La dernière incongruité d’Ama Tutu Muna

La dernière incongruité d’Ama Tutu Muna

Cameroun : La dernière incongruité d’Ama Tutu MunaAuteur des bourdes les plus monumentales jamais enregistrées en matière de gestion de la Culture au Cameroun, le ministre de la Culture, qui va d’échecs en échecs, veut maintenant soigner les artistes dans son ministère. Une démarche ubuesque.

On n’arrête pas le progrès, a-t-on coutume de dire. Au ministère de la Culture, cette formule a tout son sens et est mise en pratique régulièrement, quitte à faire la bête alors même qu’on veut faire l’ange. Il s’agit, en recourant à elle, de contenir les ratés récurrents de ce département ministériel et l’accumulation des contreperformances, depuis l’arrivée d’Ama Tutu Muna à sa tête, le 22 décembre 2007.

La dernière trouvaille en date concerne l’ouverture d’une infirmerie pour les artistes au ministère de la Culture. La CRTV télé et Cameroon Tribune qui en font l’éloge, relatant la visite de ce bâtiment par le ministre de la Santé publique, qu’accompagnait naturellement Ama Tutu Muna, donnent des précisions sur les missions de cette infirmerie.

Bien que dépourvue encore de tout, cette infirmerie, écrit très sérieusement Cameroon Tribune, « se chargera de traiter les artistes en cas de maladie comme le paludisme, et les suivra pour ce qui est des premiers soins.» Le journal continue sa relation, en ces termes : « ce centre de santé sera sollicité pour des accidents survenant durant des concerts ou autres évènements culturels. » Au sujet de la gratuité du coût des soins ou de la réduction de ceux - ci, cette question sera, rapporte encore Cameroon Tribune, soumise à l’appréciation du Ministre de la Santé Publique.

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Ainsi, les artistes ont donc leur infirmerie. Qu’y va-t-il s’y passer concrètement ? Dans le cas du paludisme par exemple, l’artiste atteint d’une subite crise de paludisme partira de son quartier, mettons Nkolbisson, laissant derrière lui l’hôpital de ce quartier, toutes les structures privées, l’hôpital de district de la Cité Verte, l’un des mieux pourvus de Yaoundé actuellement, l’hôpital des Sapeurs pompiers, réputé pour la célérité de la prise en charge des patients, l’hôpital Central de Yaoundé, qui n’est plus à présenter, pour se rendre à l’infirmerie du Ministère de la Culture et des Arts. Il aura largement eu le temps de passer de vie à trépas.

S’agissant des cas d’accidents survenus lors des concerts ou des évènements culturels, la donne n’est point différente. Par exemple, le 24 mars prochain, l’anniversaire de la naissance du RDPC donnera lieu à des spectacles un peu partout dans la capitale. Prenons un spectacle se déroulant à Tsinga, à l’esplanade de la mairie de ce quartier, où un artiste est victime d’un malaise cardiaque. Les secours ignoreront donc superbement l’hôpital Bethesda de la nouvelle route Bastos, la Polyclinique Tsinga, l’hôpital de l’Ecole de police et à nouveau l’l’hôpital Central, pour foncer avec le malade à l’infirmerie du ministère de la Culture. Une fois de plus, il aura eu le temps de rendre l’âme.

Quid de ses missions ?

Bien plus, l’infirmerie du Ministère de la Culture ne dispose d’aucun matériel adéquat, et on doute fort, malgré les promesses du ministre de la Santé publique, que celui-ci puisse être pourvu ne serait-ce qu’au tiers des infirmeries publiques qui ne sont pas elles –mêmes mieux loties. Dans ce contexte, l’idée de créer cette infirmerie ne répond à aucun besoin réel, sinon à masquer les impérities d’Ama Tutu Muna au ministère de la Culture.

Depuis sa nomination, elle a foncé tête baissée sur tous les dossiers et s’est cassée la gueule sur presque tout, au point qu’elle en est réduite aujourd’hui à donner l’impression qu’elle garde le cap. Ce rôle qu’elle s’attribue incombe aux sociétés de gestion collective du droit d’auteur qui ont la charge de la vie des artistes au quotidien.

Elle devrait se consacrer à la conduite de la politique culturelle en général, pour donner davantage de visibilité à la culture camerounaise. Manifestement, elle n’en a pas l’étoffe et fait penser à Voltaire qui morigénait Maupertuis, président de l’Académie de Berlin à son époque, en affirmant qu’après avoir ouvert son crâne, on s’était aperçu qu’il n’y avait rien dans sa tête. Il va bien falloir que Paul Biya décharge Ama Tutu Muna d’un fardeau décidément trop lourd pour elle.

© camerounactu.net : Gilles Olinga


21/03/2012
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