L'ex-commissaire de police camerounais Junior Zogo, désormais réfugié et activiste politique en France réagit sur l'affaire « Afrique Média »

Sur Facebook, vous avez déclaré que le ministre camerounais de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo'o est le parrain d'Afrique Media. Confirmez-vous cela ?
Non seulement je confirme cette information mais aussi et surtout, je vais vous le démontrer. Je connais parfaitement Monsieur Justin Tagouh, le propriétaire de la station de télévision Afrique média. Son épouse est une « sœur » du département de la Lekié, camarade de fac et surtout ma promotionnaire à l'école de police au cycle des Commissaires.

Bien plus, je côtoyais une femme à l'époque du nom de Rosette Njonkoué, qui a eu une fille avec Monsieur Tagouh. J'ai assisté et participé au mariage de Monsieur Tagouh avec la commissaire principale Mpoh Mvondo Nadine. Celle-ci a longtemps occupé le prestigieux poste de Commissaire à l'Emi -Imigration de Douala du fait de la proximité de son mari avec Mebé Ngo'o. Elle n'en a été éjectée qu'avec le départ de Mebé Ngo'o de la police.

Mebé Ngo'o et Justin Tagouh sont des amis intimes depuis longtemps. J'ai assisté à deux scènes qui vont vous démontrer leur proximité :
La première, c'était lors de la nomination de M Mebé Ngo'o à la tête de la police camerounaise. Son neveu,le commissaire principale Essamé Patrice m'avait invité à la réception qu'il avait organisée à son domicile par Mebe Ngo'o pour fêter sa nomination. J'avais trouvé Justin Tagouh déjà sur les lieux. Mebé Ngo'o et lui se tenaient comme deux tourtereaux bras dessus dessous toute la soirée. Ce qui avait laissé perplexe tous ceux qui étaient présents.

La deuxième scène, c'était après la prise de fonction de Mebe Ngo'o. Justin Tagouh, arrivait le matin comme nous policiers, et s'installait au secrétariat de Mebé Ngo'o. Il repartait à la nuit tombée et ce, chaque jour. Pourtant il n'est pas policier et n'avait de fonctions officielles. Justin Tagouh n'est qu'un prête-nom à Mebe Ngo'o, dans ses ambitions démesurées de conquête du pouvoir. Justin Tagouh sans l'appui de Mebé Ngo'o n'aurait pas pu ouvrir une chaîne de télévision comme Afrique média. Il n'en a pas les moyens. C'est Mebé Ngo'o qui le finance de manière souterraine. D'où le zèle d'Afrique Media vis- à -vis des autorités.

M Mebé Ngo'o a apporté à cette chaîne beaucoup d'argent et surtout son carnet d'adresses. C'est grâce à lui qu'ils peuvent se targuer à Afrique Media de connaître des Chefs d’États comme Idriss Déby et Obiang Nguema. N'oublions pas que Mebé Ngo'o a quand même été directeur du cabinet civil, et est de toute évidence, l'héritier putatif politique de Paul Biya. Il a ouvert des portes aux gens d'Afrique Media. D'où leur sentiment de puissance et d'invincibilité.

pourquoi selon vous Mebe Ngo'o attaquerait-il la France à travers Afrique Media s'il veut devenir président?
Ce que vous semblez ignorer c'est que Mebé Ngo cultive et encourage dans l'ombre cette rhétorique anti-française pour divertir les Camerounais, qui croient tout savoir mais ne savent en fait rien sur la marche de leur pays.

Pendant que les Camerounais sont ainsi distraits, M Mebé Ngo met en place insidieusement son plan machiavélique de conquête du pouvoir par tous les moyens. Il amasse un trésor de guerre - vous avez suivi le scandale de l'achat du matériel militaire chinois de mauvaise qualité par lui et dénoncé par l'amiral révoqué Nsola, ancien attaché militaire du Cameroun en Chine.

Il stocke en cachette des armes de dernier cri. Mebé Ngo sait que constitutionnellement, il n'a aucune chance de succéder à Paul Biya. Pas plus qu'il ne le peut par une élection. Il est trop impopulaire et incompétent. Il ne lui reste donc plus que la politique du chaos pour justifier son coup de force qu'il prépare minutieusement. Afrique média qu'il finance et soutient en cachette est son outil de propagande. D'où la ligne éditoriale qu'il leur dicte pour semer le chaos.

Paul Biya a aussi bénéficié des services d'Afrique Media. A-t-il lâché cette chaîne ?
Paul Biya n'a pas lâché Afrique Média. Ils sont devenus incontrôlables et du fait de leurs dérives et outrances, Paul Biya qui soigne son image car il est un dictateur rusé n'avait pas d'autres choix que de les désavouer. En dictature, on tue toujours ceux qui savent des choses.

Paul Biya a été mis en garde contre les risques d'une mise en cause de sa responsabilité par la justice internationale du fait du discours haineux et xénophobe de ce média qui pouvait mettre en péril la sécurité des ressortissants français au Cameroun. Bien plus, la France menaçait de recourir à la justice. Si on en était arrivé là, cela aurait contraint les responsables d'Afrique Media à faire des révélations sur leurs commanditaires.