La survie au bout des travaux domestiques

Cameroun : La survie au bout des travaux domestiquesLe revenu mensuel des femmes de ménages oscille généralement entre 20.000Fcfa et 35.000Fcfa.

des femmes de ménages dans la ville de Douala. Elles sont très souvent sollicitées pour les travaux domestiques (ménage, lessive, repassage, vaisselle). C’est d’ailleurs le cas de Chantal, une domestique âgée de 38 ans et Clémentine Z. Mais la jeune fille de 26 ans, travaille depuis un an comme berceuse. Dans cette activité, on retrouve si bien les adolescentes que les femmes d’un âge un peu avancé. Maman Odile Tefoue, 55 ans, cumule déjà à son arc, une vingtaine d’années d’expérience.

Ces dernières affirment unanimement se retrouver dans ce travail faute de mieux. «Je me suis retrouvée dans ce métier parce que mon mari ne s’occupe pas de nos 5 enfants. Il passe tout son temps à boire et à jouer au damier. N’ayant pas un fonds de commerce pour commencer une activité, j’ai décidé de me lancer, sur les conseils de ma voisine qui faisait ce travail », confie Odile Tefoue qui, malgré son âge, doit parcourir des kilomètres pour joindre son lieu de travail à Maképé. Alors qu’elle réside au quartier Sable. Chantal se retrouve quant à elle dans ce métier après l’échec de son mariage.

«Après m’être séparée de mon mari, je suis revenue chez mes parents. Je n’avais pas de moyens pour subvenir aux besoins de ma petite fille de 2 ans qui devait aller à l’école. Elle a d’ailleurs dû passer le premier trimestre à la maison. Ce sont mes s?urs aînées qui m’ont finalement aidé à payer sa scolarité. J’étais donc prête à tout faire pour être indépendante financière, excepté la prostitution », confie-t-elle. Contrairement aux deux autres, Clémentine Z. a été punie par ses parents après qu’ils aient découvert sa grossesse. La bachelière est obligée de jouer à la berceuse pour s’occuper de son fils et amener ses parents à changer d’avis.

Elle est d’ailleurs parvenue à ses fins, puisqu’elle compte arrêter son travail d’ici la rentrée universitaire prochaine pour se concentrer sur ses études. Telle est la volonté de ses parents. Chantal et Odile Tefoue n’ont aucune formation professionnelle, comme plusieurs femmes de ménages. Ces employés travaillent de lundi à samedi pour un salaire mensuel qui oscille entre 25.000 et 35.000Fcfa. Ce qui est loin de payer toutes les factures. Mais ces domestiques soutiennent bénéficier de la générosité de leur employé qui les gratifie des denrées alimentaires.

Malheureusement, les difficultés qu’elles rencontrent sont nombreuses. La malhonnêteté de certains employeurs, le non respect des clauses de contrat, les sévices corporels, l’absence de la sécurité sociale, les congés impayés, les licenciements abusifs, l’harcèlement sexuel etc. «ça plus de 20 ans que je travaille, j’ai toujours le même salaire (30.000Fcfa) alors que le travail a augmenté. Avec mon âge, ma santé s’est détériorée, mais je continue toujours à faire les travaux difficiles comme le repassage. Mon dos me fait énormément souffrir tous les soirs. Je compte d’ailleurs prendre ma retraite», confie Odile Tefoue.

L’éducation des enfants est souvent hypothéquée à cause des horaires (6h30mn). «Je ne vois pas suffisamment ma fille parce que je me lève très tôt. Il n’est plus possible de l’accompagner ou  de la chercher à la sortie de l’école», déplore Chantal.

© Source : Mutations


07/02/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres