Cette question peut paraitre aux yeux de certains comme anodine et confuse, mais je leur demande de cheminer avec nous et ils verront quel était son sens. Quand le Dieu d’Abraham avait demandé à Caïn où était son frère, celui-ci a répliqué par une étonnante formule restée fratricidement célèbre : suis-je le gardien de mon frère ? Cette réponse ponce-pilatiste, fait montre du légendaire instinct de conservation de l’homme, qui l’embastille toujours dans une sorte de « logique de survie ». Consistant à vouloir à chaque fois imposer la mort aux autres tout en préservant la sa vie. C’est un instinct d’égoïsme, de cupidité, de gloriole et de vénalité. Tous de petits appétits et des « préoccupations mineures », qui pour être assouvis, exigent d’utiliser l’autre comme un moyen, comme une chose, et en extraire le maximum d’utilité.
C’était la règle rubis pendant l’esclavage, c’est-à-dire réduire l’esclave au niveau le plus bas des choses parmi les choses. L’amenuiser et le réduire à l’unité la plus minable, à « ce qui n’est » que dans la mesure où « elle n’est rien », où elle ne sert à rien. L’esclave était celui qui « était là » et ne possédait rien du tout : ni son esprit, ni les produits de son « travail » ni son propre corps.
Ainsi, les premiers à dire « ba’ gha te’ » c’est-à-dire : NON à la servitude, c’est ceux qui voulaient désormais disposer de leur propre corps, et diriger leur propre esprit. Mais aujourd’hui, nous vivons une nouvelle ère de l’esclavage et de la soumission. Que le jeune Boétie aurait appelé : la servitude volontaire. Volontaire dans la mesure où les jeunes livrent délibérément leur corps aux sévices. Ils donnent eux-mêmes le glaive et la verge avec laquelle ils se font « bousiller ». Ils vont eux-mêmes sur la place du marché noir, se déshabillent, et montrent gaillardement leurs « avantages de services » aux pourvoyeurs.
Ils soulèvent le buste pour essayer de faire passer les pectoraux pour les seins malsains. Se retournent en s’abaissant, les fesses nues et poilues en l’air, positionnées vers le haut comme le trou de balle d’un canon. Cet « sexercice » sert à se faire acheter par le plus offrant, celui qui sera prêt à payer autant de billets pour autant de coups qu’il donne. Qui pourra donner assez de liquide pour autant de liquide qu’il verse ou pisse dans l‘anus.
Nos jeunes marchent désormais avec les corps sans anus et les anus vidés d’eux-mêmes. Et n’y coulent plus que du sang et du pus avec sa saleté de puanteur. Et quand on demande à un jeune : où est ton anus ? Comme Caïn, il répond avec autant de suffisance : suis-je le gardien de mon anus ? En bon camerounais, répondent à une question toujours par une autre. Mais là n’est pas la question. Les plus francs, mais assurément les moins maçons, disent qu’ils sont seuls propriétaires de leur anus. Par conséquent ils font de « ça » ce qu’ils veulent, ils « donnent » à qui ils veulent.
Mais est ce que les jeunes donnent gratuitement leur anus, n’est ce pas toujours en échange de quelque chose plus grand que la peine qu’ils en tirent ? Nous ne sommes pas sûrs que le pénis en érection produise le même effet quand il pénètre dans une chatte, que lorsqu’il est dans un trou de balle. Nous ne sommes pas certains non plus que le mâle actif ou dominant, se contente seulement de pisser dans l’anus sans y puiser aussi de beaucoup. Tout compte fait,
c’est le jeune qui reçoit les coups secs, de l’argent et les glorioles, qui est le plus grand des perdants.
Il perd non seulement son corps, qui pour lui est transformé en un objet de rentabilité. Il perd par conséquent son anus dévoyé en un objet de plaisir et de domination. Il perd du temps pour gagner de l’argent et une relative ascension. Il perd encore cet argent pour essayer de récupérer son anus qu’il sent à chaque selle le quitter. Il perd sa dignité d’homme qui par définition est un animal debout. Et non celui qui se baisse à chaque fois pour planter on ne sait quels choux ou pour ramasser on ne sait quoi au sol. Il perd malheureusement aussi de son énergie, de sa force vitale, et beaucoup de sa vie.
Personne ne peut nier que la vie devient de plus en plus difficile dans ce pays. L’ascenseur social semble être bloqué. Nos villes et nos vies sont assombries par manque d’électricité, et le manque d’eau nous rend quotidiennement assoiffés de la gloire. Toutes les voies semblent être fermées, mais ce n’est pas en ouvrant nos jambes qu’on va y pénétrer. Or plusieurs de nos jeunes qui ambitionnent percer dans les arts, le sport ou l’académie, se font « percer le derrière » à l’occasion. C’est vrai que « sucer » et « succès » riment, mais il n’ya pas de relation logique entre « sucer » la bite d’untel et avoir le « succès » ipso facto. Comme disait l’autre : il n’ya que dans le dictionnaire que le succès vient avant le travail.
Alors jeunes : « SACHONS DIRE NON », le moyen pour nous d’éloigner ces anges du mal, c’est de rester digne. Et le seul moyen de rester digne c’est de travailler dur, et d’arracher à la vie, à ce pays ce qu’ils nous doivent. Ainsi on va laisser ces pédérastres mourir et aller seuls bruler en enfer. Et nous vivrons ! Et ensemble nous ferons de ce pays maudit, un paradis, un sujet de bénédictions.
« Habeas corpus, habeas Anus ».