La Cédéao met en garde Laurent Gbagbo contre une intervention militaire en Côte d’Ivoire

Cote d’Ivoire / Cédéao - 
Article publié le : samedi 25 décembre 2010 - Dernière modification le : samedi 25 décembre 2010

La Cédéao met en garde Laurent Gbagbo contre une intervention militaire en Côte d’Ivoire
Le président burkinabè Blaise Compaoré (G), le président sénégalais Abdoulaye Wade (C) et le président nigérian Goodluck Jonathan, le 24 décembre 2010.
Le président burkinabè Blaise Compaoré (G), le président sénégalais Abdoulaye Wade (C) et le président nigérian Goodluck Jonathan, le 24 décembre 2010.
AFP PHOTO / PIUS UTOMI EKPEI
Par RFI

Les pays d'Afrique de l'Ouest étaient réunis, vendredi 24 décembre 2010, en sommet extraordinaire à Abuja au Nigeria pour évoquer la crise politique en Côte d'Ivoire. Après six heures de discussions, ils ont menacé d'user de la force pour chasser Laurent Gbagbo du pouvoir. La Cédéao a exigé que le président sortant s'en aille, et assuré qu'en cas de rejet de cette demande « non négociable », elle n'aura d'autre choix que de prendre toutes les mesures nécessaires, « y compris l'usage de la force ». C'est la première fois depuis le début de la crise née de la présidentielle du 28 novembre que Laurent Gbagbo est directement sous la menace d'une opération militaire destinée à renverser son régime.

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Présidentielle en Côte d'Ivoire
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Dans le sillage de ce qu’avait martelé ce vendredi le ministre des Affaires étrangères nigérian Odein Ajumogobia, les chefs d’Etats de la Cédéao ont estimé dans le communiqué final de ce deuxième sommet extraordinaire que le départ de Laurent Gbagbo était « non négociable » et qu’Alassane Ouattara était le président légitime de la Cote d’Ivoire.

Dans la logique de sanctions graduelles prônée par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest, le ton monte et les propos sont de plus en plus fermes. Comme le laissait présager la détermination affichée du président nigérian Goodluck Jonathan ces dernières semaines, désormais les chefs d’Etats de la Cédéao ne cachent plus leur impatience à vouloir régler la crise ivoirienne et ce par tous les moyens.Malgré tout, ils ont dit consentir un dernier geste à l’endroit de monsieur Gbagbo en l’exhortant à faire une sortie pacifique. Dans cette logique la Cédéao a décidé de dépêcher une délégation spéciale de haut niveau en Côte d’ivoire.

Mais le texte met en garde. Dans le cas ou Laurent Gbagbo refuse de quitter le pouvoir, la Cédéao n’aura d’autre choix que de prendre toutes les mesures nécessaires, y compris « l’usage de la force légitime pour réaliser les aspirations du peuple ivoirien ». Une décision importante qui sans être textuellement définie dans le temps devrait, d’après des sources concordantes, se concrétiser sous peu.

Pas quel biais ? Quel financement ? Et quelle modalité d’intervention ? Des sources diplomatiques concordantes ont indiqué que ces questions étaient encore en suspend. Au regard de la volatilité de la situation sécuritaire en Côte d’Ivoire, une réunion des chefs d’état-major de la Cédéao devrait ainsi avoir lieu dans les prochains jours pour planifier les actions futures.

Réactions à Abidjan

L’argent étant le nerf de la guerre, vendredi soir à Abidjan, le camp Gbagbo et le camp Ouattara semblaient accorder d’avantage d’intérêt à la décision jeudi des argentiers de l’UEMOA qu’à celle des chefs d’Etat de la Cédéao. D’autant plus que les présidents de la sous-région réunis à Abuja se sont quittés en laissant une dernière chance à Laurent Gbagbo.

Dans le camp Ouattara, les plus modérés se disent satisfaits par le communiqué final des chefs d’Etat. « On est encore prêt à attendre mais le plus important dans cette annonce c’est son impact psychologique sur nos adversaires car désormais ils savent que l’utilisation de la force est possible » explique un ministre en vue d’Alassane Ouattara.

Dans l’entourage de Laurent Gbagbo, on joue la montre et on espère toujours qu’à terme les désaccords entre chefs d’Etat ouest africains l’emporteront sur la forte volonté nigériane soutenue par Washington et Paris. Le porte-parole du gouvernement nommé par Laurent Gbagbo estime encore et toujours que le dialogue est possible à condition que soit respectée la Constitution et donc que le pensionnaire du palais reste assis dans le fauteuil présidentiel.

Plus direct, Charles Blé Goudé considère lui que si une force ouest africaine venait à débarquer à Abidjan, elle devra tuer beaucoup d’ivoiriens et que cela ne sera pas sans conséquence pour les pays de la région.


tags: Alassane Ouattara - Côte d'Ivoire - Election présidentielle ivoirienne - Laurent Gbagbo - Nigeria


25/12/2010
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