La décomposition programmée du Sdf- Suzanne KALA-LOBE

Source : Camerounlink 16 08 2016



16.08.2016


Le Sdf est dans la tourmente. .... Ils sont devenus porte-paroles de leurs propres turpitudes et l´identité de leur formation a fini par s´apparenter à leurs querelles de clochers. Des

noms reviennent. Des griefs aussi ! Des égos sont mis en scène. Le public assiste ainsi à la décomposition du dernier rempart de l’opposition camerounaise issue des années de braise!! Et la récurrence de ces disputes ouvertes et insolenteS fait penser à une mort politique programmée, alimentée par des agents agitateurs, réquisitionnés pour cela et spécialistes de la division. Car au-delà de l’agitation de quelques trublions de ce parti, ce qui apparait aujourd´hui est le démantèlement programmé du mouvement démocratique camerounais. Un démantèlement mis en œuvre paradoxalement aux lendemains même de la promulgation officielle du multipartisme, dont la première étape fut la tripartite.

Les entrepreneurs politiques, n’ont rien vu venir. Au contraire! Ils sont entrés enthousiasteS et naïfs dans la turbulence du changement sans se soucier du rapport de forces, ni penser à assurer leur arrières. Et aujourd’hui, 26 ans après, sonne le glas - peut-être - du dernier rempart de l´opposition des années de braise. Une autre page est tournée. Des nouvelles conditions de lutte sont en train d´émerger.

Les querelles de leadership qui opposent divers cadres du Sdf, ressemblent à s’y méprendre aux disputes autrefois des diverses factions de l’Upc, alors premier parti politique nationaliste du Kamerun. Chacun se donne le droit de rendre publiques les divergences qui l’opposent à tel ou tel ennemi de l’orthodoxie, dont le premier dénonciateur assure avoir le monopole et la paternité.

La profusion des scuds lancés par Jean-Michel Nintcheu contre Célestin Djamen et vice-versa- les déclarations tonitruantes d’un Elimbi Lobé, n’honorent pas le Sdf. Ces déviances dans le comportement de ses militants doivent être analysées comme les métastases d’un cancer dans le corps d’un parti, sérieusement affaibli d’un point de vu électoral, dont le pouvoir rogne les derniers vestiges de dignité. Il veut briser à jamais l´espoir et le rêve du « Suffer Don Finish ». Si l’on s’intéresse aux digressions, aux dissidences portées par des hauts cadres de ce parti historique lui aussi, c’est parce que le scénario que subit aujourd’hui le Sdf est exactement celui qui a été mis en scène pour détruire l’Upc de 1948 ! En tant qu’organisation structurelle mais aussi en tant qu’incarnation d’un mythe, porteur d’idéaux et de rêves. En distillant sa force politique, sa cohérence, dans les disputes entre des individualités mus par des motivations qui sont loin d´être démocratique et équitables. .

Le Nec de Juillet dernier a décidé de suspendre le Bureau régional du Littoral en s’appuyant sur l’article dix-huit du Sdf.

Mais en cédant -si on peut dire- aux injonctions des militants qui se réclament d’une certaine orthodoxie par rapport aux textes, pour en finir avec une direction régionale, impétueuse, turbulente et souvent radicale, le Nec n´a en réalité rien résolu! Et les problèmes du Sdf vont aller en s´empirant.

Les symptômes de la déliquescence du Sdf sont aussi dans sa manière bureaucratique de régler des problèmes politiques de fond. Un parti qui passe son temps à réguler ses dysfonctionnements internes à coups d´article 8-2, ou 18, sans pouvoir exercer une autorité politique sur ses militants !! Des militants prétendument ambitieux pour leur parti - et aussi pour le Cameroun - mais qui le livre de manière systématique en pâture à une opinion, peu au fait de son fonctionnement interne!!

La crise d’autorité du Sdf, est une pandémie qui ronge le champ politique. Les méthodes pour faire éclater les formations adverses ne varient pas. Un beau jour sous le ciel toujours gris et bien difficile du combat militant, surgissent des activistes zélés, actifs du verbe, polémistes, qui vont faire la morale aux autres, de préférence en public et à la télé!!!Ils choisiront toujours d´être hors du champ de leurs compétences politiques, pour porter l’estocade à ceux qu’ils jugent autoritaires, calculateurs et incapables de conduire leur parti au pouvoir. Cette façon de toujours sortir les débats internes en public, n’est pas à proprement parler l’expression de la démocratie et encore moins de la liberté de penser. Elle apparaît plutôt, comme le choix tactique d’un groupe de personnes qui ont décidé d’en finir avec le pluralisme politique et de réduire totalement l’influence des formations qui incarnaient alors, les rêves et espoir d’un Kamerun Nouveau !

Le Sdf n’échappe pas à ce machiavélisme. Après la démission de certains de ses cadres, qui ont choisi de former leur propre organisation, la lutte fratricide qui se mène dans le littoral n’est donc pas une simple coïncidence.

Le Sdf, serait-il alors le dernier bastion des partis d´une opposition politique à laquelle s´attaquerait le pouvoir ? Et Célestin Djamen, Elimbi Lobe, Jean-Michel Nintcheu, ainsi que certains médias, seraient-ils, sans le savoir, les instruments de cette émasculation des forces démocratiques entamée depuis la légalisation de l’Upc?

En réalité, le paysage politique camerounais est exsangue. Les formations politiques qui avaient hier pignon sur rue, ne sont plus qu’une partie incongrue de l’iceberg. La glaciation a commencé sans que l’on ne s’en rende compte. Du fait d’une interprétation de ce qu´est la liberté d´opinion et de penser au sein d´un parti politique. Des libertés que prennent les militants sans se soucier que la discipline au sein d´un parti est aussi une contrainte ... démocratique!!

Publié dans REGARDS



Source : La Nouvelle Expression



16/08/2016
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