YOUWIN2018

Quelques mois après la publication de votre ouvrage sur les déboires de notre équipe nationale fanion intitulé «programmés pour échouer», comment se portent les ventes dans les librairies?

C'est mon éditeur qui s'occupe des questions de vente de mon livre. Les informations qui me parviennent sont plutôt bonnes. Surtout que nous sommes servis, malheureusement, par le cafouillage qui continue de régner dans les rangs de l'équipe nationale du Cameroun. Et comme ce n'est pas demain que les choses vont changer dans ce pays, je pense que le livre est promis à un bel avenir. Il va encore rester d'actualité, et pour longtemps.


Au regard de la dernière actualité des Lions indomptables avec en toile de fond l'annulation du match amical Cameroun-Algérie, peut-on dire aujourd'hui que les faits vous ont finalement donné raison?

Je pense que tous ceux qui ont lu le livre reconnaissent que j'avais vu juste. J'ai dit, presqu'avant tout le monde, que notre équipe nationale souffrait d'une crise managériale aiguë. Tout le monde peut le voir aujourd'hui. On continue de fonctionner de manière villageoise. Comment comprendre qu'on paye encore les joueurs de l'équipe nationale du Cameroun, en 2011, par Western Union?


Etes-vous pour la convocation de Samuel Eto'o, Enoh Eyong et Benoît Assou Ekotto au conseil de discipline de la Fécafoot?

Ce sont tous les joueurs qui ont refusé de jouer contre l'Algérie. Il n'y en a pas un seul qui a voulu jouer. Je ne comprends donc pas très bien pourquoi on s’acharne sur Eto'o et Eyong Enoh. Je dois dire en passant que Eto'o a quitté la tanière avant tout le monde, avec la permission des responsables de l'équipe. Si les autres joueurs voulaient de ce match contre l'Algérie, je ne vois pas très bien comment Eto'o aurait pu les contraindre à ne pas jouer, sans être physiquement là. Chacun de nous a son libre arbitre. Donc, tous les Lions ont refusé de jouer contre l'Algérie et il faut se demander pourquoi, plutôt que de chercher des bouc-émissaires. En réalité, la fédération est aux abois et multiplie des actes pas très malins. Or, elle a depuis longtemps étalé son incapacité consommée à pouvoir diriger cette équipe. A Tsinga, ils sont tout simplement dépassés. Il faut les aider en les soulageant de cette équipe.


Certains observateurs de la scène footballistique pensent qu'avec ce scandale de trop, les responsables de la Fécafoot devaient rendre gorge. Vous aussi?

Ailleurs les gens sont contraints à la démission pour dix fois moins que ça. On aligne des scandales depuis quelques temps, à l'indifférence des plus hautes autorités de ce pays. Avec le match manqué contre l'Algérie, on est passé à deux doigts d'une crise diplomatique. Et si cela ne réveillent pas ceux qui dirigent ce pays, eh bien, moi les bras m'en tombent On a échoué à la Can en Angola, on a été avant-dernier à la coupe du monde en Afrique du Sud, on n'a pas pu se qualifier pour la Can 2012 et, au moment où on parle de reconstruction, on se rend compte que le socle est trop fragile. Donc, rien ne peut être construit. Prenons exemple sur les Français qui ont soldé le lourd passif de leur bérézina sud-africaine, ils ont touché leurs problèmes du doigt et, aujourd'hui ça va mieux. Les Français ont retrouvé la joie de voir leurs Bleus. Pourquoi ne peut-on pas faire la même chose chez nous ? Est-ce donc si difficile que ça?


A cette allure où on continue, malgré tout, de célébrer la reconstruction de cette équipe, comment entrevoyez-vous l'avenir du football camerounais? Sous un soleil radieux ou dans un épais nuage d'incertitude?

Nous avons un atout: des joueurs parmi les plus talentueux. Aucun pays africain n'a l'effectif dont dispose le Cameroun aujourd'hui. Aucun. Et pourquoi nous ne gagnons pas? Parce qu'il y a un gros problème dans le management de cette équipe. Si les choses changent, nos Lions, édentés pour le moment, vont retrouver, et très vite, leur férocité.