Une arme sème la zizanie entre militaires et policiers à Kribi.
Le fusil d’assaut dérobé aux éléments de la base navale de Kribi il y a près d’une semaine vient d’être retrouvé par les policiers qui ne semblent pas pressés de la rendre aux légitimes propriétaires. Une attitude qui a de nouveau remis le feu aux poudres entre ces deux corps qui n’ont jamais cessé de se regarder en chiens de faïence.
C’est pourtant un gros ouf de soulagement que les populations de la cité balnéaire ont poussé le 31 mai dernier en apprenant que l’arme de guerre soustraite une semaine plus tôt à la vigilance des marins montant la garde au domicile de leur commandant, a été retrouvée. Une arme qui selon des témoignages concordants n’a pas chômée dans la mesure où elle aurait été mise à contribution dans le braquage du domicile d’une Allemande survenu le 22 mai courant.
Une résidence dont le vigile continue de soutenir que les assaillants avaient entre les mains une kalachnikov, fusil d’assaut le plus vendu dans le monde. Un avis qui est venu accentuer la pression sur les éléments de la base navale de Kribi (bank) qui ont multiplié en vain les battues pour retrouver non seulement l’arme mais également ceux qui l’ont dérobée.
La chance va plutôt décider de tendre les bras aux fins limiers du commissariat de sécurité publique de Kribi qui eux vont bénéficier d’un heureux concours de circonstance. En effet, c’est une brave dame du quartier Dombè, intriguée par des absences irrégulières de son gardien, qui envoie son fils jeter un coup d’œil dans le débarras qui sert de couchette au veilleur de nuit.
Grande fut alors la surprise du jeune homme de découvrir un fusil d’assaut soigneusement enfoui sous le matelas. La surprenante découverte est rapidement rapportée à la maitresse de maison qui à son tour saisit un de ses proches qui est policier. La police débarque donc aussitôt sur les lieux où elle récupère l’arme qui selon des indiscrétions de certains de ses hauts gradés sera gardée tant que l’enquête ouverte à cet effet n’aura pas aboutie.
Tous les coups sont permis
Une démarche qui a eu le don d’exacerber les militaires qui n’ont jamais apprécié que les policiers viennent fourrer leur nez dans leurs affaires. La guerre froide que se livrent forces de défense et de sécurité a pris un nouveau tournant lorsque le très médiatique commandant de la brigade territoriale de gendarmerie de Kribi est monté au créneau à travers les ondes des radios locales pour dénoncer l’attitude des flics qui ne veulent pas rétrocéder l’arme à ses services où une enquête est ouverte pour la même affaire.
En effet les trois marins qui étaient en faction au cours de la fameuse nuit au domicile du capitaine de vaisseau Eboulou Alain Marcel, commandant d’armes de la place et commandant de la base navale de Kribi, sont toujours en exploitation par les bérets rouges. Les hommes de l’adjudant chef major Moubeke Joseph qui jusqu’à présent ne se sont pas encore laissés convaincre par les trois marins détenus dont le récit des événements n’est pas très clair.
Des zones d’ombre qui renforcent les policiers dans leur intention de tirer cette affaire au clair. En effet, les éléments du commissaire principal Raymond Ma’an, n’ont pas manqué de faire le parallèle avec cette autre affaire qui s’est déroulée il y a quelques années au domicile privé du vice amiral Ngouah Ngally sis au quartier Dombè où une arme de même type avait mystérieusement disparue du poste de garde.
La trace de cette kalachnikov avait été retrouvée du coté d’Edéa où elle avait servi au braquage d’un établissement de micro finance. L’enquête qui s’en était suivie avait révélé la forte implication des militaires dans les deux coups. C’est certainement pour éviter que leur linge sale ne soit lavé une fois de plus sur la place publique que marins et gendarmes d’un coté ne voient pas d’un bon œil l’intervention de la police qui manifestement n’a aucune envie de lâcher prise.
Au feu les pompiers …
Pour tout dire, les marins de la bank ont déjà eu à organiser plusieurs expéditions punitives au commissariat de sécurité publique en guise de représailles. Il y a donc lieu de se demander si les hommes en blanc auront encore recours à une opération musclée pour récupérer leur arme qui pour l’heure est brandie comme un trophée de guerre par les flics. Une guerre froide qui de l’avis des kribiens a assez.
Raison pour laquelle ils souhaitent plutôt voir les forces de défense et de sécurité unir leurs forces pour barrer la route à l’insécurité qui gagne chaque jour du terrain à Kribi. Des exemples comme ceux des contrôles mixtes aux différentes entrées du chef lieu du département de l’Océan devraient donc faire tache d’huile dans les villages et les quartiers afin que la peur de l’homme en tenue redevienne le début de la sagesse sur toute l’étendue de cette unité administrative aux horizons pourtant si radieux.