Laurent Esso: Le jardin secret d'un fidèle du pouvoir

Yaoundé, 03 Septembre 2013
© René Noungang | L'Epervier

 

Le digne fils Sawa a été coopté par l'ancien Chef de l'Etat, grâce à un acte de bravoure, de courage et de responsabilité. Une démarcation définitive qui lui vaudrait estime et jalousie au sein du Sérail.

 

 

Le Ministre d'Etat en charge de la Justice et Garde des Sceaux Laurent Marie ESSO est depuis 05 ans au centre des commentaires dans les salons huppés de la présidence de la République. Au sujet de son enracinement au sein du régime de Yaoundé. Son long séjour comme Secrétaire Général de la Présidence de la République a emmené l'opinion publique nationale à lui attribuer tous les sobriquets allant dans le sens de sa grandeur: «l'homme de tous les dossiers, le cœur du pays, la force tranquille, le blanc des Sawa, le dauphin...». Une matinée du 10 Avril 2010 annonçait la mort d'un certain Bibi Ngotta incarcéré à la prison centrale de kondengui. Et ce triste jour avait permis aux Camerounais de connaitre non seulement le portrait de ce citoyen ordinaire et journaliste tombé entre les mailles de la justice camerounaise mais aussi, d'ouvrir une page spéciale dans la carrière gouvernementale de celui qui aurait servi avec abnégation et conscience professionnelle le pays pendant deux régimes. Accusé à tort on raison d'avoir ordonné à l'ADG de la SNH à payer les commissions d'un mon-tant de 1,3 milliards aux sieurs Dayas Mounoume, Antoine BIKORO et Francis Dooh Collins au titre de l'achat du Yard pétrolier Rio Del Rey en Turquie. Il faut reconnaitre que cette scabreuse affaire aurait terni l'image du fidèle des fidèles du pouvoir qu'est Laurent Esso. 


Comment Laurent ESSO entre à la Présidence de la République? 

Magistrat hors échelle, le Ministre d'Etat Laurent Esso alors jeune magistrat est affecté à Bafoussam comme Procureur de la République près du Tribunal de 1ère instance de la capitale provinciale de l'Ouest. Dans cette province, le ressortissant Sawa et jeune procureur va se distinguer par un respect de la déontologie professionnelle à nulle autre pareille. Courageux, impartial et calme, il aura l'habitude de prendre les décisions qui allaient faire tressaillir ses collègues, tout en respectant les canons du droit et le code pénal camerounais. Entre temps, le régime du feu Président de la République Amadou Ahidjo Barbatoura faisait peur, car certaines libertés que détiennent les citoyens de notre pays aujourd'hui n'existaient pas. Le régime tendait vers la dictature et la tyrannie devant un Chef d'Etat, qui se substituait à Dieu selon les observateurs de la scène politique. A l'époque d'Ahidjo, la convocation d'un citoyen au palais quelque soit son rang social, donnait des frayeurs même lorsqu'il était établi que le magistrat n'a fait que son travail. Certaines personnes convoquées au palais ne revenaient jamais et cela ne faisait pas écho car les auteurs des murmures devaient suivre les disparus. Où allaient-ils difficile de savoir. 


L'acte de bravoure de Laurent ESSO 

«Pour si grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes» dit un adage. Dans sa royalité caractérisée par la peur, les tortures, les assassinats, le feu Chef de l'Etat avait aussi des amis et des vrais amis dont il ne se séparait pas facilement. Dans cette mêlée figurait un escroc, un arnaqueur devant dieu et les hommes, qui était ami du Chef d'Etat. Ce dernier brandissait son amitié avec le Président comme un laisser-passer à chacun de ses nombreux forfaits, comme pour intimider ses victimes. Les gaffes de cet ami de l'ancien Chef d'Etat se poursuivaient jusqu'aux diplomates, et l'affaire s'arrêtait à chaque fois qu'il menaçait la victime d'appeler Ahidjo. Même dans les commissariats et les Brigades des autorités fédérales avaient la trouille devant cet homme. C'est ainsi qu'à Bafoussam, l'ami du Président de la République après plusieurs forfaits tombe entre les mains du jeune procureur Laurent ESSO après avoir escroqué des dizaines de millions F à un Indien. Saisi de l'affaire et malgré les interventions des autres autorités qui exhortaient le jeune procureur à libérer l'ami du Président de la République, le courage et la bravoure du procureur lui ont permis de dire le droit et placer l'escroc sous mandat de dépôt à la prison de Bafoussam. 

Quelques jours après, Ahidjo sera mis au courant et dépêchera manu militari le jeune magistrat à Yaoundé afin de répondre de ses actes. Toutes les autorités fédérales de la ville de Bafoussam furent timorées, mises au courant de la convocation du procureur à la présidence de la République. Ces derniers retenaient leur souffle sur la sanction qui devait être infligé à Laurent Esso. Après avoir rencontré son Ministre de la justice qui ne lui avait donné aucune assurance, Laurent ESSO en face du Président de la République et contre toute attente avait plutôt reçu les félicitations et encouragement de ce dernier pour le courage dont il a fait preuve. C'est ainsi qu'il sera affecté à la présidence de la République. Aujourd'hui les gens semblent surpris de la détermination de ce haut commis de l'Etat à faire son travail sans état d'âme. Cela ne date pas d'aujourd'hui. Nous y reviendrons.



04/09/2013
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