Chers jeunes compatriotes, L’an dernier, dans les mêmes circonstances, je vous avais dit que je comprenais vos doutes et vos inquiétudes face à un avenir incertain. Mais j’ajoutais que nous avions des raisons d’espérer et que des perspectives plus favorables me paraissaient se dessiner à l’horizon national. L’évolution récente des statistiques de l’emploi semble me donner raison.
Pour 2013, les prévisions de création d’emplois étaient de l’ordre de 200.000. Les créations effectives ont été supérieures de 12 % environ et ont atteint un chiffre proche de 225.000. Les entreprises privées des différents secteurs d’activité, à elles seules, ont créé 165.000 emplois. Pour sa part, l’Administration, à travers ses divers démembrements, en a créé 60.000.
Pour l’année en cours, nous avons mis la barre plus haut. Compte tenu de l’augmentation possible du taux de croissance, nous espérons créer plus de 250.000 emplois nouveaux. Bien entendu, les jeunes ne seront pas les seuls à en profiter. On peut toutefois penser qu’ils en seront les principaux bénéficiaires.
Cette vision des choses procède d’une analyse raisonnable de la situation de notre économie. Celle-ci devrait progresser dans les prochains mois au rythme d’environ 5 %. J’ai dit ce que j’en pensais il y a quelques semaines. Je persiste à croire que nous pourrions faire mieux. J’ai la forte conviction que nous allons le faire.
Chers jeunes compatriotes,
Dans cette course à la croissance qui doit, dans 20 ans, nous permettre d’accéder à l’émergence, vous avez un rôle essentiel, un rôle crucial à jouer.
- Ces grands projets, énergétiques, agricoles, industriels.
- Ces infrastructures, routières, portuaires, aéronautiques.
- Ces travaux d’adduction d’eau, de distribution d’électricité.
- Ces milliers de logements sociaux.
- Ces hôpitaux et centres de santé.
- Ces établissements scolaires, secondaires, universitaires.
Qui va les construire dans les prochaines années ? C’est vous, évidemment, chers compatriotes.
Alors, il faut dès maintenant vous y préparer sérieusement. Que ce soit à l’école primaire, au collège, au lycée, à l’université. Nous avons besoin, nous aurons besoin de milliers de bons ouvriers, de techniciens capables, d’excellents ingénieurs, de comptables et de commerciaux compétents, etc. Et j’en passe. Déjà, le tournant de la professionnalisation a été pris aux différents niveaux de notre système éducatif. Nous en verrons bientôt les effets et vous verrez qu’ils seront surprenants.
Pour ceux qui sont déjà entrés dans la vie et qui exercent des métiers qu’ils ont appris « sur le tas », il faudra que nous étendions les possibilités de formation. Compte tenu de la relance prévisible de notre économie, il nous faut être à même de répondre à la demande de nombreux spécialistes dans divers corps de métiers. Nous ne pouvons plus nous satisfaire de fournir de simples manoeuvres en laissant les meilleurs emplois à d’autres. Ces professionnels mieux formés pourront rejoindre les rangs des artisans pour lesquels la demande est déjà très forte.
Prenant l’exemple, l’an dernier, des moto-taxis, qui ont un rôle social évident, j’avais souligné la nécessité de l’organisation de cette profession. Je suis heureux de constater que les services de l’Etat, après consultation avec les intéressés, ont mis au point un programme collectif d’encadrement. De la sorte, les moto-taxis pourront s’impliquer davantage – et mieux – dans nos projets de développement national.
Ce programme touche à différents aspects de l’exercice de cette profession, notamment à la formation, à la gestion et à l’organisation. Peut-être pourra-t-on s’inspirer de cette expérience pour l’appliquer à d’autres activités du secteur informel.
Chers jeunes compatriotes,
J’avais également dit ma préoccupation devant la baisse de la moralité publique dans notre pays. J’avais déploré le fait qu’elle n’épargnait pas ce que nous avons de plus précieux, la jeunesse. Notre avenir, l’avenir de notre pays. Je voudrais me féliciter de la prompte réaction du Gouvernement à ce signal par la tenue du colloque international de Yaoundé sur le sujet. L’objectif poursuivi est ambitieux : « la construction d’un Cameroun exemplaire ». Cet objectif nous interpelle tous au plus haut niveau : parents, enseignants, autorités spirituelles.
Le respect de la morale publique est aussi l’adhésion à l’intégration nationale qui constitue le ciment de notre Nation. C’est encore l’attachement aux règles de la démocratie, modèle que nous avons choisi pour organiser une société juste et solidaire.
Ceci me donne l’occasion de saluer la forte participation des jeunes aux deux scrutins du 30 septembre dernier et l’élection d’un certain nombre d’entre eux à l’Assemblée Nationale et au sein des exécutifs communaux.
Je me dois également de me féliciter du recentrage des missions de l’Agence du Service National de Participation au Développement. Avec la mise en place d’une nouvelle équipe dirigeante, nous sommes en droit d’attendre un encadrement renforcé des 6000 premiers volontaires formés. A ce sujet, je voudrais également signaler qu’en 2013, le Programme d’Appui à la Jeunesse Rurale et Urbaine, avec son Projet d’Insertion socio-économique des jeunes par la Fabrication du Matériel Sportif, a contribué, par son encadrement, à la création de 1000 emplois. Ces derniers sont venus s’ajouter aux 225.000 dont j’ai parlé plus haut.
S’agissant de la politique générale de la jeunesse, je voudrais saluer le renouvellement des organes exécutifs du Conseil National de la Jeunesse, tant au niveau national que local. Par ces élections, qui se sont déroulées de façon satisfaisante, la jeunesse camerounaise a montré qu’elle était partie prenante dans notre grand dessein national, à savoir l’atteinte de l’émergence à l’horizon 2035. C’est dans cet esprit que le Gouvernement a mis en service plus de 400 centres multifonctionnels de promotion des jeunes dans les arrondissements et les départements. Dans les prochains mois, cette mobilisation va se poursuivre.
Chers jeunes compatriotes,
Comme vous le voyez, les choses bougent au Cameroun. Le mouvement est lancé et il est irréversible. C’est vous qui en serez les principaux acteurs.
Avant de conclure, je voudrais qu’ensemble nous nous reportions cinquante ou soixante ans en arrière. C’est de l’Histoire, me direz-vous. Certes, mais nous n’en avons peut-être pas tiré toutes les leçons.
A cette époque troublée, ceux qui rêvaient de l’indépendance et de l’unité nationale étaient des jeunes comme vous. Ils différaient sur bien des points : l’idéologie, le parti, la stratégie, la tactique. Mais l’objectif était clair : la LIBERTE. Et beaucoup se sont engagés dans ce combat, au péril de leur vie.
Aujourd’hui, les enjeux sont d’une autre nature. L’engagement que je vous demande ne requiert pas le sacrifice de votre vie. Il n’en reste pas moins essentiel. Il s’agit pour notre pays d’accéder à un niveau de développement tel que chaque Camerounais puisse vivre honorablement de son travail, élever dignement ses enfants, être logé décemment et protégé contre la maladie.
Telle est, mes jeunes compatriotes, la tâche qui vous revient désormais.
Lorsque, dans quelques semaines, nous célèbrerons le cinquantenaire de la Réunification, complément de notre indépendance, je vous prie d’avoir une pensée pour ceux qui se sont sacrifiés afin que vous puissiez vivre dans une société de liberté et de progrès.
Bonne Fête de la Jeunesse à toutes et à tous.
Vive la jeunesse camerounaise !
Vive le Cameroun !