L'ivoirien Kéké Kassiry réclame la paternité de "Zangalewa"
Abidjan
La chanson “Waka Waka” (this time for Africa) de Shakira, choix officiel de la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud qui a pris fin le dimanche 11 juillet avec le sacre de l’Espagne face aux Pays-Bas (1-0), continue de faire parler d’elle.
Après les Camerounais du groupe Golden Sounds, c’est au tour de Kéké Kassiry de réclamer des droits sur cette réadaptation de la Colombienne d’origine libanaise. Mais le guitariste-chanteur ivoirien devra le prouver, s’il veut avoir, comme ses homologues du pays du makossa, sa part de ce juteux gâteau FIFA.
"La chanson reprise par Shakira est un titre (" Zomina", ndlr) que j’ai enregistré à Paris, avant de le déposer à la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem). C’était à la fin de l’année 1986 quand je sortais l’album "Abidjan", déclarait Kéké Kassiry dans Mousso d’Afrique n° 567 du lundi 12 au dimanche 18 juillet 2010.
"On m’a dit que la version de Shakira est camerounaise. Mais je crois que j’ai été le premier à avoir mis ce titre sur un vinyle. Moi, je dis que ce titre vient de Kassiry. Donc, on me doit quelque chose", insiste le guitariste-chanteur ivoirien qui a marqué les années 80 de son empreinte. Kassiry révèle qu’il est entré en relation avec le groupe camerounais pour s’enquérir de cette affaire. “Ils nous ont fait savoir qu’ils ont composé ce titre en fin d’année 1986”, rapporte-t-il. Quoi qu’il en soit, l’Ivoirien veut aller jusqu’au bout : “J’ai commencé les démarches et adressé un courrier à la Sacem. Car toutes mes compositions dans la collaboration avec ma maison de production (Paco Rabane, ndlr), y ont été déclarées. On m’a assuré que si les preuves sont établies par rapport à ce titre, il n’y a pas de raison que je ne touche pas mes droits. Le dossier suit son cours”. De quoi donner de l’espoir à Kéké Kassiry qui a à son actif 4 albums dont le premier est sorti en 1983.
Le père de “Moni” et de “Gnizako” est surtout l’un des rares et premiers artistes ivoiriens ayant travaillé avec une grande maison de disque en France comme Paco, fermée depuis 1989 en raisons d’ordre fiscal. Après une longue traversée du désert cumulée à de graves problèmes de santé, il a tenté avec un double album sorti en 1999, de réaliser un retour gagnant sur la scène. En vain. Ce qui l’a replongé dans l’oubli, avant que cette “affaire Waka Waka” ne le ramène sous les feux de l’actualité.
A l’origine, Zangalewa Dans cette “affaire Waka Waka”, Kéké Kassiry va devoir prendre son mal en patience. Pendant ce temps, les Camerounais de Golden Sounds savourent déjà une partie des retombées de “Waka Waka”, la chanson pour laquelle ils sont reconnus comme des ayant-droits. Ils ont donc de quoi se remplir les poches, alors qu’au départ, comme l’affirme Jean-Paul Zé Bella, un des membres de Golden, ils n’avaient pas été associés au projet de la FIFA, puisqu’il soutient n’avoir appris la réadaptation et non la reprise de “Waka Waka” que de façon fortuite. “Shakira a respecté notre ligne mélodique et les harmonies. Sa reprise nous a permis de rompre avec la solitude de la retraite. Elle nous a aussi permis de nous regrouper, de reprendre confiance en nous et de nous remettre au travail”, précise-t-il dans La Voix du Nord du 14 juin dernier, avant de renchérir : “J’étais dans ma plantation lorsque j’ai reçu un coup de fil m’annonçant la nouvelle. Je n’en revenais pas. Merci au Seigneur. Merci à Shakira”, conclut le musicien. “Ils n’ont pas été lésés dans les négociations”, conclut pour sa part Didier Edo, manager du groupe dont les membres ne s’étaient plus réunis, il y a plus d’un an.
Selon la presse camerounaise et française, Golden Sounds a été rebaptisé Zangaléwa parce que c’est le titre de la chanson qui leur rapporté un franc succès dans les années 80 avant de tomber dans l’oubli. Bella, Guy Dooh et Emile Kojidie, les trois membres du groupe à l’origine du titre, sont formels. Ils indiquent que Zangalewa est une chanson écrite pour galvaniser les jeunes soldats dans des situations difficiles et qu’elle est constituée d’onomatopées de l’argot des tirailleurs sénégalais et camerounais. “L’expression découle de Zangà-Lowa qui signifie en langue Ewondo du Cameroun : “Qui t’a appelé ? (sous-entendu dans l’armée)”, expliquent les musiciens. La chanson “Waka Waka” est extraite de l’album “Listen up the official 2010 FIFA world cup anthem”, coproduit et interprétée par la chanteuse colombienne d’origine libanaise de 33 ans, Shakira Isabel Mebarak Ripoll, dont le choix avait été vivement critiqué par certains Africains qui aurait préféré à sa place un des leurs. Malgré tout la chanson reste un véritable hymne à l’Afrique et au football mondial.
Ses recettes seront reversées à “20 centres pour 2010”. Le but de cette initiative est de contribuer au changement social sur le continent africain à travers le projet “Football for hope” destiné à améliorer la santé publique, l’éducation et le niveau de développement du foot. "Je suis très honorée que le titre “Waka Waka” (this time for Africa)" fasse partie du spectacle et de l’héritage de la coupe du monde 2010. La coupe du monde déchaine les passions à travers le monde et rassemble les nations, les peuples, les religions et les communautés. La chanson célèbre cette ferveur et cet élan positif ". Propos d’une reine de la pop qui aura été une des stars de ce mondial africain. Schadé Adédé