Invité de marque au tournoi de vacances baptisé « Ekoumdouma Football vacances » le week-end dernier dans le département de la Lékié, l’ancien entraîneur sélectionneur des Lions indomptables analyse la guerre qui oppose la Ligue de football professionnel à l’Association des clubs d’élite du Cameroun (Acec). De même qu’il tente d’évaluer les chances du tout nouveau Comité de normalisation.
Que retenir de cette rencontre que vous venez de vivre en direct au stade d’Ekoumdouma ?
Je retiens que dans les villages on peut aussi faire de belles
choses; qu’on peut organiser des championnats où existent le beau jeu et
le fair-play ; un championnat où on peut découvrir des talents en
éclosion tels qu’on a pu en découvrir lors de cette rencontre. Et puis
le niveau de la compétition était acceptable malgré l’état du terrain.
Je pense que c’est autant de leçons qu’il faut retenir et souhaiter
surtout que ce genre d’initiative perdure aux fins de permettre que ces
jeunes puissent s’exprimer au mieux de leur talent.
Est-ce à dire que vous avez détecté deux ou trois jeunes talents dans cette compétition ?
Tout à fait. Je pense que de tout ce que j’ai vu, il y’en a qui
ont le niveau de jouer en Elite One et two. Je parle par exemple du
défenseur central d’As Chauffeurs qui a été imparable, de leur robuste
milieu de terrain qui a su animer l’entrejeu. Et éventuellement de l’axe
de la défense de As Mbouma qui est resté sans reproche tout comme leur
avant-centre qui est entré en seconde période et qui est assez posé dans
le jeu. Bref, je pense que d’ici l’année prochaine, ce sont des joueurs
qui peuvent tranquillement postuler pour évoluer en D1 ou en D2.
Finalement votre coaching en faveur de As Mbouma a donc tenu la promesse des fleurs…
Disons que j’ai surtout insisté dans le repositionnement des joueurs sur
le terrain. Vous savez que c’est le gros problème des joueurs amateurs.
Il fallait donc repositionner les joueurs en fonction des minutes qui
s’égrainent. Je pense que vous avez remarqué que pendant les dix
dernières minutes de la rencontre, il n’y avait qu’un seul joueur à la
pointe. Le reste est rentré pour tenter de consolider le milieu de
terrain et défendre afin de mieux gérer le but d’avance. C’est une bonne
réaction.
Ecoutez, je pense qu’il y a eu des raisons précises et légitimes pour que ces personnes soient désignées. Mais ce qui est important ce n’est pas tant l’identité de ceux qui constituent ce Comité, c’est plutôt ce qu’on attend d’eux comme travail au bout de la durée de leur mandat. Maintenant, s’ils doivent toiletter les textes, les statuts de la Fécafoot et réorganiser de nouvelles élections, il faudrait que cela se fasse dans la transparence, dans l’honnêteté et en toute impartialité car l’enjeu, vous le savez, reste l’avenir du football camerounais. Car il va de l’avantage du football et des footballeurs camerounais d’avoir une fédération désormais bien structurée, bien organisée avec des textes bien structurés ouvrant ainsi la porte à tout le monde.
Ce Comité de normalisation annonce déjà les couleurs en
nommant à la tête de la Ligue professionnelle de football un Comité
provisoire de gestion. Une décision très mal accueillie par les
présidents de clubs qui ont décidé d’une énième suspension du
championnat…
Je pense sincèrement que la Fifa et la Caf ont mis sur pied cet organe
pour gérer les affaires liées au football camerounais pendant huit mois.
Ce que j’ai cru comprendre c’est que toutes les décisions qui sont
prises par le Comité de normalisation sont souveraines. Perçu sous cet
angle, les présidents de clubs doivent certainement se mettre dans la
posture de ceux qui à la limite subissent les décisions de la Caf et de
la Fifa. Viendra un moment où les choses vont finalement se normaliser
ces dirigeants de clubs jouiront pleinement de leurs droits, de nommer
le président de la Ligue professionnelle de leur choix. Pour l’instant,
je sais que le Comité a été mis en place pour analyser et juguler
l’ensemble des problèmes de notre football. Toutefois, il faudrait
encore bien fouiller, aller au-delà, pour savoir s’il est de la
compétence du Comité de normalisation de prendre de telles décisions.
Le général Pierre Semengue qui a été reconduit avait pour
missions de sortir le professionnalisme des fonds baptismaux. Deux ans
plus tard, avez-vous le sentiment que le football camerounais est déjà
professionnel ?
La vérité c’est que tout ceci se passe dans un contexte extrêmement
difficile. Un contexte marqué par des querelles, des crises
interminables, des bras de fer… Mais aussi sur le plan matériel, ça n’a
pas vraiment été facile pour le président de la Ligue de mener à bien sa
mission. Vous savez que le championnat a été plusieurs fois suspendu
parce qu’il n’avait pas d’argent. Il ne revenait pas au général de
sortir cet argent de ses poches. Il fallait bien que l’argent sorte de
quelque part. C’est autant de choses qui font penser qu’il aurait pu
faire mieux s’il avait vraiment les moyens requis mais qu’il s’est battu
avec le peu de moyens qu’il avait à sa disposition. Même si on aurait
pensé qu’il peut faire mieux.