Lancement de la campagne du scrutin couplé: Le sous-préfet de Nkambe (Nord-Ouest) interdit un meeting où est attendu le Premier Ministre
DOUALA - 05 SEPT. 2013
© Donat SUFFO | Le Messager
La mesure du chef de terre vise à prévenir un clash entre les militants du Rassemblement Démocratique du peuple Camerounais (Rdpc) et ceux du Social Democratic Front (Sdf). Ces deux partis politiques ont sollicité le même endroit et le même jour pour lancer leur campagne.
Le double scrutin du 30 septembre s’annonce riche en étincelles entre les formations politiques en course. Dans la région du Nord-Ouest et singulièrement à Nkambe, chef-lieu du département du Donga Mantung, les signes prémonitoires du clash sont déjà perceptibles. Si l’on s’en tient au climat qui prévaut là-bas.
Les responsables locaux du parti du 26 mai 1990, le Sdf et ceux du parti du flambeau, Rdpc, ont déposé respectivement leur déclaration de lancement de campagne électorale dans les services du sous-préfet de Nkambe. Dans ces déclarations, renseigne une source digne de foi, les deux responsables des partis en compétition ont choisi non seulement la date du 15 septembre pour le lancement de la campagne mais aussi et surtout, ils ont précisé que c’est la place des fêtes de Nkambe qui va servir de cadre pour cette cérémonie de coup d’envoi de la propagande visant à s’attirer plus d’électeurs. Les responsables locaux du parti du 24 mars 1985 envisageaient inviter le Premier ministre, chef du gouvernement, Philémon Yang, à cette cérémonie de charme de l’électorat à Nkambe. Le sous-préfet Abba Abdouraman, nous fait dire notre interlocuteur, a convié dans ses services lundi 2 septembre 2013, les responsables du Sdf et du Rdpc. Il les a placés devant les faits accomplis, interdisant le lancement de la campagne électorale à cette place des fêtes baptisée –Fon Jabfu Ibrahim Nfor- (du nom du chef traditionnel) de Nkambe. Cette mesure de l’administration locale vise à éviter des confrontations entre les militants des deux partis politiques.
On se souvient que lors de la présidentielle de 2011, les militants et même des élites politiques des deux partis de cette localité avaient failli en venir aux mains, après des échanges verbaux à la limite incendiaires. Le 18 août 2013, un militant du Rdpc avait administré une puissante claquette sur la joue de Mme Mary Awudu, épouse du député-questeur Sdf Cyprien Awudu Mbaya. Ivo Ngwayi, gestionnaire du marché de Wat dans la localité avait ce même jour subi cette furie des militants du Rdpc. Atteint à la tempe, il avait même perdu connaissance avant d’être transporté à l’hôpital pour des soins intensifs. Son «crime» c’est que, constatant que des femmes qui étaient venus le 18 août faire leur commerce dans le hangar du marché de Wat avaient été congédiées par des militants du Rdpc qui voulaient y tenir un meeting politique, s’étaient précipitées à alerter le maire Mangoh Jones Tankoh du Sdf pour savoir s’il avait donné l’autorisation aux mandataires du parti du flambeau d’y tenir ce meeting.
Gestion de la place
Quant à Mme Mary Awudu, elle avait été alertée par des commerçantes car c’est grâce à son intervention auprès de son époux Cyprien Awudu Mbaya, que ce dernier, député à l’Assemblée nationale avait construit ce hangar au marché de Wat. Le deuxième adjoint préfectoral du Donga Mantung, Manshang Nicholas accompagné des forces de maintien de l’ordre étaient descendus sur les lieux. Il avait condamné en son temps cette barbarie et instruit les responsables du Rdpc de tenir leur réunion dans une résidence privée. Aux dernières nouvelles, Ivo Ngwayi a subi un scanner de la tête la semaine dernière à Bafoussam. L’affaire est devant les tribunaux de Nkambe. Tout porte à croire que c’est cet incident malheureux qui a poussé le sous-préfet Abba Abdouraman d’interdire la tenue du lancement du meeting de la campagne de ces deux partis à la place des fêtes de Nkambe le 15 septembre prochain. Le maire Sdf Mangoh Jones Tankoh ne l’entend pas de cette oreille. Rencontré par Le Messager mardi dernier, le magistrat municipal de Nkambe affirme que la gestion de la place des fêtes lui incombe. Dans cette veine, précise-t-il, c’est lui-en tant que maire et premier citoyen de la municipalité et pas de l’arrondissement- qui juge de l’opportunité de l’utilisation de cette place des fêtes. Or à l’en croire, le Rdpc n’a pas fait une demande expresse d’utilisation de ces lieux pour son meeting de lancement de campagne. Il a laissé entendre avec emphase au reporter du Messager qu’il va utiliser cet endroit le 15 septembre pour le lancement de sa propre campagne.