Jean Marie Atangana Mebara: Le Cop’s prend un nouveau matricule à Kondengui
YAOUNDÉ - 11 Mai 2012
© BRICE R. MBODIAM | Mutations
L'ancien Sgpr, ministre de l'Enseignement supérieur adulé par les étudiants, a vu son bail en prison prorogé malgré une victoire au tribunal.
Un véritable coup de tonnerre dans la nuit. C'est ainsi que l'on peut considérer le verdict rendu le 3 mai dernier par le tribunal de Grande instance du Mfoundi, dans les affaires (BBj2 et Albatros) dites de l'avion présidentiel, impliquant l'ancien secrétaire général de la présidence de la République, Jean Marie Atangana Mebara. Après plusieurs audiences éreintantes qui ont parfois révélé une parodie de justice, mais surtout au terme de 3 ans et 9 mois de détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé au quartier Kondengui, l'ex-vice Dieu comme on appelle les secrétaires généraux de la présidence de par l'étendue de leur pouvoir dans la gestion des affaires du pays était blanchi des trois accusations jusqu'ici portées contre lui dans les affaires de détournements de deniers publics liés à l'achat d'un avion présidentiel neuf (BBj2), et de location à long terme d'un autre aéronef pour les voyages du chef de l'Etat (Albatros).
Du coup, le sandwich et le coca servis ce soir-là après la lecture du verdict à ce fils Mvog Nama de Nkomekoui dans l'arrondissement de Mbankomo, ont dû avoir une saveur toute particulière: celle de la liberté retrouvée. Mais la joie de cet ancien élève des séminaires Sainte Thérèse de Mvolyé et Saint-Paul de Mbalmayo n'aura duré que le temps des étreintes chaleureuses administrées à ses avocats et membres de sa famille. Car, dès le lendemain, de nouveaux obstacles vont s'ériger sur le chemin de sa libération. En effet, bien que les juges aient signé tous les documents pour que dès le vendredi 30 mai M. Atangana Mebara passe sa première nuit depuis bientôt 4 ans dans sa belle villa du quartier Bastos à Yaoundé, le procureur Jean Fils Ntamack, qui détient alors la dernière carte pour la libération de l'ancien directeur de l'Institut supérieur de Management public, est porté disparu. Mieux, il est injoignable sur son téléphone portable toute la journée.
En homme du sérail, mais surtout en sa qualité d'élément d'un système qu'il a servi au plus haut niveau, mais qui s'est visiblement résolu à le broyer, Jean Marie Atangana Mebara, à ce Moment-là, a bien dû se douter de ce qu'il n'était pas au bout de ses peines. Il en aura d'ailleurs la confirmation le lundi d'après, 7 mai 2012, puisqu’il sera notifié d'un nouveau chef d'inculpation par le juge Magnaguemabé, celui-là même qui lui avait déjà filé les trois pour lesquels il a été acquitté quelques jours plutôt. Traduction: le cop's [copain dans l'argot estudiantin], comme les étudiants l'appelaient du temps où il présidait aux destinées du ministère de l'Enseignement supérieur, verra son bail derrière les barreaux de Kondengui prorogé pour au moins 18 nouveaux mois.
Popularité
Qu'importe si ses avocats crient au scandale, invoquant une nouvelle atteinte au nouveau code de procédure pénale! Depuis son déclenchement et au fil des procès, les tenants de l'opération épervier ne se moquent-ils pas ostentatoirement de tous ceux dans l'opinion qui, comme Jean Marie Atangana Mebara lui-même dans ses «lettres d'ailleurs», insinuent que cette entreprise d'assainissement des mœurs dans la gestion de la fortune publique est, elle-même, prise dans les serres de... l'injustice? Du coup, ces propos lancés à ses proches lors de son départ pour la case prison le 6 août 2008 revêtent toute leur importance: «je vous conseille de ne pas pleurer. Parce comme je m'en vais là, c'est pour un long bail. Soyez forts», avait soufflé Jean Marie Atangana Mebara à son épouse et sa belle-mère, toutes les deux en larmes.
Le 7 mai dernier donc, ce chrétien qui dans son livre récemment écrit au cachot rit pratiquement au nez de ceux lui prêtent à la fois des ambitions présidentielles et des accointances avec des cercles ésotériques, a été notifié d'un nouveau chef d'inculpation. Un seul. Et non deux comme on s'y attendait. Le second, visiblement, est soigneusement gardé comme cartouche au cas où lors du prochain procès, un autre président du tribunal s'aventurerait à le blanchir à nouveau? Comme le magistrat Schlick l'a fait le 3 mai dernier. Une manière de procéder qui rappelle la stratégie du rouleau compresseur évoqué dans une célèbre communication téléphonique entre Amadou Ali, alors Sgpr, et Edouard Akame Mfoumou, à l'époque ministre de la Défense. Les deux hauts commis de l'Etat complotaient alors contre Titus Edzoa. Un autre ancien Sgpr aujourd'hui derrière les barreaux. Comme M. Atangana Mebara.
Cependant, de par son tempérament qui n'a rien à voir avec la foudre Edzoa, ou alors avec l'impétuosité récente d'un certain Marafa Hamidou Yaya ; il est à parier que le «cop’s» Mebara, durant ses mois de détention à venir, ne s'attaquera pas à son mentor d'hier: Paul Biya. Mais il ya de fortes chances que les lecteurs soient gratifiés de nouvelles «lettres d'ailleurs›, dans lesquelles Jean Marie Atangana Mebara, 57 ans, tentera, cette fois-ci, des «dévoilements... secondaires d'une prise de l'épervier du Cameroun». Un pays pour lequel il aura été, de l'avis de nombreux membres de la communauté universitaire, le ministre de l'Enseignement supérieur le plus adulé par les étudiants.
Ces «Cop’s» avec lesquels il n'hésitait pas à prendre le train, guitare en main, leur distillant des sonorités sur le chemin des jeux universitaires de Ngaoundéré en 2001; ou alors en leur rendant visite de façon impromptue dans les mini cités, non sans laisser des messages dans la boîte aux lettres de ceux qu'il ne trouvait pas dans leurs chambres. De petites attitudes qui mine de rien, auront contribué à bouter la contestation hors des campus au cours de son magister au Minesup. Non pas parce que Jean Marie Atangana Mebara avait résolu tous les problèmes de l'université camerounaise, mais certainement parce qu'il avait su s'immerger dans l'univers des étudiants qui l'appelaient fort opportunément «cop's». Ces petites attitudes, malheureusement, vont également booster sa popularité et son rayonnement plus tard au secrétariat général de la présidence de la République, dans un landernau politique où il vaut mieux ne pas être trop en vue.
© BRICE R. MBODIAM | Mutations
L'ancien Sgpr, ministre de l'Enseignement supérieur adulé par les étudiants, a vu son bail en prison prorogé malgré une victoire au tribunal.
Un véritable coup de tonnerre dans la nuit. C'est ainsi que l'on peut considérer le verdict rendu le 3 mai dernier par le tribunal de Grande instance du Mfoundi, dans les affaires (BBj2 et Albatros) dites de l'avion présidentiel, impliquant l'ancien secrétaire général de la présidence de la République, Jean Marie Atangana Mebara. Après plusieurs audiences éreintantes qui ont parfois révélé une parodie de justice, mais surtout au terme de 3 ans et 9 mois de détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé au quartier Kondengui, l'ex-vice Dieu comme on appelle les secrétaires généraux de la présidence de par l'étendue de leur pouvoir dans la gestion des affaires du pays était blanchi des trois accusations jusqu'ici portées contre lui dans les affaires de détournements de deniers publics liés à l'achat d'un avion présidentiel neuf (BBj2), et de location à long terme d'un autre aéronef pour les voyages du chef de l'Etat (Albatros).
Du coup, le sandwich et le coca servis ce soir-là après la lecture du verdict à ce fils Mvog Nama de Nkomekoui dans l'arrondissement de Mbankomo, ont dû avoir une saveur toute particulière: celle de la liberté retrouvée. Mais la joie de cet ancien élève des séminaires Sainte Thérèse de Mvolyé et Saint-Paul de Mbalmayo n'aura duré que le temps des étreintes chaleureuses administrées à ses avocats et membres de sa famille. Car, dès le lendemain, de nouveaux obstacles vont s'ériger sur le chemin de sa libération. En effet, bien que les juges aient signé tous les documents pour que dès le vendredi 30 mai M. Atangana Mebara passe sa première nuit depuis bientôt 4 ans dans sa belle villa du quartier Bastos à Yaoundé, le procureur Jean Fils Ntamack, qui détient alors la dernière carte pour la libération de l'ancien directeur de l'Institut supérieur de Management public, est porté disparu. Mieux, il est injoignable sur son téléphone portable toute la journée.
En homme du sérail, mais surtout en sa qualité d'élément d'un système qu'il a servi au plus haut niveau, mais qui s'est visiblement résolu à le broyer, Jean Marie Atangana Mebara, à ce Moment-là, a bien dû se douter de ce qu'il n'était pas au bout de ses peines. Il en aura d'ailleurs la confirmation le lundi d'après, 7 mai 2012, puisqu’il sera notifié d'un nouveau chef d'inculpation par le juge Magnaguemabé, celui-là même qui lui avait déjà filé les trois pour lesquels il a été acquitté quelques jours plutôt. Traduction: le cop's [copain dans l'argot estudiantin], comme les étudiants l'appelaient du temps où il présidait aux destinées du ministère de l'Enseignement supérieur, verra son bail derrière les barreaux de Kondengui prorogé pour au moins 18 nouveaux mois.
Popularité
Qu'importe si ses avocats crient au scandale, invoquant une nouvelle atteinte au nouveau code de procédure pénale! Depuis son déclenchement et au fil des procès, les tenants de l'opération épervier ne se moquent-ils pas ostentatoirement de tous ceux dans l'opinion qui, comme Jean Marie Atangana Mebara lui-même dans ses «lettres d'ailleurs», insinuent que cette entreprise d'assainissement des mœurs dans la gestion de la fortune publique est, elle-même, prise dans les serres de... l'injustice? Du coup, ces propos lancés à ses proches lors de son départ pour la case prison le 6 août 2008 revêtent toute leur importance: «je vous conseille de ne pas pleurer. Parce comme je m'en vais là, c'est pour un long bail. Soyez forts», avait soufflé Jean Marie Atangana Mebara à son épouse et sa belle-mère, toutes les deux en larmes.
Le 7 mai dernier donc, ce chrétien qui dans son livre récemment écrit au cachot rit pratiquement au nez de ceux lui prêtent à la fois des ambitions présidentielles et des accointances avec des cercles ésotériques, a été notifié d'un nouveau chef d'inculpation. Un seul. Et non deux comme on s'y attendait. Le second, visiblement, est soigneusement gardé comme cartouche au cas où lors du prochain procès, un autre président du tribunal s'aventurerait à le blanchir à nouveau? Comme le magistrat Schlick l'a fait le 3 mai dernier. Une manière de procéder qui rappelle la stratégie du rouleau compresseur évoqué dans une célèbre communication téléphonique entre Amadou Ali, alors Sgpr, et Edouard Akame Mfoumou, à l'époque ministre de la Défense. Les deux hauts commis de l'Etat complotaient alors contre Titus Edzoa. Un autre ancien Sgpr aujourd'hui derrière les barreaux. Comme M. Atangana Mebara.
Cependant, de par son tempérament qui n'a rien à voir avec la foudre Edzoa, ou alors avec l'impétuosité récente d'un certain Marafa Hamidou Yaya ; il est à parier que le «cop’s» Mebara, durant ses mois de détention à venir, ne s'attaquera pas à son mentor d'hier: Paul Biya. Mais il ya de fortes chances que les lecteurs soient gratifiés de nouvelles «lettres d'ailleurs›, dans lesquelles Jean Marie Atangana Mebara, 57 ans, tentera, cette fois-ci, des «dévoilements... secondaires d'une prise de l'épervier du Cameroun». Un pays pour lequel il aura été, de l'avis de nombreux membres de la communauté universitaire, le ministre de l'Enseignement supérieur le plus adulé par les étudiants.
Ces «Cop’s» avec lesquels il n'hésitait pas à prendre le train, guitare en main, leur distillant des sonorités sur le chemin des jeux universitaires de Ngaoundéré en 2001; ou alors en leur rendant visite de façon impromptue dans les mini cités, non sans laisser des messages dans la boîte aux lettres de ceux qu'il ne trouvait pas dans leurs chambres. De petites attitudes qui mine de rien, auront contribué à bouter la contestation hors des campus au cours de son magister au Minesup. Non pas parce que Jean Marie Atangana Mebara avait résolu tous les problèmes de l'université camerounaise, mais certainement parce qu'il avait su s'immerger dans l'univers des étudiants qui l'appelaient fort opportunément «cop's». Ces petites attitudes, malheureusement, vont également booster sa popularité et son rayonnement plus tard au secrétariat général de la présidence de la République, dans un landernau politique où il vaut mieux ne pas être trop en vue.