Jean
Takoungang. Membre du collectif de soutien à l’écrivain, il revient sur
son incarcération.[...] Me Momo et moi ne sommes pas, aux yeux du
régime, des gens aussi clairs que ça ! Notre présence, dès le lendemain
des évènements malheureux, aurait prêté à confusion. Il faut être
prudent, ce n’est que la semaine prochaine qu’on va essayer de s’y
rendre. Il y a des amis comme Patrice Nganang qui lui ont rendu visite
le 31 décembre 2011. Une coordination a été mise sur pied pour essayer
de le défendre, parce que nous sommes convaincus qu’Enoh Meyomesse ne
peut pas être le chef d'un gang. Pour l'être, il faut avoir le physique
de l'emploi.
Quelles nouvelles avez-vous de M. Enoh Meyomesse, depuis son incarcération à la prison centrale de Kondengui ?
La dernière nouvelle que j’ai d’Enoh Meyomesse
c’est qu'il m’a appelé samedi dernier et m’a dit qu’il se porte bien. Il
attend que je vienne lui rendre visite. Celle-ci était prévue lundi
dernier, mais avec les fériés des fêtes de fin d’année, nous avons
décalé le rendez-vous mardi. Je comptais m’y rendre avec Me Momo et Me
Tchokongoe, les avocats que j’ai constitués. Malheureusement, avec
l’évasion de certains prisonniers lundi à la prison centrale de
Kondengui, il était plus indiqué d’attendre le rétablissement de
l’ordre. Me Momo et moi ne sommes pas, aux yeux du régime, des gens
aussi clairs que ça ! Notre présence, dès le lendemain des évènements
malheureux, aurait prêté à confusion. Il faut être prudent, ce n’est que
la semaine prochaine qu’on va essayer de s’y rendre. Il y a des amis
comme Patrice Nganang qui lui ont rendu visite le 31 décembre 2011. Une
coordination a été mise sur pied pour essayer de le défendre, parce que
nous sommes convaincus qu’Enoh Meyomesse ne peut pas être le chef d'un
gang. Pour l'être, il faut avoir le physique de l'emploi. Un supposé
gang où le chef a 57 ans et les autres, 60 ans, de véritables croulants.
C'est une accusation cousue de fil blanc.
A quel stade se trouve la procédure ?
Dès l'enquête préliminaire,
vous avez le droit d'être assisté par un avocat, tant que celui-ci n'est
pas là, vous ne dites rien. En conclusion, je pense qu'ils doivent
respecter le droit de la défense, attendre que les avocats que nous
avons constitués le rencontrent, échangent avec lui, prennent
connaissance du dossier et écoutent sa version des faits avant qu'il ne
comparaisse.
Avez-vous une idée de son prochain passage devant le commissaire du gouvernement ?
Pas du tout, mais ceci devrait se savoir lors de la rencontre que nous aurons avec ses avocats la semaine prochaine.
A-t-il le moral ?
De toutes les manières, quand quelqu'un est au Cameroun et qu'il pose sa candidature à l'élection présidentielle, il sait qu'on ne va pas venir le caresser, il faut avoir le moral, être prêt à tout affronter. Et lorsqu'on prend le risque d'être le fils du pays organisateur, d'écrire des choses autres que les motions de soutien, on sait à quoi on s'attend. Il est serein, d'autant plus qu'il ne se reproche rien. C'est quand on se sent un soupçon de culpabilité qu'on n'a pas le moral. Mais lorsqu'on sait qu'on n'a rien fait, on sait que ça va finir. Il est préparé depuis le jour où on l'a accusé de tentative de coup d'Etat. Ce n'est pas la première fois. Lorsqu'il se rendait en Côte d'Ivoire pour présenter un livre sur Gbagbo, on l'a arrêté à l'aéroport, il était presque en résidence surveillée.