LA DESCENTE AUX ENFERS DU CAMEROUN PEINTE PAR
LOUIS TOBIE MBIDA
Les camerounais du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest
sont à la recherche du "leader politique".
Pourquoi ? Question
superflue.
Mais rappelons le, parce que Monsieur Paul Biya, à qui
l’immense majorité des camerounais avait accordé sa confiance en 1982, n’est
plus la solution : il fait partie du problème camerounais.
Le Président
Biya, installé au pouvoir par le Président Ahidjo en 1982 a reçu sans
restriction la confiance des camerounais. En 1982 il n’existait ni camerounais
du Nord, ni camerounais du Sud, ni camerounais de l’Est, ni camerounais de
l’Ouest. Les Camerounais comme un seul homme s’étaient mis à la disposition de
cet homme qui leur promettait un Cameroun rigoureux où la morale devait
s’observer au quotidien. Les camerounais étaient disposés à l’aider à construire
un Cameroun prospère et dynamique, même ceux qui étaient restés pendant des
années hors du Cameroun rentrèrent au pays après 1982. Les camerounais s’étaient
rendus disponibles pour bâtir avec enthousiasme et passion le Cameroun après
1982.
Les valeurs et les modèles
Pour les jeunes
diplômés que nous étions entre 1982 et 1990, notre première surprise fut
d’apprendre que M. K..... qui avait quitté le collège en classe de quatrième
pour aller vendre du poisson au marché était devenu un « bao ». Abréviation de «
baobab », l’arbre le plus impressionnant de nos forêts. Au sein de la société
camerounaise il était devenu un homme influent qui avait une clientèle dans la
population. Les décideurs et hommes politiques étaient ses amis et ses
confidents. En d’autres termes M. K.... était un homme important, écouté par les
gouvernants. Il était devenu membre du comité central du parti au pouvoir. Sa
parole comptait : il faisait la pluie et le beau temps dans son département
d’origine. Il y avait des Messieurs K... dans chacun des 58 départements que
compte le Cameroun.
Quand nous étions jeunes collégiens, nos
modèles s’appelaient Thomas Méloné, Bot Ba Ndjock, Soundjock : hommes de
lettres, Madeleine Mbono Samba née Azang : première bachelière camerounaise et
enseignante, Alvine Ekotto enseignante, Tsanga delphine assistante sociale,
Keutcha Madeleine femme engagée, Réné Essomba médecin, Mbédé Joseph médecin,
Etoundi Essomba médecin, Nzietham médecin, Zogo Massy médecin, Assigui Tchoungui
médecin, Ekotto Mengatta pharmacien, Emah Ottou pharmacien, Mboudou Ahanda
juriste, Yondo Black juriste, Kack Kack juriste, Emmanuel Mvé grand footballeur
et enseignant, Angounou pilote de ligne, Zeyang pilote de l’armée, Lazare Kaptué
médecin, Owona Joseph « Massa Yo » enseignant de droit, Pierre Sémengue, Nganso
Sundji anciens de Saint Cyr, Ekindi Jean Jacques polytechnicien, Tankeu Samuel
ancien de l’école de commerce de Paris, Niat Njifendji ingénieur, Obouh Fegue
Clément ingénieur, Henri Bandolo journaliste, Ndjoh Mouelle philosophe, Martien
Towa philosophe, Réné Owona ingénieur agronome et économiste, Alexandre Biyidi
dit Mongo Beti écrivain et enseignant, Ferdinand Oyono écrivain et diplomate,
Abel Eyinga juriste et enseignant, Hogbe Nlend, Woungly Massaga mathématiciens
et j’en passe .
Nous admirions et considérions ces femmes et ces
hommes comme nos modèles parce qu’ils avaient réussi par la seule force de leur
travail personnel, de leur implication et application à la tache, de leur
intelligence, de leur entregent, de leur brio, de leur discipline personnelle,
de leur sens de l’effort. Ils avaient réussi à devenir remarquables à l’échelon
national. Leur notoriété ne faisait pas suite à un décret, seule leur
personnalité et leurs qualités morales comptaient. Nous ne savions pas s’ils
étaient riches ou pauvres. Le nombre de leurs villas nous importait peu, le
volume de leur parc automobile ne nous concernait pas, le nombre de leurs
maîtresses nous était égal.
Quand les jeunes collégiens que nous
étions, entendions parler d’une conférence donnée par Thomas Meloné, nous
n’avions qu’une envie : y assister pour l’écouter. Au collège Vogt, les frères
canadiens des écoles chrétiennes nous demandaient quelle grande personnalité
souhaitions nous faire inviter pour tenir une conférence : la réponse fut
souvent le Général Semengue , le Général Nganso. C’est ainsi que moi
personnellement, j’ai rencontré en direct ces hommes pour la première fois. Ils
venaient et nous expliquaient à nous, petits collégiens insignifiants, leur
parcours de vie. Ils nous expliquaient comment, eux, simples camerounais en
provenance des villages, ils avaient atteints Saint Cyr. Nous voulions leur
ressembler en nous battant comme ils s’étaient battus.
Les rêves
brisés d’une génération perdue
Entre 1982 et 1990, grande fut
donc notre surprise de rentrer au pays dix ans après le « bac », diplômés, pour
constater que la donne avait changée. Etre diplômé au Cameroun, du jour au
lendemain, selon plusieurs, ne valait plus rien. De nombreux « sauveteurs » et «
benskinneurs » camerounais, diplômés de l’enseignement supérieur et
universitaire peuvent le confirmer en 2010.
Il était recommandé aux
jeunes diplômés que nous étions entre 1982 et 1990 d’aller faire acte
d’allégeance et de s’incliner devant M. K.... grand homme d’affaires et
négociant qui s’était enrichi en vendant du poisson au marché. Nous devions
manger dans la main « de nos aînés sociaux », si nous voulions voir décoller nos
vies professionnelles et par conséquent poursuivre notre évolution dans la
société camerounaise. Nos diplômes faisaient rire le petit peuple et ne
récoltaient que le mépris des décideurs.
La mesquinerie de plusieurs
décideurs et l’étroitesse d’esprit de nos aînés aura été la cause première de
tous nos malheurs.
Que de fois avons nous entendu dire de façon ironique
en français camerounais « est-ce qu’on mange les diplômes ? ». Nous sommes
nombreux à avoir été suspects et ridicules quand il a fallu trouver une épouse.
Face à la question : « il a des diplômes mais a-t-il de l’argent ? »: nous ne
savions que répondre. La conclusion fut souvent : « je ne vais pas donner ma
fille à un pauvre type ! Il saute de taxis en taxis, quand il ne va pas à pied.
Il n’a pas de maison en ville, il n’a pas construit la moindre baraque. A t-il
seulement un toit au village ? Les vieux costumes qu’il a ramené de là-bas font
maintenant un V dans le dos. Bref c’est un minable ».
Notre seconde surprise
fut de constater que non seulement il fallait militer dans le parti unique
installé en 1985 à Bamenda, mais en plus il fallait être de la « Rose Croix » et
assister aux rencontres « d’ Essingan » quand on avait des parents nés dans le
Centre-Sud-Est. Même lorsqu’on ne parlait pas un seul mot Beti et qu’on n’avait
jamais passé une seule nuit à Monatélé, Mbalmayo, Akonolinga, Ebolowa,
Sangmelima, Ngomedzap, Mfou, Ntu-Essong, Milaaba il fallait s’incliner devant «
Essingan ». Même lorsque la majorité nos copains d’enfance, avec lesquels on
avait grandi au collège Vogt, au Lycée Leclerc, à Makak, à Ngaoundéré , à
Liberman, à Nkol Olun, à Mokolo Elobi, à Etam Bafia, au quartier Nylon, à Bastos
ou à Bonandjo, s’appellaient : Siandé Charlemagne, Souleymanou Iya Abdoulaye,
Boyomo Célestin, Oum Gilbert Emmanuel, Takam Pascal, Kamkeng Pascal, Zékou
Célestin, Touomou Séverin, Nguimdo Richard, Albert Georges Kamanké, Ondoua Jean
François, Etogo Jean Claude, Atsa Luc, Nkodo Bernad Cl ément, Antoine Tsoungui,
Nkeuleu Germain, Mayack Jean Paul, Andze Emile, Hanack David Tonyé, Djon Benoît,
Kotto Jean Baptiste, Mbarga Ndi Valentin, Ngon Asse Emmanuel, Makon Daniel,
Epouhé Jacques, Mbebi Henri, bref des camerounais de tous les horizons, il
fallait malgré tout observer les directives d’« Essingan ».
Dans le
Cameroun des années 1982 à 1990, quand on avait des parents originaires de
l’Ouest il fallait assister aux rencontres du « Laakam ». Même si on était né à
Yaoundé, qu’on parlait mieux l’Ewondo que le Bafang, même si on était né à
Douala, qu’on parlait mieux le Douala que le Dschang et qu’on n’avait jamais mis
les pieds à Bafoussam, à Bafang, à Mbouda, à Dschang, à Banganté ou dans le Ndé
le « Laakam » restait la référence.
Les hommes d’affaires des années 1982
à 1990 étaient appelés « Bao » aujourd’hui ils sont appelés « Feymen » .
Le
banditisme des diplômés
Alors entre 1982 et 1990, tous ceux là, diplômés,
qui ne voulaient pas ou ne pouvaient pas vendre du poisson au marché pour
s’enrichir rapidement ont décidé de prendre de l’argent dans les caisses de
l’Etat, de pratiquer le corruption et de spolier la nation. Ceci n’est pas une
excuse mais un semblant d’explication face à la dérive installée dès le début de
l’ère Biya . Ce régime a laissé s’installer le désordre et une détérioration de
la hiérarchie des valeurs au Cameroun.
Pour obtenir le respect de leurs
congénères, plusieurs diplômés sont devenus des voyous, des bandits et des
voleurs au détriment de leurs concitoyens.
Le problème du camerounais est
dans le regard de l’autre. Nous nous posons toujours cette question lancinante :
qu’est ce que l’autre va penser de moi si …. ?
Si je n’ai pas une belle
maison, si ma maison n’est pas bien équipée avec des meubles de marque en
provenance de France ou d’Italie, du marque de Calabre, des sanitaires de chef
Vet B, des frigidaires, des congélateurs, des téléviseurs grands écrans, de tout
le matériel électronique qui va avec etc., si je n’ai pas de belle voiture
(surtout pas une Toyota congelée et pourrie) , si je n’ai pas une belle épouse
au volant de sa propre voiture, si je n’ai pas une belle et jeune maîtresse
installé dans un bel appartement à mes frais en ville, si je ne voyage pas
régulièrement en première classe vers l’Europe, l’ Amérique et l’Asie…. Si, si
et si ….
Le regard de l’autre est la cause du drame camerounais. Il a été
exagéré sous le président Biya et le chef de l’Etat a laissé faire.
Toute
la gesticulation de nos représentants gouvernementaux auprès des institutions de
Bretton Woods, du club de Paris, de l’OCDE, de la place financière de Frankfurt
ne servira à rien tant que notre relation à nous même et aux autres ne trouvera
pas d’équilibre et de sens moral.
Le lit du tribalisme
Entre 1982
et les années 1990, le « Laakam », « Essingan » et d’autres associations
tribales ont implanté la haine tribale et fait le lit du tribalisme au Cameroun.
Ces associations ont exacerbé l’ethocentrisme et le repli identitaire.
La
tribu est devenue un refuge, un prétexte pour ne plus penser en Camerounais. Une
fausse raison de ne plus agir pour la collectivité nationale camerounaise toute
entière.
C’est le village et la tribu qui font la fête au nouveau
ministre ou au nouveau directeur général. La nomination est nationale mais le
poste appartient à la province, au département, à l’arrondissement, bref à la
tribu et finalement à la seule famille du ministre ou du directeur
général.
Cela n’est pas bien.
Plusieurs insistent pour nous
rappeler que le président Ahidjo nous a légué des comptes propres et une
économie saine mais il nous faut reconnaître, n’en déplaise à certains, que le
Président Ahidjo ne nous pas légué de « Feymen » et encore moins cette
séparation entre les tribus, cette haine intense entre les ethnies
camerounaises.
Je le dis ici pour le déplorer : aujourd’hui en 2010 si on
lâchait pour une seule nuit, enfermés au stade omnisport de Yaoundé, toutes
lumières éteintes, les bamilékés et les betis, sans caméras, munis chacun d’une
machette, je doute fort qu’on en retrouve un seul survivant le lendemain
matin.
C’est triste mais tel semble être l’état actuel des choses dans
notre pays. Personne n’a le courage d’ne parler ouvertement. Mais la puanteur de
cette situation s’élève jusqu’au ciel. C’est notre devoir d’en parler et de
changer cet état de choses. Les années 1982 à 1990 ont envenimé ces
affrontements sourds mais violents.
Nous n’avons pas grandi ainsi du
temps du Président Ahidjo. Nous pourrions faire de grandes choses ensemble si
nous nous acceptions les uns les autres. Le Cameroun n’est pas le
Rwanda.
L’unité de mesure de la valeur humaine au Cameroun depuis
1982.
La manière de gérer le Cameroun depuis 1982 a ébranlé les
fondements de la nation en libérant la convoitise matérielle, en exacerbant le
goût du luxe tapageur, en excitant l’appât du gain et en cultivant la recherche
de l’argent facile.
La seule unité de mesure de la valeur humaine au
Cameroun, depuis les années 1982 à 1990 n’est plus que le volume des avoirs
matériels et financiers de chacun. Tout aussi grave, la méchanceté, la haine et
l’instauration de la peur sont devenus des instruments de contrôle politique
permettant de tenir les citoyens en respect.
L’Etat est devenu un
instrument de règlement de compte au service des hommes au pouvoir qui prennent
des décisions arbitraires pour s’acharner, punir, humilier, harceler et freiner
les uns tout en encourageant ceux qui servent la cause du pouvoir. Le mérité, la
compétence et l’efficacité ont disparu pour laisser place au trafic d’influence
et au clientélisme. Il en résulte aujourd’hui une perte d’autorité de
l’Etat.
Les erreurs d’appréciation des ministres Belinga Eboutou et Issa
Tchiroma Bakary
Nous avons énuméré ici quelques motifs – et il y en a
d’autres - pour lesquels le Président Paul Biya ne doit plus être réélu en 2011.
Voila pourquoi nous sommes étonnés de lire les déclarations des ministres Issa
Tchiroma Bakary et Belinga Eboutou. En résumé selon ces hommes, les Camerounais
de 2010, dans leur immense majorité, soutiendraient Monsieur Paul Biya. Or la
situation socio-culturelle, socio-politique et morale que nous décrivons s’est
installée durant les 28 années où il aura eu à diriger le Cameroun.
Voici
ce que dit M. Belinga Eboutou : «Le Cabinet civil de Monsieur le président de la
République du Cameroun a appris, à travers les médias, que le Parquet de Paris
aurait ouvert « la semaine dernière », une enquête préliminaire .... Le Cabinet
civil de Monsieur le président de la République, qui se réserve l’usage des
moyens de droit contre les auteurs présumés de cette action, attend les
conclusions de ladite enquête ».
Au lieu de chercher à dialoguer avec un
ou des compatriotes, Monsieur Belinga menace et promet des sanctions négatives,
des punitions à ses compatriotes.
« D’ores et déjà, le Cabinet civil de
Monsieur le président de la République du Cameroun tient à rassurer l’opinion
nationale et internationale que le chef de l’Etat, S.E. Paul Biya, qui a fait de
la rigueur et de la moralisation des comportements le socle de sa politique
depuis son accession à la magistrature suprême, le 06 novembre 1982, ......
»
Face à ces déclarations de M. Belinga Eboutou, je m’inscris en faux car
le socle de la politique du Président Biya repose sur la méchanceté gratuite, la
haine, le mensonge, l’exclusion, l’ostracisme, l’intimidation, le chantage
politique, la manipulation, la démission face aux responsabilités incombant aux
gouvernants, l’inertie et l’usage de la peur.
Ce régime a installé un
laisser-aller et une modification de la hiérarchie des valeurs au Cameroun. Il
n’ya plus d’éthique citoyenne. Alors nous parler de rigueur et de moralisation
dans ces conditions nous paraît peu crédible.
L’affrontement entre les
camerounais est la politique pratiquée par ces hommes en situation d’échec après
28 ans de règne sans partage. Notre rôle en tant qu’hommes politiques de
l’opposition est de le rappeler aux camerounais qui hésitent encore à franchir
le pas pour se ranger résolument dans le camp de l’opposition.
Que dire
des déclarations de Monsieur Issa Tchiroma. Monsieur Issa Tchiroma n’a jamais
fait dans le détail, il est toujours aussi excessif dans ses propos, quand il
déclare : « pour dire quelle est la vérité du point de vue du gouvernement, la
sérénité au sein du gouvernement, la sérénité qui est celle du chef de l’Etat
est un atout dont nous pouvons tous être fiers, parce que ces agitateurs sont
condamnés à échouer pendant que le peuple derrière son chef est condamné à
marquer des victoires ».
Voici ma conviction la plus profonde au 28
novembre 2010 : si les prochaines élections présidentielles sont libres,
démocratiques et transparentes, le Cameroun aura un autre chef d’Etat après
2011.
Alors si la France et la communauté internationale veulent faire
quelque chose pour nous, camerounais, qu’ils ne s’arrêtent pas qu’à la plainte
de l’UDA portée par notre frère Célestin Djamen, qu’ils mettent tout en oeuvre
et apportent à l’opposition camerounaise les appuis politiques et diplomatiques
nécessaires pour que les élections au Cameroun soient crédibles et
fiables.
« La sérénité qui est celle du chef de l’Etat est un atout dont
nous pouvons tous être fiers ».La sérénité du chef de l’Etat dont nous parle
Monsieur Issa Tchiroma n’est que de l’arrogance et du mépris, autre marque de
fabrique de ce régime qui aura conduit le Cameroun vers la misère nationale, la
haine et l’affrontement, en tenant à l’écart tous ceux qui ont voulu s’investir
pour le pays. Ils ont tenu à l’écart tous les camerounais qui n’étaient ni du
parti au pouvoir, ni des milieux d’argent, ni « d’Essingan », ni du « Laakam »,
ni rosécrucines, ni d’aucune autre secte ou cercle ésotérique. Moi Louis Tobie
Mbida, je fais partie de ces camerounais ostracisés.
Les hommes au
pouvoir, à l'exemple de Messieurs Issa Tchiroma et Belinga Eboutou commettent de
graves erreurs d’appréciation. Ils poussent de façon consciente ou inconsciente
les camerounais à l'affrontement par leur intransigeance, pas leur arrogance et
leur mépris, par la propagation de menaces et de contre -vérités.
La
relation du maître et de l’esclave
Il a fallu que le parquet de Paris
réagisse et que soit évoquée cette plainte par les médias internationaux pour
que ces hommes suffisants et imbus d’eux mêmes à Etoudi et à Yaoundé se mettent
à gesticuler dans tous les sens en tremblant et en suant de peur.
Nos
propositions, suggestions, revendications et dénonciations de camerounais sont
traitées avec désinvolture et dérision par les hommes au pouvoir. Notre appel à
changer de comportement politique et de politique tout court au Cameroun est
considéré comme sans objet.
Mais quand la France les interpellent, alors ces
hommes font dans leur froc, ils se pissent dessus, pris de peur et de panique.
Ils se précipitent à faire des communiqués à l’emporte pièce. Ils font parvenir
au monde entier des réponses décousus et ineptes. On se demande si Messieurs
Belinga Eboutou, diplomate de formation et Issa Tchiroma Bakary, ingénieur
mécanicien à la base, ont des conseillers en communication. La relation du
maître et de l’esclave est restée intacte dans l’esprit des hommes qui dirigent
le Cameroun de 2010. Ils n’ont pas intégré dans leur comportement que le
Cameroun a accédé à la souveraineté nationale et internationale il y a cinquante
ans.
Après 28 ans, nous sommes face à un tas de ruines morales, culturelles,
politiques, économiques et sociales, nous sommes face à une perte de confiance
totale du camerounais en l’Etat.
La démarche citoyenne vers une
alternative politique au Cameroun
Les méthodes de ceux qui pensaient
pouvoir noyauter le système de l'intérieur en se constituant un trésor de guerre
et en accédant à la notoriété grâce aux postes occupés dans le régime, ces
méthodes, dis-je, n'ont donné aucun résultat.
La preuve : Messieurs Atangana
Mebara, Urbain Olanguena Awono, Edzoa Titus, Abah Abah Polycape, Siyam Siwé,
Zach Forjindam, Engo Joseph Désiré et bien d’autres sont neutralisés. Ils ont
cru que par leur positionnement interne dans le système, ils pouvaient accéder
au pouvoir après s’être constitué un trésor de campagne électorale.
Ils
sont tous derrière les barreaux pour une durée indéterminée, plusieurs y sont
sans aucun jugement. Et pourtant, nous avons entendu Monsieur Issa Tchiroma se
servir d’eux pour prouver à quel point le chef de l’Etat ferait du bon travail.
La présomption d’innocence n’existerait pas au Cameroun puisque Monsieur Issa
Tchiroma les a déjà condamnés sur France 24 en se substituant au juge. Il se dit
pourtant que le Cameroun de 2010 est un Etat de droit.
Certains
camerounais prônent désormais ouvertement l'affrontement armé contre les hommes
en place. C'est une erreur. Nous devons apprendre de notre Histoire.
La
voie que nous avons choisie au Parti des démocrates Camerounais, à savoir
convaincre par le discours, la méthode et l'exemple citoyen est plus longue,
plus ardue et semée d’embûches, elle exige patience et endurance, capacité
d'analyse et force intérieure mais je suis convaincu que, c'est la seule
démarche qui aboutira à installer une alternative politique dans la paix au
Cameroun.
Deux éléments créent la confiance en politique : une analyse
juste et le courage d’en tirer les conséquences jusqu’au bout. C’est ce que nous
réalisons au Parti des démocrates camerounais.
Les hommes au pouvoir à
Yaoundé en 2010 rejettent tout dialogue et toute forme de négociation politique
honnête. Ils n’ont qu’une seule idée en tête s’accrocher au pouvoir par tous les
moyens, au risque de faire voler en éclat la nation camerounaise toute entière
par le refus du dialogue, le refus de la concertation et du respect mutuel. Ils
n’ont aucune perspective historique et ne se soucient pas du Cameroun présent ou
à venir.
Aux questions politiques, ils ne donnent que des réponses
militaires et coercitives: le BIR, la violence d’Etat et l’abus de pouvoir. Ils
ne persuadent plus mais usent de menaces, de coercition, de punition,
d’humiliation, de provocation et d’intimidation.
Le Cameroun de 2010
s'achemine progressivement mais inexorablement vers l'affrontement et la
déflagration si rien n’est entrepris pur apaiser le climat politique et social,
parce que des hommes politiques en bout de course refusent de se remettre en
cause en se fermant à tout dialogue.
Le combat que nous menons ne doit
par fléchir. Nous ne devons pas baisser les bras. Continuons à recruter autour
de nous des camerounais jeunes et moins jeunes qui adhèrent à la cause d’une
politique alternative. Nous avons particulièrement besoin en cette phase du
combat, de cadres : de sociologues, de philosophes, d’économistes et de
juristes.
Nous devons écrire pour dénoncer, annoncer, nous prononcer et
proposer, sans insulter. Notre devoir est de démontrer politiquement,
moralement, intellectuellement que ces hommes ont échoué, nous devons continuer
à provoquer le débat par nos propositions, notre projet de société et autres
prises de position dûment informées, structurées et cohérentes, sans haine, sans
invective.
Certains camerounais n’ayant en commun que la tribu ou
l’ethnie s’affrontent désormais soit pour conserver la main mise sur la chose
nationale et le patrimoine commun à tous les Camerounais soit pour accéder à la
main mise de la chose nationale et au patrimoine commun à tous les
camerounais.
Au Parti des démocrates Camerounais nous disons :
Camerounaises et Camerounais, que nous soyons du Nord, du Sud, de l’Est ou de
l’Oues, travaillons ensemble pour un Cameroun cohérent et bien structuré,
prospère, dynamique, solidaire, généreux, humain où le programme politique
fondamental consistera à faire du camerounais un citoyen, où une relation
nouvelle sera créée entre l’Etat et le citoyen, où les biens d’équipement, les
machines et outils importés nécessaires au développement seront exonérés de
frais de douane, de taxes d’importations, où les agriculteurs et producteurs
camerounais seront protégés, où nous allons installer la notion de cohésion
nationale au-delà de l’unité nationale et de l’intégration nationale. Nos
propositions et notre projet de société en 95 points comportent des rubriques
qui exigeront un financement et de nombreuses autres rubriques qui demanderont
essentiellement une volonté politique .
Comme une meute de fauves, comme
une troupe de Lions affamés de libertés publiques, affamés de justice sociale,
affamés d’équité, affamés de droits de l’homme, affamés de démocratie, affamés
de République, affamés de solidarité nationale, affamés de développement
économique et social, affamés de progrès, affamés d’humanisme et d’humanité,
affamés de réconciliation nationale, affamés d’une véritable alternative
politique au Cameroun, nous devons continuer à cerner et à harceler ce régime
.
Nous camerounais, sans réserve, avons tout donné à Paul Biya mais en
retour il ne nous a rien accordé si ce n’est des coups, des bosses, des
humiliations, des restrictions, du dédain et de la misère nationale.
La
descente aux enfers va se poursuivre pour ce régime illégitime.
Louis
Tobie MBIDA
Président du Parti des démocrates camerounais