Chaque peuple a le gouvernement qu’il mérite et ne doit pas se plaindre. Dans la situation actuelle du Cameroun, ses dirigeants sont responsables et doivent rendre compte d’une manière ou d’une autre en cas de besoin. Combien de personnes abandonnent leurs parents, leur famille, qui auraient pu leur trouver quelque chose à faire pour vivre ? La famille et la morale familiale n’existent plus. Chacun fait ce qu’il veut et souffre comme il veut en toute liberté. Beaucoup de jeunes se complaisent dans le chômage, fuient les efforts et recherchent les gains faciles. L’homme qui vivait à la sueur de son front est remplacé par l’homme félon qui veut vivre à la sueur du front du voisin. Voilà l'image ubuesque que Paul Biya et ses vautours ont imprimé au Cameroun
Engager un frère, une cousine, un neveu, un oncle, une tante, un ami très chère, une voire des maîtresses dans l'entreprise de la corruption et du vol, voilà le crédo du pouvoir en place au Cameroun. Les jeunes attendent et guettent la campagne électorale, par exemple, pour créer et utiliser le faux pour prendre de l’argent aux candidats. Ils ne croient en rien ! Les jeunes n’incarnent plus un idéal mais l’amour de ce qui peut être capté et avalé tout de suite. On ne peut rien tirer de concret ni de positif de ces genres de jeunes qui peuplent nos villes et nos campagnes et font pleurer leurs parents. Il y a un dérapage social général. La jeunesse actuelle apparaît à bien des égards comme un mal nécessaire. Ce n’est pas une panacée.
Les urnes qui ont l'habitude de mentir au Cameroun ne donnent jamais de réels résultats. C’est la volonté des hommes et des femmes, leur conscience pervertie, leur gourmandise qui faussent les résultats attendus. Beaucoup juraient par tous les diables qu’ils ne voteraient plus tel ou tel parti. Une seule nuit a suffi pour tout chambouler avec des billets de banque et autres bricoles pour ménagère. Il y a là aussi dérapage moral. La bonne conduite comme défaut d’homme est dépassée de nos jours.
Le débat actuel sur la longévité de Paul Biya à la tête du pays interpelle tous les responsables et pose des questions à chacun de nous :
Comment gouverner, le cas échéant, un pays comme le Cameroun, pauvre et très endetté dont la population a été et est encore meurtrie par la terreur d'un pouvoir sanguinaire,
Comment gouverner un pays comme le Cameroun avec à sa tête un chef comme Paul Biya pendant trente-deux ans qui, après tout ce que l’on sait, a fini par concentrer quelquefois, malgré lui, entre ses mains, tous les pouvoirs et à remporter tous les succès électoraux sans aucune contestation de rue ?
Comment gouverner un pays comme le Cameroun dont le leadership est devenu incontestable en Afrique centrale pour toutes les questions de gouvernance et de crise ?
Comment gouverner un pays où l’armée, unie et désunie à la fois, a refusé de prendre, sans coups férir, le pouvoir au moment où il tombait ?
Paul Biya 32 ans au pouvoir et même plus ? Pourquoi pas si ça plaît à la majorité des sbires qui n'entendent pas perdre leur mangeoire ?
Dans le contexte et la situation nationale actuels du pays, les acteurs au pouvoir comme à l’opposition ne pourront pas gérer seuls le Cameroun après Paul Biya ; il faut éviter de « combattre pour le roi de Prusse » c’est-à-dire pour d’autres personnes. Il faut, pour cela, opérer un savant dosage alliant, sans haine ni rancune, les hommes du pouvoir actuel, les hommes de l’opposition, de la société civile pour sécuriser les uns et les autres en vue d’une bonne transition et d’une bonne gouvernance.
Chasser un dirigeant du pouvoir ne doit pas être une fin en soi. Il ne suffit pas seulement de prendre le pouvoir, il faut savoir et pouvoir le gérer à la durée.
Nous sommes tous responsables et devons corriger ce qui ne va pas actuellement et ce dans la paix et non dans la violence. Il ne faut pas penser que ce qui se passe ailleurs n’arrive que là-bas ? La politique ne doit pas être le « hôte-toi que je m’y mette ».
Le moment est venu où tout démocrate sincère, nationaliste doit, sans rejeter le raisonnement relatif au droit et à la Constitution, tenir compte de ce que le Cameroun a engrangé en matière de stabilité, de développement, de diplomatie, d’exercice démocratique. Certes, tout n’est pas parfait mais il y a un minimum perfectible.
L’après-Paul Biya, si l’on n’y prend garde, sera pire que l’après-Bozizé, Kadhafi, Ben Ali, Houphouët Boigny, Moubarack, etc. La fin des longs règnes qui rimaient avec dictature est souvent catastrophique.
Ni la haine du pouvoir en place ,le RDPC, ni la place des RDPécistes frauduleusement milliardaires, ne doivent nous pousser à sauter dans l’incertitude et la violence politique. ce qui est certain, les biens illégalement acquis sous Biya par qui que ce soit seront confisqué et remis à l'Etat. Avis donc aux commerçants qui ne paient pas d'impôts sous prétexte qu'ils sont membres du parti au pouvoir. Le premier prisonnier au sommet sera Paul Biya
L’on avait cru qu’avec l’opération épervier, Biya devait assainir la gestion du pays. Du coup, il est lui-même tombé sous le coup de son arrestation avec la dilapidation sans retenue la fortune du pays. Nous savons désormais tous que l’opération épervier n’est qu’un moyen de chantage. Biya accuse un de ses collaborateur d’avoir détourné la fortune publique lorsqu’il pense que son pouvoir est menacé
L'après Biya avec Paul Biya à la prison de Kondengui
© Correspondance de : Melissa Mbiaga