais
désormais décrété « cobayes bon pour des crashs » en ce qui me concerne,
je puis déjà vous annoncer que je m’opposerai publiquement à la mise en
exploitation de ces deux « cercueils volants Chinois » et j’animerai
rassurez-vous la fronde parlementaire à l’hémicycle contre cette
forfaiture.
Haute considération.
Honorable PETER WILLIAM MANDIO
Député RDPC du MBAM et INOUBOU