L'opposition appelle à "résister" à Abdoulaye Wade au Sénégal
L'opposition appelle à "résister" à Abdoulaye Wade au Sénégal
(Le Point 29/01/2012)
DAKAR (Reuters) - L'opposition sénégalaise a appelé samedi à la "résistance" contre le président Abdoulaye Wade après une nuit d'émeutes déclenchées par l'autorisation donnée au chef de l'Etat, âgé de 85 ans, de briguer un troisième mandat en février.
Le ministère de l'Intérieur a confirmé samedi qu'un policier était mort durant ces émeutes, qui ont vu des manifestants jeter des pierres, renverser des voitures et brûler des pneus face à des forces de sécurité usant de gaz lacrymogènes.
Le calme est revenu samedi matin à Dakar, où le dispositif de sécurité a été renforcé autour du palais présidentiel. Armés de grenades lacrymogènes, des policiers en tenue anti-émeutes patrouillaient à bord de camions dans la capitale, a rapporté un journaliste de Reuters.
Un défenseur des droits de l'homme et adversaire déclaré de Wade, Alioune Tine, a fait savoir par SMS à Reuters qu'il avait été arrêté samedi après-midi par des hommes de la brigade criminelle.
"Nous demandons à la population de rester vigilante et de résister à Abdoulaye Wade", a déclaré Abdoul Aziz Diop, porte-parole du M23, un front d'opposants au chef de l'Etat, interrogé au téléphone par Reuters. "Si Wade tente de s'imposer à nous (...) nous résisterons."
Des dirigeants de l'opposition et des représentants de la société civile ont prévu de se rencontrer samedi pour se concerter sur la marche à suivre désormais, a-t-il ajouté.
Le Conseil constitutionnel a validé vendredi soir la candidature d'Abdoulaye Wade et de 13 autres personnalités pour le premier tour de l'élection présidentielle prévu le 26 février, déclenchant la colère de l'opposition.
"MANIFESTATIONS D'HUMEUR"
Les adversaires du chef de l'Etat ne lui reconnaissent pas le droit de se représenter et renvoient à la Constitution, qui interdit d'effectuer plus de deux mandats présidentiels consécutifs.
Le M23 a estimé samedi dans un communiqué que la décision de la Cour était un putsch constitutionnel, et le prélude à ce qui sera un "putsch électoral".
Abdoulaye Wade, arrivé au pouvoir en 2000 puis réélu en 2007, leur répond que son premier mandat ne compte pas, car il a été entamé avant l'introduction de cet amendement constitutionnel, en 2001.
Le président est intervenu tard vendredi soir à la télévision publique pour lancer un appel au calme, en promettant un scrutin libre et juste.
"Arrêtez ces manifestations d'humeur qui ne conduisent à rien", a-t-il dit. "La campagne électorale sera ouverte, il n'y aura pas de restrictions à la liberté."
Le Conseil constitutionnel a en revanche écarté la candidature de Youssou N'Dour au motif que cette vedette internationale de la chanson n'avait pas recueilli les 10.000 signatures nécessaires.
L'institution a indiqué que 4.000 des 12.000 soutiens revendiqués par l'artiste n'avaient pu être vérifiés. En réaction, Youssou N'Dour a appelé ses partisans à s'opposer à la tenue du scrutin.
"Nous n'autoriserons jamais Abdoulaye Wade à participer à cette élection", a-t-il affirmé à l'antenne de sa chaîne de télévision, TFM.
"La décision de me tenir à l'écart n'a rien à voir avec le droit. C'est une décision politique, à laquelle nous répondrons par une décision politique", a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.
RÉSERVES
Epargné par les coups d'Etat depuis la fin de l'ère coloniale, le Sénégal s'avance vers l'élection présidentielle dans un climat de plus en plus tendu.
Ses détracteurs reprochent à Abdoulaye Wade, opposant pendant 26 ans, de ne pas avoir suffisamment lutté contre la pauvreté et la corruption au cours de ses 12 années au pouvoir.
Le camp présidentiel met en revanche en avant les dépenses dans l'éducation et dans les infrastructures engagées sous Abdoulaye Wade comme le signe de sa volonté de modernisation du pays.
Candidate à la présidentielle, Amsatou Sow Sidibé a invité Abdoulaye Wade à se retirer de lui-même. "La paix et la tranquillité du Sénégal en dépendent", a-t-elle dit à Reuters.
"Wade n'a aucun droit d'effectuer un troisième mandat, et le peuple saura résister", a assuré Moustapha Niasse, un ancien Premier ministre de l'actuel président, désormais candidat face à lui.
La volonté du chef de l'Etat de se maintenir au pouvoir suscite aussi des réserves à l'étranger. Interrogé sur RFI, l'Américain William Fitzgerald, vice-secrétaire d'Etat adjoint aux Affaires africaines, a jugé la candidature d'Abdoulaye Wade "un peu regrettable".
Dans la nuit de vendredi à samedi, un commissariat de la ville de Kaolack, dans le centre, a été mis à sac, selon un témoin, et la radio publique a par ailleurs rapporté que l'antenne locale du Parti démocratique sénégalais (PDS), la formation de Wade, avait été détruite par les flammes. On a également signalé des manifestations dans les localités de Thies et de Mbour.
Parmi les treize autres candidatures validées par le Conseil constitutionnel, on trouve le chef de fil du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng, et deux autres ex-Premier ministres en plus de Moustapha Niasse: Idrissa Seck et Macky Sall.
Bertrand Boucey et Eric Faye pour le service français
Reuters
(Le Point 29/01/2012)
DAKAR (Reuters) - L'opposition sénégalaise a appelé samedi à la "résistance" contre le président Abdoulaye Wade après une nuit d'émeutes déclenchées par l'autorisation donnée au chef de l'Etat, âgé de 85 ans, de briguer un troisième mandat en février.
Le ministère de l'Intérieur a confirmé samedi qu'un policier était mort durant ces émeutes, qui ont vu des manifestants jeter des pierres, renverser des voitures et brûler des pneus face à des forces de sécurité usant de gaz lacrymogènes.
Le calme est revenu samedi matin à Dakar, où le dispositif de sécurité a été renforcé autour du palais présidentiel. Armés de grenades lacrymogènes, des policiers en tenue anti-émeutes patrouillaient à bord de camions dans la capitale, a rapporté un journaliste de Reuters.
Un défenseur des droits de l'homme et adversaire déclaré de Wade, Alioune Tine, a fait savoir par SMS à Reuters qu'il avait été arrêté samedi après-midi par des hommes de la brigade criminelle.
"Nous demandons à la population de rester vigilante et de résister à Abdoulaye Wade", a déclaré Abdoul Aziz Diop, porte-parole du M23, un front d'opposants au chef de l'Etat, interrogé au téléphone par Reuters. "Si Wade tente de s'imposer à nous (...) nous résisterons."
Des dirigeants de l'opposition et des représentants de la société civile ont prévu de se rencontrer samedi pour se concerter sur la marche à suivre désormais, a-t-il ajouté.
Le Conseil constitutionnel a validé vendredi soir la candidature d'Abdoulaye Wade et de 13 autres personnalités pour le premier tour de l'élection présidentielle prévu le 26 février, déclenchant la colère de l'opposition.
"MANIFESTATIONS D'HUMEUR"
Les adversaires du chef de l'Etat ne lui reconnaissent pas le droit de se représenter et renvoient à la Constitution, qui interdit d'effectuer plus de deux mandats présidentiels consécutifs.
Le M23 a estimé samedi dans un communiqué que la décision de la Cour était un putsch constitutionnel, et le prélude à ce qui sera un "putsch électoral".
Abdoulaye Wade, arrivé au pouvoir en 2000 puis réélu en 2007, leur répond que son premier mandat ne compte pas, car il a été entamé avant l'introduction de cet amendement constitutionnel, en 2001.
Le président est intervenu tard vendredi soir à la télévision publique pour lancer un appel au calme, en promettant un scrutin libre et juste.
"Arrêtez ces manifestations d'humeur qui ne conduisent à rien", a-t-il dit. "La campagne électorale sera ouverte, il n'y aura pas de restrictions à la liberté."
Le Conseil constitutionnel a en revanche écarté la candidature de Youssou N'Dour au motif que cette vedette internationale de la chanson n'avait pas recueilli les 10.000 signatures nécessaires.
L'institution a indiqué que 4.000 des 12.000 soutiens revendiqués par l'artiste n'avaient pu être vérifiés. En réaction, Youssou N'Dour a appelé ses partisans à s'opposer à la tenue du scrutin.
"Nous n'autoriserons jamais Abdoulaye Wade à participer à cette élection", a-t-il affirmé à l'antenne de sa chaîne de télévision, TFM.
"La décision de me tenir à l'écart n'a rien à voir avec le droit. C'est une décision politique, à laquelle nous répondrons par une décision politique", a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.
RÉSERVES
Epargné par les coups d'Etat depuis la fin de l'ère coloniale, le Sénégal s'avance vers l'élection présidentielle dans un climat de plus en plus tendu.
Ses détracteurs reprochent à Abdoulaye Wade, opposant pendant 26 ans, de ne pas avoir suffisamment lutté contre la pauvreté et la corruption au cours de ses 12 années au pouvoir.
Le camp présidentiel met en revanche en avant les dépenses dans l'éducation et dans les infrastructures engagées sous Abdoulaye Wade comme le signe de sa volonté de modernisation du pays.
Candidate à la présidentielle, Amsatou Sow Sidibé a invité Abdoulaye Wade à se retirer de lui-même. "La paix et la tranquillité du Sénégal en dépendent", a-t-elle dit à Reuters.
"Wade n'a aucun droit d'effectuer un troisième mandat, et le peuple saura résister", a assuré Moustapha Niasse, un ancien Premier ministre de l'actuel président, désormais candidat face à lui.
La volonté du chef de l'Etat de se maintenir au pouvoir suscite aussi des réserves à l'étranger. Interrogé sur RFI, l'Américain William Fitzgerald, vice-secrétaire d'Etat adjoint aux Affaires africaines, a jugé la candidature d'Abdoulaye Wade "un peu regrettable".
Dans la nuit de vendredi à samedi, un commissariat de la ville de Kaolack, dans le centre, a été mis à sac, selon un témoin, et la radio publique a par ailleurs rapporté que l'antenne locale du Parti démocratique sénégalais (PDS), la formation de Wade, avait été détruite par les flammes. On a également signalé des manifestations dans les localités de Thies et de Mbour.
Parmi les treize autres candidatures validées par le Conseil constitutionnel, on trouve le chef de fil du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng, et deux autres ex-Premier ministres en plus de Moustapha Niasse: Idrissa Seck et Macky Sall.
Bertrand Boucey et Eric Faye pour le service français
Reuters
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