Le bic qu’on achète dans une boutique en ville à 80 Fcfa est revendu dans la même ville à 250 Fcfa à l’administration. Soit à peu près 170 Fcfa de bénéfice. Quelqu’un pourrait penser que c’est du vol. Que non ! il s’agit bien de prix homologués par l’administration elle-même à travers ce qu’on appelle la mercuriale et qui est supposée donner les prix de toutes les denrées et objets et services dont a besoin l’Etat pour son fonctionnement.
Certaines personnes et beaucoup d’organisations de la société civile dénoncent cet état de choses. Avec raison, mais en partie seulement. La mercuriale des prix est la seule façon pour une administration insolvable, des fois, mais souvent très tracassière et corrompue aussi, de continuer de bénéficier des prestations de ses fournisseurs. Car le premier problème de ces derniers est le respect des délais de paiement qui demeure un voeu pieux.
Quand on livre ses biens à l’administration, il vaut mieux inclure dans la transaction l’inévitable volet de la patience, car le paiement se fait au lance lancepierre. Des prestations doivent parfois attendre des années pour voir leurs factures payées. Pour ceux qui ont emprunté de l’argent, c’est parfois la faillite assurée. Des fois, même des pays étrangers sont contraints d’exercer des pressions pour faire payer les factures de leurs ressortissants.
Dans ces conditions, il vaut mieux appâter les fournisseurs avec les marges bénéficiaires mirobolantes pour espérer les fidéliser. A ces problèmes des délais de paiement s’ajoute la corruption des responsables des services financiers. Car il faut payer son pourboire à tous, du comptable-matières au payeur, en passant par le gestionnaire et le contrôleur financier.
Si la marge bénéficiaire diminue, pour quel intérêt irait-on faire ces affaires puisqu’il faut arroser tout le monde ? That’s the question ! On comprend donc que la mercuriale a encore de beaux jours devant elle. Dommage