Depuis au moins deux ans, les manquements à l’éthique et à la discipline sont sanctionnés. Les ripoux persistent. La hiérarchie peut mieux faire.
Transparency International (TI) est formel : la police camerounaise est le corps de la société qui perçoit le plus de pots-de-vin. 54% des personnes que l’Ong dit avoir interrogé, affirment qu’il n’y avait aucun autre moyen d’obtenir le service demandé, que de payer les pots-de-vin en question. En clair, les services à la police sont systématiquement payants. A en croire cette enquête de TI, la corruption a définitivement fait son lit à la police. Ce qui contraste avec les faits récents qui se sont succédé dans ce corps des forces du maintien de l’ordre : les manquements à l’éthique professionnelle et à la discipline sont systématiquement sanctionnés, le statut particulier a été signé en même temps que le règlement intérieur, le paquetage a refait surface tandis que la police de proximité se montrait à la face des usagers.
Sur la voie publique par exemple, les contrôles intempestifs ont disparu, pour laisser place au déploiement des policiers polis, régulant la circulation à Douala, Yaoundé, pour ne citer que ces deux villes. En 2012, un commissaire divisionnaire en service à la direction de la Sécurité publique à Yaoundé, s’offusquait de toute la publicité faite autour des sanctions prises à l’encontre des éléments ripoux qui déshonorent leur corps à l’immigration, aux postes frontières, à la police judiciaire ou sur la voie publique. Au même moment, le délégué général à la Sûreté nationale, Martin Mbarga Nguele soutenait que l’assainissement engagé allait se poursuivre « de la manière la plus forte ». A l’image de cette décision de limoger tout le personnel en poste au poste d’identification du commissariat du 1er arrondissement de Yaoundé. En cause, une somme de 5.000 Francs Cfa extorquée à un usager. Des suspensions ont été prononcées contre des fonctionnaires de la police pour rançonnement lors de l’établissement des passeports.
Communication
Réagissant au rapport de Transparency International, un responsable à l’Unité régionale de contrôle des services du Littoral a confié samedi 13 juillet au Jour que Transparency a tout fait, sauf une enquête. « Le rapport de Transparency parle d’un sondage, et non d’une enquête basée sur des faits vécus ou rapportés. Qu’on me dise dans quel service les pots-devin sont systématiques. Et surtout, qu’on dise quel est ce service de la police qui est fortement sollicité par les usagers qui ont répondu au sondage », dit-il, avant de s’insurger contre ce qu’il appelle, « une guerre de police ». Une autre source policière affirme qu’on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de corruption à la police, « au contraire ».
Notre interlocuteur note que la volonté d’assainir les comportements à la police est « clairement affichée par les autorités camerounaises ». Quoi qu’il en soit, les chefs du corps de la police sont appelés à prendre en compte le sentiment exprimé par les personnes interrogées dans le cadre du sondage de Transparency International. Les citoyens souhaitent visiblement que les policiers soient à leur service, au sens désintéressé du terme. Cela pourrait se traduire, à titre d’exemples, par la délivrance des cartes d’identité au prix officiel, la réduction du délai de délivrance des passeports, la suppression des gardes-à-vue fantaisistes dans les commissariats, la disparition des postes de contrôle tracassiers, l’accueil chaleureux des étrangers et des nationaux dans les aéroports etc. Sans oublier la fin des trafics d’influence, et des intimidations, notamment contre les médias.