L'Ennemi
Au lendemain de la prise d'assaut de l'ambassade israélienne au Caire
par une foule déchaînée, et pour bien saisir les enjeux de ce qui se
passe au Moyen-Orient, il importe de ne pas perdre de vue quelques
repères.
Les révoltes du "printemps arabe" ont été largement
suscitées et entretenues par l'Occident, États-Unis en tête. Mettant à
profit l'usure du pouvoir des dirigeants en place – notamment en Tunisie
et en Égypte – dans un contexte d'insatisfaction générale, les
Tartuffes de l'Empire sont venus à point nommé se poser auprès des
populations concernées en champions de leurs aspirations légitimes à la
démocratie. La recette est fort simple : il suffit de relayer, à grand
renfort de propagande médiatique, l'écho du mécontentement populaire,
puis de livrer en pâture à des foules habilement téléguidées les
"dictateurs" que les occidentaux eux-mêmes ont portés et maintenus au
pouvoir pendant des décennies.
Ainsi,
quand Israël "appelle au secours" Obama et Bloodhillary, avant de les
remercier servilement pour leur intervention salvatrice, il se tourne en
réalité vers les artisans de son malheur, les premiers à se frotter les
mains devant les déboires de sa représentation diplomatique dans la
capitale égyptienne.
Il serait en effet bien naïf de ne voir dans
la montée en puissance d'un islamisme radical farouchement hostile aux
accords de paix israélo-égyptiens que le fruit du hasard et d'une
fatalité circonstancielle : tout cela a été voulu et préparé de longue
date, l'essentiel étant, pour les maîtres du monde, de faire en sorte
que le chaos s'installe et se pérennise, que le conflit israélo-arabe
perdure et s'envenime, l'amplification exponentiellement favorisée de la
"menace terroriste" permettant de justifier à l'avance toutes les
dérives à venir de leur boulimie interventionniste.(1)
Tout cela,
bien sûr, en veillant à ce que la situation ne dégénère pas en une
conflagration à grande échelle, qui risquerait d'aboutir soit à la
victoire définitive d'Israël soit à sa destruction : chacune de ces deux
hypothèses représenterait en effet le pire des scénarios possible,
puisque dans les deux cas, s'écroulerait tout l'édifice patiemment bâti
autour du recyclage –lui aussi savamment élaboré dans les officines des
confréries occidentales – de la vieille haine chrétienne anti-juive,
parfaitement ruineuse et stérile, en haine musulmane anti-israélienne oh
combien féconde et lucrative, puisque génératrice de conflits
indéfiniment profitables.
Insécurité, attentats, destructions,
terreur, précarité, fragilisation des institutions, constituent dans
cette perspective autant d'ingrédients indispensables à la maîtrise, par
les cartels militaro-politico-financiers, des réseaux complexes servant
à occulter leur totale mainmise sur les ressources des pays
déstabilisés; tandis que l'énormité des moyens mis en œuvre dans les
domaines du renseignement, des médias de propagande, et de l'armement,
leur garantit un contrôle de plus en plus exhaustif de tous les ressorts
de l'existence des peuples de la région.
Quant aux
multinationales de travaux publics en charge de la reconstruction, qui
voient leurs gains se multiplier en fonction de l'ampleur des dégâts,
elles surfent aujourd'hui littéralement sur la récurrence des vagues de
destruction fomentées par leurs valets-mentors de la sphère politique
franco-brittanico-américonusienne.
Peut-être serait-il temps,
pour l'État d'Israël, de réaliser que ses "amis" et "protecteurs"
occidentaux ne sont taraudés à son endroit que par une seule obsession :
l'empêcher à tout prix d'être lui-même, et de devenir celui par qui
leur domination de cendre, de meurtres, de pillages et de ruines prendra
fin. Être et devenir ce qu'il est déjà en dépit des efforts désespérés
de ses vrais ennemis impériaux pour lui inculquer la haine de ceux
qu'ils ont eux mêmes délibérément destinés à le haïr – : un peuple épris
de paix et de vérité, entièrement voué à l'établissement du règne d'une
justice sans autre partage que celui de la compassion.
Peut-être
serait-il temps pour les ennemis arabes et musulmans d'Israël, de
réaliser qu'ils en ont toujours été réduits à jouer le rôle que les
démiurges de Washington, New-York, Paris, Londres, Genève ou Bruxelles
leur ont assigné dès l'origine : celui de porteurs du feu maudit que ces
derniers n'ont fait mine d'expulser de chez eux que pour mieux en
exploiter les ravages partout ailleurs dans le monde, et singulièrement
en terre d'Islam; celui de "boucs émissaires" de l'antisémitisme de
leurs ennemis : ces ennemis qu'ils croient combattre en combattant
Israël, alors qu'ils ne font qu'exécuter par étapes le plan diabolique
de ceux-là même qui, après avoir, chez eux, cherché à anéantir le corps
du peuple Juif, n'auront de cesse qu'ils ne soient parvenus, en terre
promise, à anéantir son âme.
A n'en pas douter, La tentative de
création d'un état palestinien, va une fois de plus échouer. On va faire
mine de s'en émerveiller, comme s'il s'agissait d'une victoire
d'Israël, et de l'ajournement d'un grand danger; alors qu'il s'agira
d'une nouvelle victoire des maîtres du monde – qui auront opté pour la
relance d'un terrorisme indispensable à leur survie –, et de la
cristallisation, pour Israël, d'un danger infiniment plus grave que
toutes les menaces militaires : le danger consistant à demeurer dans le
camp des complices de la Bête immonde, celle qui a nom mensonge,
manipulation, profit coûte que coûte et sang versé; beaucoup de sang,
comme celui des 20 000 victimes de la campagne de "protection des
civils" menée par Sarkozy en Côte d'Ivoire, et des 60 000 morts de
l'opération "humanitaire" de l'OTAN en Libye…
Peut-être serait-il
temps pour chacun de nous, qu'il soit juif, musulman ou chrétien, de se
résoudre à identifier le véritable ennemi, et de se préparer à le
combattre par tous les moyens. Comprenons bien que face à un tel défi,
les combats nationalistes sont dépassés. L'Occident est sur le point de
faire son unité, sous le signe de la violence et des ténèbres, et
d'imposer sa gouverne infernale à l'Afrique et au monde musulman. Soyons
de ceux qui, eux aussi, veulent faire leur unité sous le signe des
promesses du D.ieu d'Abraham, Isaac et Jacob, et lutter de toutes leurs
forces pour qu'Israël, aimé de quiconque a compris le sens de sa
vocation d'ambassadeur du vrai Royaume, achève de sortir de son "Égypte"
américano-européenne.
Qui que nous soyons, juif, musulman ou
chrétien, appliquons-nous à guetter l'irruption, en pleine lumière et
aux yeux du monde entier, de ce signe imminent et imprévisible de la Vie
triomphante au cœur de l'histoire des hommes.
Eliahou Abel