La raison et le bon sens ont prévalu
Ainsi donc au lieu de la révision des listes électorales qui avait déjà démarré, ce sera la refonte tant réclamée par les partis politiques d’opposition et vivement conseillée par les partenaires internationaux.
Le président de la République, M. Paul Biya a fini par honorer une promesse ressassée lors de ses derniers discours : celui de son investiture le 3 novembre 2011 et celui des vœux à la nation le 31 décembre 2011. Ceux qui ont pris leurs vessies pour des lanternes en criant sur tous les toits qu’il n’y avait rien à faire que les inscriptions sur les listes électorales malgré toutes les réserves et les critiques émises sur cette procédure, se sont bien plantés...
A ceux qui crient victoire, je dis que c’est la raison et le bon sens qui ont prévalu. C’est le lieu de rendre quand même hommage à Paul Biya qui désavoue ainsi les jusqu’au-boutistes de son camp qui juraient par tous les diables que ce sera la révision ou rien et qu’il n’y avait que cette révision-là pour « sauver le Cameroun ». On peut tout simplement s’étonner de ce brusque changement de cap opéré à cent à l’heure. Par sagesse et par prudence, ils auraient du attendre que le chef de l’Etat émette son avis sur ce débat. Lui qui ne ratait aucune occasion pour annoncer l’amélioration du processus électoral.
Déjà au lendemain de la présidentielle une fois encore querellée du 9 octobre 2011 et dans son discours d’investiture du 9 novembre 2011, il a tenu à réaffirmer sa volonté « de perfectionner sans répit notre système électoral…Si les progrès accomplis dans le domaine de la démocratie électorale sont indéniables, il n’en demeure pas moins que certains réglages sont à faire au niveau de notre organe électoral en vue de son meilleur fonctionnement. Aussi restons-nous, aujourd’hui comme hier, à l’écoute des suggestions et des recommandations. »
Le 31 décembre 2011 il réitérait dès le premier paragraphe de son allocution à la nation que « les dysfonctionnements qui ont été constatés [Ndlr : lors de l’élection présidentielle d’octobre] et qui, de toute façon, n’étaient pas de nature à remettre en cause les résultats de la consultation, seront corrigées avant les prochaines échéances électorales ».
Sommes-nous sur la bonne voie ? Laissons l’espoir faire reculer les incertitudes et le doute. Mais ce ne sera pas possible si les partis politiques et la société civile, la vraie, ne se jettent pas à l’eau par l’explication, l’information, la sensibilisation, la formation et l’éducation citoyenne de leurs militants et de tous ceux des électeurs qui croient encore qu’il est possible de contribuer à la stabilisation de notre pays.
Les leaders politiques ont grandement intérêt à avoir à l’esprit que ce n’est pas du pain béni que leur offre le président du Rdpc. Certes, il a fait des promesses d’amélioration du processus électoral et il a tenu parole. Mais en politique, comme dans les affaires, on ne donne rien pour rien. Il est de notoriété publique que le Rdpc est constamment sur le pied de guerre. Avec les moyens de l’Etat. Mais ses propres moyens aussi, pas toujours visibles mais dont on connaît l’efficacité et les ravages. C’est depuis 1997 que l’opposition crie à la fraude mais n’a jamais su ou pu trouver la parade contre ce fléau. Ce n’est pas la refonte des listes électorales qui, aux prochaines consultations populaires : municipales et législatives, fera le plein des urnes en faveur de la pléthore de partis qui seront en lice.
Il ne s’agit pas de la présidentielle où on peut se présenter pour peu qu’on puisse glaner les cinq millions de francs pour la caution. Il faudra dresser des listes de 25 à 35 voire 45 candidats pour les municipales ; chaque candidat doit payer une caution. Pour sûr, on sera bien loin du trop plein de candidats et même des partis capables de constituer des listes avec des candidats solvables. Bien informé et bien entouré, M. Biya est parfaitement au courant de toutes ces insuffisances de ses contradicteurs. Raison pour laquelle il leur offre le cadeau de la refonte. On verra bien ce qu’ils en feront.
Jacques Doo Bell