Issa Tchiroma: «Certains journalistes obéissent à des intérêts masqués»

DOUALA - 10 DEC. 2012
© Edouard Kingue | Le Messager

ssa Tchiroma qui a la capacité de traiter plusieurs choses à la fois, entre cette interview à bâtons rompus et diverses sollicitations, s’est dit agréablement surpris de la démarche du Messager, qui ne lui voue pas « un amour particulier », selon lui.


Issa Tchiroma Bakary, MINCOM
Photo: © Le Jour


Issa Tchiroma qui a la capacité de traiter plusieurs choses à la fois, entre cette interview à bâtons rompus et diverses sollicitations, s’est dit agréablement surpris de la démarche du Messager, qui ne lui voue pas « un amour particulier », selon lui. Le ministre de la com’ aime « porter la parole ». C’est le moins que l’on puisse dire. Avec lui, on ne s’ennuie jamais. Nous lui avons donc donné la parole au sortir des états généraux de la communication(Egc).


A l’issue de ces états généraux de la communication, poussez-vous un ouf de soulagement ou pensez-vous qu’on aurait pu procéder autrement pour réunir les professionnels de la communication ?

Je veux dire ma joie et le plaisir d’avoir constaté qu’à quelques rares exceptions, la presse et toute la famille de la communication a répondu massivement à l’appel pour la réussite de l’évènement. La séance d’ouverture était grandiose, marquée par la solennité, l’engouement et l’enthousiasme. Nous avons vu côte à côte, les figures emblématiques de la communication, les locaux, la diaspora, les professionnels invités, les experts, etc., nourris par la même motivation de faire avancer l’environnement communicationnel, débattre, proposer, se mettre à l’œuvre, animés par le souci de la réussite de ces assises.


Le principal syndicat des journalistes (le Snjc, Ndlr) a toutefois prôné le mot d’ordre de boycott actif. Avez-vous tenu compte de ses revendications ?

J’en profite pour m’adresser à ce syndicat qui a cru bon prôner le mot d’ordre de boycott, que ses adeptes ont manqué l’occasion de faire valoir leurs points de vue dans les ateliers spécialisés qui étaient ouverts à toutes les contributions. La politique de la chaise vide ne paye pas. Le Snjc a raté l’occasion d’apporter sa pierre à l’édification de ce monument de la concertation et du dialogue entre professionnels. Je voudrais rappeler aux uns et aux autres que les résolutions endossées et validées par les Egc s’imposeront à tous. Du reste, le gouvernement ne ménagera aucun effort pour que les résolutions et recommandations des Egc soient traduites dans les faits. S’il faut modifier une ou plusieurs lois qui gouvernent la presse, par mon entregent, le gouvernement en sera saisi et un projet de loi subséquent sera déposé à la représentation nationale…


Pourquoi n’avez-vous pas fait appel à ce syndicat pour la préparation de ces Egc ?

C’est en 2010 que j’ai annoncé la volonté du gouvernement d’organiser les Egc. Nous avons fait appel aux professionnels, aux syndicats, et aux experts dans divers domaines liés à la communication. Ce travail nous a valu trois ans de préparation.


Vous avez fait appel à certains de vos prédécesseurs qui ont pris part aux travaux, parmi lesquels Kontchou Kouomegni qui a organisé les Egc il y a …18 ans et surtout Fame Ndongo qui lui, n’a pas organisé ces assises du temps où il présidait aux destinées du ministère. Aviez-vous si besoin de vous sentir, disons, bien ‘encadré’ par eux?

J’atteste que je suis l’héritier et le continuateur de l’œuvre de mes prédécesseurs qui auront par leur présence apporté des contributions qui attestent de leur adhésion aux Egc.


Selon vous, la communication en sort-elle grandie ?

C’est un nouveau départ, un nouvel élan voulu par le gouvernement, accepté par les professionnels. Ce qui engage ces deux partenaires à regarder dans la même direction, à travailler la main dans la main pour le triomphe de la cause commune, pour la grandeur et la beauté de notre nation.


Des bruits ont couru avant la fin des Egc, que vous avez été appelé au palais de l’Unité. Certains ont pensé que vous alliez être victime du coup de feu Georges Ngango, -ancien ministre de l’éducation- ou de Eteki Mboumoua-ancien ministre des Affaires extérieurs- limogés alors qu’ils présidaient des assises d’importance comparables aux Egc… (Ndlr : Le 23 avril 1989, M. Georges Ngango est sorti du gouvernement alors que, ministre de l'Education nationale, il présidait un séminaire visant à harmoniser les systèmes d'enseignement francophone et anglophone. La première victime sous l'ère du Renouveau étant l'ancien ministre des Affaires étrangères, M. William Aurélien Eteki Mboumoua, débarqué le 22 janvier 1987 à la suite de l'établissement controversé de relations diplomatiques avec la Hongrie.)

Je suis un serviteur. J’ai choisi d’accompagner le président jusqu’à la fin de sa carrière partout où il estime que je lui serai utile. Je donnerais le meilleur de moi-même pour mériter sa confiance, à la hauteur des responsabilités qu’il voudra bien me confier.


C’est quand même bizarre. En privé, vous êtes l’ami de bon nombre de journalistes -certains disent que vous fricotez avec eux-, mais vous êtes régulièrement brocardé à longueur de colonnes et sur les ondes. Comment l’expliquez-vous ?

Au lendemain de mon élévation à la fonction de ministre de la Communication, j’ai déclaré urbi et orbi que la presse est mon amie. Parfois, il y a des couacs, des malentendus et des malaises, mais tout finit par rentrer dans l’ordre. Après remous et secousses, je demeure l’ami de la presse. C’est vrai que certains sont dogmatiques, adoptent des positions manichéennes et parfois obéissent aux injonctions des intérêts masqués. Mais dans l’ensemble les relations sont bonnes.

Propos recueillis par Edouard Kingue



11/12/2012
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