Les
commissaires revendiquent un traitement salarial décent, une
affiliation à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) et des
affectations tenant compte du lieu d’habitation.
Ils étaient environ 300 à manifester hier, mardi 12 mars 2013, devant la
représentation du Pari mutuel urbain camerounais (Pmuc) à Yaoundé. Se
présentant comme employés dans cette entreprise depuis plusieurs années,
ils formulent plusieurs revendications : un salaire de base,
l’affiliation à la Caisse nationale de prévoyance sociale (non affiliés
jusqu’ici, ils affirment être l’objet de retenues s’élevant à environ 10
mille Fcfa chaque mois). Morceaux choisis des messages portés sur des
pancartes qu’ils brandissent: « C’est quoi cette sous-France ? »; «
Monsieur 4%, c’est moi » ; « Esclavage dans notre pays ».
De fait, les manifestants, vêtus aux couleurs du Pmuc, sont des
commissionnaires, qui s’occupent au quotidien à commercialiser les
tickets de jeu. « Je travaille dans cette société depuis 20 ans. Mais je
n’ai jamais eu d’avancement, encore moins un changement dans mon
traitement financier. Je n’ai pas de salaire de base. Je me contente
comme tous mes camarades des 4% du chiffre vendu. C’est cela mon
salaire. Nous n’en voulons plus, car trop c’est trop ! », dénonce un des
grévistes qui requiert l’anonymat par peur de représailles.
Plusieurs autres griefs sont relevés. Notamment, les résiliations
abusives de contrat de travail, le refus systématique des permissions
d’absence, la rétention injustifiée des taxes sur le salaire de
catéchiste payé après les décomptes. « Nous sommes affectés sans qu’on
tienne compte de nos lieux d’habitation. Et lorsque vous n’avez rien
vendu, vous n’avez aucune gratification pour le transport.
Il y a des mois où un commissionnaire se retrouve à
la fin du mois avec un salaire de 20.000 Fcfa le mois. De cette somme,
l’entreprise retient les frais d’assurance, de quoi, on ne sait et
l’impôt libératoire. De surcroît, lorsque vous demandez une permission
d’absence au motif que votre enfant est malade, on vous rétorque qu’il
faut choisir entre le travail et l’enfant », corrobore une gréviste en
furie.
Selon ces manifestants, plusieurs préavis auraient été servis aux
responsables de l’entreprise sans qu’aucune solution ne soit envisagée. «
Hier, nous avons voulu engager ce mot d’ordre de grève. Mais le
sous-préfet nous a dit qu’il viendra nous aider à trouver une solution à
ce problème. Il n’est finalement pas venu. C’est pour cela que nous
avons décidé d’observer un arrêt de travail ce jour. Le représentant du
préfet est venu nous dire d’arrêter la grève parce qu’il va
personnellement s’occuper de notre dossier mais nous l’avons refoulé »,
explique un autre manifestant.
Parieurs en vadrouille
Des policiers affectés sur les lieux pour contenir les manifestants
veillent au grain. La direction du Pari mutuel urbain camerounais a
renforcé la sécurité autour de son immeuble. Des vigiles filtrent les
entrées et les sorties. Ce mouvement d’humeur a eu pour effet, la
fermeture de tous les kiosques de vente des tickets de Pmuc de la ville
de Yaoundé. Les parieurs ainsi abandonnés à eux-mêmes ont pu économiser
leurs mises. Mais certains, plus que jamais déterminés à parier, n’ont
pas hésité de recourir à l’unique guichet opérationnel situé dans
l’enceinte de la représentation de cette structure à Yaoundé, pour
tenter leur chance.
« Ce sont des chefs de familles. Nous les soutenons dans leur mouvement
de revendication. Il faut que les autorité camerounaises en
collaboration avec les dirigeants de l’entreprise trouvent des solutions
à ce problème », souhaite Théodore Nyobé Tjega, un parieur venu valider
sa combinaison au siège.
Dans les bureaux du Pmuc situés en face de la Communauté urbaine de Yaoundé, c’est un silence radio qui accueille le reporter du Messager. Aucun responsable de la structure ne veut se prononcer sur le sujet. « Il ne veut pas vous recevoir, qui que vous soyez », se contente de balancer la secrétaire du directeur général adjoint de cette société, face à la sollicitation des journalistes.
«Il s’agit d’une affaire dont je n’ai pas été mandaté pour communiquer. Je vous comprends mais je suis désolé de ne pas me prononcer sur le sujet », se débine Jean Baptiste Etogo Ebogo, le responsable de la communication de l’entreprise. Alors que nous quittions les lieux peu après 16 heures, les manifestants occupaient encore leurs positions en face de cette entreprise.
La grève d’humeur engagée hier, mardi 12 mars 2013 devant le siège du Pari mutuel urbain camerounais (Pmuc) est un signal fort. Un développement qui présage des lendemains plutôt difficiles pour cette entreprise. Comme l’ont laissé croire les manifestants, les chiffres de vente auraient considérablement baissé, avec la venue du Pari foot.
« Plusieurs de nos clients ont opté pour ce jeu dont les acteurs sur le terrain sont bien connus. C’est pourquoi nous ne vendons presque plus rien. Par conséquent, on n’arrive plus à joindre les deux bouts dans ces conditions », explique un commissionnaire. C’est dire que la satisfaction des doléances de ces derniers n’est pas pour demain. Car tous s’accordent à dire que le Pmuc est en chute libre.