ISSA TCHIROMA BAKARY : FAUX PROPHETE OU FOU FURIEUX
ISSA TCHIROMA
BAKARY : FAUX PROPHETE OU FOU FURIEUX
Le dernier gouvernement, attendu pendant très longtemps, a
fini par être rendu public le 30 juin 2009. Si globalement, l’ossature est restée
la même et le nombre de ses membres également, les poids lourds confirmés à
leur poste ou mutés à un département équivalent, l’arrivée de Yang Philémon
murmurée çà et là depuis plus de 7 ans venu remplacer Thomas Inoni Ephraim, la
seule curiosité de ce gouvernement provient de la nomination de Issa Tchiroma
Bakary à la tête du département de la communication.
Pour pas mal de Camerounais, cette nomination est plus qu’une
curiosité. Une véritable forfaiture. On est tenté de les croire si on s’en
tient à la peinture du nouveau mincom faite par ceux qui prétendent le connaître
très bien. Peinture faite en 5 tableaux. Cinq tableaux qui tirent la sonnette
d’alarme pour prévenir qu’il ya un loup dans la bergerie. Tchiroma, un pête
gras…
1/ L’homme
Un sage grec a prétendu que le physique est le reflet de
l’âme. On pourrait dire à sa suite qu’on reconnaît le moine à sa bure. Ceci
n’explique peut-être pas cela mais le look du ministre de la communication
n’est pas sans rappeler celui des talibans. A preuve...
De sources concordantes, il apparaît que notre communicateur
national a des racines dans les vieilles familles des soufis du Sénégal.
Certains corrigent en arguant qu’il aurait plutôt des proches parents chez les
griots de ce pays ami. Le Ministre de la Communication serait donc un transfuge
sénégalais ayant trouvé gîte et pitance chez nous. Et pourtant, l’homme se veut
de Garoua. Mais personne ne se rappelle de quel village de la zone il est
réellement.
Son père de très regretté mémoire nous aurait sans doute
éclairé là-dessus. Hélas... En tout cas, ce confident de Fru Ndi à une époque
pas très lointaine a agrandi à Garoua. On nous signale qu’il y a fait des
études primaires en pointillés comme il l’a précisé lui-même à une émission TV.
Au secondaire, il n’a pas laissé un souvenir impérissable. On attend son
démenti mais pour l’heure, le seul diplôme valable qu’on lui reconnaît est le
CAP en quelque chose de pas très académique. Pour les hypothétiques études
d’ingénieur en chemin de fer en France, vos fins limiers ont interrogé en vain
l’almanach des grandes écoles en France. Le ministre va nous préciser quels
étaient ses camarades de classe et surtout où se situe cette école dans l’hexagone
(les gens racontent...). Du coup, le CV du nouveau Mincom tient sur l’ongle de
l’auriculaire. D’ailleurs, a-t-on besoin d’être agrégé pour changer d’opinion
comme une femme sur sa coépouse ? Même s’il faut avoir lu un certain
nombre de livres pour savoir que parmi les animaux domestiques, seul le porc
consomme ses propres excréments…
Certains zélateurs ont quelque fois comparé le ministre Kontchou
Kouomegni Augustin à Issa Tchiroma Bakary. Ils vont un peu vite. L’un est
agrégé et l’autre est un affabulateur dont le livre de chevet serait le
syllabaire. Le premier est un concepteur et un politique et le second est juste
un laudateur dont les menteurs (des jaloux sans doute) pensent qu’il puise ses
compliments dans les fosses sceptiques. Or, ce département ministériel est
celui des intellectuels et autres grands historiens du présent et du futur. On
s’excuse très platement auprès de son excellence notre ministre un peu sénégalais
si tout ce qui a précédé est faux. On attend son droit de réponse ; et on
lui précise que ce n’est pas le ministre de la communication qui interdit les journaux
mais bel et bien le Minatd (achouka !).
Ton camarade de classe Malam Garba
2/ L’homme politique
Les blancs dérangent. On ne sait pas où ils sont allés
chercher cette diablerie de démocratie. Au nom de cette invention du diable, on
connaît de véritables impostures chez nous. Qui se souvient encore de Koumbin
Bilitik, Me Nseth Appolinaire, Ateba Ngoa, Me Bizolé ? Tous, à un moment
donné, se sont présentés aux Camerounais comme des hommes providentiels venus
tout droit du ciel pour les sauver. Et pourtant, la plupart d’entre eux sont
allés en prison pour vol, escroquerie, viol et autres larcins. Nicole Okala,
elle, a revu ses ambitions à la baisse ; elle est présidente d’une sombre
sous section ofdpc quelque part dans le vaste Mbam. Elle a définitivement
oublié qu’elle était présidente nationale du PSC (parti créé par son feu père)
et qu’elle fut candidate pour briguer Etoudi. Kodock, à force de s’accrocher au
serpent, s’est fait mordre et s’est finalement noyé sans avoir convaincu grand
monde.
Il reste ITB (lire Issa Tchiroma Bakary et non Immonde
Traitre de Bello). ITB est un cas unique dans l’histoire politique du Cameroun.
Il dit ou laisse dire qu’il était un étudiant très engagé politiquement. Il
aime qu’on dise qu’il a fait la prison politique sous Ahidjo, même si certains
prétendent qu’il ne doit sa sortie de l’ombre qu’à ses multiples flatteries et
autres salamalecs distribués à longueur de journée à feu Moussa Yaya Sarkifada
( vocation précoce). C’est grâce à ce dernier qu’il a pu être recruté à la
Régifercam où on l’a poussé à un poste de directeur. S’il avait combattu Ahidjo
comme il le prétend, c’est du côté de l’Upc qu’on l’aurait retrouvé et non du
côté de l’Unc où il s’est toujours battu pour occuper un poste voyant.
Après son mentor, on retrouve ITB en 1990, pendant les années
énervées de notre démocratie naissante. Ces années ont entraîné tout genre de
confusion. Les vrais patriotes ont quelque fois été éclipsés par les francs
tireurs. En tout cas, on a vu ITB à la tête de toutes les marches de
contestations contre Biya. On le dit même inspirateur de toutes les casses et
de toutes les violences à Garoua, pendant qu’il encombrait de sa présence le
parti du pourtant très pondéré Bello Bouba Maigari. C’est lui, nous dit-on, qui
a prétendu qu’il mettra Garoua et le Cameroun à feu et à sang si le président
Biya ne démissionnait pas de son poste. Car à l’époque, ITB était le plus violent
opposant de l’homme qu’il clame adorer aujourd’hui. Aucune injure, aucune
menace n’était de trop pour cracher sa haine envers le Chef de l’Etat, sa
famille et l’ensemble du Rdpc. On l’a vu aux côtés de Moussa Yaya. On le verra
à l’Undp. Le président Bello quoique opposant, sait faire la part des choses.
Il différencie l’injure de la critique. Il sait que la politique n’est pas la
guerre. Il reconnaît en Paul Biya un compatriote, quoique du bord opposé.
Toutes choses que Tchiroma piétinait à l’époque. Chez ITB, la trahison et la
violence vont de pair.
Il va entrer la première fois au gouvernement sans l’aval de
son président national qui avait d’autres ambitions pour lui. Chassé de l’Undp,
il va aller se refugier chez Hamadou Moustapha. Ce dernier va également le
bouter hors de son parti –l’Andp- au moment où des rumeurs de coup d’état très
proches de ITB menaçaient d’arracher le parti à son fondateur. Reconnu à tort
ou à raison comme un violent un peu traître, Tchiroma va retourner au quartier.
Il va végéter de longues années durant. Il connaitra même quelques problèmes de
factures d’électricité. On le verra même souvent muni d’un jerrycan d’essence
allant chercher du zoua zoua pour résoudre la panne sèche de son véhicule. Sa
mise défraichie et son quotidien laborieux vont aggraver la colère et la
rancune de notre homme envers le Chef de l’Etat. On le voit alors dans toutes
les réunions où on bouffe du Biya. Il est de toutes les rencontres sécessionnistes
qui ont abouti à la rédaction du fameux mémorandum du Grand Nord. Personnage
instable, vomi par tous, il va supplier Bello de le reprendre à l’Undp. Bon
père, le président Bello va lui pardonner sa trahison. Toutefois (un homme
averti en vaut deux), il ne lui confiera plus un poste de responsabilité.
Puis arrive le congrès de Bertoua. ITB ayant la
reconnaissance du serpent, va profiter de l’occasion pour tenter de tuer
politiquement son sauveur, le président Bello Bouba Maigari. Il va adresser un
pamphlet à tous les congressistes et à tous les militants du parti. Cette
lettre dit en gros que le président Bello est un incapable. Qu’il a tué le
parti. Bref, qu’il n’est plus l’homme de la situation. Tout le monde refuse de
suivre le putschiste dans cette énième trahison. Tchiroma échoue lamentablement
et toute honte bue, quitte à nouveau l’Undp, la queue entre les jambes et la
barbichette en berne.
Entretemps, certains de ses acolytes et co-rédacteurs du
mémorandum entrent au gouvernement. ITB devra continuer à tirer le diable par
la queue (c’est même le diable qui le tirait) pendant que Moustapha, Dakolé et
les autres vont se la couler douce. Il ne pardonnera jamais cela au Président
Biya. Désormais, il n’a plus aucune retenue dans l’invective et les diatribes.
Il fait la cour à tous les journalistes. Il fait la danse du ventre devant tous
les présentateurs télé pour qu’on lui donne l’occasion de partager sa haine de
l’homme lion avec l’opinion nationale. Il s’y emploie tellement qu’on le croit
même un peu fou. Au passage, il crée le FSNC, un petit machin qui tiendrait
bien son congrès dans un canari. Personne ne le suivra ici non plus. Même pas
son épouse qui préfère préserver ses petites affaires avec le rdpc. C’est alors
qu’il est contacté (il va nous écrire pour démentir) par le G11. La rumeur dit
qu’on lui a tenu à peu près ce langage : « Laisse la violence... On
veut la même chose que toi… C’est suicidaire de s’attaquer de front au vieux...
Fais comme nous, viens avec nous, on va te faire entrer au gouvernement en
attendant le moment propice... Tu vas disperser ses troupes en semant la
confusion dans son parti... Tu vas écarter ses fidèles... Tu vas fragiliser son
parti en te renflouant… ».
On ne sait pas si ces choses sont liées mais Tchiroma sera
coopté par Thomas Inoni Ephraim. C’est lui qui va monter au filet pour dire au
monde entier que Paul Biya a raison de modifier la constitution. Il n’y avait
pas meilleure occasion pour un chargé de missions pour endormir Paul Biya à qui
le projet de modification de la constitution tenait à cœur comme chacun le
sait… L’ancien PM lui donnera les moyens de cette politique comme le prouvent
la grande conférence de presse organisée au Hilton suivie d’un repas copieux à
l’hôtel des députés sans oublier les sommes colossales distribuées aux griots
(le fauché là a trouvé tout cet argent là où ?). Après Yaoundé, il fera
pratiquement le tour du pays pour le même boulot. Plus tard, il va répondre
très violemment à toute la presse occidentale lorsque le CCFD publiera des
articles sur la prétendue fortune du Président de la République. A vrai dire,
personne n’est jamais allé aussi loin dans la flagornerie. Même les militants
les plus fanatiques du Rdpc se demandent encore comment il a fait. Tout ceci va
convaincre certains dans l’entourage de Biya qu’ITB est l’homme de la
situation. On va « obliger » le président national du Rdpc à nommer
cet opposant irascible au gouvernement du 30 juin au très stratégique et très
sensible poste de patron de la communication. Tchiroma le pyromane d’hier est
devenu sans transition le sapeur pompier d’aujourd’hui. A présent, il s’emploie
à éteindre un feu qu’il a lui même aidé à allumer. Mais on sait à quoi s’en
tenir...
Question à dix francs : que valent les louanges d’un
griot ? Un jour, Tchiroma partira du gouvernement. Les vrais amis de Biya
tremblent déjà à l’idée des injures et des secrets qu’ITB dira à l’opinion sur
ceux qui l’ont fait roi. On attend…
Iman Moussa Ali (un vrai ami de Paul Biya)
3/ Le Ministre des
Transports
Un jour, un homme fait un voyage à Douala. Il revient chez
lui deux jours avant la date fixée pour son retour. Il surprend sa femme et son
amant entrain de conjuguer le verbe aimer à tous les temps de l’indicatif et en
tenue d’Adam et Eve. Le mari cocu, désemparé et écœuré, appelle le voisinage au
secours aux cris de « au voleur ! au voleur ! ». L’amant,
pour éviter le lynchage, saute par la fenêtre mais se fait rattraper par les
gardiens du coin venus en renfort croyant neutraliser un voleur. Ce dernier cherche
à sauver sa tête en déclinant sa vraie fonction auprès de madame. Les gardiens
lui rétorquent qu’il est quand même un voleur puisqu’il prend le sucre d’autrui
sans la permission de monsieur...
Cette histoire relatée en son temps par le journal Le popoli
ne concerne en rien le ministre Issa Tchiroma Bakary et sa très fidèle épouse.
Le Ministre a d’autres chats à fouetter. Il s’occupe des grands chantiers de la
République. Comme le péage qui mérite quelques attentions de la part du pouvoir
judiciaire. Ou comme la Camair. On se souvient de la fameuse affaire des
contrats de maintenance de la Camair avec des Sud-Africains dans lesquels son
épouse avait joué un rôle qu’on dit déterminant. A l’époque, l’affaire fit
grand bruit. On cite même ce scandale parmi les plus grosses affaires de ces
trente dernières années. On attend toujours que le Contrôle supérieur de l’Etat
ouvre ce dossier qui a privé le Cameroun de plusieurs dizaines de milliards.
On ne fera pas l’impolitesse à ITB en lui demandant qui
gagnait les marchés au ministère des transports ni s’il fallait « donner
quelque chose » au chef. En tout cas, il semble bien que le ministre s’est
fait beaucoup d’argent à ce département ministériel. Pourquoi donc la dèche une
fois débarqué ? Dame rumeur suggère une histoire croustillante :
« N’est ce pas que notre ami a été frappé ! Les gars sont venus lui
dire qu’ils sont de grands marabouts sénégalais et qu’ils savent multiplier
l’argent... Que devenir multimilliardaire n’est pas un problème pour
eux... Barbichette de bouc a gui les doos aux feymen et les gars ont
poum ! le ministre a frôlé la folie ! Mais si vous écrivez cela, il
va suspendre votre journal !». On écrit quand même parce que si cette
histoire est vraie, elle doit être connue du président de la république. Au
fait, pourquoi a-t-il quitté sa villa d’antan sise à Bastos pour aller sous
louer chez Joseph Charles Doumba du côté de Tsinga ?
Alli Amadu (l’ami des marabouts sénégalais)
4/ Le Ministre de la
Communication
Les tchiromas ne savent pas se taire. Un jour, il dit que le
rôle du journalisme et des radios, c’est divertir, éduquer, informer. Pourquoi
ne parle-t-il pas uniquement des trains et des rails, lui qui prétend être
ingénieur des chemins des fers ? Est journaliste, celui qui vit des revenus
et retombées de la profession ; celui qui traite, analyse, commente et
oriente un fait. Du coup, la définition du cheminot devient un peu courte.
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Le ministre a dit que les journalistes doivent se contenter
d’informer. Alors informons. Disons au président Biya et au peuple que la
décision de fermer Sky One radio est stupide voir dangereuse. Avant de décréter
la mise à mort de la radio des Nanga Eboko, le Mincom a d’abord décidé
d’interdire l’émission « le tribunal du peuple ». On demande pardon
au ministre mais cette interdiction était grossière et analphabète. La loi de
1990 sur les libertés dit qu’une telle intrusion dans la ligne éditoriale d’un
média est illégale. Il lui restait de couper la tête à la société de Angoula
Angoula. Ce dernier est un très proche parent du chef supérieur de tous les
Nanga Eboko du pays. Le Chef supérieur Soumbou Angoula est lui même considéré
par la première dame comme un père. Voilà donc la seule radio support
communicationnel des Nanga Eboko et sans doute seul soutien réel de Mme Biya
dans les médias que Tchiroma a fait fermer. Il ya pourtant d’autres radios plus
virulentes dans la calomnie envers le couple présidentiel et le renouveau
national. Ceux là par contre, le mincom les laisse faire. Pire, il leur a donné
l’aide à la communication privée pour les encourager à mieux vilipender Paul
Biya qu’il prétend pourtant défendre. Et si tout ceci était prémédité ?
Les ennemis du ministre de la communication qui croient avoir
remonté ses traces jusqu’aux profondeurs du G11, disent qu’il a mission de
donner le coup de grâce au régime de Biya. Sky One n’est que le début d’un
vaste programme de déstabilisation savamment orchestrée par les stratèges du
G11 pour faire tomber Paul Biya. C’est pour cela qu’il défend l’indéfendable,
conscient de ce que personne ne croit à ses élucubrations qui sont en réalité
des provocations. Par cette fermeture, il tente de semer la zizanie dans le
couple présidentiel dans le but inavoué de priver le chef de l’Etat de son
soutien le plus indéfectible. En fait, le mincom embarrasse tout le
monde : Mme Biya peut-elle laisser faire sans risquer d’être perçue par
les siens comme une « lâcheuse » ? Qui fera désormais entendre
la voix des Nanga Eboko dans un univers médiatique confisqué par une seule
région ? Pouvait-on agir autrement si on voulait provoquer un
soulèvement ? Wait and see.
Selon Goebbels nommé le 11 mars 1933 par Hitler : « l'idéal, c'est que la
presse soit organisée avec une telle finesse qu'elle soit en quelque sorte un
piano sur lequel puisse jouer le gouvernement » et « la critique n'est
autorisée qu'à ceux qui n'ont pas peur d'aller en camp de concentration »,
sommes-nous si loin de ce mode opératoire ? La mise en garde et les menaces à
peine voilées, proférées par le ministre de la communication au fur et à mesure
qu’il accorde ses interviews ou lors de ses innombrables interventions n’en
disent-elles pas long ? Et, par ailleurs, la fermeture de Sky One radio
n’est-elle pas une méthode d’une autre époque ?
Un ministre de censure ou de fermeture des médias ne peut que desservir le
régime du renouveau qui a installé la démocratie au Cameroun.
Tout compte fait, le choix de Tchiroma comme ministre de la
communication n’est pas si adroit. Avec un tel gars à la comm, Biya ne doit plus
dormir que d’un seul œil.
Bidoung Augustin Pierre (un beau frère)
5/ Les perspectives
d’avenir
Quand on remonte à ses origines sénégalaises ( il va nous
écrire pour démentir), on peut facilement décrypter son griotisme et sa franc-taperie.
Qu’on se souvienne de Ngorgui Maissa dans « le mandat » de Sembène
Ousmane. Tout le monde sait que le griot, dans les louanges qu’il chante,
cherche à plaire à sa cible, sans croire lui-même un seul mot de tout ce qu’il
dit. Il peut dire la même chose à n’importe qui pourvu qu’il trouve son aumône.
C’est pour cela qu’on peut aisément comprendre qu’ITB, hier si virulent
vis-à-vis de Paul Biya, soit devenu celui qui l’encense comme personne d’autre
aujourd’hui. Alors, lequel des Tchiroma est-il au gouvernement ? Celui
d’hier ou celui d’aujourd’hui ? Le Chef de l’Etat est loin d’être dupe.
Par rapport à celui qui l’a fait roi, ITB sait exactement ce qu’il a à faire :
louer, louer, louer ; flatter, flatter, flatter ; endormir, endormir,
endormir… pour poignarder à la fin.
Par contre pour son travail de ministre, c’est l’indécision
la plus totale. C’est la confusion la plus noire. C’est surtout la dérive. Comme
le dénote la nomination, fortement applaudie, suivie tout de suite de la
destitution décriée par tous du patriarche Albert Mbida. Comme la mise au
placard de Félix Zogo, Léonard Saa et l’affront fait à Jean Tobie Hond. Comme également,
la fermeture suspecte et incompréhensible de Sky One radio qui sera probablement
suivie d’autres du même genre. Ici, son seul reflexe risque être fermer,
fermer, fermer ; censurer, censurer, censurer alors même que Paul Biya
veut rester dans l’histoire comme celui qui aura apporté au pays la démocratie
et la prospérité.
Pour qualifier ITB, ses congénères du septentrion, s’appuyant
sur un adage de la savane, prédisent qu’il va prendre la semence et aller
au-delà du champ qu’il devait ensemencer, (o hoo ann aoudi o saala nguessa).
Rien que pour cela, le Chef de l’Etat a tout intérêt à s’en débarrasser.
En se rappelant sa connexion supposée ou réelle avec le G11, il est urgent de
le faire et dans les plus brefs délais.
Awono Nguini Joseph (politologue)