L'opposition camerounaise accuse Biya avant les élections

L'opposition camerounaise accuse Biya avant les élections
(Euroinvestor 30/03/2010)


L'opposition camerounaise accuse le président Paul Biya, âgé de 77 ans et au pouvoir depuis 1982, de vouloir confisquer à son profit les élections de l'an prochain en imposant un contrôle gouvernemental sur la commission électorale indépendante Elecam.

Celle-ci avait été mise en place il y a quatre ans par le président Biya, sous la pression de pays donateurs occidentaux.

Le parlement camerounais, dominé par le parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), a adopté vendredi dernier un projet de loi confiant au gouvernement la supervision des préparatifs électoraux, par le biais du ministère de l'Administration territoriale (Minat).

Le président Biya devrait signer ce texte d'ici deux semaines.

"Paul Biya ne veut pas que ça change, il veut rester au pouvoir jusqu'à sa mort", a estimé Elizabeth Tamanjong, qui dirige le Front social démocrate (SDF), la principale formation d'opposition. "Et pour que cela se fasse, il lui faut s'assurer qu'il n'y aura pas d'élections libres, justes et transparentes."

"Cela signifie qu'Elecam n'est plus qu'une organisation fantôme, qu'elle n'est plus une autorité électorale indépendante", a déclaré pour sa part Ben Muna, chef de l'Alliance des forces progressistes (AFP).

Quand le nouveau texte entrera en vigueur, le ministère de l'Administration territoriale aura autorité pour désigner des représentants aux différentes commissions chargées de préparer les élections de 2011.

"C'est la pire loi que j'ai jamais vue car elle ramène en force l'administration et les membres de l'appareil judiciaire dans le processus électoral", a dit Afany Ngeh, président exécutif de la Fondation pour les droits de l'homme et le développement. "Et ce sont justement deux groupes très corrompus qui ont rendu les élections inopérantes par le passé."

Le RDPC a introduit le multipartisme dans la vie politique camerounaise en 1991. Depuis, Paul Biya et ses partisans ont remporté toutes les élections. En 2008, un amendement constitutionnel a été voté qui permet au président de briguer un nouveau mandat en 2011.

(Tansa Musa, Guy Kerivel pour le service français)

 

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31/03/2010
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