Inspection : Le contrôle supérieur de l’Etat à la Sonara
Sans
doute pour vérifier les comptes, s’assurer de l’orthodoxie de la
gestion et surtout la sécurisation du carburant qui fait l’objet de
toutes sortes de trafic. Le problème majeur à la Société nationale de
raffinerie (Sonara) est la sécurisation du carburant. Le précieux sésame
donne lieu à des trafics divers. Le personnel chargé de la sortie des
camions citernes préfèrent dealer directement avec les marketteurs en
mettant à leur disposition des camions entiers.
Les maillons de toute la chaîne se partagent ensuite les bénéfices qui
sont généralement de l’ordre des centaines de millions Fcfa. Un
véritable manque à gagner qui se chiffre à plusieurs milliards de nos
francs. La Sonara est entrain d’étudier un système plus efficace qui va
empêcher ce trafic. Entre-temps, l’équipe en place vient d’être
entièrement balayé et remplacé par d’autres en attendant
l’opérationnalisation du nouveau système de sécurité. C’est dans ce
contexte qu’une mission du contrôle supérieur de l’Etat séjourne dans
cette entreprise.
La mission qui doit s’achever probablement en septembre est beaucoup plus un contrôle de routine que tout autre chose. Même si à la Sonara on ne prend pas les choses aussi simplement. Certains voient plutôt la venue de cette mission comme un signe fort de désaveu de leur directeur général, M. Charles Metouck de la part du chef de l’Etat.
Pourtant, le Dg de la Sonara s’est bâti une réputation de grand manageur soucieux de faire des bénéfices. Qu’à cela ne tienne, il n’est pas à l’abri de la maxime populaire qui veut que la confiance n’exclut pas la méfiance. Après l’affaire du carburant odorant qui a connu une gestion très peu catholique avec le marché passé à Total, le contrôle supérieur de l’Etat veut voir plus clair sur un certain nombre de choses. Il s’agira sans doute pour ses enquêteurs d’établir la comptabilité des recettes sur une certaine durée, de voir plus clair dans les méthodes de décaissement et pourquoi pas la gestion des marchés et bien d’autres aspects qui ont trait à l’orthodoxie de la gestion d’une entreprise.
Insubordination
A la Sonara, l’on n’est pas habitué à ce type de contrôle. C’est la raison pour laquelle plusieurs voient la main des hommes tapis dans l’ombre qui n’apprécient pas le caractère suffisant de Charles Metouck qui a le privilège de rendre compte directement au président de la République. Certains n’hésitent pas à avancer le nom du secrétaire général de la présidence de la République et celui du ministre des Finances avec il entretiendrait des rapports d’insubordination. Apparemment, ce n’est pas la grande sérénité à la Sonara. Les responsables des différentes directions en congés en Europe ont dû écourter leur séjour. Ils ont été rappelés d’urgence pour se mettre à la disposition de l’équipe du contrôle supérieur de l’Etat.
On se rappelle qu’il y a quelques mois, la Sonara faisait déjà parler d’elle dans les affaires du carburant odorant et de la fuite du carburant dans la chaine de distribution. Une mission conjointe Sonara-Scdp et ministère de l’Eau et de l’Energie était même à pied d’œuvre pour tenter de trouver une solution par rapport à cette fuite de carburant. Apparemment sans grand résultat. Le trafic se poursuit allègrement, les habitudes ayant la peau dure. Peut-être la mission de contrôle y séjournant va essayer de calmer le jeu.
Dominique Ndocki