Issa Tchiroma: «La politique, c’est le seul métier auquel on ne peut pas tourner le dos»
Issa Tchiroma: «La politique, c’est le seul métier auquel on ne peut pas tourner le dos»
(journal du cameroun 07/04/2010)
Le président du FSNC a passé en revue les tenants et les aboutissants de sa tournée à travers le Cameroun
La rencontre que le ministre Issa Tchiroma Bakary a eu avec le public dans les locaux de l’hôtel Mentong Palace de Ngaoundéré était tout sauf une conférence de presse. Baptisée comme telle sur le programme de sa visite officielle de deux jours, il s’agissait plutôt d’une conférence de presse publique peut-être! Puisqu’en plus des journalistes, elle était ouverte aux étudiants, aux universitaires, bref au grand public qui avait la latitude de poser des questions. Une rencontre qui était censée lui permettre selon ses propres termes de rencontrer le Cameroun d’aujourd’hui et le Cameroun de demain.
Pendant plus de deux heures et demi, le Mincom avec la verve qu’on lui connait a pu tenir en haleine tout ce nombreux public auquel il a tenu à préciser d’entrée de jeu qu’il n’y a pas de question taboue. Après son propos liminaire axé sur la grandeur de notre nation, sur ses richesses, sur le contexte sociopolitique, économique et culturel dans lequel intervient la tournée qu’il entreprend à travers le Cameroun, il a abordé d’autres problématiques.
Il a parlé de la corruption, la conjoncture qu’a traversé le Cameroun, ses causes exogènes et endogènes, le chômage, la fuite des cerveaux, l’insécurité, son expérience en quarante ans d’exercice de la politique, la porosité des frontières, la paix au Cameroun, l’embellie économique qui se dessine à l’horizon avec le retour des investissements… tout a pratiquement été passé au scanner.
Comme morceaux choisis, Issa Tchiroma dira par exemple au public dans son propos liminaire que je ferais de vous tous des militants et des militantes du FSNC parce que vous tous, je sais que vous êtes des hommes et des femmes de qualité qui regorgez des potentialités et des richesses dont le FSNC a besoin. D’où la question d’un confrère, de savoir si le ministre Issa Tchiroma était en campagne pour le compte du FSNC ou pour celui du RDPC.
A cette question quelque peu lancinante, le Ministre Issa Tchiroma Bakary dira, je suis en campagne pour dire quelle est la mission du président de la République… Suis-je en campagne? Oui. Suis-je en campagne pour le président de la République? Probablement. Parce qu’il fait de très grandes choses. Et quand on fait de très grandes choses, il faut le dire. La politique, c’est le seul métier auquel on ne peut pas tourner le dos. Car tout ce qui se fait pour nous sans nous se fait contre nous.
A la question de savoir s’il n’est pas un opportuniste politique ou s’il n’en faisait pas un peu trop dans sa mission de porte parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary répondra que Hier il y avait une plaque et on ne voulait pas que je voie cette plaque. Et bien, je suis allé la chercher. Et sur cette plaque ils ont dit, nous ne voulons pas de prostitution politique. Mais je vais vous dire une chose.
Si j’étais resté fidèle, si j’étais resté où j’étais, je ne serais pas ministre de la communication. Je voudrais rappeler à ceux qui ne le savaient pas que j’ai été l’un des pères fondateurs de ce parti (l’UNDP Notamment). Et je ne vais pas le citer pour lui faire de la publicité. Ce parti est entrain de crever… lorsqu’on est venu récupérer ce parti, les cinq dernières années, j’étais réduit à être simple militant de base, interdit même d’être président de comité de base, moi qui étais secrétaire politique, l’un des pères fondateurs de ce parti. On m’a interdit non pas parce que j’ai fait quelque chose mais pour ce que je suis.
Prenant l’exemple des Etats-Unis d’Amérique où Collin Powell, Républicain parmi les Républicains qui avait décidé de soutenir Barack Obama, Issa Tchiroma pense qu’il ne s’agit pas de prostitution politique. Vous avez une position figée et dogmatique. Ce n’est pas de la dogmatique en politique a-t-il ajouté. Wilson Churchill, le Lion britannique a tout été. Je suis à la recherche de la perfection et pourquoi devrai-je rester là où ça ne va pas? L’homme politique c’est celui qui, lorsqu’il s’aperçoit que si le chemin qu’il a choisi va vers l’impasse, son devoir c’est de se raviser et de changer de chemin. Car s’il ne le fait pas, il devient traitre à la cause et il aura trahit ceux qui le suivent. Dans le monde, l’univers dans son immensité et sa complexité, la seule chose qui ne change pas, c’est que tout change. Et tout ça Issa Tchiroma Bakary du haut de ses quarante années d’exercice politique l’a bien compris.
S’adressant particulièrement aux militants de son parti dans le septentrion, il dira que le Président nous a déjà donné dix mille fonctionnaires de la catégorie A1 et A2 (grâce à l’Ecole Normale Supérieure de Maroua). Il faut que nous lui soyons reconnaissants, car comme vous le savez, la loi de la vie c’est du donnant-donnant. Pour les rassurer davantage par rapport à leurs conditions de vie difficiles, il dira que les opérateurs économiques sont à nos portes! Il affirme avoir reçu une délégation de Chinois qui entrevoient d’investir près de 200 milliards de francs CFA dans la construction d’un nouveau chemin de fer dans la perspective de l’exploitation des minerais et des produits du sous sol camerounais. Ces mêmes Chinois prévoient l’importation très prochaine au Cameroun de 500 nouveaux bus et l’installation d’une station de montage à Douala et à Yaoundé. C’est pour cela que nous sommes aux côtés du Président, conclue-t-il.
Par Maturin Petsoko