La Cemac, Antoine Tsimi et Jeune Afrique
Le président de la Commission de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (Cemac), Antoine Tsimi n’a pas particulièrement bénéficié du soutien des médias depuis le déclenchement de ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui «l’affaire Tsimi».
C’est en tout cas une certaine opinion qui, peu à peu, essaie de relativiser, sans en apporter les preuves, les informations sur certaines de ses frasques révélées récemment par l’hebdomadaire Jeune Afrique. Le premier fonctionnaire de la zone est notamment jeté en pâture à l’opinion internationale concernant l’utilisation « gabégique » des ressources financières de la Cémac. Pris en grippe par le président de la République centrafricaine, François Bozizé, depuis qu’il a annoncé son intention de rempiler, celui que d’aucuns ont tôt fait d’affubler du titre de « 7e président de la Cemac » a été refoulé sans ménagements le 21 mars dernier de Bangui, siège de la Cémac où se trouvent ses bureaux. Antoine Tsimi séjourne depuis dans son village natal, à Ezezang, à une dizaine de kilomètres de la capitale politique du Cameroun, Yaoundé.
Le journal «Intégration», largement relayé par le site centrafricain «journaldebangui», donne une autre nouvelle version de cette affaire qui fait couler beaucoup d’encre et de salive, et met une fois de plus (une fois de trop ?) la Cémac sous les feux de la rampe de l’actualité africaine. L’article publié par le journal Intégration accuse l’hebdomadaire Jeune Afrique (dans son édition n° 2671 du 17 mars 2012) de prendre fait et cause pour le chef de l’Etat centrafricain François Bozizé.
L’auteur de l’article, qui signe sous un pseudonyme, citant des sources anonymes, affirme que 80 millions Fcfa auraient été payés à Jeune Afrique pour la publication du dossier sur Antoine Tsimi. Une «rémunération» à laquelle s’ajoute une insertion publicitaire de la Beac ainsi qu’un dossier spécial consacré à la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac). Il s’agit, à en croire le journal Intégration, d’un «lynchage médiatique». Un fait qui n’est pas nouveau, soutient l’auteur de l’article, Rémy Biniou.
Pour illustrer ses infos, Intégration s’appuie sur l’article commis par notre confrère Mutations (N° 2863 du jeudi 10 mars 2011) pour établir un parallèle avec une brouille entre le gouvernement camerounais et l’hebdomadaire Jeune Afrique au sujet d’un différend portant sur une facture non payée de 650 millions Fcfa et qui avait valu en son temps un lynchage médiatique en règle du Cameroun dans les colonnes de Jeune Afrique. Pour Intégration, la conclusion est bien simple, Jeune Afrique «règle ses comptes» à Antoine Tsimi.
Faute d’avoir le principal concerné, Antoine Tsimi qui s’est mué dans un mutisme forcené malgré les démarches du Messager, nous publions ci-contre l’intégralité de l’article de presse du journal Intégration. Mais aussi, la version des faits du directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Jeune Afrique, François Soudan, que Le Messager a joint afin qu’il réponde aux graves accusations proférées contre son organe et lui…
J.O.
Déballage. Antoine Tsimi, Jeune Afrique et 400 millions Fcfa
Ainsi donc, Jeune Afrique s’est courbée sur la «gestion financière à tout le moins troublante» d’Antoine Ntsimi. Profitons – en pour regarder à notre tour le «derrière»
du célèbre hebdomadaire de la rue d’Auteuil à Paris. Parallélisme des
formes oblige, intéressons – nous exclusivement à son mode opératoire en
matière financière, dans la partie Afrique centrale du continent. Pour
ce faire, convoquons deux faits précis, l’un actuel et l’autre vieux de
douze mois. Ils éclairent sur l’approche stratégique de renflouement des
caisses de Jeune Afrique.
Dans son numéro 2671,
livraison de la semaine du 17 mars 2012, Jeune Afrique à travers
François Soudan, écrit un éditorial au vitriol sur ce que sont devenues
les personnes convaincues de détournement de fonds à la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac). Un article de presse fort compromettant sur l’institution bancaire.
L’effet est immédiat sur les
autorités de la Béac. Le numéro 2672 de Jeune Afrique a en deuxième de
couverture une banale publicité de la Béac. Combien a-t-elle coûté? Quel
type d’arrangement a conduit à sa publication? François Soudan nous le
dira certainement un jour. Avant l’épisode relevé plus haut, une
histoire de gros sous concernant toujours la Béac et JA se raconte.
D’aucuns avancent un montant de 80 millions de Fcfa payés rubis sur
ongle à Jeune Afrique pour un dossier spécial, avec en prime la
grande une pour le gouverneur de la Béac. Vraisemblablement, la mise en
route du deal se serait fait sur fond de chantage.
Lynchage médiatique
Les méthodes de Jeune Afrique, on les connaît bien à la présidence de la République du Cameroun. Le quotidien à capitaux privés Mutations en parle dans sa livraison N°2863 du jeudi 10 mars 2011.Voici sa manchette: Le gouvernement (camerounais) et "Jeune Afrique" à couteaux tirés. Suite à une enquête effectuée au Cameroun par l’hebdomadaire basé à Paris, le cabinet civil crie au complot; la nouvelle querelle entre les deux parties survient alors que le journal de Ben Béchir Yahmed réclame le payement d’une facture de 650 millions au gouvernement.
La chute de l’article de presse du
journaliste de Mutations est révélatrice du caractère intéressé et de
maître – chanteur de Jeune Afrique: [i Cette passe d’armes entre Jeune
Afrique] et le pouvoir de Yaoundé survient après l’affaire née du non-
règlement des factures de Difcom, l’agence internationale pour la
diffusion de la communication, un des démembrements du groupe de presse "Jeune Afrique".
Des factures impayées alors évaluées à 650 millions Fcfa, qui ont
manifestement jeté le trouble dans les rapports, jadis cordiaux, entre
l’establishment camerounais et le magazine basé à Paris. On peut citer à
la pelle d’autres exemples de la sorte dans la sous – région.
400 millions de Fcfa pour le Plus JA sur la Cémac
«Cémac: le grand déballage» ne serait-il pas de la même eau? Selon des indiscrétions glanées auprès des sources introduites à la Cémac, Antoine Tsimi paye aujourd’hui le prix de son refus de travailler avec Jeune Afrique. Le journal de Béchir Ben Yahmed a fait en 2011 une offre mirobolante d’un supplément publi-informationnel embellie sous l’appellation de JA+.
Pour sa réalisation, François Soudan et son «collègue» Jean Michel Meyer proposait à la Commission de la Cémac de payer le montant de 400 millions Fcfa. Excusez du peu. Le président de la Commission Cémac avait alors décliné poliment l’offre. Elle était très évaluée à son goût. Jean Michel Meyer – membre de l’équipe de prospection- avait alors laissé échapper sa colère, en proférant des menaces à peine voilées. Dans les couloirs du siège de la Cémac à Bangui, l’écho de cette menace résonne encore dans la tête de certains témoins: «Vous allez nous entendre». Ceci explique-t-il le lynchage médiatique de l’édition 2673 de JA? Les observateurs avertis répondent par l’affirmative. Ils argumentent en contestant par exemple l’authenticité de certains fac-similés (qualifiés de vrais – faux) publiés par François Soudan. En attendant que toute la vérité éclate sur ce fameux déballage dans les colonnes de JA, force est de constater que le manège du journal de Ben Béchir Yahmed n’échappe plus aux lecteurs avisés de JA.
Rémy BiniouSource : Intégration du 10 mars 2012