Jusqu'où peut aller M. Issa Tchiroma ?
Le Messager
Pour une fois le ministre camerounais de la Communication , M. Issa Tchiroma Bakary pose un acte positif. Il rappelle tout simplement aux fondateurs et dirigeants d’établissements scolaires les termes d’une foi qui existe. Point de publicité par banderoles. Mais il n’y a pas que les établissements scolaires.
Nos villes, grandes et petites, sont envahies depuis quelques années par des banderoles et des panneaux publicitaires qui « vendent » des performances plus ou moins avérées de certains établissements d’enseignements secondaires, supérieur ou de formation professionnelle. Chaque promoteur s’évertue à travers une publicité hystérique à faire connaître sa structure au grand public. Non seulement à travers des banderoles publicitaires mais dans les espaces médiatiques aussi. Notamment à la télévision.
Des annonceurs d’un genre nouveau envahissent ces espaces : herboristes, tradipraticiens, évangélisateurs, voyants, exorcistes et tutti quanti. C’est à donner le tournis aux auditeurs et téléspectateurs. Les plus naïfs se perdent complètement entre les prophètes, les voyants et les sorciers dans cette foire d’empoigne où des marchands d’illusions proposent des tickets d’accès au paradis.
A bon vin, point d’enseigne, nous apprend un proverbe. C’est dire dans un langage simple qu’un produit peut très bien se vendre sans réclame. Ses effets bénéfiques, son efficacité, circulent de bouche à oreille. C’est comme la lumière du soleil.
Dans ma tendresse enfance, un célèbre gynécologue installé à ... Mbanga attirait vers cette bourgade champêtre du département du Moungo les femmes de toutes nos grandes villes souffrant de toutes ces pathologies féminines dont la stérilité. Il s’agit du Dr Nsemè Pensy. Le père de l’autre et d’un avocat non moins célèbre. Tous les deux portent avec fierté cet illustre nom. A cette époque où la radio était encore un bien de luxe, la télévision, une grande inconnue, la renommée du Dr Pensy faisait le tour du Cameroun. Son confrère, Dr Bebey Eyidi, mort subitement en 1966, a été pleuré aux quatre coins du Cameroun en raison de son dévouement et de son travail. On peut encore allonger la liste des professionnels qui se sont distingués dans leurs différents secteurs. Sans tapage publicitaire.
De nos jours, les établissements scolaires qui font des résultats parlants n’ont pas besoin de banderoles et de larges panneaux publicitaires le long des boulevards, des avenues et des autoroutes. Leur réputation est établie. Ils sont connus de tous. L’université catholique d’Afrique centrale ou celle des montagnes n’ont pas besoin d’implanter des annexes et des succursales dans toutes les villes du pays ou dans les quartiers de Yaoundé et de Douala. L’une et l’autre développent leurs différentes filières dans le campus d’Ekounou, pour notre catho et à Banekané par Bangangté pour l’Université des montagnes. Tout simplement parce que, une fois encore, à bon vin point d’enseigne.
L’initiative du ministre Issa Tchiroma Bakary est salutaire à plus d’un titre. Mais jusqu’où peut-il aller ? Cette initiative interpelle également ses collègues des autres départements ministériels dont celui de l’enseignement supérieur, celui de l’emploi et de la formation professionnelle et celui de la Santé publique. Les deux premiers parce que la formation dispensée dans la plupart de nos universités privées et autres centres de formation professionnelle est sujette à caution.
Les destinataires de leurs produits, les entreprises de la place se retrouvent souvent avec des diplômés nuls. On a beau nous rétorquer que ces établissements ne se retrouvent qu’avec les rebuts de l’école d’aujourd’hui, sans doute. Mais que gagne-t-on à déverser tous les ans sur le marché de l’emploi des prétendus licenciés, maîtrisards et autres détenteurs de brevets de techniciens supérieurs incapables de formuler deux phrases françaises ou anglaises bien faites ? On apprend davantage tous les jours, c’est vrai. Mais...
De l’autre côté, le ministère de la Santé publique et celui de la communication devraient se mettre ensemble pour fermer les médias aux charlatans qui y font irruption de plus en plus pour faire l’étalage de leurs potions qui produisent des miracles, s’ils ne se proposent pas de rendre la vue aux aveugles, l’usage de leurs membres aux paralytiques, de donner du bonheur aux désespérés et que sais-je encore ? La guerre contre les « médicastres » et les pharmaciens ambulants est bel et bien perdue par les ordres concernés : celui des médecins et celui des pharmaciens.
Il est grand temps qu’il soit mis fin à cette dérive publicitaire qui n’est autre qu’une escroquerie organisée, qui dépouille davantage les Camerounais du peu dont disposent ceux qui se battent au quotidien pour survivre. Il faut éviter de noyer dans le doute et l’incertitude ceux qui croient encore aux vertus de l’effort. Comme nous l’enseigne un dicton, seul le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin. Pas les marabouts ni voyants. Il existe certes des réseaux mafieux à travers lesquels des individus qui réussissent à étouffer leur conscience font fortune. Ceux qui proposent l’illusion dans les panneaux et les spots publicitaires font partie de ces réseaux-là. Il faut s’en méfier comme du sida.
Voilà un grand chantier pour Mgr Befe Ateba, le tout nouveau président du Conseil national de la Communication.
Jacques Doo Bell
Pour une fois le ministre camerounais de la Communication , M. Issa Tchiroma Bakary pose un acte positif. Il rappelle tout simplement aux fondateurs et dirigeants d’établissements scolaires les termes d’une foi qui existe. Point de publicité par banderoles. Mais il n’y a pas que les établissements scolaires.
Nos villes, grandes et petites, sont envahies depuis quelques années par des banderoles et des panneaux publicitaires qui « vendent » des performances plus ou moins avérées de certains établissements d’enseignements secondaires, supérieur ou de formation professionnelle. Chaque promoteur s’évertue à travers une publicité hystérique à faire connaître sa structure au grand public. Non seulement à travers des banderoles publicitaires mais dans les espaces médiatiques aussi. Notamment à la télévision.
Des annonceurs d’un genre nouveau envahissent ces espaces : herboristes, tradipraticiens, évangélisateurs, voyants, exorcistes et tutti quanti. C’est à donner le tournis aux auditeurs et téléspectateurs. Les plus naïfs se perdent complètement entre les prophètes, les voyants et les sorciers dans cette foire d’empoigne où des marchands d’illusions proposent des tickets d’accès au paradis.
A bon vin, point d’enseigne, nous apprend un proverbe. C’est dire dans un langage simple qu’un produit peut très bien se vendre sans réclame. Ses effets bénéfiques, son efficacité, circulent de bouche à oreille. C’est comme la lumière du soleil.
Dans ma tendresse enfance, un célèbre gynécologue installé à ... Mbanga attirait vers cette bourgade champêtre du département du Moungo les femmes de toutes nos grandes villes souffrant de toutes ces pathologies féminines dont la stérilité. Il s’agit du Dr Nsemè Pensy. Le père de l’autre et d’un avocat non moins célèbre. Tous les deux portent avec fierté cet illustre nom. A cette époque où la radio était encore un bien de luxe, la télévision, une grande inconnue, la renommée du Dr Pensy faisait le tour du Cameroun. Son confrère, Dr Bebey Eyidi, mort subitement en 1966, a été pleuré aux quatre coins du Cameroun en raison de son dévouement et de son travail. On peut encore allonger la liste des professionnels qui se sont distingués dans leurs différents secteurs. Sans tapage publicitaire.
De nos jours, les établissements scolaires qui font des résultats parlants n’ont pas besoin de banderoles et de larges panneaux publicitaires le long des boulevards, des avenues et des autoroutes. Leur réputation est établie. Ils sont connus de tous. L’université catholique d’Afrique centrale ou celle des montagnes n’ont pas besoin d’implanter des annexes et des succursales dans toutes les villes du pays ou dans les quartiers de Yaoundé et de Douala. L’une et l’autre développent leurs différentes filières dans le campus d’Ekounou, pour notre catho et à Banekané par Bangangté pour l’Université des montagnes. Tout simplement parce que, une fois encore, à bon vin point d’enseigne.
L’initiative du ministre Issa Tchiroma Bakary est salutaire à plus d’un titre. Mais jusqu’où peut-il aller ? Cette initiative interpelle également ses collègues des autres départements ministériels dont celui de l’enseignement supérieur, celui de l’emploi et de la formation professionnelle et celui de la Santé publique. Les deux premiers parce que la formation dispensée dans la plupart de nos universités privées et autres centres de formation professionnelle est sujette à caution.
Les destinataires de leurs produits, les entreprises de la place se retrouvent souvent avec des diplômés nuls. On a beau nous rétorquer que ces établissements ne se retrouvent qu’avec les rebuts de l’école d’aujourd’hui, sans doute. Mais que gagne-t-on à déverser tous les ans sur le marché de l’emploi des prétendus licenciés, maîtrisards et autres détenteurs de brevets de techniciens supérieurs incapables de formuler deux phrases françaises ou anglaises bien faites ? On apprend davantage tous les jours, c’est vrai. Mais...
De l’autre côté, le ministère de la Santé publique et celui de la communication devraient se mettre ensemble pour fermer les médias aux charlatans qui y font irruption de plus en plus pour faire l’étalage de leurs potions qui produisent des miracles, s’ils ne se proposent pas de rendre la vue aux aveugles, l’usage de leurs membres aux paralytiques, de donner du bonheur aux désespérés et que sais-je encore ? La guerre contre les « médicastres » et les pharmaciens ambulants est bel et bien perdue par les ordres concernés : celui des médecins et celui des pharmaciens.
Il est grand temps qu’il soit mis fin à cette dérive publicitaire qui n’est autre qu’une escroquerie organisée, qui dépouille davantage les Camerounais du peu dont disposent ceux qui se battent au quotidien pour survivre. Il faut éviter de noyer dans le doute et l’incertitude ceux qui croient encore aux vertus de l’effort. Comme nous l’enseigne un dicton, seul le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin. Pas les marabouts ni voyants. Il existe certes des réseaux mafieux à travers lesquels des individus qui réussissent à étouffer leur conscience font fortune. Ceux qui proposent l’illusion dans les panneaux et les spots publicitaires font partie de ces réseaux-là. Il faut s’en méfier comme du sida.
Voilà un grand chantier pour Mgr Befe Ateba, le tout nouveau président du Conseil national de la Communication.
Jacques Doo Bell