Le bal des courtisans:Ces ministres qui s’exhibent chez le président veulent avant tout sauver leur tête
Doit-on encore s’étonner de l’étrange paradoxe de la méthode Biya ? Le président de la République a publiquement passé un savon à son gouvernement dans son adresse à la Nation du 31 décembre 2013. En 33 années de règne, jamais l’homme du Renouveau ne s’était montré aussi critique de l’action de son gouvernement.
On s’attendait donc à un séisme dans le landerneau politique camerounais. C’était mal connaitre le sphinx d’Etoudi qui a plutôt décerné un certificat de bonne conduite à l’actuelle équipe emmenée par Philémon Yang qui a même battu tous les records de longévité .
En agissant de la sorte, Paul Biya met son gouvernement sous pression. Les ministres savent que le président désapprouve globalement leurs actions. Ils sombrent de facto dans une fébrilité quasi insoutenable.
Pour se donner de la contenance et reprendre la main, ils font feu de tout bois. Certains décuplent leur foi en Dieu, seule capable selon eux de les tirer de ces eaux troubles. C’est la montée vertigineuse de ces piétés ministérielles perceptibles à travers des dons médiatisés aux églises et autres confessions
religieuses.
D’autres vont chez le marabout du coin et font même venir du renfort de l’extérieur quand le besoin s’impose.C’est le triomphe de l’irrationnel ! Le président est servi.D’autres encore, sans doute plus futés ont décidé d’en mettre plein la vue au président. Il veut des réalisations, il sera servi et chez lui-même. Il parait que le peuple manque de soins de santé, se plaint de la rareté des médicaments et de la désuétude des plateaux techniques dans nos hôpitaux.
La réponse ? Un hôpital dernier cri à Sangmélima au nez du président. Il ne pourra pas dire qu’il n’a pas vu. Il se dit que les populations n’en peuvent plus de ces délestages qui provoquent des drames dans les familles et plombent l’activité économique.
La réplique ? Une centrale solaire au palais de Mvomeka’a pour éblouir le patron. Parlezlui encore de coupure d’énergie... La méthode de ce groupe de ministres fanatiques de l’exhibitionnisme de pacotille est fort simple. Tout faire dans le département d’origine de Paul Biya pour se dédouaner d’une incurie managériale pourtant systémique. Ces pirouettes ne sont pas nouvelles. Il s’agit de vieilles antiennes déjà éprouvées à Yaoundé. Ainsi, la voie de passage du Prince de son palais vers l’aéroport de Nsimalen est toujours entretenue.
Le vieux stade Ahmadou Ahidjo est hâtivement badigeonné de chaux à la veille des finales de Coupe du Cameroun régulièrement présidées par le chef de l’Etat. Comme une vieille dame qui se pare pour un rendez-vous galant. Paul Biya succombe-t-il à ces charmes ? Se laisse-t-il séduire par cet activisme aussi soudain que suspect, aussi sélectif qu’inopportun ? Comme à son habitude, l’homme du 06 novembre garde le mystère mais dévoilera peut-être (ou peut- être pas) quelques indices de réponses dans son prochain gouvernement.
Le Dja-et-Lobo, département natal du président de la République a lui aussi le droit au développement comme du reste tous les départements du Cameroun. Toutefois, se ruer en ces terres pour plaire à un homme participe de calculs politiques mesquins et répugnants.
Il s'agit d’une des facettes d’une « satrapie » décadente où les sbires du Roi ferraillent dur pour garder leurs strapontins et s’aménager d’ultimes prébendes.