Interview: Les vérités de Louis Tobie MBIDA
DOUALA - 28 JAN. 2011
© Valentin Siméon Zinga | La Nouvelle Expression
Le président du parti des démocrates camerounais à recemment abordé quelques questions d’actualité brulante avec Valentin Siméon Zinga, dans “La Vérité en face”, sur Equinoxe Télévision.
© Valentin Siméon Zinga | La Nouvelle Expression
Le président du parti des démocrates camerounais à recemment abordé quelques questions d’actualité brulante avec Valentin Siméon Zinga, dans “La Vérité en face”, sur Equinoxe Télévision.
Louis Tobie Mbida: «Nous souhaitons savoir où seront situés les bureaux de vote d’ici le moi d’avril»
Le président du parti des démocrates camerounais à recemment abordé quelques questions d’actualité brulante avec Valentin Siméon Zinga, dans “La Vérité en face”, sur Equinoxe Télévision.
En 2011, en janvier 2011 précisément, le Cameroun mérite quoi ? Une thérapie de choc ou une autopsie ?
Le médecin que je suis se permet d’emblée de dire que une autopsie ne peut se pratiquer que sur un cadavre,
Vous m’avez vu venir !!!
Une autopsie ne peut se pratiquer, monsieur Valentin Zinga, que sur un mort, le Cameroun est encore vivant, et bien vivant.
Le Cameroun lui même alors !
Le Cameroun lui-même alors, il peut mériter une thérapie de choc, dans la mesure ou la thérapie de choc se pratique sur un patient qui est dans un état critique, face à une urgence, ou les fonctions vitales sont engagées, on a le droit de pratiquer une thérapie de choc.
C’est ce que mérite le Cameroun en 2011 ?
Le Cameroun en 2011 le mérite
Le 2 septembre 2010 déjà vous regagnez le Cameroun. Votre retour est annoncé, médiatiquement organisé bien sûr, personne ne vous en fera le grief. Le 19 juin 2010, vous répondez à une question de Christophe Boisbouvier de RFI, qui vous demande si vous êtes candidat à l’élection présidentielle prévue en 2011 et vous avez cette réponse, je la cite « je vais descendre au Cameroun dans quelques semaines, s’il existe un repère véritable, je me porterai candidat » En janvier 2011, vous avez retrouvé ce repère ?
Ce repère est entrain de se constituer. En ce moment, le Parti des Démocrates Camerounais descend auprès des populations camerounaises, dans les endroits les plus reculées de notre pays, pour tâter, prendre le pouls et comprendre ce qui ce passe. La demande est importante.
Le Cameroun est dans une misère profonde, que nous n’avons pas connue depuis de très nombreuses décennies. Les populations sont aux abois, le désarroi est total, il est complet. Le Cameroun est un pays riche, très riche d’ailleurs, puissant, on ne s’explique pas ce degré de misère. La seule chose qu’on pourrait dire dans ces conditions, c’est qu’il n’existe pas de redistribution véritable des richesses dans notre pays. Le taux de croissance camerounais en ce moment n’est pas mauvais, il est même supérieur à certains taux que connaissent certains pays européens tels que la France, ou l’Angleterre, nous nous situons en ce moment autour de 3, 4 et demi pour cent.
Pour les plus optimistes…
C’est réel, mais cependant, on ne peut parler de croissance véritable que lorsqu’il y a des progrès. Le progrès est une croissance qui est soutenue, durable et qui est redistribuée, et qui profite à la majeure partie de la population. Il existe peut-être une croissance au Cameroun mais qui ne profite pas à la majorité des camerounais. Dans ces conditions, on ne peut pas parler de progrès. Un progrès n’est véritable que lorsqu’il est durable, lorsqu’il est profitable à la majeur partie des citoyens camerounais. Ce n’est pas le cas au Cameroun.
En clair, dois-je considérer que je suis entrain d’interviewer un candidat à l’élection présidentielle de 2011 ?
Je suis légaliste et légitimiste, c’est-à-dire que j’appartiens à un parti politique qui est vieux de 52 ans,- le 12 janvier nous avons fêté nos 53 ans d’existence, le Parti des démocrates Camerounais a été fondé par André Marie Mbida, Djoumessi Mathias, Marigo Mboa, Piani Nekam, MBana Bernard, Logmo Antoine. Ce sont ces hommes qui ont crée le Parti des démocrates Camerounais, en 1958, il y a un qui existe encore aujourd’hui parmi les fondateurs, monsieur Kongo Germain, Ce parti a fêté ses 53 ans, ça signifie que ce que nous faisons aujourd’hui n’est que la continuation d’une idée qui a été lancée par nos aînés. Et l’idée c’était laquelle ? C’était non seulement l’émancipation du peuple camerounais, mais l’amélioration des conditions de vie de tous les camerounais, ainsi que la promotion de l’africain en général.
Jusqu’à quel niveau de levier institutionnel éventuellement allez- vous vous impliquer pour l’amélioration des conditions de vie ?
Le régime camerounais est un régime présidentialiste. Il y en a qui ont cru qu’en devenant Premier Ministre, ils pouvaient changer les choses au Cameroun. Pour changer véritablement les choses au Cameroun, il faut être président de la République.
Alors, la question que vous me posiez précédemment, «est-ce que je suis candidat ou pas», je vous ai dit que j’étais légaliste et légitimiste, ça veut dire que j’attends que le parti auquel j’appartiens m’investisse comme candidat, sil le veut bien. Donc le Parti des démocrates Camerounais est entrain de se Préparer à mettre en place son Congrès, et c’est ce congrès qui désignera le candidat du parti.
Et chacun sait comment ça se passe !
Il n’existe pas de candidat naturel dans le Parti des Démocrates Camerounais. C’est un parti des démocrates et au sein de ce parti les uns et les autres présenteront leur candidature.
Il existe un candidat historique ?
Un candidat historique ! Si André Marie Mbida était encore vivant, il serait le candidat historique du parti. Moi, je ne suis que le repreneur institutionnel du Parti des Démocrates Camerounais. J’ai repris le parti parce que les anciens compagnons de route de mon père me l’ont demandé. En 1991, 1992. Ils sont venus me voir en me disant que j’avais une raison sociale, j’étais médecin. La majeure partie d’entre eux sont des fonctionnaires retraités de catégorie B et C de la fonction publique camerounaise. Ils n’avaient pas la possibilité me disaient-ils de gérer un parti comme celui là. Voila pourquoi moi, avec la raison sociale qui est la mienne, j’ai pu reprendre en main le parti.
On refera un peu d’histoire tout à l’heure. La loi camerounaise en matière d’élection prévoit entre autres critères, que le candidat puisse justifier d’une résidence discontinue de 12 mois sa place. Vous vous êtes arrivé au Cameroun le 2 septembre 2010. On peut supposer que si l’élection a eu lieu en octobre 2011, vous aurez pleinement rempli ce critère …
Absolument…
C’est un calcul qui est inutile à faire en janvier 2011 ?
Ce n’est pas un calcul inutile. Nous faisons de la politique, nous ne sommes pas des hypocrites. Une chose est claire c’est que si je suis rentré à cette date là effectivement c’était pour être en conformité avec la loi. Je ne veux pas dire le contraire. Mais si je suis candidat, ça je ne peux pas encore vous le dire. J’attends que le parti me le confirme.
Quand vous entrez en politique, on va le voir tout à l’heure, vous êtes quand même précédé par un nom que vous avez prononcé. Monsieur André-Marie Mbida, tout premier ministre du Cameroun, si j’en crois…
J’irai plus loin, au risque de choquer certains, ou de chagriner plusieurs, premier chef d’Etat Camerounais. Lorsqu’en 1957, le Cameroun devient autonome, on parle de l’Etat du Cameroun, le drapeau, la devise et l’hymne ont été adoptés par les démocrates camerounais, par André Marie Mbida.
Est-ce que finalement, cette histoire qui vous précède est un handicap, ou un avantage ?
Je suis fier d’être le fils d’André marie Mbida, absolument fier
C’est un héritage un peu lourd par la suite à porter? À essayer de se faire son propre prénom ?
ça oui. Se frayer son propre prénom. Je l’ai fait, mon père m’a aidé à la faire. Il a voulu que je sois un bon élève, je l’ai été, je suis médecin. Sur ce plan là on sait que j’existe, mais maintenant sur le plan politique, il faut que je fasse mes preuves.
Est-ce que les exactions, les brimades, les supplices- comme en témoigne cette arrestation dont vous parlez souvent avec beaucoup d’émoi, de votre père le 29 juin 1962 lorsque vous n’avez que 6 ans-est -ce que ce type d’arrestation, ce type de conjoncture peut avoir justifié votre entrée en politique ?
Je ne suis pas psychiatre, je n’ai pas fait de psychanalyse en tant que telle, mais ce n’est pas impossible que ces événements aient cristallisé en moi, un refus de l’injustice en général.
Et peut-être la promotion de la démocratie, puisque vous avez coutume de rappeler que sous votre père, vous lui avez demandé lorsque vous étiez en classe de seconde, pourquoi il se battait contre Ahidjo, il vous a répondu, « je ne me bats pas contre Ahidjo, je me bats pour la démocratie ».
C’est pour ça que vous êtes en politique aussi ?
Entre autre aussi, effectivement
Vous vous défendez d’inscrire votre démarche dans une logique de vengeance, mais vous formulez quand même quelques regrets sur ces oublis que vous attribuez par exemple au président Biya quand vous dites qu’il n’a pas pu prononcer certains noms lors du discours de mai 2010. Est-ce que en revanche, quand vous commettez un ouvrage « Cameroun des années de braises aux leçons de l’histoire » vous ne réparez pas cela ?
Il est important qu’aujourd’hui, les Camerounais jeunes et moins jeunes qui n’ont pas été au contact direct avec ces événements, sachent exactement ce qui s’est passé, comment cela s’est passé, et qui fut impliqué. J’ai des neveux, j’ai des enfants-, je suis même déjà grand père, il faut le dire- qui ne connaissent pas cette histoire. Il est important que nous autres qui avons vécu en direct ces choses là. Restituons l’histoire de notre pays aux plus jeunes. Il est important que les erreurs du passé, ne soient pas répétées. Moi personnellement, je suis contre la prison politique. Personnellement je suis contre l’ostracisme politique. Je suis contre le rejet de l’autre parce qu’il ne pense pas comme moi. Je refuse absolument que quelqu’un soit poursuivi parce qu’il a des idées contraires aux miennes, et en plus de cela, je n’ai pas honte de le dire, je suis chrétien. J’ai été élevé dans la foi chrétienne. Je pense qu’au Cameroun il y a deux grandes religions, l’islam et la religion chrétienne qui toutes revendiquent une chose:
l’amour du prochain. C’est dans ce sens que j’ai été élevé. Voila pourquoi l’arrestation de mon père en 1962 aurait été un catalyseur, un catalyseur pour que je me dise, non, plus jamais cela, je ne souhaite pas que cela se reproduise au Cameroun, personne n’a le droit d’être emprisonné pour ses idées et missions politiques, personne n’a le droit de souffrir, ou de voir souffrir, pour ses convictions politiques. Aujourd’hui au Cameroun, j’ai peut être l’occasion d’en parler, je ne vais pas me gêner pour le dire, on entend parler de l’opération qui s’appelle ‘’l’opération épervier’’. J’espère vraiment que cette opération est une opération de droit commun…
Avez-vous des doutes à ce sujet ?
J’aimerais savoir où est-ce que nous en sommes exactement.
Tout semble pourtant si clair…
Rien n’est aussi clair que cela. Monsieur Amadou Ali, est ministre de la Justice, il a une formation d’administrateur civil, il n’est pas magistrat. Que ce soit lui qui nous annonce…
Il utilise les compétences des magistrats
Il utilise les compétences des magistrats, mais ce n’est pas à lui de nous annoncer qui sera arrêté, qui ne le sera pas. Tel que cela a parfois été le cas. Donc, je veux dire que je suis épris de justice. On ne doit condamner personne par rapport à ses idées politiques, par rapport à ses opinions.
Vous avez l’impression qu’il y a des considérations politiques sous-jacentes ?
Ce n’est pas impossible. Mon père a fait 3 ans de prison du 29 juin 1962 au 29 juin 1965. Il en est sorti aveugle. Il y a des hommes en préventive actuellement au Cameroun, je veux parler de Olanguena Awono. On n’est pas du même parti, mais je le connais bien. Je veux parler d’Atangana Mebara et bien d’autres, qui sont en prison préventive depuis bientôt 3 ans.
Trois ans de prison, ça détruit un homme. S’ils sont coupables, qu’on les juge. Et qu’on leur dise ce pourquoi ils ont été condamnés. S’ils ne le sont pas, qu’on les relâche.
Dans un pays de droit, et le Cameroun se revendique pays de droit, c’est comme cela qu’on devrait procéder. C’est pour tout cela que je m’engage en politique. Et en dehors de cela, le médecin que je suis a rencontré au quotidien, la misère sociale est la conséquence de l’injustice sociale. La misère sociale est la conséquence du manque de redistribution progrès dans un pays, et c’est pour cela que je me bats. C’est tout cela qui me pousse à faire ce que je fais aujourd’hui à savoir me battre pour un Cameroun plus prospère un Cameroun meilleur, un Cameroun différent.
Vous n’innovez pas beaucoup
Je n’innove pas, je suis déterminé, je ne sais pas si nous sommes nombreux à être dans ma position qui accepte de faire ce que je fais.
Le Pdc plonge ses racines, aussi longtemps qu’on peut se souvenir, au moins jusqu’en 1952, 1952. C’était le Cocoocam, le comité de coordination du Cameroun,
En 1991, vous reprenez le flambeau
Tout à fait !
Vous gérez quoi, un héritage ? Et quel type d’héritage ?
Il y a des héritages qui sont faciles à porter. Celui là ,il est un peu difficile à porter, et je reprécise encore pour que les téléspectateurs le sachent, je n’ai jamais demandé à reprendre le Parti des Démocrates Camerounais. Les anciens compagnons de route de mon père, monsieur Boungou Antoine, encore vivant aujourd’hui, monsieur Bikele Ekani, monsieur Atangana Adalbert, monsieur Samson Tchoungui, monsieur Mouth Benjamin, ils étaient bien nombreux, lorsqu’ils sont venus me voir pour la légalisation du Parti Démocrate Camerounais, je leur ai dit : écoutez, je reste en back office, si vous avez besoin de quoi que ce soit sur le plan financier je vous aide. Ils se sont présentés devant monsieur Namvou Benoît alors gouverneur de la province du Centre. Namvou c’était un homme physiquement grand, un géant de la forêt. Il leur a crié dessus une seule fois ils sont ressortis de son bureau en courant. Le bureau de monsieur Namvou n’était pas loin de la clinique ou j’exerçais à l’époque. Ils sont venus me voir pour me dire en Béti « ndougrou » c’est-à-dire que c’était très chaud là bas, on n’a pas pu déposer le dossier, est ce que tu ne peux pas reprendre les choses en main toi-même. C’est comme ça que j’entre en politique. J’ai perdu beaucoup de choses en entrant en politique. J’étais à l’époque médecin de la société qui a construit l’aéroport de Nsimalen, c’étaient des Autrichiens, des Allemands, je parlais allemand, ils m’ont pris comme médecin de société, j’ai été médecin de société de la Scan-water,
Vous avez vécu la répression, C’est là que tout a commencé ?
C’est là que tout à commencé. On m’a retiré tous les contrats
Comme ça ?
Le mois même ou j’ai déposé à mon nom, en tant que président du Parti des Démocrates Camerounais au Minat, tout m’a pratiquement été retiré,
Alors en 1991, quand vous reprenez le flambeau vous faites quand même déjà partie d’un groupe de réflexion dit des démocrates qui se constitue autour d’Adamou Ndam Njoya
Oui
Et puis après vous décidez quand même d’aller reprendre le flambeau du Pdc, est ce que vous êtes conscient…
Je n’ai jamais fait partie de ce groupe là,
Ah bon ?
Non, jamais. Adamou Ndam Njoya est encore vivant, moi-même si, je connais très bienAdamou Ndam Njoya, j’ai du respect pour lui, je n’ai jamais fait partie d’un groupe de réflexion dit des démocrates avec Adamou Ndam Njoya
Alors vous avez fait partie de quel groupe de réflexion puisque vous avez quand meme commencé par reconnaître que vous avez fait partie d’un groupe de réflexion ?
J’ai fait partie d’une groupe de réflexion, je ne sais pas si c’est bien de citer leurs noms.
Mais oui
Monsieur Mvogo Athanase, haut fonctionnaire camerounais, Tsala Jacques Philipe prêtre camerounais…Et psychologue. Monayong Paul, Ze Ondoa. Effectivement nous nous sommes regroupés en tant que Camerounais pour réfléchir sur le devenir de notre pays ça c’est vrai. Mais je dis je n’ai jamais fait partie d’une groupe avec monsieur Adamou Ndam Njoya, pour lequel j’ai beaucoup de respect par ailleurs.
L’organisation dont vous héritez de la gestion pour ainsi dire, c’est à dire le Pdc, arrive ou se reconstitue, vous dites vous-même qu’il renaît d’un tas de cendres, c’est votre expression…
Absolument !
Eh bien, renaît donc de ce tas de cendres à une période charnière en 1991, c’est les villes mortes, c’est ces convulsions socio politiques que l’on sait. Et là vous jouez d’une manière ou d’une autre, un rôle dans le cadre de ce que vous appelez alors l’Ord.
L’opposition républicaine et démocratique
Avec Bedzigui, avec Apollinaire...
Apollinaire Guillaume Nseth,
Et vous revendiquez d’une manière ou d’une autre la tenue de la rencontre tripartite à Yaoundé. Je rappelle que cette rencontre arrive comme une espèce de succédané de ce qu’on considère à l’époque comme panacée de la conférence nationale souveraine. Est-ce que vous avez des regrets à avoir appuyé davantage la position du president camerounais qui disait que la conférence nationale est sans objet pour le Cameroun et qui a plutôt organisé la tripartite de Yaoundé ?
Vous êtes entrain d’évoquer une période charnière de l’histoire de notre pays, l’année 1991, précédée effectivement par la marche contre la démocratie de décembre 1990.
Contre le multipartisme…
Contre le multipartisme, précédée par les 20 lois sur les libertés, y compris donc la loi 90/ 056 du 19 décembre 1990 qui a vu naître la création des partis politiques.
Lorsqu’effectivement les premiers partis politiques sont légalisés, le parti politique dont on entend parler le plus à cette époque là c’est l’Undp. Nous étions à 2 ans du décès du président Ahidjo, monsieur Eboua Samuel, ancien ministre du président Ahidjo, ancien secrétaire général de la présidence, reprend en main l’Undp qui n’est autre que une résurgence de l’Unc. Et effectivement l’engouement de populations est important,
La preuve en 1992, l’Undp fait 68 députés…
Tout à fait. Donc l’une des premières erreurs de l’époque c’était, moi je vais appeler çaaujourd’hui, le tribalisme. C’est monsieur Bello Bouba Maigari qui revient du Nigeria, qui exige de reprendre le flambeau de l’Undp, au détriment de monsieur Eboua. Ca a été l’un des premiers coups durs, disons en général. Là je parle de l’histoire, je ne juge personne, je dis ce qui s’est passé. Après cela, il y a monsieur Hameni Bieleu qui pensait à organiser à Tsinga des regroupements pour des partis de l’opposition légalisés, nous étions 12 à l époque.
Qui s’appelait la coordination…
C’était la coordination, que Hameni Bieleu à son siège de Tsinga, ancien du collège Vogt, un aîné, nous n’étions pas de la même promotion, vient donc me voir et me dit «Mbida, nous nous regroupons à Tsinga, ne veux-tu pas venir avec nous ?» Je suis allé à Tsinga
Vous avez assisté à 3 séances…
Absolument
Douala, Yaoundé, et…
Absolument !
Et puis, vous avez décidé de partir. Pourquoi ?
Pourquoi je pars ? J’avais demandé à un des membres de cette conférence, le vice président, un homme qui a fait les prisons de Mantoum, de Tcholliré, qui a été candidat aux elections législatives de 1964 avec madame Mbida marguerite, je lui ai demandé d’aller représenter le Pdc à Bamenda lors de la première réunion de coordination. Monsieur Bongou Antoine s’est pratiquement fait lyncher à Bamenda parce qu’il venait de la province du Centre. La prochaine réunion devait se tenir à Douala au foyer des marins. Encore une fois Hameni Bieleu me dit «écoutez Mbida, je veux que tu sois là». Je me présente à Douala. Il y avait une absence totale de gendarmes, de policiers, je n’ai jamais vu une ville pareille, c’est-à-dire que la ville était livrée disons aux populations. Il y avait des barrages filtrants, des pneus qui brulaient partout. Des hommes aux yeux injectés de sang nous recevaient, filtraient qui pouvait entrer qui ne pouvait pas entrer au foyer des marins. Quand j’arrive à la porte, je n’avais encore fait aucune déclaration politique que déjà j’étais traité de traître, parce que je venais de Yaoundé et que j’étais originaire de la province du centre. Il a fallu l’intervention encore une fois de Hameni Bieleu pour que je sois dans la salle. Mais dans la salle comment ça s’est passé ? Nous nous sommes retrouvés avec des partis politiques légalisés, il y en avait à peine une vingtaine et 26 associations. Alors l’exigence sera la suivante, conference nationale souveraine ou non. C’était la seule question qui était posée.
Une sorte de referendum interne
Une sorte de referendum interne. Il fallait répondre sans aucune nuance, si on était d’accord pour une conférence nationale souveraine.
Et vous n’étiez pas dans la stratégie des jeux à somme nulle ?
Non !
Et c’est pour ça que vous êtes parti ?
Je ne suis pas parti tout de suite, j’ai essayé de dialoguer. J’ai essayé de trouver une solution en leur disant, «écoutez, analysons la situation clairement, essayons de voir qui nous avons en face, l’option de la violence prônée par les uns et les autres, dans la salle, c’était clair que non. Monsieur Séverin Tchounkeu était dans la salle, Me Tchoungang était dans la salle, Eboua Samuel était dans la salle, nous avions dans la salle, monsieur Kodock, monsieur Ndam Njoya, bref, tout le fleuron de l’opposition était dans la salle…
Est-ce que le meilleur à ce moment là était de partir ou rejoindre…
Je ne suis pas parti à ce moment là. Je vous explique.
Mais par la suite lorsque vous alliez dans la majorité présidentielle comme on le verra plus tard, est-ce que c’est une bonne solution ?
Il faut expliquer la démarche, parce que sinon, nous risquons de tromper l’histoire. Après la rencontre de Douala, il y a eu celle de Yaoundé. Une marche sera donc décidée sur le palais d’Etoudi. Ce n’était pas une marche au centre ville, mais sur le palais d’Etoudi. Habitant Yaoundé, j’avais certains contacts qui me permettaient de comprendre que s’il y a avait eu une marche jusqu’au palais d’Etoudi, il y aurait eu un drame à Yaoundé. Je fus appelé ce jour par Daniel Yves Topono, qui était premier secrétaire à l’ambassade de France à Yaoundé, qui me dira «monsieur Mbida, dites à vos camarades ce qui suit, si on touche à la clôture d’un palais présidentiel, c’est qu’on a pris le palais, alors je vous préviens dites à vos amis, que ça ne sera pas aussi simple, que le pouvoir va réagir. ça je vous le dis ici en clair»
Vous croyez que c’était une manière d’ingérence ?
C’était peut-être une forme d’ingérence, mais c’était aussi une vérité. Je vais donc aller voir Adamou Ndam Njoya, pour lui dire qu’il faut changer la destination de la marche, la marche sur le palais d’Etoudi n’est peut être pas une bonne chose, il faut la faire différemment. C’est là que la marche va donc se dérouler en passant devant l’actuel ministère des relations extérieures jusqu’à la préfecture. J’ai évité quelque part un drame, et ce n’est pas moi qui l’ai évité directement mais quelque part j’ai porté un message par rapport à quelque chose. Mais c’est après cela effectivement que je poserai la question aux uns et aux autres, «est ce que vous ne pensez pas qu’on peut renoncer à la violence» parce que dès Douala déjà, certains prônaient la violence, il y en a qui proposaient qu’on mette le feu à la centrale électrique d’Edéa, certains qui proposaient qu’un bateau soit coulé au port de Douala pour bloquer le port
C’était des politiques de désespoir un peu ?
Je ne sais pas s’il faut l’appeler comme ça. Ces hommes sont encore vivants aujourd’hui, Djeukam Tchameni est encore vivant, il n’est pas mort, ces hommes sont vivants, je dis les vérités parce qu’il faut que les gens sachent comment se sont déroulées les choses. Alors quand je sors de là, à l’hôtel Meumi était descendu monsieur Jean Jacques Ekindi. Je suis allé voir Jean Jacques Ekindi pour lui dire «tu es un aîné, polytechnicien, homme intelligent, fin et subtil, il ne faut pas laisser faire les choses pareilles, est-ce qu’on ne peut pas trouver une autre solution ?» C’est là que va naître l’Ord, le groupe appelé, Opposition Républicaine et Démocratique, parce que nous avons dit non à la violence tout simplement. Dika Akwa avait annoncé qu’il appartenait encore à l’Upc , on sait quel est le passé politique de l’Upc , et l’Upc n’a pas peur de prendre les armes, et à Yaoundé c’est la panique. Il faut restituer les choses dans leur contexte, parce qu’aujourd’hui quand on explique que Mbida a quitté la coordination, ce n’est pas comme ça que ça s’est passé.
Et vous avez restitué votre part de vérité…
Exactement. Et les protagonistes sont encore vivants, j’ai cité les noms exprès. Qu’on aille les interroger.
Très bien nous resterons attentifs à leurs éventuelles remarques. Alors 1991, c’est quand même la Tripartite, nous avons commencé à en parler. Avant de revenir sur le rôle que vous avez joué, enfin, une partie du rôle que vous avez joué, vous étiez quand même de la sous commission d’élaboration du code électoral si mes souvenirs sont exacts ?
Exactement
Eh bien, vous dites déjà en 2009 que c’était un rendez vous manqué avec l’histoire,
C’est exact. Et je pense aujourd’hui avec du recul que c’était un rendez vous manqué avec l’histoire, pare que lorsque nous mettons en place l’Ord, nous sommes contactés par monsieur Jacques Fame Ndongo qui, à l’époque est chargé de la communication à la présidence. Jacques Fame Ndongo va porter le message à monsieur Hayatou,
Premier ministre…
Premier ministre à l’époque. Il va nous dire « écoutez, il va vous rencontrer il a des propositions à vous faire ». Nous serons reçus par le Pm Sadou Hayatou à trois. Louis Mbida, Célestin Bedzigui et Guillaume Apollinaire Nseth, je prendrai la parole au nom du groupe, et je présenterai donc un document portant sur 6 points que nous souhaitions voir débattre à la conférence ouverte ou il y aurait donc l’Etat, la société civile et les partis politiques. Monsieur Hayatou, nous dira «écoutez, je vais en parler au chef de l’Etat ; s’il est d’accord, il vous recevra peut être »
Et le 19 juillet 1991, vous êtes effectivement reçu par le chef de l’Etat
Exactement
Et tout se déclenche là.
Tout se déclenche là. Il faut préciser que le 19 juillet 1991, je n’étais pas supposé être reçu seul. La porte avait été ouverte à tous les partis politiques légalisés à cette date, y compris ceux qui se disent de l’opposition radicale. Ils n’y sont pas venus parce qu’on leur avait fait comprendre que s’ils vont rencontrer le présidant Biya en tète à tète, le président Biya étant un charmeur de serpent, il risquait de les détourner de leur voie réelle. Ils ont refusé d’aller à Etoudi en se disant que s’ils ne sont pas reçus en groupe, ils ne veulent pas rencontrer le président Biya. J’y suis allé
Et vous avez eu ce tete à tete
J’ai eu ce tête à tête avec le président Biya. La première chose que j’ai demandée c’était des élections libres, démocratiques et transparentes par ce qu’étant gamin en 1964, j’ai vécu en direct tout ce qui s’est passé aux élections de 1964, contre les démocrates camerounais: les déportations à Mantum, à Tcholliré à Mokolo, la misère dans les familles, les décès. J’ai perdu plusieurs oncles, plusieurs tantes, à Mantum, à Tcholliré à Mokolo, d’autres sont revenus de là-bas complètement malades. Cette affaire, je voulais pas revivre cela et c’est la première fois que je rencontrais le chef de l’Etat qui m’a reçu en disant «monsieur Mbida, je vous félicite, vous vous êtes engagé en politique, de nombreux camerounais ont fait la politique avec votre père, nombreux sont leurs enfants qui n’ont pas eu le même courage que vous, je vous félicite,» C’était les premiers mots du chef de l’état.
Comment vous trouvez le président de la République à ce moment là. Il est paniqué?
J’avais été étonné et surpris par la qualité de l’information que détenait le président. Il était au courant de tout, même des choses qui se passaient dans les quartiers. Il est très bien informé. Ceux qui affirment souvent qu’il y a des choses qui se passent parce que le president n’est pas au courant, je dis c’est pas tout à fait exact. C’est peut-être sa manière de gérer ces problèmes, qui est différente, qui surprend. Mais sinon il est au courant de tout. Un autre élément qui m’avait surpris c’est que, on n’avait pas l’impression d’avoir rencontré le dernier recours parce qu’en principe il est le dernier recours. J’ai eu l’impression qu’il s’en referait lui aux autres. C’est pratiquement le sentiment que j’ai eu, et c’est ça. J’ai posé donc le problème des élections. J’ai posé le problème de l’expatriement des fonds au Cameroun parce qu’il y avait beaucoup d’argent qui allait à l’étranger. J’avais posé le problème de la reforme de la fonction publique. J’avais posé le problème du Code Pénal. Bref, j’ai posé 6 points. C’est là qu’il me pose la question «vous voulez en fait une séance, je ne sais pas moi, comme on le fait dans nos villages, c’est-à-dire quand il y a un problème, on s’assied?»
C’est-à-dire une séance de catharsis…
Oui, à peu près, entre Camerounais. Je lui dis, oui c’est à peu près cela. En fait c’est l’ancien séminariste qui resurgissait, qui se disait, il faut que la famille se réunisse, il a accepté ce principe. Peu de temps après, j’ai été aux Etats-Unis, en France, vendre un peu cette idée aux uns et aux autres, pour leur dire «écoutez, au Cameroun il n’y aura peut-être pas de conference nationale souveraine, mais nous pensons qu’une rencontre peut avoir lieu». Cette rencontre va débuter le 31 octobre, elle va s’achever le 13 novembre, avec effectivement comme vous le signaliez tout à l’heure, l’ébauche de la loi électorale qui a cours au Cameroun aujourd’hui encore.
Alors puisqu’on y est, on parle l’un des points cruciaux c’était reconsidérer un peu l’opposition, remettre à plat tout ce qui touche à l’aspect législatif et réglementaire institutionnel même des élections, et vous vous étiez dans une commission assez importante sur le nouveau code électoral. En 2011, le Cameroun ne dispose pas d’un véritable code électoral, si l’on excepte un fatras de loi disparates. Est-ce que le Cameroun qui ambitionne semble t-il d’élaborer en fin un code électoral, est en retard ?
Je ne suis pas constitutionnaliste. Je ne suis pas juriste non plus. Je suis un homme politique. Un pays n’a que les lois dont il a besoin. La loi électorale mise en place en 1991. Elle a été mise en place par monsieur Eyebe Ayissi Henri qui était président de la commission. Mais dans la commission il y a avait monsieur Issa Tchiroma, qui représentait à l’époque L’Undp, il y avait moi-même qui représentait le Pdc, il y avait un représentant du Sdf, il y avait un représentant d’Upc. J’étais rapporteur de la commission. Les conclusions de cette commission seront présentées par feu le ministre Ayissi Mvondo Victor. Pour des raisons non seulement financières, budgétaires, mais aussi pour éviter que le vote ne devienne vraiment pas trop régionaliste, il avait été décidé de faire une élection à un seul tour. C’est vrai qu’une élection à deux tours aurait pu correspondre à ce qui se passe et se pratique dans les grands pays de démocratie, c’est le cas de la France par exemple.
Ou d’autres pays africains…
Ou d’autres pays africains. Mais dans le contexte de 1991, pour éviter tout simplement des dérives, la majorité est allée aux élections à un seul tour,
Vingt ans plus tard, qu’est-ce que vous mettriez dans le code électoral camerounais ? Je vous propose deux trois petites choses: la codification du caractère obligatoire du vote. Est-ce que ça vous a jamais traversé l’esprit ?
Mais le vote est déjà obligatoire
C’est un devoir. Mais vous savez bien qu’il n’y a pas de coercition,
Il n'y en a pas, il n’y en a nulle part, dans aucun pays démocratique, il y a pas de coercition.
Est-ce que vous y mettriez une élection présidentielle à deux tours ?
Une élection présidentielle à deux tours permettrait au premier tour, un positionnement des uns et des autres, un deuxième tour, qui sera utile.
Est-ce que vous y mettriez des candidatures indépendantes pour les élections legislatives par exemple ?
Ça c’est le choix des camerounais,
Vous, vous y mettriez quoi ? Vous resteriez dans le corset des partis politiques ?
J’appartiens à une formation politique. Je suis né et j’ai grandi dans les partis. J’ai été élevé dans cette culture là. Pour s’exprimer politiquement, on a besoin d’un parti politique. Il ne faut pas faire l’économie de partis politiques.
Pourtant la loi sur l’élection présidentielle prévoit des candidatures indépendantes.
On peut le faire, mais moi personnellement j’ai été élevé dans une autre culture. J’estime que c’est manquer de courage civique que de prétendre qu’on est de la société civile tout en voulant faire de la politique comme un parti politique. Dans ce cas là on a qu’a créer son parti. On ne peut pas faire l économie d’un parti politique parce que gérer un parti politique c’est des hommes, des femmes, des jeunes qu’il faut gérer ; c’est des structures qu’il faut mettre en place ; c’est une autre organisation sociale ; et même nationale. Ce qui n’est pas le cas dans la société civile. Une société civile a un autre mode de fonctionnement, mais ce qui se passe dans notre pays aujourd’hui c’est qu’en fait, il y’en a qui se déclarent comme membres de la société civile, qui font tout simplement, purement la politique, et qui font l’économie d’un parti politique, dans son fonctionnement.
Est-ce qu’une part de la crédibilité de la prochaine élection présidentielle se joue à cette armature législative et réglementaire telle qu’elle se présente en janvier 2011 ?
Ma lecture est très simple. Je pense qu’à la date d’aujourd’hui, si les Camerounais acceptant de faire le sursaut qu’on attend d’eux, c’est-à-dire, dire tout haut, ce que tout le monde pense tout bas, depuis des mois déjà, peut être depuis des années à savoir que, ce pays va mal, ce pays se porte mal, il faut changer la manière de nous gérer et voter pour le candidat de leur choix pas pour les candidats qui s’imposent à eux depuis longtemps. Ce que je veux dire c’est que si les élections sont libres et démocratiques au Cameroun, je doute fort que le même chef d’Etat soit le chef de l’Etat de l’année 2012. Ça m’étonnerait que le président Paul Biya soit réélu dans ces conditions là.
Personne ne vous croit
Pourquoi ne me croirait–on pas ?
On voit bien comment les choses s’organisent, on voit bien qu’elle est la répartition des forces politiques.
J’ai bien dit que si les élections étaient libres et démocratiques, le président Paul Biya ne peut pas être élu au Cameroun. Ceux qui connaissent bien ce pouvoir disent qu’ils ont verrouillé le système. Comment verrouille-t-on un système ? Je n’insulte personne, on verrouille un système en démocratie, en achetant les medias et en confisquant le pouvoir de l’armée
Ce que vous n’avez pas fait, vous !
Je n’ai pas les moyens de le faire, je ne le ferai jamais, je suis un démocrate. Alors, comment verrouille t-on un système ? C’est de cette manière là, les média d’un côté, l’armée, la police, la gendarmerie. De l’autre, le verrou il est financier, le verrou c’est l’argent. Le pouvoir en place n’a pas verrouillé le système par des lois, par des règlements, il le verrouille par l’argent. On appauvrit la majeure partie du peuple et on conserve seul les biens matériels, financiers et autres. On rend les journalistes dépendants du pouvoir, on rend l’armée dépendante du pouvoir, et on rend bien sûr le peuple dépendant du pouvoir ;
Et les journalistes ?
Même les journalistes
Tous ?
Combien de journalistes sont payés au Cameroun Mr Zinga ?
Mais est-ce que vous avez mené une enquête pour affirmer cela ?
J’ai mené une enquête, j’ai lu des articles que j’ai eus à photocopier, Un jeune journaliste du Messager qui disait qu’il touchait en moyenne 78 mille francs Cfa par mois.
Mais est-ce qu’il est pour autant réquisitionné ?
Non, c’est le système qui est réquisitionné. Il ne s’agit pas d’un journaliste individuellement. Il ne s’agit pas de monsieur Valentin Zinga. Je parle n’est-ce pas, d’un pouvoir. Au Cameroun il existe 5 pouvoirs, l’exécutif, le législatif, le judiciaire, le pouvoir des médias, et celui des sectes, 5 pouvoirs. Et parmi ces 5 pouvoirs, le pouvoir central, le pouvoir s’est arrange justement de mettre un verrou, le verrou est financier, c’est par l’argent qu’on verrouille le système.
Alors, deux autres sites, feront probablement la crédibilité de prochaines élections, les prochaines consultations électorales, et quand je dis prochaine élections, je pense au discours de fin d’année, du 31 décembre 2010, du président de la république qui dit qu’il y aura des élections et en bonne place la présidentielle. Est ce que c’est une nuance qui a suscité chez vous une certaine réaction ?
Mais bien sûr que par rapport à la constitution de 1996, on est supposé s’attendre à divers élections, les sénatoriales, les législatives, les communales, les présidentielles, tout est possible,
Mais vous êtes prêts ?
Nous le saurons sur le terrain
Alors, je parlais de ces 2 sites, il y a un site qui est institutionnel, je veux parlerd’Elections Cameroon. Vous dites qu’Elections Cameroon ce n’est pas la peine ?
Je n’ai pas dit ce n’est pas la peine
Vous dites qu’on peut améliorer ?
On peut améliorer
Vers quelles directions ? Vers une Ceni (Commission Electorale Nationale Indépendante) ?
La Nouvelle Expression a bien voulu faire paraître un papier rédigé par le Parti Démocrate Camerounais, où nous proposons 12 points. Le premier point porte sur la gratuité de la carte nationale d’identité, le second point porte sur l’installation du bureau de vote, nous en tant que parti politique souhaitons savoir où seront situés les bureaux de vote d’ici le mois d’avril pour que nous nous préparions à cela. Lorsqu’on parle de truquage, le truquage électoral se passe dans le bureau de vote, il se passe au niveau des procès verbaux, il se passe au niveau du transfert de ces procès verbaux vers les instances supérieures. Nous demandons que les bureaux de vote soient connus, qu’ils ne soient pas installés dans les domiciles de ceux qu’on appelle communément des élites, que les bureaux de vote ne soient pas installés dans les domiciles des commerçants et hommes d’affaires, qu’ils ne soient pas installés dans les domiciles de ceux qui peuvent pratiquer un quelconque trafic d’influence. Nous demandons par ailleurs qu’il n’y ait pas plus de 500 électeurs par bureau de vote. Et nous souhaitons plus loin que la liste des électeurs par bureau de vote soit connue, et plus loin nous proposons que au delà des 12 membres proposés par le décret, il y ‘en ait 116 autres qui seront élus, 58 par les partis politiques et 58 par la société civile. Vous voyez que j’en tiens compte, ça fera donc que 128 membres qui auront les mêmes droits, les mêmes prérogatives devant la loi pour gérer les élections, c’est dans ces conditions là que la chose peut être démocratique
Vous avez bon espoir d’être entendu ?
Nous avons fait parvenir ce courrier à monsieur Fonkam Azu’u, nous l’avons aussi fait parvenir à monsieur Yang Philémon chef du gouvernement camerounais et on attend.
Vous n’avez pas de réponse jusqu’à présent ?
Le courrier est parti il y a de cela à peine 3 à 4 jours, nous attendons la suite.
Alors l’autre point de crédibilité, c’est ce que l’on peut considérer comme le
désinvestissement civique, repérable par la timidité des inscriptions sur les listes électorales, et assez souvent le taux d’abstention, jugé considérable dans certains villes comme on l’a vu lors des scrutins précédents. Vous dites qu’il faut inciter les Camerounais à s’inscrire sur les listes électorales, est-ce que ça va être l’une des clés des prochaines élections ?
Vous savez, nous au Parti des Démocrates nous avons initié une démarche en 3 points. J’ai décidé d’annoncer mon retour en politique, j’ai fait paraître un certain nombre de papiers. En 2010. J’ai dénoncé les exactions, les insuffisances et carences du gouvernement camerounais depuis 28 ans. Cette année, en 2011, notre rôle sur le terrain sera d’expliquer aux populations pourquoi il faut aller voter, pourquoi c’est important de voter. De nombreux camerounais ne vont pas voter parce qu’ils ne comprennent pas véritablement la signification du vote. Vous monsieur Valentin Zinga et moi, avons eu la chance d’aller à l’école pendant longtemps, de lire et d’être assez à l’aise avec certaines notions. C’est à nous d’expliquer à nos frères et soeurs qui n’ont pas saisis les enjeux véritables de ce vote pourquoi il faut aller voter. C’est ce que nous faisons véritablement sur le terrain.
Qu’est-ce qui vous parait déterminant dans ce qu’on peut considérer comme cette désaffection quasi générale de la politique de la part des populations ? Est-ce que c’est parce que tout le monde sombre dans une sorte de fatalisme selon lequel les choses seraient faites d’avance, ou alors c’est simplement parce que vous politiques avez cessé de produire du rêve ?
C’est important ce que vous dites. Je ne veux pas nier cela, produire du rêve. Mais je pense qu’il y a eu un désinvestissement qui a débuté dans les années 60. Quand on lit l’histoire de notre pays, quand on apprend à la connaître, on se rend compte que l’Union des Populations du Cameroun, n’a pas été un rêve c’était une réalité. Il y a des Camerounais qui se sont battus pour ce pays, qui en sont morts, Um Nyobe Ruben, Ernest Ouandié, Félix Roland Moumié, et bien d’autres. Le Parti des démocrates Camerounais a connu des hommes. Ce que je veux dire c’est que la génération de nos parents s’est vraiment investie pour que ce pays devienne libre, indépendant et digne.
Mais ce qui a suivi, dès les années 64, 65 par là, après toutes les arrestations, après tous les abus , toutes les atteintes aux libertés publiques qui ont été réalisées entre 1965 et 1970, on a constaté, un certain émiettent de la conscience collective, qui s’est installé au Cameroun ; l’émiettement de la conscience collective a conduit à un effacement de la conscience individuelle, c’est-à-dire que, sur le plan personnel, et individuel, le Camerounais a désappris à faire la différence entre le bien et le mal, ça. Et aujourd’hui, à quoi nous assistons ? Lorsqu’on ’écoute les membres du parti au pouvoir, le centre de l’Etat, envoyer des motions de soutien, ainsi de suite, je ne crois pas que ce soit le chef de l’Etat qui le leur demande. Ils ont désacralisé le divin, pour sacraliser un humain. Paul Biya est devenu dieu. Dans un pays comme celui là, où les notions entre le bien et le mal qui sont centralisées autour de l’unité de lieu , a partir du moment ou il y a un effacement, comment voulez vous que les gens croient en quelque chose de supérieur ? C’est ça le problème de notre pays en ce moment. Il n’y a plus de morale. On ne croit plus aux choses fondamentales. Il y n’a plus de valeur. Nos parents, nos ancêtres avaient des valeurs en lesquelles ils croyaient.
Et il n’y a plus de figure politique susceptible de fédérer ce désespoir et le transformer en espérance ?
Je veux être cette figure politique. Voila pourquoi après 13 ans, je suis revenu au Cameroun. J’ai laissé derrière moi de nombreuses choses. Là où j’étais, je vivais très bien. Même en partant d’ici, il y a de cela 13 ans, je vivais très bien, médecin en clientèle privée, on vit très bien. Mais je suis prêt à me battre pur mes concitoyens, parce que j’estime que, j’ai une position emblématique, de par ma naissance, de par ma formation, de par ce que je peux apporter moi comme connaissance, comme vision du Cameroun. Je crois que je peux entretenir un certain nombre de choses.
J’en viens à cette scène politique que vous connaissez assez bien. On vient d’en faire au moins une démonstration rapide. Deux grands pôles, d’innombrables figures, et pas de projet de société. Est-ce que mes statistiques sont exactes ?
Etes-vous certain que le Parti des Démocrates Camerounais n’a pas de projet de société ?
Est-ce que mes statistiques sont exactes alors ?
Vos statistiques ne sont pas exactes, le parti des démocrates camerounais a pour philosophie la démocratie libérale.
Donc, le marché et la démocratie.
Exactement. La démocratie toute seule peut être la domination de la majorité. C’est aussi une forme d’abus. Il n’est pas question que la majorité domine complètement une minorité grace à la démocratie. Nous souhaitons qu’il y ‘ait du libéral dedans, pas seulement sur le plan économique, mais aussi sur le plan moral. Sur le plan économique nous acceptions l’économie de marché, le Parti des Démocrates Camerounais souhaite voir se développer au Cameroun, le libre marché, le Parti des Démocrates Camerounais veut développer l’autoemploi, nous souhaitons que les seuls riches au Cameroun ne soient pas que le haut fonctionnaire et les grands commis de l’Etat. Nous souhaitons que chaque camerounais qui en a le moyens puisse exploser, se développer, se déployer, gérer sa vie.
Il y a de toutes façons d’un coté un Rdpc triomphant, on dit même hégémonique à certains égards, et à propos duquel vous avez eu cette phrase : « La fraude électorale, la corruption et le mensonge politique sont au Cameroun les moteurs essentiels de la démarche du pouvoir. Ce sont les seuls ressorts qui permettent au parti au pouvoir et à son chef le président Paul Biya de se maintenir en place au détriment des aspirations légitimes des camerounais ». Et on peut vous rétorquer que c’est un bien commode poncif ! Qu’est-ce que vous répondez ?
Je suis dans l’opposition, je suis dans mon rôle de tribun quand je dénonce. Je serais au pouvoir que vous me feriez le reproche de dire des choses comme celles là essentiellement.
La différence entre un parti d’opposition et un parti au pouvoir c’est laquelle ? C’est que celui qui est au pouvoir peut, c’est ça le mot pouvoir, il faut revenir sur l’étymologie même du terme, il faut revenir sur la sémantique : le pouvoir, le pouvoir de réaliser, le pouvoir de faire, le pouvoir de produire, le pouvoir de changer les choses. Je suis dans mon rôle quand je dénonce. Je suis dans mon rôle quand j’annonce. Je suis dans mon rôle quand je me prononce. Je me bats donc pour accéder à ce pouvoir afin de montrer de quoi je suis capable, c’est ça le principe.
De cette analyse là, il ressort quand même que les forces de l’opposition sont ainsi dédouanées à très peu de frais ; leurs interminables querelles de chef, leur cécité stratégique parfois, si l’on en croit un certain nombre d’analyses. Est-ce que ces deux facteurs là n’ont pas contribué à ce retour un peu, au parti unique ?
Je crois qu’il ne faut pas que ces deux éléments là.
Il y en a d’autres ?
Il y en a d’autres
Alors lesquels ?
Le problème fondamental est celui de l’information, la qualité du discours, la qualité de l’analyse. Tous autant que nous sommes, ce que nous sommes aujourd’hui c’est parce que nous avons écouté un discours. On commence à écouter un discours à l’école primaire, on écoute le discours de ses parents, celui de l’iman, du prêtre, du pasteur, du professeur, du moniteur, de l’enseignant à l’université, c’est le discours qui fait de nous ce que nous sommes. Si la qualité du discours est bonne, et si le discours peut circuler, les mentalities peuvent changer. Or ce qui se passe chez nous, c’est que malheureusement il n’y a qu’un discours dominant, un discours unique. À la Crtv quand vous regardez, qui voyez vous : le militants du parti Rdpc
Qu’est ce qui empêche l’opposition de créer des pôles de production de discoursalternatif ?
Nous avons commencé à la faire. Il existe effectivement un blog du Parti des Démocrates Camerounais. Il existe un site web du parti. En 1997, il y a 13 ans je suis parti, là je reviens.
J’ai eu 13 ans pour réfléchir, 13 ans pour étudier, 13 ans pour analyser et comprendrecomment fonctionnait notre société. Je pense que j’apporte des éléments neufs.
Alors, je disais en exorde de cette émission que vous avez publié cet ouvrage «Cameroun des années de braise, aux leçons de l’histoire, vers une dynamique nouvelle», aux éditions l’Harmattan en 2009. Votre livre est porté par une conviction, parce que vous estimez, maniant habilement la métaphore sportive, footballistique pour ne pas la nommer, vous dites qu’il faut « siffler la fin du match. Car malgré le temps réglementaire, malgré les prolongations, et les tirs aux buts, le capitaine de l’équipe Cameroun, le président Paul Biya et ses coéquipiers en place depuis 1982 ont perdu. Ils doivent quitter le terrain, parce qu’il n’ont gagné aucun match essentiel de leur carrière». Je devine que vous rêvez d’un brassard !
Vous avez effectivement lu ce livre, tous ces passages que vous citez je les reconnais et effectivement c’est moi qui ait dit ça. Le Cameroun est un pays de grands sportifs, qui aime le sport en général. Je pense que, une métaphore comme celle là est bienvenue pour expliquer ce que je pense. Le temps réglementaire c’est lequel ? C’est la durée du mandant presidential qui est de 7 ans. Or le président Biya est au pouvoir depuis 28 ans.
Mais les dispositions sur le mandat présidentiel remontent à la constitution de 1996…
Tout à fait. Ce que je veux dire, c’est qu’il a dépassé le temps réglementaire. C’est-à dire quoi ? Jusqu’en février 2008, on était supposé ne faire que 2 mandats de 7 ans. Cette constitution a été changée en avril 2008, c’est à dire que l’on est dans les prolongations. Ce qu’il demande c’est une prolongation e son mandat par rapport à ce que prévoit la constitution, et c’est là que nous intervenons. Nous au Parti des démocrates Camerounais pour dire, non. Durant le temps réglementaire qui leur a été imparti, ils n’ont pas marqué de buts, ils sont allés d’èchecs en échecs. Est-il possible que dans ces conditions, on leur accorde un nouveau mandat ? Nous disons non. Je ne suis pas venu me battre contre un homme, ou contre son équipe. Je suis venu me battre pour quelque chose. Je me bats pour un Cameroun différent, un Cameroun prospère un Cameroun ou enfin, les camerounais pourront se sentir chez eux, et égaux. Je descends actuellement dans les quartiers les plus pauvres de la ville de Yaoundé. Je vais le faire aussi à Bamenda, j’irai à Douala, à Garoua, à N’Gaoundéré. On m’a déjà invité un peu partout, et je suis sûr que la chose sera la même. La misère est partout, elle est rampante. Comment peut-on expliquer autant de misère dans un pays qui exporte du pétrole ? Le président Biya l’a dit dans son discours du 31
A des quantités…
Si il n’yavait pas du pétrole au Cameroun, notre budget serait complètement déficitaire, c’est-à-dire que la balance de paiement camerounais serait complètement déficitaire. En d’autres termes, sur le plan de l’agriculture, ça ne fonctionne pas. Au niveau du secondaire ça ne fonctionne pas non plus. Il n’y a que le pétrole qui nous rapporte de l’argent. Je voudrais ajouter, nous avons un sol fertile, un sous sol riche, une population jeune et dynamique.
Comment peut-on expliquer le degré de misère au Cameron ?
Votre explication c’est laquelle ?
Mauvaise gestion
Uniquement ?
D’une part…
Et d’autre part ?
La prévarication, pour employer un terme simple, une corruption à nulle autre pareille dans un pays qui est riche. Les plus riches dans ce pays sont des fonctionnaires. Comment peut-on expliquer cela ? Le salaire le plus élevé de la fonction publique selon mes informations serait d’un million 500 mille francs CFA, en un an quand on gagne cette somme, on ne peut gagner que 18 millions de francs CFA, comment peut on avec 18 millions de francs CFA, s’acheter des voitures pour soi même, des voitures pour son épouse pour ses enfants, construire en ville, construire au village et avoir des villas dans tout le pays ? Tout en faisant des voyages à l’étranger, ces hommes ne se soignent pas au Cameroun, ils ses oignent à l’étranger-, je suis médecin, je sais de quoi je parle. J’en rencontre dans des hôpitaux européens, ils n’ont pas de sécurité sociale européenne, ils payent cash. Comment peut-on avec 18 millions de francs CFA, le salaire maximal gagné par un haut fonctionnaire camerounais, comment peut on avec cette somme, faire tout cela ? Les banques sont frileuses. Elles n’accordent pas de crédit à tout le monde. Comment font-ils ces hommes là ? Que peuvent–ils hypothéquer. Ils n’ont pas de société, comment font–ils pour déployer autant de dépense, c’est ça la veritable question et ces hommes, ils ne représentent même pas, j’ai fait le calcul, 10 mille camerounais, sur 20 millions. C’est un nombre infime de camerounais, et ces hommes là tiennent en otage tout un pays. On ne devrait pas permettre cela. Voilà pourquoi je me suis dit, moi Mbida, je n’ai rien à perdre. Je suis venu dire cette évité là. Je demande aux Camerounais sans qu’une seule goutte de sang soit versée, sans prendre une seule larme, sans tirer un seul coup de fusil, je demande aux Camerounais de se lever. La kalachnikov du citoyen en démocratie, c’est son bulletin de vote,
Alors j’en reste à la métaphore sportive. Je vous ai dit tout à l’heure que je devinais que vous rêviez d’un brassard…
Tout à fait. Je vous ai répondu au début en vous disant que ça ne dépendra cette fois là que de deux personnes, le citoyen camerounais qui votera et le Parti des Démocrate Camerounais s’il m’investit. Il ne l’a pas encore fait,
Je voudrais vous demander à chaque fois en un mot, de me dire sur les 10 urgences camerounaises que je me suis permis de sérier, qu’est ce que le Cameroun peut espérer. En politique ?
Un nouveau chef d’Etat
Sur la corruption
Des hommes intègres
Sur la croissance ?
Une dynamisation de l’économie camerounaise, l’industrialisation
Pour la coopération financière internationale ?
Revoir les parités entre le franc Cfa et l’euro
Sur l’école ?
Une amélioration du système, c’est à dire, une professionnalisation plus importante de l’écoleau Cameroun
Sur la santé ?
Des meilleurs hôpitaux, des hôpitaux dans les arrondissements,
Et pas un meilleur ratio médecin-population ?
Effectivement, tant qu’on n’aura pas un meilleur, il faudrait faire comme les pays occidentaux, c’est-à-dire faire venir des médecins d’ailleurs. C’est ce que fait la France.
Sur l’insécurité ?
Moraliser…
Sur le football que vous considérez comme l’un des 7 fléaux, les 7 F du Cameroun ?
Je pense que le football, sur le plan national et international pourrait servir à une cause meilleure, que celle que nous lui connaissons aujourd’hui
Sur l’agriculture ?
C’est l’essentiel.
Sur l’emploi ?
C’est le cheval de bataille du Parti des Démocrates du Cameroun. Nous devons developer l’auto emploi. L’Etat Camerounais ne peut pas employer tous les 20 millions de camerounais, surtout pas les 10 millions en âge de voter.
Vous avez rencontré un certain nombre de politiques camerounais. On a parlé du président Biya tout à l’heure. Vous en avez côtoyé d’autres dans d’autres regroupements.
Bello Bouba Maigari, Garga Haman Adji, Ndam Noya, un homme très intelligent. Le seul que je n’ai pas rencontré parmi les hommes politiques de ce pays c’est monsieur Fru Ndi.
Et pourquoi ?
Il avait considéré que j’étais un «beti man». C’était son expression. C’est ce qu’on m’a Rapporté
Lequel de tous ces hommes politiques vous semble redoutable pour votre probable ascension vers le palais de l’unité ?
Je laisse le peuple camerounais répondre à cette question.
Entretien mené par Valentin Siméon Zinga
Le président du parti des démocrates camerounais à recemment abordé quelques questions d’actualité brulante avec Valentin Siméon Zinga, dans “La Vérité en face”, sur Equinoxe Télévision.
Le médecin que je suis se permet d’emblée de dire que une autopsie ne peut se pratiquer que sur un cadavre,
Vous m’avez vu venir !!!
Une autopsie ne peut se pratiquer, monsieur Valentin Zinga, que sur un mort, le Cameroun est encore vivant, et bien vivant.
Le Cameroun lui même alors !
Le Cameroun lui-même alors, il peut mériter une thérapie de choc, dans la mesure ou la thérapie de choc se pratique sur un patient qui est dans un état critique, face à une urgence, ou les fonctions vitales sont engagées, on a le droit de pratiquer une thérapie de choc.
C’est ce que mérite le Cameroun en 2011 ?
Le Cameroun en 2011 le mérite
Le 2 septembre 2010 déjà vous regagnez le Cameroun. Votre retour est annoncé, médiatiquement organisé bien sûr, personne ne vous en fera le grief. Le 19 juin 2010, vous répondez à une question de Christophe Boisbouvier de RFI, qui vous demande si vous êtes candidat à l’élection présidentielle prévue en 2011 et vous avez cette réponse, je la cite « je vais descendre au Cameroun dans quelques semaines, s’il existe un repère véritable, je me porterai candidat » En janvier 2011, vous avez retrouvé ce repère ?
Ce repère est entrain de se constituer. En ce moment, le Parti des Démocrates Camerounais descend auprès des populations camerounaises, dans les endroits les plus reculées de notre pays, pour tâter, prendre le pouls et comprendre ce qui ce passe. La demande est importante.
Le Cameroun est dans une misère profonde, que nous n’avons pas connue depuis de très nombreuses décennies. Les populations sont aux abois, le désarroi est total, il est complet. Le Cameroun est un pays riche, très riche d’ailleurs, puissant, on ne s’explique pas ce degré de misère. La seule chose qu’on pourrait dire dans ces conditions, c’est qu’il n’existe pas de redistribution véritable des richesses dans notre pays. Le taux de croissance camerounais en ce moment n’est pas mauvais, il est même supérieur à certains taux que connaissent certains pays européens tels que la France, ou l’Angleterre, nous nous situons en ce moment autour de 3, 4 et demi pour cent.
Pour les plus optimistes…
C’est réel, mais cependant, on ne peut parler de croissance véritable que lorsqu’il y a des progrès. Le progrès est une croissance qui est soutenue, durable et qui est redistribuée, et qui profite à la majeure partie de la population. Il existe peut-être une croissance au Cameroun mais qui ne profite pas à la majorité des camerounais. Dans ces conditions, on ne peut pas parler de progrès. Un progrès n’est véritable que lorsqu’il est durable, lorsqu’il est profitable à la majeur partie des citoyens camerounais. Ce n’est pas le cas au Cameroun.
En clair, dois-je considérer que je suis entrain d’interviewer un candidat à l’élection présidentielle de 2011 ?
Je suis légaliste et légitimiste, c’est-à-dire que j’appartiens à un parti politique qui est vieux de 52 ans,- le 12 janvier nous avons fêté nos 53 ans d’existence, le Parti des démocrates Camerounais a été fondé par André Marie Mbida, Djoumessi Mathias, Marigo Mboa, Piani Nekam, MBana Bernard, Logmo Antoine. Ce sont ces hommes qui ont crée le Parti des démocrates Camerounais, en 1958, il y a un qui existe encore aujourd’hui parmi les fondateurs, monsieur Kongo Germain, Ce parti a fêté ses 53 ans, ça signifie que ce que nous faisons aujourd’hui n’est que la continuation d’une idée qui a été lancée par nos aînés. Et l’idée c’était laquelle ? C’était non seulement l’émancipation du peuple camerounais, mais l’amélioration des conditions de vie de tous les camerounais, ainsi que la promotion de l’africain en général.
Jusqu’à quel niveau de levier institutionnel éventuellement allez- vous vous impliquer pour l’amélioration des conditions de vie ?
Le régime camerounais est un régime présidentialiste. Il y en a qui ont cru qu’en devenant Premier Ministre, ils pouvaient changer les choses au Cameroun. Pour changer véritablement les choses au Cameroun, il faut être président de la République.
Alors, la question que vous me posiez précédemment, «est-ce que je suis candidat ou pas», je vous ai dit que j’étais légaliste et légitimiste, ça veut dire que j’attends que le parti auquel j’appartiens m’investisse comme candidat, sil le veut bien. Donc le Parti des démocrates Camerounais est entrain de se Préparer à mettre en place son Congrès, et c’est ce congrès qui désignera le candidat du parti.
Et chacun sait comment ça se passe !
Il n’existe pas de candidat naturel dans le Parti des Démocrates Camerounais. C’est un parti des démocrates et au sein de ce parti les uns et les autres présenteront leur candidature.
Il existe un candidat historique ?
Un candidat historique ! Si André Marie Mbida était encore vivant, il serait le candidat historique du parti. Moi, je ne suis que le repreneur institutionnel du Parti des Démocrates Camerounais. J’ai repris le parti parce que les anciens compagnons de route de mon père me l’ont demandé. En 1991, 1992. Ils sont venus me voir en me disant que j’avais une raison sociale, j’étais médecin. La majeure partie d’entre eux sont des fonctionnaires retraités de catégorie B et C de la fonction publique camerounaise. Ils n’avaient pas la possibilité me disaient-ils de gérer un parti comme celui là. Voila pourquoi moi, avec la raison sociale qui est la mienne, j’ai pu reprendre en main le parti.
On refera un peu d’histoire tout à l’heure. La loi camerounaise en matière d’élection prévoit entre autres critères, que le candidat puisse justifier d’une résidence discontinue de 12 mois sa place. Vous vous êtes arrivé au Cameroun le 2 septembre 2010. On peut supposer que si l’élection a eu lieu en octobre 2011, vous aurez pleinement rempli ce critère …
Absolument…
C’est un calcul qui est inutile à faire en janvier 2011 ?
Ce n’est pas un calcul inutile. Nous faisons de la politique, nous ne sommes pas des hypocrites. Une chose est claire c’est que si je suis rentré à cette date là effectivement c’était pour être en conformité avec la loi. Je ne veux pas dire le contraire. Mais si je suis candidat, ça je ne peux pas encore vous le dire. J’attends que le parti me le confirme.
Quand vous entrez en politique, on va le voir tout à l’heure, vous êtes quand même précédé par un nom que vous avez prononcé. Monsieur André-Marie Mbida, tout premier ministre du Cameroun, si j’en crois…
J’irai plus loin, au risque de choquer certains, ou de chagriner plusieurs, premier chef d’Etat Camerounais. Lorsqu’en 1957, le Cameroun devient autonome, on parle de l’Etat du Cameroun, le drapeau, la devise et l’hymne ont été adoptés par les démocrates camerounais, par André Marie Mbida.
Est-ce que finalement, cette histoire qui vous précède est un handicap, ou un avantage ?
Je suis fier d’être le fils d’André marie Mbida, absolument fier
C’est un héritage un peu lourd par la suite à porter? À essayer de se faire son propre prénom ?
ça oui. Se frayer son propre prénom. Je l’ai fait, mon père m’a aidé à la faire. Il a voulu que je sois un bon élève, je l’ai été, je suis médecin. Sur ce plan là on sait que j’existe, mais maintenant sur le plan politique, il faut que je fasse mes preuves.
Est-ce que les exactions, les brimades, les supplices- comme en témoigne cette arrestation dont vous parlez souvent avec beaucoup d’émoi, de votre père le 29 juin 1962 lorsque vous n’avez que 6 ans-est -ce que ce type d’arrestation, ce type de conjoncture peut avoir justifié votre entrée en politique ?
Je ne suis pas psychiatre, je n’ai pas fait de psychanalyse en tant que telle, mais ce n’est pas impossible que ces événements aient cristallisé en moi, un refus de l’injustice en général.
Et peut-être la promotion de la démocratie, puisque vous avez coutume de rappeler que sous votre père, vous lui avez demandé lorsque vous étiez en classe de seconde, pourquoi il se battait contre Ahidjo, il vous a répondu, « je ne me bats pas contre Ahidjo, je me bats pour la démocratie ».
C’est pour ça que vous êtes en politique aussi ?
Entre autre aussi, effectivement
Vous vous défendez d’inscrire votre démarche dans une logique de vengeance, mais vous formulez quand même quelques regrets sur ces oublis que vous attribuez par exemple au président Biya quand vous dites qu’il n’a pas pu prononcer certains noms lors du discours de mai 2010. Est-ce que en revanche, quand vous commettez un ouvrage « Cameroun des années de braises aux leçons de l’histoire » vous ne réparez pas cela ?
Il est important qu’aujourd’hui, les Camerounais jeunes et moins jeunes qui n’ont pas été au contact direct avec ces événements, sachent exactement ce qui s’est passé, comment cela s’est passé, et qui fut impliqué. J’ai des neveux, j’ai des enfants-, je suis même déjà grand père, il faut le dire- qui ne connaissent pas cette histoire. Il est important que nous autres qui avons vécu en direct ces choses là. Restituons l’histoire de notre pays aux plus jeunes. Il est important que les erreurs du passé, ne soient pas répétées. Moi personnellement, je suis contre la prison politique. Personnellement je suis contre l’ostracisme politique. Je suis contre le rejet de l’autre parce qu’il ne pense pas comme moi. Je refuse absolument que quelqu’un soit poursuivi parce qu’il a des idées contraires aux miennes, et en plus de cela, je n’ai pas honte de le dire, je suis chrétien. J’ai été élevé dans la foi chrétienne. Je pense qu’au Cameroun il y a deux grandes religions, l’islam et la religion chrétienne qui toutes revendiquent une chose:
l’amour du prochain. C’est dans ce sens que j’ai été élevé. Voila pourquoi l’arrestation de mon père en 1962 aurait été un catalyseur, un catalyseur pour que je me dise, non, plus jamais cela, je ne souhaite pas que cela se reproduise au Cameroun, personne n’a le droit d’être emprisonné pour ses idées et missions politiques, personne n’a le droit de souffrir, ou de voir souffrir, pour ses convictions politiques. Aujourd’hui au Cameroun, j’ai peut être l’occasion d’en parler, je ne vais pas me gêner pour le dire, on entend parler de l’opération qui s’appelle ‘’l’opération épervier’’. J’espère vraiment que cette opération est une opération de droit commun…
Avez-vous des doutes à ce sujet ?
J’aimerais savoir où est-ce que nous en sommes exactement.
Tout semble pourtant si clair…
Rien n’est aussi clair que cela. Monsieur Amadou Ali, est ministre de la Justice, il a une formation d’administrateur civil, il n’est pas magistrat. Que ce soit lui qui nous annonce…
Il utilise les compétences des magistrats
Il utilise les compétences des magistrats, mais ce n’est pas à lui de nous annoncer qui sera arrêté, qui ne le sera pas. Tel que cela a parfois été le cas. Donc, je veux dire que je suis épris de justice. On ne doit condamner personne par rapport à ses idées politiques, par rapport à ses opinions.
Vous avez l’impression qu’il y a des considérations politiques sous-jacentes ?
Ce n’est pas impossible. Mon père a fait 3 ans de prison du 29 juin 1962 au 29 juin 1965. Il en est sorti aveugle. Il y a des hommes en préventive actuellement au Cameroun, je veux parler de Olanguena Awono. On n’est pas du même parti, mais je le connais bien. Je veux parler d’Atangana Mebara et bien d’autres, qui sont en prison préventive depuis bientôt 3 ans.
Trois ans de prison, ça détruit un homme. S’ils sont coupables, qu’on les juge. Et qu’on leur dise ce pourquoi ils ont été condamnés. S’ils ne le sont pas, qu’on les relâche.
Dans un pays de droit, et le Cameroun se revendique pays de droit, c’est comme cela qu’on devrait procéder. C’est pour tout cela que je m’engage en politique. Et en dehors de cela, le médecin que je suis a rencontré au quotidien, la misère sociale est la conséquence de l’injustice sociale. La misère sociale est la conséquence du manque de redistribution progrès dans un pays, et c’est pour cela que je me bats. C’est tout cela qui me pousse à faire ce que je fais aujourd’hui à savoir me battre pour un Cameroun plus prospère un Cameroun meilleur, un Cameroun différent.
Vous n’innovez pas beaucoup
Je n’innove pas, je suis déterminé, je ne sais pas si nous sommes nombreux à être dans ma position qui accepte de faire ce que je fais.
Le Pdc plonge ses racines, aussi longtemps qu’on peut se souvenir, au moins jusqu’en 1952, 1952. C’était le Cocoocam, le comité de coordination du Cameroun,
En 1991, vous reprenez le flambeau
Tout à fait !
Vous gérez quoi, un héritage ? Et quel type d’héritage ?
Il y a des héritages qui sont faciles à porter. Celui là ,il est un peu difficile à porter, et je reprécise encore pour que les téléspectateurs le sachent, je n’ai jamais demandé à reprendre le Parti des Démocrates Camerounais. Les anciens compagnons de route de mon père, monsieur Boungou Antoine, encore vivant aujourd’hui, monsieur Bikele Ekani, monsieur Atangana Adalbert, monsieur Samson Tchoungui, monsieur Mouth Benjamin, ils étaient bien nombreux, lorsqu’ils sont venus me voir pour la légalisation du Parti Démocrate Camerounais, je leur ai dit : écoutez, je reste en back office, si vous avez besoin de quoi que ce soit sur le plan financier je vous aide. Ils se sont présentés devant monsieur Namvou Benoît alors gouverneur de la province du Centre. Namvou c’était un homme physiquement grand, un géant de la forêt. Il leur a crié dessus une seule fois ils sont ressortis de son bureau en courant. Le bureau de monsieur Namvou n’était pas loin de la clinique ou j’exerçais à l’époque. Ils sont venus me voir pour me dire en Béti « ndougrou » c’est-à-dire que c’était très chaud là bas, on n’a pas pu déposer le dossier, est ce que tu ne peux pas reprendre les choses en main toi-même. C’est comme ça que j’entre en politique. J’ai perdu beaucoup de choses en entrant en politique. J’étais à l’époque médecin de la société qui a construit l’aéroport de Nsimalen, c’étaient des Autrichiens, des Allemands, je parlais allemand, ils m’ont pris comme médecin de société, j’ai été médecin de société de la Scan-water,
Vous avez vécu la répression, C’est là que tout a commencé ?
C’est là que tout à commencé. On m’a retiré tous les contrats
Comme ça ?
Le mois même ou j’ai déposé à mon nom, en tant que président du Parti des Démocrates Camerounais au Minat, tout m’a pratiquement été retiré,
Alors en 1991, quand vous reprenez le flambeau vous faites quand même déjà partie d’un groupe de réflexion dit des démocrates qui se constitue autour d’Adamou Ndam Njoya
Oui
Et puis après vous décidez quand même d’aller reprendre le flambeau du Pdc, est ce que vous êtes conscient…
Je n’ai jamais fait partie de ce groupe là,
Ah bon ?
Non, jamais. Adamou Ndam Njoya est encore vivant, moi-même si, je connais très bienAdamou Ndam Njoya, j’ai du respect pour lui, je n’ai jamais fait partie d’un groupe de réflexion dit des démocrates avec Adamou Ndam Njoya
Alors vous avez fait partie de quel groupe de réflexion puisque vous avez quand meme commencé par reconnaître que vous avez fait partie d’un groupe de réflexion ?
J’ai fait partie d’une groupe de réflexion, je ne sais pas si c’est bien de citer leurs noms.
Mais oui
Monsieur Mvogo Athanase, haut fonctionnaire camerounais, Tsala Jacques Philipe prêtre camerounais…Et psychologue. Monayong Paul, Ze Ondoa. Effectivement nous nous sommes regroupés en tant que Camerounais pour réfléchir sur le devenir de notre pays ça c’est vrai. Mais je dis je n’ai jamais fait partie d’une groupe avec monsieur Adamou Ndam Njoya, pour lequel j’ai beaucoup de respect par ailleurs.
L’organisation dont vous héritez de la gestion pour ainsi dire, c’est à dire le Pdc, arrive ou se reconstitue, vous dites vous-même qu’il renaît d’un tas de cendres, c’est votre expression…
Absolument !
Eh bien, renaît donc de ce tas de cendres à une période charnière en 1991, c’est les villes mortes, c’est ces convulsions socio politiques que l’on sait. Et là vous jouez d’une manière ou d’une autre, un rôle dans le cadre de ce que vous appelez alors l’Ord.
L’opposition républicaine et démocratique
Avec Bedzigui, avec Apollinaire...
Apollinaire Guillaume Nseth,
Et vous revendiquez d’une manière ou d’une autre la tenue de la rencontre tripartite à Yaoundé. Je rappelle que cette rencontre arrive comme une espèce de succédané de ce qu’on considère à l’époque comme panacée de la conférence nationale souveraine. Est-ce que vous avez des regrets à avoir appuyé davantage la position du president camerounais qui disait que la conférence nationale est sans objet pour le Cameroun et qui a plutôt organisé la tripartite de Yaoundé ?
Vous êtes entrain d’évoquer une période charnière de l’histoire de notre pays, l’année 1991, précédée effectivement par la marche contre la démocratie de décembre 1990.
Contre le multipartisme…
Contre le multipartisme, précédée par les 20 lois sur les libertés, y compris donc la loi 90/ 056 du 19 décembre 1990 qui a vu naître la création des partis politiques.
Lorsqu’effectivement les premiers partis politiques sont légalisés, le parti politique dont on entend parler le plus à cette époque là c’est l’Undp. Nous étions à 2 ans du décès du président Ahidjo, monsieur Eboua Samuel, ancien ministre du président Ahidjo, ancien secrétaire général de la présidence, reprend en main l’Undp qui n’est autre que une résurgence de l’Unc. Et effectivement l’engouement de populations est important,
La preuve en 1992, l’Undp fait 68 députés…
Tout à fait. Donc l’une des premières erreurs de l’époque c’était, moi je vais appeler çaaujourd’hui, le tribalisme. C’est monsieur Bello Bouba Maigari qui revient du Nigeria, qui exige de reprendre le flambeau de l’Undp, au détriment de monsieur Eboua. Ca a été l’un des premiers coups durs, disons en général. Là je parle de l’histoire, je ne juge personne, je dis ce qui s’est passé. Après cela, il y a monsieur Hameni Bieleu qui pensait à organiser à Tsinga des regroupements pour des partis de l’opposition légalisés, nous étions 12 à l époque.
Qui s’appelait la coordination…
C’était la coordination, que Hameni Bieleu à son siège de Tsinga, ancien du collège Vogt, un aîné, nous n’étions pas de la même promotion, vient donc me voir et me dit «Mbida, nous nous regroupons à Tsinga, ne veux-tu pas venir avec nous ?» Je suis allé à Tsinga
Vous avez assisté à 3 séances…
Absolument
Douala, Yaoundé, et…
Absolument !
Et puis, vous avez décidé de partir. Pourquoi ?
Pourquoi je pars ? J’avais demandé à un des membres de cette conférence, le vice président, un homme qui a fait les prisons de Mantoum, de Tcholliré, qui a été candidat aux elections législatives de 1964 avec madame Mbida marguerite, je lui ai demandé d’aller représenter le Pdc à Bamenda lors de la première réunion de coordination. Monsieur Bongou Antoine s’est pratiquement fait lyncher à Bamenda parce qu’il venait de la province du Centre. La prochaine réunion devait se tenir à Douala au foyer des marins. Encore une fois Hameni Bieleu me dit «écoutez Mbida, je veux que tu sois là». Je me présente à Douala. Il y avait une absence totale de gendarmes, de policiers, je n’ai jamais vu une ville pareille, c’est-à-dire que la ville était livrée disons aux populations. Il y avait des barrages filtrants, des pneus qui brulaient partout. Des hommes aux yeux injectés de sang nous recevaient, filtraient qui pouvait entrer qui ne pouvait pas entrer au foyer des marins. Quand j’arrive à la porte, je n’avais encore fait aucune déclaration politique que déjà j’étais traité de traître, parce que je venais de Yaoundé et que j’étais originaire de la province du centre. Il a fallu l’intervention encore une fois de Hameni Bieleu pour que je sois dans la salle. Mais dans la salle comment ça s’est passé ? Nous nous sommes retrouvés avec des partis politiques légalisés, il y en avait à peine une vingtaine et 26 associations. Alors l’exigence sera la suivante, conference nationale souveraine ou non. C’était la seule question qui était posée.
Une sorte de referendum interne
Une sorte de referendum interne. Il fallait répondre sans aucune nuance, si on était d’accord pour une conférence nationale souveraine.
Et vous n’étiez pas dans la stratégie des jeux à somme nulle ?
Non !
Et c’est pour ça que vous êtes parti ?
Je ne suis pas parti tout de suite, j’ai essayé de dialoguer. J’ai essayé de trouver une solution en leur disant, «écoutez, analysons la situation clairement, essayons de voir qui nous avons en face, l’option de la violence prônée par les uns et les autres, dans la salle, c’était clair que non. Monsieur Séverin Tchounkeu était dans la salle, Me Tchoungang était dans la salle, Eboua Samuel était dans la salle, nous avions dans la salle, monsieur Kodock, monsieur Ndam Njoya, bref, tout le fleuron de l’opposition était dans la salle…
Est-ce que le meilleur à ce moment là était de partir ou rejoindre…
Je ne suis pas parti à ce moment là. Je vous explique.
Mais par la suite lorsque vous alliez dans la majorité présidentielle comme on le verra plus tard, est-ce que c’est une bonne solution ?
Il faut expliquer la démarche, parce que sinon, nous risquons de tromper l’histoire. Après la rencontre de Douala, il y a eu celle de Yaoundé. Une marche sera donc décidée sur le palais d’Etoudi. Ce n’était pas une marche au centre ville, mais sur le palais d’Etoudi. Habitant Yaoundé, j’avais certains contacts qui me permettaient de comprendre que s’il y a avait eu une marche jusqu’au palais d’Etoudi, il y aurait eu un drame à Yaoundé. Je fus appelé ce jour par Daniel Yves Topono, qui était premier secrétaire à l’ambassade de France à Yaoundé, qui me dira «monsieur Mbida, dites à vos camarades ce qui suit, si on touche à la clôture d’un palais présidentiel, c’est qu’on a pris le palais, alors je vous préviens dites à vos amis, que ça ne sera pas aussi simple, que le pouvoir va réagir. ça je vous le dis ici en clair»
Vous croyez que c’était une manière d’ingérence ?
C’était peut-être une forme d’ingérence, mais c’était aussi une vérité. Je vais donc aller voir Adamou Ndam Njoya, pour lui dire qu’il faut changer la destination de la marche, la marche sur le palais d’Etoudi n’est peut être pas une bonne chose, il faut la faire différemment. C’est là que la marche va donc se dérouler en passant devant l’actuel ministère des relations extérieures jusqu’à la préfecture. J’ai évité quelque part un drame, et ce n’est pas moi qui l’ai évité directement mais quelque part j’ai porté un message par rapport à quelque chose. Mais c’est après cela effectivement que je poserai la question aux uns et aux autres, «est ce que vous ne pensez pas qu’on peut renoncer à la violence» parce que dès Douala déjà, certains prônaient la violence, il y en a qui proposaient qu’on mette le feu à la centrale électrique d’Edéa, certains qui proposaient qu’un bateau soit coulé au port de Douala pour bloquer le port
C’était des politiques de désespoir un peu ?
Je ne sais pas s’il faut l’appeler comme ça. Ces hommes sont encore vivants aujourd’hui, Djeukam Tchameni est encore vivant, il n’est pas mort, ces hommes sont vivants, je dis les vérités parce qu’il faut que les gens sachent comment se sont déroulées les choses. Alors quand je sors de là, à l’hôtel Meumi était descendu monsieur Jean Jacques Ekindi. Je suis allé voir Jean Jacques Ekindi pour lui dire «tu es un aîné, polytechnicien, homme intelligent, fin et subtil, il ne faut pas laisser faire les choses pareilles, est-ce qu’on ne peut pas trouver une autre solution ?» C’est là que va naître l’Ord, le groupe appelé, Opposition Républicaine et Démocratique, parce que nous avons dit non à la violence tout simplement. Dika Akwa avait annoncé qu’il appartenait encore à l’Upc , on sait quel est le passé politique de l’Upc , et l’Upc n’a pas peur de prendre les armes, et à Yaoundé c’est la panique. Il faut restituer les choses dans leur contexte, parce qu’aujourd’hui quand on explique que Mbida a quitté la coordination, ce n’est pas comme ça que ça s’est passé.
Et vous avez restitué votre part de vérité…
Exactement. Et les protagonistes sont encore vivants, j’ai cité les noms exprès. Qu’on aille les interroger.
Très bien nous resterons attentifs à leurs éventuelles remarques. Alors 1991, c’est quand même la Tripartite, nous avons commencé à en parler. Avant de revenir sur le rôle que vous avez joué, enfin, une partie du rôle que vous avez joué, vous étiez quand même de la sous commission d’élaboration du code électoral si mes souvenirs sont exacts ?
Exactement
Eh bien, vous dites déjà en 2009 que c’était un rendez vous manqué avec l’histoire,
C’est exact. Et je pense aujourd’hui avec du recul que c’était un rendez vous manqué avec l’histoire, pare que lorsque nous mettons en place l’Ord, nous sommes contactés par monsieur Jacques Fame Ndongo qui, à l’époque est chargé de la communication à la présidence. Jacques Fame Ndongo va porter le message à monsieur Hayatou,
Premier ministre…
Premier ministre à l’époque. Il va nous dire « écoutez, il va vous rencontrer il a des propositions à vous faire ». Nous serons reçus par le Pm Sadou Hayatou à trois. Louis Mbida, Célestin Bedzigui et Guillaume Apollinaire Nseth, je prendrai la parole au nom du groupe, et je présenterai donc un document portant sur 6 points que nous souhaitions voir débattre à la conférence ouverte ou il y aurait donc l’Etat, la société civile et les partis politiques. Monsieur Hayatou, nous dira «écoutez, je vais en parler au chef de l’Etat ; s’il est d’accord, il vous recevra peut être »
Et le 19 juillet 1991, vous êtes effectivement reçu par le chef de l’Etat
Exactement
Et tout se déclenche là.
Tout se déclenche là. Il faut préciser que le 19 juillet 1991, je n’étais pas supposé être reçu seul. La porte avait été ouverte à tous les partis politiques légalisés à cette date, y compris ceux qui se disent de l’opposition radicale. Ils n’y sont pas venus parce qu’on leur avait fait comprendre que s’ils vont rencontrer le présidant Biya en tète à tète, le président Biya étant un charmeur de serpent, il risquait de les détourner de leur voie réelle. Ils ont refusé d’aller à Etoudi en se disant que s’ils ne sont pas reçus en groupe, ils ne veulent pas rencontrer le président Biya. J’y suis allé
Et vous avez eu ce tete à tete
J’ai eu ce tête à tête avec le président Biya. La première chose que j’ai demandée c’était des élections libres, démocratiques et transparentes par ce qu’étant gamin en 1964, j’ai vécu en direct tout ce qui s’est passé aux élections de 1964, contre les démocrates camerounais: les déportations à Mantum, à Tcholliré à Mokolo, la misère dans les familles, les décès. J’ai perdu plusieurs oncles, plusieurs tantes, à Mantum, à Tcholliré à Mokolo, d’autres sont revenus de là-bas complètement malades. Cette affaire, je voulais pas revivre cela et c’est la première fois que je rencontrais le chef de l’Etat qui m’a reçu en disant «monsieur Mbida, je vous félicite, vous vous êtes engagé en politique, de nombreux camerounais ont fait la politique avec votre père, nombreux sont leurs enfants qui n’ont pas eu le même courage que vous, je vous félicite,» C’était les premiers mots du chef de l’état.
Comment vous trouvez le président de la République à ce moment là. Il est paniqué?
J’avais été étonné et surpris par la qualité de l’information que détenait le président. Il était au courant de tout, même des choses qui se passaient dans les quartiers. Il est très bien informé. Ceux qui affirment souvent qu’il y a des choses qui se passent parce que le president n’est pas au courant, je dis c’est pas tout à fait exact. C’est peut-être sa manière de gérer ces problèmes, qui est différente, qui surprend. Mais sinon il est au courant de tout. Un autre élément qui m’avait surpris c’est que, on n’avait pas l’impression d’avoir rencontré le dernier recours parce qu’en principe il est le dernier recours. J’ai eu l’impression qu’il s’en referait lui aux autres. C’est pratiquement le sentiment que j’ai eu, et c’est ça. J’ai posé donc le problème des élections. J’ai posé le problème de l’expatriement des fonds au Cameroun parce qu’il y avait beaucoup d’argent qui allait à l’étranger. J’avais posé le problème de la reforme de la fonction publique. J’avais posé le problème du Code Pénal. Bref, j’ai posé 6 points. C’est là qu’il me pose la question «vous voulez en fait une séance, je ne sais pas moi, comme on le fait dans nos villages, c’est-à-dire quand il y a un problème, on s’assied?»
C’est-à-dire une séance de catharsis…
Oui, à peu près, entre Camerounais. Je lui dis, oui c’est à peu près cela. En fait c’est l’ancien séminariste qui resurgissait, qui se disait, il faut que la famille se réunisse, il a accepté ce principe. Peu de temps après, j’ai été aux Etats-Unis, en France, vendre un peu cette idée aux uns et aux autres, pour leur dire «écoutez, au Cameroun il n’y aura peut-être pas de conference nationale souveraine, mais nous pensons qu’une rencontre peut avoir lieu». Cette rencontre va débuter le 31 octobre, elle va s’achever le 13 novembre, avec effectivement comme vous le signaliez tout à l’heure, l’ébauche de la loi électorale qui a cours au Cameroun aujourd’hui encore.
Alors puisqu’on y est, on parle l’un des points cruciaux c’était reconsidérer un peu l’opposition, remettre à plat tout ce qui touche à l’aspect législatif et réglementaire institutionnel même des élections, et vous vous étiez dans une commission assez importante sur le nouveau code électoral. En 2011, le Cameroun ne dispose pas d’un véritable code électoral, si l’on excepte un fatras de loi disparates. Est-ce que le Cameroun qui ambitionne semble t-il d’élaborer en fin un code électoral, est en retard ?
Je ne suis pas constitutionnaliste. Je ne suis pas juriste non plus. Je suis un homme politique. Un pays n’a que les lois dont il a besoin. La loi électorale mise en place en 1991. Elle a été mise en place par monsieur Eyebe Ayissi Henri qui était président de la commission. Mais dans la commission il y a avait monsieur Issa Tchiroma, qui représentait à l’époque L’Undp, il y avait moi-même qui représentait le Pdc, il y avait un représentant du Sdf, il y avait un représentant d’Upc. J’étais rapporteur de la commission. Les conclusions de cette commission seront présentées par feu le ministre Ayissi Mvondo Victor. Pour des raisons non seulement financières, budgétaires, mais aussi pour éviter que le vote ne devienne vraiment pas trop régionaliste, il avait été décidé de faire une élection à un seul tour. C’est vrai qu’une élection à deux tours aurait pu correspondre à ce qui se passe et se pratique dans les grands pays de démocratie, c’est le cas de la France par exemple.
Ou d’autres pays africains…
Ou d’autres pays africains. Mais dans le contexte de 1991, pour éviter tout simplement des dérives, la majorité est allée aux élections à un seul tour,
Vingt ans plus tard, qu’est-ce que vous mettriez dans le code électoral camerounais ? Je vous propose deux trois petites choses: la codification du caractère obligatoire du vote. Est-ce que ça vous a jamais traversé l’esprit ?
Mais le vote est déjà obligatoire
C’est un devoir. Mais vous savez bien qu’il n’y a pas de coercition,
Il n'y en a pas, il n’y en a nulle part, dans aucun pays démocratique, il y a pas de coercition.
Est-ce que vous y mettriez une élection présidentielle à deux tours ?
Une élection présidentielle à deux tours permettrait au premier tour, un positionnement des uns et des autres, un deuxième tour, qui sera utile.
Est-ce que vous y mettriez des candidatures indépendantes pour les élections legislatives par exemple ?
Ça c’est le choix des camerounais,
Vous, vous y mettriez quoi ? Vous resteriez dans le corset des partis politiques ?
J’appartiens à une formation politique. Je suis né et j’ai grandi dans les partis. J’ai été élevé dans cette culture là. Pour s’exprimer politiquement, on a besoin d’un parti politique. Il ne faut pas faire l’économie de partis politiques.
Pourtant la loi sur l’élection présidentielle prévoit des candidatures indépendantes.
On peut le faire, mais moi personnellement j’ai été élevé dans une autre culture. J’estime que c’est manquer de courage civique que de prétendre qu’on est de la société civile tout en voulant faire de la politique comme un parti politique. Dans ce cas là on a qu’a créer son parti. On ne peut pas faire l économie d’un parti politique parce que gérer un parti politique c’est des hommes, des femmes, des jeunes qu’il faut gérer ; c’est des structures qu’il faut mettre en place ; c’est une autre organisation sociale ; et même nationale. Ce qui n’est pas le cas dans la société civile. Une société civile a un autre mode de fonctionnement, mais ce qui se passe dans notre pays aujourd’hui c’est qu’en fait, il y’en a qui se déclarent comme membres de la société civile, qui font tout simplement, purement la politique, et qui font l’économie d’un parti politique, dans son fonctionnement.
Est-ce qu’une part de la crédibilité de la prochaine élection présidentielle se joue à cette armature législative et réglementaire telle qu’elle se présente en janvier 2011 ?
Ma lecture est très simple. Je pense qu’à la date d’aujourd’hui, si les Camerounais acceptant de faire le sursaut qu’on attend d’eux, c’est-à-dire, dire tout haut, ce que tout le monde pense tout bas, depuis des mois déjà, peut être depuis des années à savoir que, ce pays va mal, ce pays se porte mal, il faut changer la manière de nous gérer et voter pour le candidat de leur choix pas pour les candidats qui s’imposent à eux depuis longtemps. Ce que je veux dire c’est que si les élections sont libres et démocratiques au Cameroun, je doute fort que le même chef d’Etat soit le chef de l’Etat de l’année 2012. Ça m’étonnerait que le président Paul Biya soit réélu dans ces conditions là.
Personne ne vous croit
Pourquoi ne me croirait–on pas ?
On voit bien comment les choses s’organisent, on voit bien qu’elle est la répartition des forces politiques.
J’ai bien dit que si les élections étaient libres et démocratiques, le président Paul Biya ne peut pas être élu au Cameroun. Ceux qui connaissent bien ce pouvoir disent qu’ils ont verrouillé le système. Comment verrouille-t-on un système ? Je n’insulte personne, on verrouille un système en démocratie, en achetant les medias et en confisquant le pouvoir de l’armée
Ce que vous n’avez pas fait, vous !
Je n’ai pas les moyens de le faire, je ne le ferai jamais, je suis un démocrate. Alors, comment verrouille t-on un système ? C’est de cette manière là, les média d’un côté, l’armée, la police, la gendarmerie. De l’autre, le verrou il est financier, le verrou c’est l’argent. Le pouvoir en place n’a pas verrouillé le système par des lois, par des règlements, il le verrouille par l’argent. On appauvrit la majeure partie du peuple et on conserve seul les biens matériels, financiers et autres. On rend les journalistes dépendants du pouvoir, on rend l’armée dépendante du pouvoir, et on rend bien sûr le peuple dépendant du pouvoir ;
Et les journalistes ?
Même les journalistes
Tous ?
Combien de journalistes sont payés au Cameroun Mr Zinga ?
Mais est-ce que vous avez mené une enquête pour affirmer cela ?
J’ai mené une enquête, j’ai lu des articles que j’ai eus à photocopier, Un jeune journaliste du Messager qui disait qu’il touchait en moyenne 78 mille francs Cfa par mois.
Mais est-ce qu’il est pour autant réquisitionné ?
Non, c’est le système qui est réquisitionné. Il ne s’agit pas d’un journaliste individuellement. Il ne s’agit pas de monsieur Valentin Zinga. Je parle n’est-ce pas, d’un pouvoir. Au Cameroun il existe 5 pouvoirs, l’exécutif, le législatif, le judiciaire, le pouvoir des médias, et celui des sectes, 5 pouvoirs. Et parmi ces 5 pouvoirs, le pouvoir central, le pouvoir s’est arrange justement de mettre un verrou, le verrou est financier, c’est par l’argent qu’on verrouille le système.
Alors, deux autres sites, feront probablement la crédibilité de prochaines élections, les prochaines consultations électorales, et quand je dis prochaine élections, je pense au discours de fin d’année, du 31 décembre 2010, du président de la république qui dit qu’il y aura des élections et en bonne place la présidentielle. Est ce que c’est une nuance qui a suscité chez vous une certaine réaction ?
Mais bien sûr que par rapport à la constitution de 1996, on est supposé s’attendre à divers élections, les sénatoriales, les législatives, les communales, les présidentielles, tout est possible,
Mais vous êtes prêts ?
Nous le saurons sur le terrain
Alors, je parlais de ces 2 sites, il y a un site qui est institutionnel, je veux parlerd’Elections Cameroon. Vous dites qu’Elections Cameroon ce n’est pas la peine ?
Je n’ai pas dit ce n’est pas la peine
Vous dites qu’on peut améliorer ?
On peut améliorer
Vers quelles directions ? Vers une Ceni (Commission Electorale Nationale Indépendante) ?
La Nouvelle Expression a bien voulu faire paraître un papier rédigé par le Parti Démocrate Camerounais, où nous proposons 12 points. Le premier point porte sur la gratuité de la carte nationale d’identité, le second point porte sur l’installation du bureau de vote, nous en tant que parti politique souhaitons savoir où seront situés les bureaux de vote d’ici le mois d’avril pour que nous nous préparions à cela. Lorsqu’on parle de truquage, le truquage électoral se passe dans le bureau de vote, il se passe au niveau des procès verbaux, il se passe au niveau du transfert de ces procès verbaux vers les instances supérieures. Nous demandons que les bureaux de vote soient connus, qu’ils ne soient pas installés dans les domiciles de ceux qu’on appelle communément des élites, que les bureaux de vote ne soient pas installés dans les domiciles des commerçants et hommes d’affaires, qu’ils ne soient pas installés dans les domiciles de ceux qui peuvent pratiquer un quelconque trafic d’influence. Nous demandons par ailleurs qu’il n’y ait pas plus de 500 électeurs par bureau de vote. Et nous souhaitons plus loin que la liste des électeurs par bureau de vote soit connue, et plus loin nous proposons que au delà des 12 membres proposés par le décret, il y ‘en ait 116 autres qui seront élus, 58 par les partis politiques et 58 par la société civile. Vous voyez que j’en tiens compte, ça fera donc que 128 membres qui auront les mêmes droits, les mêmes prérogatives devant la loi pour gérer les élections, c’est dans ces conditions là que la chose peut être démocratique
Vous avez bon espoir d’être entendu ?
Nous avons fait parvenir ce courrier à monsieur Fonkam Azu’u, nous l’avons aussi fait parvenir à monsieur Yang Philémon chef du gouvernement camerounais et on attend.
Vous n’avez pas de réponse jusqu’à présent ?
Le courrier est parti il y a de cela à peine 3 à 4 jours, nous attendons la suite.
Alors l’autre point de crédibilité, c’est ce que l’on peut considérer comme le
désinvestissement civique, repérable par la timidité des inscriptions sur les listes électorales, et assez souvent le taux d’abstention, jugé considérable dans certains villes comme on l’a vu lors des scrutins précédents. Vous dites qu’il faut inciter les Camerounais à s’inscrire sur les listes électorales, est-ce que ça va être l’une des clés des prochaines élections ?
Vous savez, nous au Parti des Démocrates nous avons initié une démarche en 3 points. J’ai décidé d’annoncer mon retour en politique, j’ai fait paraître un certain nombre de papiers. En 2010. J’ai dénoncé les exactions, les insuffisances et carences du gouvernement camerounais depuis 28 ans. Cette année, en 2011, notre rôle sur le terrain sera d’expliquer aux populations pourquoi il faut aller voter, pourquoi c’est important de voter. De nombreux camerounais ne vont pas voter parce qu’ils ne comprennent pas véritablement la signification du vote. Vous monsieur Valentin Zinga et moi, avons eu la chance d’aller à l’école pendant longtemps, de lire et d’être assez à l’aise avec certaines notions. C’est à nous d’expliquer à nos frères et soeurs qui n’ont pas saisis les enjeux véritables de ce vote pourquoi il faut aller voter. C’est ce que nous faisons véritablement sur le terrain.
Qu’est-ce qui vous parait déterminant dans ce qu’on peut considérer comme cette désaffection quasi générale de la politique de la part des populations ? Est-ce que c’est parce que tout le monde sombre dans une sorte de fatalisme selon lequel les choses seraient faites d’avance, ou alors c’est simplement parce que vous politiques avez cessé de produire du rêve ?
C’est important ce que vous dites. Je ne veux pas nier cela, produire du rêve. Mais je pense qu’il y a eu un désinvestissement qui a débuté dans les années 60. Quand on lit l’histoire de notre pays, quand on apprend à la connaître, on se rend compte que l’Union des Populations du Cameroun, n’a pas été un rêve c’était une réalité. Il y a des Camerounais qui se sont battus pour ce pays, qui en sont morts, Um Nyobe Ruben, Ernest Ouandié, Félix Roland Moumié, et bien d’autres. Le Parti des démocrates Camerounais a connu des hommes. Ce que je veux dire c’est que la génération de nos parents s’est vraiment investie pour que ce pays devienne libre, indépendant et digne.
Mais ce qui a suivi, dès les années 64, 65 par là, après toutes les arrestations, après tous les abus , toutes les atteintes aux libertés publiques qui ont été réalisées entre 1965 et 1970, on a constaté, un certain émiettent de la conscience collective, qui s’est installé au Cameroun ; l’émiettement de la conscience collective a conduit à un effacement de la conscience individuelle, c’est-à-dire que, sur le plan personnel, et individuel, le Camerounais a désappris à faire la différence entre le bien et le mal, ça. Et aujourd’hui, à quoi nous assistons ? Lorsqu’on ’écoute les membres du parti au pouvoir, le centre de l’Etat, envoyer des motions de soutien, ainsi de suite, je ne crois pas que ce soit le chef de l’Etat qui le leur demande. Ils ont désacralisé le divin, pour sacraliser un humain. Paul Biya est devenu dieu. Dans un pays comme celui là, où les notions entre le bien et le mal qui sont centralisées autour de l’unité de lieu , a partir du moment ou il y a un effacement, comment voulez vous que les gens croient en quelque chose de supérieur ? C’est ça le problème de notre pays en ce moment. Il n’y a plus de morale. On ne croit plus aux choses fondamentales. Il y n’a plus de valeur. Nos parents, nos ancêtres avaient des valeurs en lesquelles ils croyaient.
Et il n’y a plus de figure politique susceptible de fédérer ce désespoir et le transformer en espérance ?
Je veux être cette figure politique. Voila pourquoi après 13 ans, je suis revenu au Cameroun. J’ai laissé derrière moi de nombreuses choses. Là où j’étais, je vivais très bien. Même en partant d’ici, il y a de cela 13 ans, je vivais très bien, médecin en clientèle privée, on vit très bien. Mais je suis prêt à me battre pur mes concitoyens, parce que j’estime que, j’ai une position emblématique, de par ma naissance, de par ma formation, de par ce que je peux apporter moi comme connaissance, comme vision du Cameroun. Je crois que je peux entretenir un certain nombre de choses.
J’en viens à cette scène politique que vous connaissez assez bien. On vient d’en faire au moins une démonstration rapide. Deux grands pôles, d’innombrables figures, et pas de projet de société. Est-ce que mes statistiques sont exactes ?
Etes-vous certain que le Parti des Démocrates Camerounais n’a pas de projet de société ?
Est-ce que mes statistiques sont exactes alors ?
Vos statistiques ne sont pas exactes, le parti des démocrates camerounais a pour philosophie la démocratie libérale.
Donc, le marché et la démocratie.
Exactement. La démocratie toute seule peut être la domination de la majorité. C’est aussi une forme d’abus. Il n’est pas question que la majorité domine complètement une minorité grace à la démocratie. Nous souhaitons qu’il y ‘ait du libéral dedans, pas seulement sur le plan économique, mais aussi sur le plan moral. Sur le plan économique nous acceptions l’économie de marché, le Parti des Démocrates Camerounais souhaite voir se développer au Cameroun, le libre marché, le Parti des Démocrates Camerounais veut développer l’autoemploi, nous souhaitons que les seuls riches au Cameroun ne soient pas que le haut fonctionnaire et les grands commis de l’Etat. Nous souhaitons que chaque camerounais qui en a le moyens puisse exploser, se développer, se déployer, gérer sa vie.
Il y a de toutes façons d’un coté un Rdpc triomphant, on dit même hégémonique à certains égards, et à propos duquel vous avez eu cette phrase : « La fraude électorale, la corruption et le mensonge politique sont au Cameroun les moteurs essentiels de la démarche du pouvoir. Ce sont les seuls ressorts qui permettent au parti au pouvoir et à son chef le président Paul Biya de se maintenir en place au détriment des aspirations légitimes des camerounais ». Et on peut vous rétorquer que c’est un bien commode poncif ! Qu’est-ce que vous répondez ?
Je suis dans l’opposition, je suis dans mon rôle de tribun quand je dénonce. Je serais au pouvoir que vous me feriez le reproche de dire des choses comme celles là essentiellement.
La différence entre un parti d’opposition et un parti au pouvoir c’est laquelle ? C’est que celui qui est au pouvoir peut, c’est ça le mot pouvoir, il faut revenir sur l’étymologie même du terme, il faut revenir sur la sémantique : le pouvoir, le pouvoir de réaliser, le pouvoir de faire, le pouvoir de produire, le pouvoir de changer les choses. Je suis dans mon rôle quand je dénonce. Je suis dans mon rôle quand j’annonce. Je suis dans mon rôle quand je me prononce. Je me bats donc pour accéder à ce pouvoir afin de montrer de quoi je suis capable, c’est ça le principe.
De cette analyse là, il ressort quand même que les forces de l’opposition sont ainsi dédouanées à très peu de frais ; leurs interminables querelles de chef, leur cécité stratégique parfois, si l’on en croit un certain nombre d’analyses. Est-ce que ces deux facteurs là n’ont pas contribué à ce retour un peu, au parti unique ?
Je crois qu’il ne faut pas que ces deux éléments là.
Il y en a d’autres ?
Il y en a d’autres
Alors lesquels ?
Le problème fondamental est celui de l’information, la qualité du discours, la qualité de l’analyse. Tous autant que nous sommes, ce que nous sommes aujourd’hui c’est parce que nous avons écouté un discours. On commence à écouter un discours à l’école primaire, on écoute le discours de ses parents, celui de l’iman, du prêtre, du pasteur, du professeur, du moniteur, de l’enseignant à l’université, c’est le discours qui fait de nous ce que nous sommes. Si la qualité du discours est bonne, et si le discours peut circuler, les mentalities peuvent changer. Or ce qui se passe chez nous, c’est que malheureusement il n’y a qu’un discours dominant, un discours unique. À la Crtv quand vous regardez, qui voyez vous : le militants du parti Rdpc
Qu’est ce qui empêche l’opposition de créer des pôles de production de discoursalternatif ?
Nous avons commencé à la faire. Il existe effectivement un blog du Parti des Démocrates Camerounais. Il existe un site web du parti. En 1997, il y a 13 ans je suis parti, là je reviens.
J’ai eu 13 ans pour réfléchir, 13 ans pour étudier, 13 ans pour analyser et comprendrecomment fonctionnait notre société. Je pense que j’apporte des éléments neufs.
Alors, je disais en exorde de cette émission que vous avez publié cet ouvrage «Cameroun des années de braise, aux leçons de l’histoire, vers une dynamique nouvelle», aux éditions l’Harmattan en 2009. Votre livre est porté par une conviction, parce que vous estimez, maniant habilement la métaphore sportive, footballistique pour ne pas la nommer, vous dites qu’il faut « siffler la fin du match. Car malgré le temps réglementaire, malgré les prolongations, et les tirs aux buts, le capitaine de l’équipe Cameroun, le président Paul Biya et ses coéquipiers en place depuis 1982 ont perdu. Ils doivent quitter le terrain, parce qu’il n’ont gagné aucun match essentiel de leur carrière». Je devine que vous rêvez d’un brassard !
Vous avez effectivement lu ce livre, tous ces passages que vous citez je les reconnais et effectivement c’est moi qui ait dit ça. Le Cameroun est un pays de grands sportifs, qui aime le sport en général. Je pense que, une métaphore comme celle là est bienvenue pour expliquer ce que je pense. Le temps réglementaire c’est lequel ? C’est la durée du mandant presidential qui est de 7 ans. Or le président Biya est au pouvoir depuis 28 ans.
Mais les dispositions sur le mandat présidentiel remontent à la constitution de 1996…
Tout à fait. Ce que je veux dire, c’est qu’il a dépassé le temps réglementaire. C’est-à dire quoi ? Jusqu’en février 2008, on était supposé ne faire que 2 mandats de 7 ans. Cette constitution a été changée en avril 2008, c’est à dire que l’on est dans les prolongations. Ce qu’il demande c’est une prolongation e son mandat par rapport à ce que prévoit la constitution, et c’est là que nous intervenons. Nous au Parti des démocrates Camerounais pour dire, non. Durant le temps réglementaire qui leur a été imparti, ils n’ont pas marqué de buts, ils sont allés d’èchecs en échecs. Est-il possible que dans ces conditions, on leur accorde un nouveau mandat ? Nous disons non. Je ne suis pas venu me battre contre un homme, ou contre son équipe. Je suis venu me battre pour quelque chose. Je me bats pour un Cameroun différent, un Cameroun prospère un Cameroun ou enfin, les camerounais pourront se sentir chez eux, et égaux. Je descends actuellement dans les quartiers les plus pauvres de la ville de Yaoundé. Je vais le faire aussi à Bamenda, j’irai à Douala, à Garoua, à N’Gaoundéré. On m’a déjà invité un peu partout, et je suis sûr que la chose sera la même. La misère est partout, elle est rampante. Comment peut-on expliquer autant de misère dans un pays qui exporte du pétrole ? Le président Biya l’a dit dans son discours du 31
A des quantités…
Si il n’yavait pas du pétrole au Cameroun, notre budget serait complètement déficitaire, c’est-à-dire que la balance de paiement camerounais serait complètement déficitaire. En d’autres termes, sur le plan de l’agriculture, ça ne fonctionne pas. Au niveau du secondaire ça ne fonctionne pas non plus. Il n’y a que le pétrole qui nous rapporte de l’argent. Je voudrais ajouter, nous avons un sol fertile, un sous sol riche, une population jeune et dynamique.
Comment peut-on expliquer le degré de misère au Cameron ?
Votre explication c’est laquelle ?
Mauvaise gestion
Uniquement ?
D’une part…
Et d’autre part ?
La prévarication, pour employer un terme simple, une corruption à nulle autre pareille dans un pays qui est riche. Les plus riches dans ce pays sont des fonctionnaires. Comment peut-on expliquer cela ? Le salaire le plus élevé de la fonction publique selon mes informations serait d’un million 500 mille francs CFA, en un an quand on gagne cette somme, on ne peut gagner que 18 millions de francs CFA, comment peut on avec 18 millions de francs CFA, s’acheter des voitures pour soi même, des voitures pour son épouse pour ses enfants, construire en ville, construire au village et avoir des villas dans tout le pays ? Tout en faisant des voyages à l’étranger, ces hommes ne se soignent pas au Cameroun, ils ses oignent à l’étranger-, je suis médecin, je sais de quoi je parle. J’en rencontre dans des hôpitaux européens, ils n’ont pas de sécurité sociale européenne, ils payent cash. Comment peut-on avec 18 millions de francs CFA, le salaire maximal gagné par un haut fonctionnaire camerounais, comment peut on avec cette somme, faire tout cela ? Les banques sont frileuses. Elles n’accordent pas de crédit à tout le monde. Comment font-ils ces hommes là ? Que peuvent–ils hypothéquer. Ils n’ont pas de société, comment font–ils pour déployer autant de dépense, c’est ça la veritable question et ces hommes, ils ne représentent même pas, j’ai fait le calcul, 10 mille camerounais, sur 20 millions. C’est un nombre infime de camerounais, et ces hommes là tiennent en otage tout un pays. On ne devrait pas permettre cela. Voilà pourquoi je me suis dit, moi Mbida, je n’ai rien à perdre. Je suis venu dire cette évité là. Je demande aux Camerounais sans qu’une seule goutte de sang soit versée, sans prendre une seule larme, sans tirer un seul coup de fusil, je demande aux Camerounais de se lever. La kalachnikov du citoyen en démocratie, c’est son bulletin de vote,
Alors j’en reste à la métaphore sportive. Je vous ai dit tout à l’heure que je devinais que vous rêviez d’un brassard…
Tout à fait. Je vous ai répondu au début en vous disant que ça ne dépendra cette fois là que de deux personnes, le citoyen camerounais qui votera et le Parti des Démocrate Camerounais s’il m’investit. Il ne l’a pas encore fait,
Je voudrais vous demander à chaque fois en un mot, de me dire sur les 10 urgences camerounaises que je me suis permis de sérier, qu’est ce que le Cameroun peut espérer. En politique ?
Un nouveau chef d’Etat
Sur la corruption
Des hommes intègres
Sur la croissance ?
Une dynamisation de l’économie camerounaise, l’industrialisation
Pour la coopération financière internationale ?
Revoir les parités entre le franc Cfa et l’euro
Sur l’école ?
Une amélioration du système, c’est à dire, une professionnalisation plus importante de l’écoleau Cameroun
Sur la santé ?
Des meilleurs hôpitaux, des hôpitaux dans les arrondissements,
Et pas un meilleur ratio médecin-population ?
Effectivement, tant qu’on n’aura pas un meilleur, il faudrait faire comme les pays occidentaux, c’est-à-dire faire venir des médecins d’ailleurs. C’est ce que fait la France.
Sur l’insécurité ?
Moraliser…
Sur le football que vous considérez comme l’un des 7 fléaux, les 7 F du Cameroun ?
Je pense que le football, sur le plan national et international pourrait servir à une cause meilleure, que celle que nous lui connaissons aujourd’hui
Sur l’agriculture ?
C’est l’essentiel.
Sur l’emploi ?
C’est le cheval de bataille du Parti des Démocrates du Cameroun. Nous devons developer l’auto emploi. L’Etat Camerounais ne peut pas employer tous les 20 millions de camerounais, surtout pas les 10 millions en âge de voter.
Vous avez rencontré un certain nombre de politiques camerounais. On a parlé du président Biya tout à l’heure. Vous en avez côtoyé d’autres dans d’autres regroupements.
Bello Bouba Maigari, Garga Haman Adji, Ndam Noya, un homme très intelligent. Le seul que je n’ai pas rencontré parmi les hommes politiques de ce pays c’est monsieur Fru Ndi.
Et pourquoi ?
Il avait considéré que j’étais un «beti man». C’était son expression. C’est ce qu’on m’a Rapporté
Lequel de tous ces hommes politiques vous semble redoutable pour votre probable ascension vers le palais de l’unité ?
Je laisse le peuple camerounais répondre à cette question.
Entretien mené par Valentin Siméon Zinga