Institut universitaire Siantou: Une grève paralyse le déroulement des cours
A l’origine de ce mouvement d’humeur, la publication de deux communiqués liés au payement des frais d’encadrement et de soutenance.
Hier entre 12h et 18h, à l’Institut universitaire Siantou situé au lieu dit « Coron », à Yaoundé, les principales entrées de cet établissement sont restées fermées. Ce n’est pas un jour férié ! Tout au contraire, c’est une grève orchestrée par certains étudiants. A huit heures, hier matin, Lucien Wantou Siantou, le président général de cet Institut universitaire a rendu public deux communiqués signés du 25 mars 2015. Ces derniers étaient adressés d’une part aux étudiants et d’autre part aux enseignants. Mais, le message est le même en substance. Il indique les frais d’encadrement et de soutenance que devront payer les étudiants auprès de la comptabilité de l’université privée. Sauf que les étudiants avaient déjà payé auprès des enseignants des taux fixés selon la filière. Ce nouveau tarif a donc mis le feu aux poudres. Pour les étudiants, il était hors de question de verser une nouvelle somme d’argent auprès du comptable de l’établissement. Ce d’autant plus que les enseignants n’ont pas consenti à remettre les sommes qu’ils avaient déjà reçues.
Les cours dans ce campus se déroulent en deux vagues notamment les cours du jour et les cours du soir. En face et de part et d’autre de l’entrée du campus, des étudiants sont assis, qui à même le sol, qui sur des étals mais la grande majorité est debout et ne comprend pas pourquoi elle n’est pas autorisée à entrer dans l’enceinte du campus. « Qu’est-ce qu’il y a ? », « on ne fait plus cours ? » ou « c’est quoi la nouvelle blague des dirigeants de cette école ? », ce sont-là quelques interrogations que se posent les étudiants en grande majorité venus faire cours dans la deuxième moitié de la journée. « J’ai déjà payé 50.000 Fcfa pour mes frais de soutenance et d’encadrement auprès de mon encadreur. Aujourd’hui, on me demande de payer de nouveau 17.500 Fcfa. Cet argent je ne l’ai pas. On aurait dû me demander de payer 67.500 Fcfa dès le début et je l’aurais fait », explique une étudiante et candidate au Brevet de technicien supérieur (Bts) en Industrie d’habillement (Ih) qui a requis l’anonymat.
Volte-face
Seules les étudiantes enceintes étaient autorisées à sortir par la porte principale. Filles comme garçons, pour entrer ou sortir, il fallait escalader les grilles de la clôture. Les photos ou toute autre forme de prise d’images était passible de la destruction de l’appareil en question. Le président général qui était au sein du campus lors de la grève était bloqué lui aussi à l’intérieur de l’Institut. Il a du rendre public autour de 15h, un nouveau communiqué qui annulait les deux précédents. Toutefois, les étudiants ne l’entendent pas de cette oreille. Il voit un piège, en la volte-face de M. Wantou Siantou «le communiqué est annulé mais les frais exigibles en date du 7 avril 2015 ne le sont pas. On veut nous faire payer doublement les mêmes frais, parce que ces communiqués arrivent à quelques jours du dépôt des travaux de soutenance», pensent des étudiants. Approché et quelque peu déçu par la tournure des événements, le président directeur général fait savoir que « certains étudiants sont venus me voir pour me signifier leurs difficultés à payer ces frais. J’ai pensé qu’il était nécessaire d’harmoniser les coûts pour qu’il n’y ait plus de différence. Au lieu de se rapprocher de la hiérarchie pour comprendre, ils ont pensé qu’une grève sauvage était la solution ».
Les étudiants de cette grande école sont rentrés en promettant de reprendre la grève ce matin dès huit heures. A cette notification, le responsable de l’Institut a promis de faire appel aux forces de l’ordre public au cas où ce mouvement dit « anarchique » se reproduirait.
Thierry Etoundi