1- Contexte et justification...Une démocratie dans le vrai sens du terme ne saurait se reposer uniquement sur la pluralité des partis politiques. S’il est vrai que le multipartisme est l’un des baromètres fondamentaux d’une démocratie, celui-ci ne peut véritablement porter les vertus de liberté, de démocratie et d’alternance que si les partis politiques participent de manière efficiente à l’animation du jeu politique. Avec officiellement plus de deux cents partis politiques légalisés pour vingt millions d’habitants, le Cameroun est sans doute l’un des pays au monde, où l’on trouve une forte densité de partis politiques. Des formations politiques, en majorité dite de l’opposition, dont la seule activité est, pour la plupart, leur existence sur le papier. C’est à juste titre que subsiste cette question fondamentale : que vaut réellement l’opposition camerounaise ?
Le scrutin du 9 octobre 2011 s’est déroulé comme on le sait. Les acteurs politiques ont réagi comme il fallait s’y attendre! Sans avoir des instruments de mesure pour évaluer la fraude, analyser les irrégularités ; ils sont tous montés au créneau et ont versé leur plainte au contentieux électoral : pas moins de 19 recours... Ce n'est pas encore le score historique. La dispute politique que propose l’opposition indique clairement qu’elle a du mal à définir une véritable stratégie d’alternance et des alternatives, pour sortir le Cameroun de l’impasse. À chaque élection, la même antienne. Sans que d’une élection à l’autre cette même opposition ne se fabrique des instruments de mesure, une connaissance de l’électorat qui pourrait lui permettre de travailler la conscience politique des Camerounais. La société camerounaise semble diffuse dans la construction politique des opposants et nul ne sait à quelle classe sociale, quelle couche, leur discours-programme s’adresse. Indépendamment de cela, leur faible implantation les empêche d’être sur tous les terrains. Ils savent donc qu’ils ont un immense handicap, dans le système de la transition par les urnes, mais ils s'entêtent à aller faire leur campagne électorale dans les marchés et rafler une trentaine de millions ...en rangs dispersés.
L’opposition camerounaise doit se ressaisir, tirer
les leçons des échecs antérieurs et travailler à gagner les échéances
prochaines en capitalisant les points forts de la présidentielle et en
travaillant à la construction d’un système électoral fiable, dont il
doit participer à sa construction et à sa mise en place. L’opposition
et les forces du changement ont l’obligation de créer «un cadre de
concertation pouvant leur permettre de régler des questions d'intérêt
commun, de concevoir et de promouvoir des projets alternatifs crédibles,
des approches politiques novatrices et efficaces, bref un cadre pour
une véritable synergie d'associations et d'actions en vue de
l'instauration d'un nouvel ordre politique et de l'alternance politique
au Cameroun » Le temps et l’argent qu’ils dépensent dans le contentieux
est un temps dont ils regretteront l’usage au moment des décomptes des
municipales et législatives 2013, voire des régionales et de la
présidentielle à venir !
La construction démocratique au Cameroun se heurte aux pesanteurs
socioculturelles. Les partis politiques n’ont pas fait leur mue et ne se
sont pas débarrassés de la culture d’intolérance, de l’exclusion et de
la suspicion. Ils n’ont pas pris la mesure du coût de la formation
civique des citoyens dans un pays pauvre très endetté. Le rythme des
évolutions est un construit organisé. Qui se pense dans l’anthropologie
d’une société et non à travers les trajectoires propres à d’autres. Sans
verser dans le relativisme culturel, il y a à l’évidence des questions
de structure dont l’opposition n’a pas su prendre la mesure. Elle
utilise tous les artifices de la démocratie formelle en refusant de
diffuser ses principes et valeurs, pour que celle-ci s’enracine comme
culture citoyenne au sein des masses et surtout dans leur propre rang.
L’idéologie de la surenchère et de la mauvaise foi est un des traits saillants de la mentalité de la classe politique. L'incapacité à se remettre en cause et à évaluer de manière critique ses propres erreurs a conduit l’opposition camerounaise à n’être qu’une sorte de faire-valoir démocratique et de trublion sans poids ni mesure qui a du mal à inverser le rapport de forces. N’est-ce pas par déficit d’organisation, de vision, de cohérence et d’analyse que l’opposition a éliminé toutes les voies qu'elle aurait pu mobiliser contre le « Renouveau » ? N’est-ce pas parce qu’à aucun moment, elle-même n’a assimilé les règles du fair-play de la culture démocratique, qu’elle est obligée de s’inventer des motifs pour justifier sa défaite et se faire bonne conscience?
Une analyse des ces réalités et des discours des uns et des autres montre que les partis politiques (de l’opposition) et le système politique au Cameroun traînent le pas. Mais la construction démocratique s’effectue : d’abord de nombreux acteurs refusent désormais d’infliger au seul gouvernement du « Renouveau » les incuries de ses adversaires. Ensuite, beaucoup ont conscience qu'il faut un Pacte national pour le Cameroun.
D’après l’Institut national de la statistique (INS) , le Cameroun comptait une population active estimée à 10 millions d’habitants en 2009. Sur cet effectif, seules 582 319 personnes ont un emploi salarié. Il faut préciser qu’il s’agit là des chiffres de 2009. Entretemps, la situation a du évoluer. En effet, dans son intervention lors de l’assemblée générale d’entreprises du Cameroun (Ecam) le 17 février 2011, le professeur Tsafack Nanfosso a parlé d’une population active située autour de 13 millions d’habitants. Or, seulement 7 521 651 personnes se sont inscrites sur les listes électorales pour les présidentielles du 9 octobre 2011, à la suite desquelles M. Paul Biya a été élu avec 3 772 527 voix. Tous les autres candidats on mobilisé 1 064 722 électeurs ! Il s’en suit que 8 162 751 électeurs potentiels sont muets sur le sort politique du Cameroun !
Le constat est de toute évidence sans appel: il n’y aura de changement majeur au Cameroun qu’avec une masse critique de citoyens résolument engagés dans la chose publique.
2- Objectifs poursuivis
À terme, l’objectif général de ce colloque est de donner un coup de
pouce intellectuel significatif à la lente mutation du système politique
camerounais hérité de la colonisation, vers sa démocratisation
effective.
Cependant, les objectifs spécifiques et immédiats de ce colloque sont :
- conduire une réflexion scientifique sur les causes structurelles et
fonctionnelles de l’échec de l’alternance politique au Cameroun depuis
le retour au pluralisme politique. Cette réflexion est axée
essentiellement sur le professionnalisme et la responsabilité politiques
de « l’opposition » camerounaise, du point de vue de son organisation,
de sa stratégie et de son leadership.
- déterminer à travers une enquête ce que valent les partis politiques au Cameroun,
- Contribuer à la décantation du paysage politique camerounais
Seront également étudiés :
- les rapports de « l’opposition », en particulier, et des partis
politiques en général, avec les institutions normatives et organiques de
l’État ;
- les fondements sociohistoriques de la relation « opposition »/parti « proche du pouvoir ».
3- Résultats attendus
Cette réflexion, matérialisée in fine dans un document et sur support
électronique accessibles à tous, devrait inspirer les réajustements
nécessaires pour que tous les acteurs du jeu politique camerounais, aux
premières loges desquelles se situe le corps des électeurs, les partis
politiques, les leaders d’opinion, les organisations de la société
civile reconnaissent que la compétition politique peut avoir lieu dans
un cadre apaisé fondé sur le droit.
C’est dans cette optique que cette Grande Palabre spéciale se propose de
contribuer à la décantation effective du paysage politique camerounais
et d’influer sur la dynamique de réforme du système électoral en cours
en vue des élections municipale, législative, régionale et
présidentielle à venir.
4- Méthodologie
Pour atteindre ces résultats, le colloque se déroulera en deux sessions,
sous forme d’ateliers et d’une table ronde autour des thèmes ci-après :
- L’opposition politique et l’État
- Opposition politique et parti « proche » du pouvoir ;
- Opposition politique et professionnalisme politique : voies et moyens
d’une re-construction et d’une politisation de la société camerounaise
- Opposition politique, société civile, leadership et responsabilité politique.
Chaque thème comportera :
- une partie théorique consacrée aux diagnostics, analyses sans a priori
ni concession de la situation de l’opposition et aux différents
développements théoriques ; la présentation de cette partie n’excédera
pas 1 heure de temps ;
- une partie d’échanges interactifs, véritables brainstorming entre le
public cible (leaders ou représentants des partis politiques, leaders de
la société civile, intellectuels, chercheurs et autres participants) ;
assuré par un modérateur appliquant la technique de résolution créative
de problème, c’est-à-dire la recherche interactive des voies et moyens
en vue de la re-construction, de la re-orientation, du professionnalisme
de l’opposition camerounaise et dans l’optique d’instaurer une
véritable culture politique et démocratique.
Re-penser et re-construire l’opposition camerounaise
Yaoundé, Djeuga Palace hôtel, 7, 8 et 9 novembre 2012
Programme
Mercredi 7 novembre 2012
1ère demi-journée : de 08h00 à 12h30
08h 09 h 30 : Enregistrement des participants
09h 30 - 09h 50 mn : Allocutions d’accueil :
09h 50 mn – 10h 05 mn : Présentation générale :
Pr Claude Abé, Enseignant à l’université catholique d’Afrique centrale
10h 05 mn- 10h50 mn: Leçon inaugurale :
Pr Fabien Eboussi Boulaga, Philosophe, Coordonnateur général
10h55m 11h 40mn : Ouverture 1 : « La politique et l’opposition politique »
Mathias Eric Owona Nguini, sociopolitiste, Université de Yaoundé II, Soa
11h 45- 12h30 mn:Ouverture 2 : Opposition et démocratie: Christopher Fomunyoh, National Democratic Institute
Cocktail
2ème demi-journée : de 14h à 18h 30
Session 1 : Institutions politiques et Opposition politique
Atelier 1 – L’opposition politique et l’État
Modérateur : Stéphane Akoa, chercheur à la Fondation Paul Ango Ela
1- Fondements constitutionnels et statut juridique de l’opposition politique
Pr Alain Didier Olinga, enseignant à l’Iric
2- Rapports de l’opposition politique aux institutions de l’État
Pr Léopold Donfack Sokeng, Doyen de la Faculté de droit et des sciences juridiques, Université de Douala
3- Opposition politique et construction d’un système électoral consensuel
Georges Noula Nangue, Doctorant en droit international et Assistant à l’Université de Douala
Discussions
Jeudi 8 novembre 2012
3ème demi-journée : de 9h00 à 13h00
Atelier 2 – Opposition politique et parti « proche » du pouvoir
Modératrice: Dorothée Ndjuidje Kom
1- Opposition et parti au pouvoir : une rivalité aux racines (néo)coloniales ?
Pr Gilbert Taguem Fah, Historien, enseignant à l’Université de Ngaoundéré
2- Contre qui et contre quoi se bat l’opposition ? Défauts et préalables
pour une reconstruction du sens de la Lutte démocratique
Mbombog Mbog Bassong, Egyptologue et épistémologue
3- Les relations Opposition-Majorité au Cameroun : Affrontement polémique ou échange (face à face) démocratique ?
Dr Armand Leka Essomba, Sociologue, enseignant à l’Université de Yaoundé I
4- Opposition et parti au pouvoir : Comment remettre le peuple au centre du jeu politique ?
Dr Paule Bilé, enseignant à l’Université catholique d’Afrique centrale
Discussions
4ème demi-journée : de 14h00 à 18h30
14h - 14h30 mn : Restitution des résultats de l’enquête sur les partis politiques
Table ronde
14h30 -18h30 « Opposition politique et professionnalisme politique :
voies et moyens d’une re-construction et d’une politisation de la
société camerounaise
Modérateurs
Jean-Bosco Talla, journaliste
Henriette Ekwé, journaliste
Avec les contributions de :
SDF : Joshua Osih
UNDP : Pierre Flambeau Ngayap
UDC: Hermine Patricia Ndam Njoya
CPP: Edith Kah Walla
MP: Hilaire Nzipan
MRC : Nom de l’intervenant attendu
CSP : Jean-Marc Bikoko
Discussions
Vendredi 9 novembre 2012
5ème demi-journée : de 9h00 à 12h00
Session 2 : Opposition politique, société civile, leadership et responsabilité politique.
Modérateur: Pr Fabien Eboussi Boulaga
1- Opposition politique et crise du leadership
Pr Amboise Kom, vice-président de l’Université des Montagnes (accord de principe)
2- Leadersphip, culture de l'accountability et culture de l'alternance
Mathias Eric Owona Nguini, sociopolitiste, université de Yaoundé II, Soa
3- Opposition politique et responsabilité du corps électoral.
Dr Alawadi Zelao, chercheur au Centre national de l’Éducation
Discussions
5ème demi-journée : de 13h00 à 17h00
Modérateur: Pr Fabien Eboussi Boulaga
4- Opposition politique, société civile et reconstruction de l'ordre politique au Cameroun?
Pr Claude Abé, Enseignant à l’université catholique d’Afrique centrale
5- Les partis politiques, leur structuration organisationnelle et l’enjeu stratégique de leur collaboration.
Dr Ahmadou Sehou, École normale supérieure de Maroua
Discussions
15 h30 Conclusions
Rapport général
Évaluation
Remise des attestations de participation
16 h 30: Allocution de clôture
Cocktail
Avec les contributions de :
Pr Franklin Nyamsi : Fondements de l'espérance démocratique camerounaise.
Pr Thiérry Amougou : S'opposer par des propositions qui font sens et
société: de l'invention d'un lien stratégico-émancipateur entre le
savant, le politique et le populaire
Appel à contributions
Afin de densifier et de diversifier le contenu des
actes qui seront publiés à l’issue de cette Grande Palabre spéciale
(colloque), intellectuels, chercheurs et spécialistes, etc peuvent nous
faire parvenir leurs contributions aux adresses suivantes :
lagrandepalabre@gmail.com, germinal.hebdo@gmail.com , jbtalla2001@yahoo.fr
Chaque contributeur devra éviter, autant que faire se peut, tout chevauchement entre le contenu de sa contribution et les thèmes ci-dessus. Nous porterons une attention particulière aux contributions qui iront dans le sens du professionnalisme politique, de la (re)construction de l’opposition politique camerounaise, de la politisation des citoyens, de la promotion de l’action du peuple et de la société civile dans le jeu politique et de la refondation de l’ordre politique au Cameroun.
Longueur des textes
La longueur du texte écrit sous Word ne doit pas dépasser 20 pages
(notes et bibliographies incluses), format A4 (avec pour marges : 2,5
cm)
NB: L’auteur devra ajouter entre 8 et 10% du nombre de caractères pour
estimer le volume de la traduction en français, si son texte est soumis
en anglais.
Règles de présentation
La présentation du texte doit être la plus simple possible:
Police : Times New Roman, Corps : 12 ; interligne : simple, sans
tabulation ou retraits de paragraphes; découper en sections
identifiables, si possible.
Notes :(Auteur, Année : page) et bibliographie : (méthode anglo-saxonne.)
L’auteur devra accompagner son texte d’un résumé de 700 signes maximum en français – et si possible en anglais
Bulletin d’inscription(1)
Nom :___________________________________
Prénom :________________________________
Profession :_____________________________
Fonction :______________________________
Adresse personnelle :___________________
Email :__________________________________
Téléphone :_____________________________
Assistera au colloque(2) :
- Mercredi 7 novembre 2012 (matin et/ou après-midi)
- Jeudi 8 novembre 2012 (matin et/ou après-midi)
- vendredi 9 novembre 2012 (Matin et/ou après-midi)
- les 7, 8 et 9 novembre 2012
(1) Colloque sur inscription uniquement. Le nombre de places étant très
limité, nous vous remercions de bien vouloir retourner par courriel
(adresses ci-dessus) le bulletin d’inscription le plus rapidement
possible. Inscription gratuite.
(2) Rayer les mentions inutiles, si nécessaire