La vérité du président sur Camair-Co
Empressement qui se traduit par le fait que, comme on a pu le constater, quasiment aucune des propositions formulées par les consultants internationaux n’a été soit amendée, modifiée, réajustée, critiquée ou, a fortiori, retoquée. Un adoubement qui n’est évidemment pas le dernier d’une longue série : en 1992 – on s’en souvient – le Cameroun fut le pays qui adopta la formule la plus intégriste des plans d’ajustement structurels, mettant à genoux ses salariés du public, en leur supprimant jusqu’à 75 pour cent de leur salaire officiel, sur la préconisation des institutions de Bretton Woods.
De même, récemment, il y a deux ans, c’est encore le Cameroun qui, sans recul aucun, a paraphé le document (aujourd’hui à problème pour l’ensemble de la sous-région Afrique centrale) des fameux Accords de partenariat économique (APE), sans que la Communauté nationale n’ait eu le temps d’évaluer à bon comptes le niveau d’effets qu’aurait ce dispositif sur l’amélioration ou la dégradation de son tissu productif.
En matière économique, nul ne sait avec précision qui conseille le président et quels sont les mécanismes sur lesquels il s’appuie pour engager son pays à des architectures très souvent étonnantes. L’interrogation, déjà forte sur des bric-à-brocs du genre « plan d’urgence » et levée de l’Eurobond, reviennent une fois de plus sur la table sur ce dossier Camair-Co. Car, on l’a vu : toutes les propositions américaines sont passées non pas comme une simple lettre à la poste, mais comme le vent dans le désert.
Sans qu’une séance critique d’appropriation, de réappropriation et de remise en perspective n’ait été effectuée localement, si ce n’est par une contre-expertise locale indépendante ou, a minima, par les techniciens internes de Camair-Co.
Le procédé, pour choquant qu’il est, ressemble de peu à l’attitude du même gouvernement, sur l’épisode tout aussi fantasque de la Poste camerounaise, où des entreprises étrangères furent amenées à Yaoundé, sur les douze dernières années, aux fins de venir « redresser » Campost. Au final, tant avec les Canadiens (Teslu) qu’avec les Français (Sofrepost) – récemment congédiés – la Poste camerounais a gravement continué de piquer du nez, mettant l’Etat au défi d’y apporter une subvention d’équilibre annuelle d’environ 2,5 Mds F. CFA.
Jamais le gouvernement – et le président de la République, bien sûr – n’ont admis qu’ils se sont trompés dans leurs décisions, souvent prises à l’emporte-pièce. Sur le cas de Camair-Co, les mêmes causes pour produire les mêmes conséquences.