Pour quelles raisons le Sdf a-t-il quitté la salle lors du débat général sur le projet de code électoral ?
Nous considérons que ce projet de loi portant code électoral
est une imposture, une véritable escroquerie. C’est du pur banditisme
politique parce
que nous avons envoyé pratiquement deux cents amendements et tous
ceux-ci ont été rejetés. Vous savez qu’avant le dépôt de ce code
électoral, des consultations avaient été faites, nous avons fait des
propositions et nous pensions que celles-ci allaient, à tout le moins,
être prises en comptes. Mais nous constatons qu’il n’en a rien été. Nous
avons donc décidé de sortir pour ne pas cautionner, par notre présence,
cette mascarade.
Le ministre Sadi a répondu notamment que
certaines des exigences que vous avez formulées ne sont pas compatibles
avec la constitution …
Voilà quelqu’un qui parle de violer la constitution alors qu’il
a été le premier à nous présenter un projet de loi où figurait le
mandat impératif. Ce qui était évidemment anticonstitutionnel. Nous
avons estimé qu’il était possible qu’on procède à un amendement
constitutionnel. Ce qui nous aurait permis d’adopter le scrutin à deux
tours, la majorité à 18 ans, la limitation du mandat et éventuellement
le quinquennat. Ce qui est une norme dans toutes les démocraties dignes
de ce nom. Il faut savoir que M. Biya, pour faire sauter le verrou des
limitations de mandat, n’a pas hésité à procéder, au mois de mars 2008, à
un amendement constitutionnel. Ceci pour des raisons strictement
personnelles. Au moment où l’ensemble du peuple camerounais attend un
code électoral consensuel, pourquoi es-ce qu’on n’amenderait pas cette
constitution ? Donc quand M. Sadi pense que notre démarche est
anticonstitutionnelle, je pense que c’est une vue de l’esprit, c’est de
la pure diversion.
Maintenant que le code électoral a été adopté, que va faire le Sdf maintenant ?
Le risque qu’il y a à verrouiller toutes les demandes
démocratiques au niveau de l’Assemblée nationale est que le débat se
transporte dans la rue. Et dans la rue il n’ya pas de règles et personne
ne maîtrise rien. Je pense que ce code électoral a été rejeté par tout
le monde, y compris par le Rdpc. Car je vous assure que si on instaurait
un vote à bulletin secret à l’Assemblée nationale, vous seriez surpris
par le nombre de députés qui aurait voté contre ce projet. Ce code a été
conçu dans le but de préserver les intérêts du Rdpc et de quelques
personnes tapies dans les cercles mafieux de Yaoundé.