Le ministre de la Communication fait le premier point du déplacement présidentiel
M. le ministre, au stade actuel, quel bilan peut-on dresser de la visite de travail du président de la République en France ?
Tout se passe bien. Les objectifs assignés à cette visite ont
été atteints. La preuve, c’est l’engouement que cette visite a suscité
auprès des investisseurs et opérateurs économiques français, au point où
le chef de l’Etat a senti le besoin de prolonger sa visite pour
continuer à recevoir les innombrables opérateurs économiques et
investisseurs qui se ruent aux portes au Cameroun. De manière générale,
la visite de travail du président de la République en France s’est
articulée autour de quatre points : la réception du chef de l’Etat à
l’Elysée, la rencontre avec le Medef, autrement dit le patronat
français, la rencontre avec la diaspora et les audiences accordées aux
opérateurs économiques français, lesquelles se poursuivront ce lundi et
possiblement mardi. Sur le premier point, la rencontre à l’Elysée a
permis aux deux chefs d’Etat d’évoquer des questions d’ordre politique
et économique. Sur le plan politique, il s’est notamment agi d’échanger
sur les points chauds où il y a conflit armé en Afrique, le Mali, la
Rca, etc. Le président Biya a salué la présence de la France au Mali. Le
Cameroun soutient aussi tous les pays africains qui y sont ou qui
envisagent d’y intervenir pour débarrasser cette nation des djihadistes
et des narcotrafiquants qui l’ont coupé en deux.
Qu’en est-il de l’aspect économique ?
Sur le plan économique, le président camerounais a porté à
l’attention de son homologue français les investissements structurants,
il a exalté la coopération exemplaire entre la France et le Cameroun, il
a demandé le soutien de la France afin que les grandes réalisations
puissent être menées à bon port, la France qui apporte déjà un soutien
multiforme au Cameroun, chaque fois que cela est nécessaire. Pour sa
part, le président français a exalté l’excellence des relations entre le
Cameroun et la France et s’est engagé à soutenir, à continuer à
soutenir le Cameroun dans ses actions de développement, notamment en ce
qui concerne les projets structurants. Le président Hollande a aussi
invité les investisseurs et opérateurs économiques français à être aux
côtés du Cameroun.
S’agissant de la rencontre avec le Medef, il faut dire que 135 patrons d’entreprises ont répondu à l’appel du chef de l’Etat, Paul Biya, et ont participé sans réserve aux débats. Après l’exposé délivré par le Minepat, tous les autres ministres qui font partie de la suite du chef de l’Etat ont pris la parole, pour développer, chacun dans son domaine de compétence, le potentiel ainsi que les besoins présents et futurs du Cameroun en termes d’investissements. Il faut signaler que 200 entreprises françaises, au moins, sont déjà présentes au Cameroun. L’enthousiasme noté au cours de la rencontre avec le Medef était telle que les hommes d’affaires français ont applaudi à tout rompre après l’exposé des différents membres du gouvernement. C’est dire que les exposés ont été à la hauteur de leurs attentes. Il faut enfin dire sur ce point que le chef de l’Etat a rassuré les investisseurs français. Le Cameroun est un bon risque, leur a-t-il dit. Les conditions et le réformes sont réunies pour faire les affaires. Les opérateurs économiques français ont donc été invités à se joindre au Cameroun dans le vaste chantier de l’émergence en 2035.
Il y a eu enfin la rencontre avec la diaspora. Malheureusement, à cause d’un empêchement diplomatique, le chef de l’Etat n’a pas pu y prendre part. Le programme du président Biya ne lui permettait pas d’honorer cette rencontre de sa présence. Il a donc dépêché auprès de cette diaspora le ministre des Relations extérieures, Pierre Moukoko Mbonjo, et l’ensemble de sa suite officielle. Les échanges ont été cordiaux.
M. le ministre, une controverse a cours en
ce moment sur la qualité de l’accueil réservé au président de la
République à son arrivée en France. Est-ce que ce n’est pas un affront
que d’être reçu par l’ambassadeur Bruno Gain ?
Cette polémique atteste de l’ignorance ou de la mauvaise foi
des journalistes qui ont traité de la question et qui ignorent les us et
coutumes diplomatiques. Dans tous les cas, je tiens à faire la
précision suivante : en matière de diplomatie, il existe trois sortes de
visites. Chacune des visites a un format immuable appliqué à tous les
chefs d’Etat, quel que soit le pays d’où ils viennent. Il y a la visite
d’Etat, la visite de travail et la visite amicale et de courtoisie.
L’accueil et la réception offerts au président camerounais correspondent
au format de la visite de travail qui a été choisie par les parties
française et camerounaise.
Sauf que ce n’est pas la première visite
de travail que le président Biya effectue en France, il n’a jamais été
accueilli de la sorte !
Il ne faut pas confondre visite d’Etat et visite de travail.
Consultez bien vos annales, pour ce qui est de la visite de travail,
l’accueil s’est toujours fait de la sorte. J’en profite pour apporter un
cinglant démenti à ce qui a été rapporté dans vos colonnes. Ici, à
Paris, j’ai accordé des interviewes à des télévisions, Crtv, Camnews 24,
Africa 24, Equinoxe, à des radios, Crtv, Magic Fm, Sky one, Rts, etc.
Dans aucun de ces organes de presse, je n’ai fait état d’un
mécontentement ou d’une frustration de la délégation camerounaise
relativement à cet accueil. Toutes mes déclarations à ce sujet ont été
faites publiquement, donc ce qui je dis peut-être vérifié. J’apporte
donc un démenti à ce qui a été écrit de Paris, tout en appelant au
sérieux et au professionnalisme des uns et des autres. Du reste,
j’annonce que je vais organiser, dès mon retour à Yaoundé, une séance de
formation à l’intention des journalistes, à l’Institut des Relations
internationales du Cameroun (Iric) afin de les éclairer sur les règles
en matière de diplomatie.
M. le ministre, finalement s’agissait-il
d’un tête-à-tête entre les présidents Biya et Hollande à l’Elysée ou
d’une séance de travail entre deux équipes autour des deux présidents ?
Les deux à la fois. Le format était fonction de la visite de
travail. Avant que les deux chefs d’Etat ne se rencontrent, tous les
contours ont été dessinés. Et puis, je dois vous rappeler que l’objectif
majeur de la visite du président en France, qui était la rencontre avec
les opérateurs économiques français, est un succès à 100%.
Sur le perron de l’Elysée, le président de
la République a indiqué que le Cameroun est une terre de libertés,
pourtant pas plus tard que la semaine dernière, des cas de violations
des libertés et des droits de l’homme ont été signalés à Yaoundé…
Avant le chef de l’Etat, il y a d’abord les gouverneurs,
préfets et sous-préfets, qui sont garants de l’ordre et de la paix
sociale à travers le pays. C’est à eux qu’il incombe la charge
d’apprécier si un rassemblement public n’est pas de nature à porter
atteinte à l’ordre ou à la sécurité publics. Les autorités
administratives sont investies de ce pouvoir d’appréciation. Sur cette
base-là, on ne peut pas dire qu’il y a violations des libertés et des
droits de l’homme. Il y a des raisons invoquées qui procèdent du
maintien de la stabilité et de la sécurité du pays.
Comment pouvez-vous penser que le président français peut prêter une oreille attentive à des gens qui sont en rupture de ban avec les lois et règlements de la République, des délinquants économiques, condamnés par les tribunaux à des lourdes peines de prison pour des détournements massifs d’argent ? Non, ce n’est pas possible, parce que la France soutient le Cameroun dans la lutte engagée contre la corruption et les détournements de deniers publics.
Sur la question de l’homosexualité, d’aucuns estiment que le chef de l’Etat n’a pas tranché dans sa réponse à la presse...
Le chef de l’Etat a été clair. Il y a 50 ans, dans la France,
essentiellement chrétienne catholique, on ne pouvait pas un seul instant
parler librement de l’homosexualité. C’est déjà le cas aujourd’hui. Au
Cameroun actuellement, 95 à 99% de personnes sont des croyants
catholiques, protestants, animistes et musulmans. Tous sont contre
l’homosexualité parce qu’ils appartiennent à des croyances qui vont à
l’encontre de l’homosexualité. La plupart des députés qui votent les
lois à l’Assemblée nationale sont issus de ces 95 à 99% de Camerounais
qui n’admettent pas l’homosexualité. Le président de la République a
donc le devoir de respecter la volonté de son peuple et surtout de faire
appliquer la loi dans ses dispositions actuelles. Peut-être, dans 50
ans, les choses peuvent évoluer.
Après la France, le président Biya
rentrera-t-il directement au Cameroun ou fera t-il un détour à Genève
pour un court séjour privé ?
Cessons de faire ce genre de procès au chef de l’Etat. A
l’heure où je vous parle (hier en milieu d’après-midi, ndlr), le
programme des audiences du chef de l’Etat est en train d’être établi. Le
président Biya va poursuivre ses audiences avec des personnalités qui
peuvent aider le Cameroun. Des ministres vont d’ailleurs assister à
certaines de ces audiences. Donc, pas de procès de mauvais goût au chef
de l’Etat ! Et puis, sachez-le : où qu’il se trouve, le président de la
République travaille pour la nation.