Israël : Les Africains, pas les bienvenus dans les hôpitaux israéliens
À Tel Aviv, si vous voulez vous faire soigner, il faudra d'abord prouver que vous êtes en bonne santé.
Le 1er juillet 2013, Gabi Barbash, directeur du
centre médical Ichilov à Tel Aviv, fait circuler des instructions pour
interdire l’accès aux immigrés ou aux réfugiés africains désirant rendre
visite à des patients, sauf en cas d’urgence. Officiellement pour des
raisons de santé publique, afin de «minimiser les risques pour la santé
des patients et du personnel», rapporte le quotidien israélien Haaretz.
Les Africains venus pour une hospitalisation, des examens ou des soins
médicaux sont cependant autorisés à entrer, explique le site. Les
parents d’enfants malades ou les maris de femmes en travail peuvent
également accéder à l’hôpital, à condition de porter un badge
d’identification. D’autre part, tous patients et visiteurs doivent subir
une radio de la poitrine pour prouver qu’ils ne sont pas porteurs de la
tuberculose, apprend-on encore.
A l’intérieur même de l’hôpital, les patients se voient discriminés,
ajoute Haaretz: les femmes enceintes et les enfants d’immigrés sont
placés dans un espace séparé du reste de la maternité ou de l’aile
pédiatrique.
Selon un responsable d’Ichilov, cette directive n’a qu’un but purement
médical, réduire les risques de contagion. En effet, d’après le
quotidien Maariv, en 2012, 15 Israéliens ont été diagnostiqués de la
tuberculose contre 65 Africains. Cette maladie nécessite la mise en
place d’une quarantaine, d’un personnel spécifique et de soins
individuels très coûteux, explique l’article.
La direction de l’hôpital Ichilov se plaint depuis
plusieurs années de devoir prodiguer un grand nombre de traitements
médicaux aux migrants et aux réfugiés sans aucune compensation
financière, avance Haaretz. Pourtant, d’après le Trésor public
israélien, le coût supplémentaire engendré par ces patients est
négligeable par rapport à ce que rapporte l’activité de l’hôpital.
D’après Maariv, le nombre d’immigrés africains clandestins à Tel Aviv
est estimé à 80.000, soit environ 15% de la population. Beaucoup d’entre
eux ont besoin de soins intensifs, notamment parce que le taux de
naissances prématurées est deux fois plus élevé chez les Africains que
pour le reste de la population, précise le professeur Gabi Barbash.
En plus de la tuberculose, ils sont aussi particulièrement touchés par
d’autres maladies: la population africaine représente un tiers des
nouveaux porteurs du sida en Israël et la moitié des diagnostics de
malaria, indique Maariv.
La pauvreté dans laquelle vivent ces travailleurs clandestins ne fait
qu’empirer leurs problèmes de santé, contractés dans leur pays d’origine
et aggravés durant le voyage jusqu’en Israël, déplore Gabi Barbash, qui
estime à environ 50 millions de NIS (plus de 10 millions d’euros) par
an les frais médicaux de traitement des populations africaines en
Israël.
La mesure discriminante répond-elle donc à une problématique économique
ou de santé publique? Autre perspective, plus sombre, elle ne serait
qu’un témoignage de plus du racisme anti-africains en Israël.