Chargés d'évaluer le comportement de certaines personnalités dans leurs zones de compétence, les chefs de terre ont envoyé discrètement les copies de leurs rapports à la Présidence de la République via le Ministère de l'Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd), fin mai dernier...
C'est avec une extrême confidentialité que les sous préfets et les préfets se sont acquittés du travail que leur a confié en début d'année leur ministère de tutelle, le Minatd. Il était question pour les chefs de terre de fournir à la hiérarchie, des renseignements stricts sur les comportements et la cote de popularité de certaines personnalités originaires de leurs zones de compétence. Pendant près de cinq mois, dans une discrétion absolue, les uns et les autres se sont donc attelés à remplir cette délicate mission.
Et selon une source proche de la Présidence de la République, les résultats de ces enquêtes sont tout simplement étonnants, non pas parce que le travail était difficile, mais tout simplement parce que l'image que projette certains individus au sein de l'opinion publique nationale ne correspond pas du tout avec leurs états de service dans leurs contrées d'origine où ils sont généralement vomis. Le chef de l'Etat voudrait donc tirer toutes les conséquences de ces rapports afin de choisir comme indique la loi, des personnalités capables de mieux défendre les intérêts des leurs au Senat.
C'est d'ailleurs dans ce sens que Paul Biya a donné des instructions au Ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation pour que des personnalités ayant eu maille à partir avec la justice, ou étant impliquées dans des scandales politiques et socio-économiques, lui soient bien indiquées. Ces différents rapports des chefs de terre envoyés au Président de la République prouvent ainsi à suffisance que les batailles de positionnement que la plupart des élites se livrent dans leurs localités ne serviront à rien, puisque, à en croire un habitué du sérail, les sénateurs qui seront nommés par le Président de la République refléteront l'environnement géopolitique du moment. Certains noms sont même déjà avancés comme le confirment quelques proches du Minatd, comme faisant partie de la short-list de Paul Biya.
Un autre signe que cette institution sera bientôt fonctionnelle, c'est la multiplication des missions à l'étranger des hauts fonctionnaires de la Présidence de la République pour s'enquérir des expériences des autres pays ayant des parlements bicamérales. Rappelons tout simplement que la constitution camerounaise de 1972 révisée en 1996 prévoit que le parlement camerounais est composé de deux chambres que sont l'Assemblée nationale, et le Senat, et jusqu'à ce jour il n y'a que l'Assemblée nationale qui fonctionne normalement.
Il est plus que jamais question d'organiser au courant des prochains mois les élections pour élire les 70 sénateurs prévus par la constitution et que le chef de l'Etat désigne les 30 restants, soit 100 au total. C'est à ce niveau que les carottes sont entrain d'être cuites pour certaines personnalités qui croyaient que le peuple n'était qu'une marionnette. Qui vivra verra.