La presse interpellée au sujet de l'image du Cameroun - Les médias souvent accusés de ternir la réputation du pays à l’extérieur

YAOUNDE - 05 DEC, 2012
© Josiane R. MATIA | Cameroon Tribune

Alors que s’ouvrent aujourd’hui les Etats généraux de la communication, une question sera sûrement posée. Celle de savoir pourquoi les journalistes camerounais ne montrent-ils jamais à l’extérieur ce qui se fait de bien dans ce pays ? La question avait déjà été posée, en d’autres termes il est vrai, lors du séminaire organisé par le Conseil national de la communication sur les enjeux et défis de la régulation dans le secteur. En 2009, elle était carrément au coeur d’un séminaire de sensibilisation initié par la Commission nationale anti-corruption (CONAC). A cette occasion, les médias avaient été accusés de véhiculer, parfois à dessein, une image négative du Cameroun sur la scène internationale. Et alors que s’ouvrent aujourd’hui les Etats généraux de la communication, la question est pourtant toujours actuelle. « Quand on lit la presse, les titres sont souvent alarmistes et on voit parfois la manipulation derrière. En même temps, les journaux ne font que relayer l’information. Le malheur c’est qu’il existe à l’étranger une vision trop souvent négative et réductrice qui, à travers le prisme des médias, privilégie la perception d’une Afrique en état de crise permanente», explique le Pr. André Wonsi, sociologue.

La mondialisation et la vulgarisation des TIC contribuent également à cette situation. « Il suffit de poster une nouvelle sur le Net pour enflammer le monde. Et beaucoup procèdent désormais ainsi pour créer le buzz avec des sites Internet, des blogs qui véhiculent des informations souvent reprises dans un effet domino par d’autres sites sans aucune vérification», ajoute l’enseignant. Sans parler de certains journaux à gages qui, contre des espèces sonnantes, n’hésitent pas à monter en épingle des histoires pour permettre à tel ou tel d’obtenir l’asile à l’étranger. « Nous avons déjà été approchés par des gens qui voulaient se faire passer pour des persécutés en raison de leurs convictions politiques, religieuses ou sexuelles. Nos articles devaient servir de caution en quelque sorte», avoue un journaliste.

Mais les hommes de médias ne sont pas prêts à assumer cette responsabilité tous seuls. « Dans un pays gangrené par la corruption, avec le dernier rapport de la Conac, va-t-on dire que ce sont les journalistes qui salissent l’image du pays ? », se demande Jean-Baptiste Biayé, directeur de publication de Prospective Nouvelle. « Si des compatriotes posent des actes négatifs, nous nous contentons de les relayer. Les médias ont leur part de responsabilité et ils sont dirigés par des citoyens qui pensent également à l’image de marque du pays. Nous n’inventons pas les informations », affirme le journaliste. Dans le même temps, le rôle des structures créées dans certains ministères (Communication et Relations extérieures entre autres) pour la promotion de l’image ainsi que les représentations diplomatiques par exemple est interrogé. «Il faut qu’elles fonctionnent», souhaitent les journalistes.



05/12/2012
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