Laurent Fabius au Gabon. Une visite suspec
En
pleine campagne présidentielle de François Hollande, les déclarations
de Laurent Fabius au Gabon sèment des doutes sur la volonté du Parti
socialiste de rompre avec le soutien français aux dictatures africaines.
Ce parti et son candidat doivent clarifier leur position à ce sujet.
L’ancien
Premier ministre français Laurent Fabius, en visite à Libreville, a
estimé que les relations entre la France et le Gabon étaient « excellentes » et souhaité « qu’elles se développent dans le futur ». Il a également été reçu par le fils du despote Omar Bongo, imposé au pouvoir en 2009 par le biais d’un coup d’État électoral.
Ce
soutien explicite à la dictature d’une figure de poids du Parti
socialiste intervient quelques jours seulement après que le député
européen Kader Arif ait réagi à la réception, à l’Élysée, par le
président Sarkozy, du président congolais Sassou Nguesso. Le responsable
des questions de coopération auprès du candidat François Hollande avait
ainsi évoqué l’affaire des Biens mal acquis, dans laquelle le clan
Bongo est lui aussi fortement impliqué. Or le fils d’Omar Bongo n’est
certainement pas plus fréquentable que Denis Sassou Nguesso. Il fait
partie intégrante de cette « Françafrique » à laquelle le
candidat Hollande a promis de s’attaquer sans pour autant détailler les
mesures à entreprendre, concernant, notamment, le soutien aux dictateurs
africains, les bases militaires françaises, le franc CFA ou les
entreprises qui exploitent les ressources de l’Afrique.
Si
Laurent Fabius n’est pas officiellement dans l’organigramme de campagne
du candidat socialiste, il a néanmoins été missionné pour préparer le
programme des « cent jours » de gouvernement de François
Hollande. Doit-on s’attendre à ce que François Hollande, tout comme
Nicolas Sarkozy en 2007, accueille le Président du Gabon parmi les
premiers chefs d’État reçus à l’Élysée et qu’il lui réserve une visite à
Libreville dans les premiers mois de son mandat ?
Cet épisode
rappelle les propos élogieux tenus en novembre dernier par Ségolène
Royal à Ouagadougou à l’égard du despote burkinabè.
A quelques
semaines de l’élection présidentielle, où chaque déclaration compte,
l’association Survie interpelle le Parti socialiste et son candidat
François Hollande sur l’interprétation qui doit être faite des propos de
Laurent Fabius et demande, s’ils n’en sont pas solidaires, une
condamnation de ces propos et de cette visite à Libreville.
Contact presse : Stéphanie Dubois de Prisque Chargée de communication stephanie.duboisdeprisque(a)survie.org