La France prépare-t-elle un génocide en Côte d’Ivoire? (suite)
La pieuvre françafricaine enserre la Côte d’Ivoire Du
Nord au Sud du pays de feu Houphouët-Boigny, l’adrénaline monte ;
autant que dans les États majors du Front Populaire Ivoirien(FPI) et du
Rassemblement Démocratique des Républicains(RDR) qui a pactisé avec le
PDCI pour donner le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Paix.
Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, les leaders respectifs de ces deux
partis politiques se considèrent chacun comme le président élu de la
Côte-D’ivoire. Face à cette situation pour le moins embarrassante, les
ivoiriens ont perdu le sommeil. La France en raison de sa main mise sur
l’économie de ce pays est prête à tout pour que Laurent Gbagbo soit mis
hors d’état de nuire ? Grilles de lecture d’une crise pas seulement
juridico-électoraliste. Depuis le 31 octobre dernier, le
processus électoral était lancé avec le premier tour de la
présidentielle et devrait connaître son épilogue avec la publication des
résultats du second et décisif tour. Les choses ne se sont pas passées
comme prévu. Et au lieu d’un président, la Côte-d’Ivoire en a eu deux,
si on s'en tient aux médias occidentaux et aux déclarations de la
"communauté internationale", après le second tour qui a eu lieu le 28
novembre. La Commission électorale indépendante a déclaré Alassane
Dramane Ouattara(ADO) vainqueur et le Conseil constitutionnel, instance
suprême a reconnu la victoire de Laurent Gbagbo en invalidant les
résultats dans plusieurs bureaux de vote au Nord où les fraudes massives
avaient été enregistrées par les membres de la majorité
présidentielle. Depuis lors, un bicéphalisme voulu et entretenu par les
puissances occidentales s’observe à la tête du pays. Situation
déconcertante qui met plusieurs intérêts en jeu. Leurs détenteurs se
battent par candidats interposés et usent des armes pas toujours
conventionnelles. Comme de tradition, plusieurs intérêts s’affrontent
actuellement au pays. Il y a d’abord ceux des 19 millions d’ivoiriens.
Ces damnés de la terre, freinés dans leur développement par la
longue crise qui secoue le pays depuis l’élection de 2000, veulent
tourner la page des tumultes. Eux qui sont tenaillés par le chômage
estimé aujourd’hui à 19%. Mais, il n’y a pas que les ivoiriens. À
l’ombre, toute la machine capitaliste est aux aguets et n’hésite pas de
tirer les ficelles dans un ombre aujourd’hui transparent. Avec en tête
les Français. Ces derniers y ont plusieurs « œufs » à surveiller et à
protéger au cas où… Actuellement un contingent de militaire français est
basé en Côte-d’Ivoire pour officiellement sauver les ressortissants
français en cas d’enlisement de la crise. Mais en réalité, il ne s’agit
là que d’un joli prétexte. La véritable raison de cette présence
militaire selon plusieurs observateurs reste économique. En effet, des
pans entiers de l’économie ivoirienne sont dominés par 240 filiales de
sociétés françaises. Selon un ordre quelconque, Total détient un
monopole de fait sur la distribution de l’ « or noir » au « pays des
Éléphants ». Son compatriote Bouygues règne en maître sur
l’électricité, l’eau, le bâtiment et les travaux publics-BTP. Bien
connu des Camerounais pour ses méthodes négrières et ses trafics en tout
genre, Vincent Bolloré, le patron du groupe éponyme s’est aussi imposé
en Côte-d’Ivoire comme le dragon indétrônable du transport maritime, de
l’exploitation des ressources naturelles... La liste est loin d’être
close. Les télécommunications « ivoiriennes » sont la chasse
gardée de France Telecom. La finance ? Société Générale, Lyonnais, BNP -
Paribas. La conception, l’édition et la commercialisation du livre
scolaire ? Toujours les mastodontes « tricolores », pour l’essentiel.
Bref, les groupes français détiennent 27% du capital social des
entreprises présentes en Côte d’Ivoire. Notre confrère Le Messager
dans son édition n° 3242 du 08 décembre dernier évalue à 40% les
contributions françaises dans le PIB de la Côte-d’Ivoire. Suffisant pour
que tout ce qui se passe dans ce pays vaste de 322462 km² soit observé
par le bout le plus perspicace de la lorgnette Elyséenne. La preuve ?
Alors que le président français Nicolas Sarkozy devait se rendre avec
son tout dernier ministre de la défense Alain Juppé en Inde pour une
visite, le patron de l’Elisée a demandé in extremis au chef de
son armée de rester au pays. Question d’engager les troupes en direction
d’Abidjan si les intérêts du pays y sont menacés ? Toujours est-il que
le Mindéfense Juppé est resté sur place. Cérise sur le gâteau, le
président Sarkozy n’a pas cru nécessaire d’attendre le verdict du
Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire(seule organe chargé de
reconnaitre la victoire d’un candidat) pour féliciter ADO qui est par
ailleurs l’ami intime de presque tous les industriels français que nous
avons cités plus haut. Au nom de quelle logique la France et la
"Communauté internationale" pensent que les institutions ivoiriennes
doivent-elle être mises entre les parenthèses? Au nom des intérêts
économiques de la France et l'asservissement du vaillant peuple
ivoirien. Bonjour, le néocolonialisme! Françafrique et mafiafrique
Le vrai visage de la françafrique se dessine donc avec la crise qui a
suivi le second tour de cette élection qui voit se mobiliser les
dépositaires de cet ordre inégalitaire entre la France et la Côte
d’Ivoire dans le cas d’espèce. Comme le dit Christoph Boisbouvier, un
journaliste très introduit dans les milieux de cette mafia française en
Afrique, le président sénégalais a jeté « son » dévolu sur le candidat
Ouattara. (re)établissant ainsi un axe Paris-Dakar-Abidjan qui assurait
la vitalité de la Françafrique ou mafiafrique- c’est selon- qu’ont bien
porté les présidents Houphouët-Boigny, Léopold Sédar Senghor et leurs
homologues de la Ve République française. Aujourd’hui, la barque
françafricaine dans cette région ouest-africaine est tenue par Wade,
Compaoré qui, désigné médiateur pour le conflit ivoirien avait reçu
mandat d’œuvrer pour la paix sans oublier les intérêts de la « Mère
patrie » dans ce pays qui est le poumon de la sous-région. Son soutien
aux opposants de Gbagbo est connu (Lire l'ouvrage de Labertit, Adieu-Abidjan-sur-Seine. Aux coulisses du conflit ivoirien).
A l’inverse, et c’est un secret de polichinelle, l’actuel président
ivoirien, Laurent Gbagbo a troublé le breuvage français dans cette même
région. Il a pris « trop » de liberté par rapport à la métropole. En
paroles et en actes. Rendant les relations entre la France et son pays
très « compliquées », avec pour conséquences la redéfinition des
rapports politiques, diplomatiques et surtout économiques. Dans ce
dernier cas, il a mis un terme à une tradition qui faisait de la France
le partenaire presqu’exclusif du premier producteur du cacao mondial.
Les réseaux des disciples de Foccart sont-ils déjà activés pour qu’il
soit châtié de sa témérité comme dans la fable « le loup et l’agneau »
de Jean La Fontaine ? La France n'est-elle pas en train de prépare un
génocide en Côte d'Ivoire? Le Rwanda est-il aux portes d'Abidjan? Il
faut bien le craindre. La France est capable de tout. L'histoire de la
décolonisation le montre à suffisance. Toujours est-il que le second
tour de la présidentielle ivoirienne qui a réuni les électeurs le
dimanche 28 novembre était une sorte de référendum dont la question
unique, indirectement posée par l’histoire- était : Pour ou contre la
françafrique ? Ceci dans la mesure où les deux candidats représentaient
des groupes d’intérêts bien précis; et pas toujours complémentaires: les
intérêts de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens et ceux des étrangers. La
division est d’autant marquée que « Jeune Afrique » (N° 2602
du 21 au 27 novembre), un hebdomadaire panafricain très proche d’ADO
parle des « Deux Côte-d’Ivoire ». Une pour les ivoiriens et une autre
pour qui ? Le confrère ne répond pas à cette question. Mais avec les
éléments énumérés plus haut, chacun peut trouver la bonne réponse. En
tout cas, le second de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire a fait
tomber les masques. Désormais, les Africains savent qui est qui.
Alasane Ouatarra et Guillaume Soro, garantissent le mieux les intérêts
des étrangers. C'est la raison pour laquelle ils sont soutenus par la
France et la "Communauté internationale ". C'est dommage. Olivier Ndenkop Journaliste